Tyrannie de lecture !

Bien que je n'ai pas vraiment jouer à Pillars of Eternity, le précédent titre de cette team de développeurs qui comporte quelques grands noms du RPG occidental, je connais plutôt bien les grands classiques sur lesquels ils ont bossé puisque ces jeux-vidéos comptent pour la plupart dans mes préférés.

Bref ceci étant, Tyranny nous propose un univers original plus proche d'une antiquité classique teintée de magie que du sempiternel médiéval fantastique. Kyros, un être suprême dont on ne sait pas grand chose, a conquit tous les peuples du monde. Tous ? Non ! car une poignée d’irréductibles résistent encore et toujours à l'envahisseur !
Et on ne vous propose pas là de commencer avec ces irréductibles mais carrément du coté des méchants envahisseurs. Dans ce monde qui allie relents fascistes et communistes vous incarnez une Scelleuse de Destin, un agent du tribunal de Kyros envoyé en territoire ennemi pour soumettre les méchants irréductibles et apporter la Paix du suprême leader devant l'incapacité de deux armées de Kyros à régler le problème.
Les Disgraciés (sorte d'armée d'élite où règne honneur et discipline mais aussi racisme et consanguinité) et le Chœur écarlate (une horde d'affreux jojo sanguinaires où règne la voie du plus fort) se disputent pour soumettre les rebelles. A vous donc de régler le problème.
Et si le problème n'est pas régler ça sera rien de moins qu'une sorte de feu nucléaire magique aux effets divers et variés sur la gueule de tout le monde. Kyros ne fait pas dans la demi-mesure !

Cet univers original et très intéressant m'a donc poussé à poursuivre l'expérience jusqu'au bout mais ce n'était pas gagner d'avance avec ce qui va suivre :

ATTENTION si vous voulez profiter pleinement de Tyranny une petite visite chez l'ophtalmo s'impose.
Non pas que vous allez pleurer du sang devant sa beauté graphique mais que vous pourriez bien vous chopper une sacrée baisse de vision et quelques problèmes oculaires devant la quantité astronomique de dialogues à lire (ou pas) et à n'en plus finir. C'est beaucoup trop à mon goût surtout par rapport au reste. Même un Planescape Torment n’était pas aussi bavard et proposait un juste équilibre entre dialogues/combats/exploration. Il y a surtout beaucoup trop de sous-textes descriptifs alors que leurs absences ou leurs limitations succinctes dans les vieux RPG laissait aussi au joueur la possibilité de faire travailler leur imagination.
Je pense que beaucoup d'informations descriptives trouvent mieux leur place dans des animations mêmes très limitées ou devant le visuel réussi des environnements.

Bref, bien que je comprenne la volonté de nous présenter leur monde, cette abondance d'informations textuelles m'a donc un peu rebuté et l'aventure repose donc en grande partie sur les dialogues (certes très bien écrits mais quitte à sacrifier tout le reste et je vais y revenir).
Les choix que l'on peut effectuer sont plaisants et modifient votre aventure du tout au tout en fonction de votre alliance avec telle ou telle armée ou faction.
Quoiqu'on en dise, jouer les méchants n'a plus rien d'original dans les RPG, alors que ça pouvait se révéler non pas impossible mais plutôt contraignant il y a vingt ans (voir ma critique de Baldur's Gate), ici c'est plutôt "la voie du bien" qui est cachée et donc l'alliance avec les rebelles alors que s'allier avec l'une ou l'autre armées de Kyros représente le choix le plus logique. Et si vous voulez carrément vous mettre tout le monde à dos vous pouvez aussi le faire en vous engageant sur la voie de l'anarchie !

Ce que j'ai beaucoup aimé c'est que dès le début vous êtes déjà quelqu'un d'importance et non pas le jeune novice comme souvent et que ce sentiment de puissance et de pouvoir va se renforcer tout au long de votre périple quelques soient vos choix. J'ai aussi beaucoup aimé les différents compagnons d'aventures et leur personnalité (sans retrouver non plus la force de ceux d'un Planescape Torment par exemple).

Bon ensuite parlons du reste justement :

Face à l'abondance des dialogues et des choix effectués au travers de ceux-ci,Tyranny sacrifie donc malheureusement trop l'exploration et les combats.

Il n'y a pas dans Tyranny de quêtes fedex (ce qui n'est pas un mal en soi) et toutes les quêtes secondaires contribuent à l'histoire principale (ce qui est plutôt bien) malgré une certaine redondance (quand on doit arbitrer pour la troisième fois en qualité de juge un litige entre deux parties).
Mais revers de la médaille, l'exploration est elle-même réduite au strict minimum avec des zones très petites qui se concentre sur l'histoire. Mettez un pas dans une nouvelle zone et vous serez instantanément arrêter par un mur de dialogue.
Pour un RPG cet aspect est un peu déroutant où l'exploration à selon moi son importance surtout avec des quêtes secondaires bien écrites qui peuvent contribuer à s'immerger dans un univers (Witcher 2 par exemple avait des quêtes secondaires qui ne nuisait en rien au rythme de l'histoire principale et venait même enrichir celle-ci).

Quant aux combats (entre deux discours hein), ils n'ont pas la force ni la saveur d'un Dragon Age Origins par exemple, bien que le développement de son personnage comme on l'entend est très plaisante ainsi que la possibilité de créations des sorts.
Avec le mode New Game + vous pouvez même refondre totalement votre personnage en conservant toute l'expérience acquise et refaire une voie différente avec de nouveaux talents. Dommage qu'il n'y ait que trop peu de combat à mon goût pour en profiter pleinement.

Tyranny est une expérience assez courte (compter une trentaine d'heures si vous n'avez pas mal aux yeux), très concentrée et même trop recentrée sur ses dialogues au détriment de tout le reste que ça en devient frustrant.
Par contre son univers impitoyable est plaisant et beaucoup de son intérêt est dans sa rejouabilité de pouvoir emprunter différentes voies et de voir les conséquences sur l'histoire.
Mais si vous avez horreur de lire passez votre chemin !