Ayant assez apprécié Tropico 3 sur PC et me demandant quelles nouveautés pouvait contenir cette suite, je me suis lancé à reculons dans Tropico 4. Déjà, grosse déception : plus de carte des caraïbes qui s'étend au fur et à mesure, plus de "qualités" à prendre contre des "défauts" au moment de créer son dicta... dirigeant, il n'y a plus que des "traits" à choisir, certains apportant des bonus considérables, d'autres rendant le jeu quasi injouable. Hum, j'ai vraiment envie de commencer en étant pétomane hypocondriaque.
Bien que les graphismes soient plus lumineux que ceux du prédécesseur, je ne sais pas comment ils ont fait, mais les couleurs fluo des arbres donnent l'impression d'avoir été faits avec Paint. Je n'ai rien contre Paint, mais pour faire des arbres en fleurs c'est un peu compliqué. Gros problème : au lieu de nous plonger dans une mission en nous faisant incarner le dirigeant de notre choix sur une période donnée, le jeu relie les missions entre elles dans une "campagne" au scénario répétitif et absurde, se targuant d'un côté "fun et délirant". C'est surtout très lourd, je crois qu'il y a 20 missions, aux objectifs toujours un peu identiques, surtout si on a fait Tropico 3 avant. Au lieu de mettre des personnages différents qu'on rencontre dans quelques missions, on est suivi par des amis et des ennemis représentés par des caricatures qui font un quart de l'écran, la fourbe technocrate de l'ONU, votre mentor de général qui vous trahit, le riche homme d'affaires américain qui vous trahit aussi, en fait l'histoire n'est qu'un énorme prétexte pour vous faire construire des batiments toujours plus fumeux imaginés par des développeurs en mal d'inspiration. Super ! Maintenant vous allez pouvoir importer des ressources pour produire des produits finis. Hop, on va vous pondre une mission sur une île sans ressources pour vous forcer à utiliser notre nouveauté complètement inutile que vous ne réutiliserez plus jamais. Super ! Maintenant vous devez construire un conseil des ministres et recruter vos ministres pour prendre des décrets, c'est long et inutile mais bon c'est une nouveauté. Super, maintenant vous allez devoir construire une caserne des pompiers pour éteindre les incendies, sauf que comme il faut avoir son bac pour être pompier vous n'en construirez jamais, et vos bâtiments bruleront en cas de désastre. Il vaut donc mieux charger. Si il y a un raz-de-marée ou une tornade, trop de gens bien éduqués mourront bêtement, notamment les constructeurs, il y aura des bâtiments à reconstruire, le plus simple sera encore de charger.
Bref, à part la prison et la benne à ordures, le fait que comme dans Sim City les bâtiments sont débloqués au fur et à mesure, quelques usines et quelques attractions, il n'y a pas d'améliorations intéressantes, c'est à peu près le même jeu avec une interface améliorée, si on excepte les arbres fluo. Attention, j'ai l'extension Modern Times, c'est pour ça que ça évolue avec le temps.
Sinon, non.
On peut construire des éoliennes, ça remplace les femmes éduquées qu'on met dans des centrales pour produire de l'énergie. Mais il faut les mettre en altitude, les femmes éduquées on peut les mettre n'importe où dans la centrale.
Les chômeurs accèdent aux postes vacants avant ceux qui ont déjà une place, l'interface est mieux faite, sauf que ce ne sont pas forcément les citoyens les plus intelligents ou les plus disponibles qui se lancent dans les études. Perso je gère les affectations manuellement en rasant les cabanes pour allouer les gens aux bons postes, ce qui demande un temps fou mais n'est pas indispensable, ça tourne à peu près pareil si on laisse l'IA gérer le truc. Chacun fait ce qu'il veut, un mec qu'a une thèse devient fermier, un mec stupide se lance dans les études, c'est fun, fuuun on vous dit. Comme dans le 3, certains immigrants auront un peu d'expérience dans un domaine, il faut chercher sur internet quel bâtiment il faut construire pour pouvoir l'exploiter, c'est amusant, le problème c'est que parfois débarquent des employés de bureau ou des "membres du SWAT". Aïe, il faut l'extension pour pouvoir les exploiter. La plupart du temps sur mes parties ils finissent terroristes ou disparaissent dans un accident suspect, ce qui revient au même pour eux.
Le plus gros problème reste quand même le manque d'originalité des objectifs, beaucoup plus nombreux que dans le 3, non seulement il y a 20 missions, mais en plus il y a toute une flopée d'objectifs toujours plus gros qui s'enchainent dans chaque mission, et vous avez le choix de faire des mini-missions, qui accordent des bonus souvent fort dispensables. Ce sont toujours les mêmes, si au début ça peut aider un peu, à la longue c'est très répétitif, à l'image du jeu.
Le politiquement correct l'a emporté au niveau des factions, quoique vous fassiez les communistes et les capitalistes ont toujours une bonne opinion de vous, ni les USA ni l'URSS ne vous envahiront, de toute façon ils vous donnent trop d'argent pour que vous soyez en déficit et l'export rapporte un nombre de devises considérable, ce qui rend le tourisme encore plus inutile. Une nouvelle faction est apparue, les loyalistes, qui ne servent strictement à rien, ils font des pétitions pour que vous construisiez le musée de l'enfance, puis le mausolée.
Dans les nouveaux bâtiments, le grotesque le dispute à l'inutile : un programme spatial, une centrale nucléaire, un paquebot, des montagnes russes, un système de métro, j'en passe et des meilleurs.
Mention spéciale aux appartement modernes incroyablement moches qu'on est obligé de construire passé une certaine date dans modern times
Le jeu a donc été rendu plus facile et plus accessible pour être vendu à une gamme plus étendue de joueurs, la durabilité a été augmentée au détriment de la pertinence des missions, mais il reste globalement intéressant, comme Tropico 3.
Et puis il y a le succès "tuer un citoyen nommé Juanito", et ça ça n'a pas de prix. Je pourrais dire encore plus de mal à son sujet, mais ayant joué plus de 524 heures et ayant acheté l'extension, mes critiques manqueraient de crédibilité.
La musique est sympa, mais après 524 heures de jeu vous comprendrez qu'on s'en lasse. L'écouter encore relève de défi.