Vous n’y connaissez rien au genre du mystère ? C'est-à-dire que vous n’avez vu que quatre téléfilms policiers de grandes chaines et les adaptations modernes de sherlock holmes au cinéma ?
Vous ne connaissez rien à la japanimation avec ses couleurs criardes, ses personnages over the top et ses musiques pleines de miracles colorés ? Alors Umineko n’est absolument pas fait pour vous !
Mais lisez le quand même, ou au moins le condensed plot, allez quoi faite un effort !
Parce que malgré son support pour le moins méconnu et ses racines nippones c’est quand même une histoire aves un scénario en or (littéralement) et à la bande son vraiment agréable avec plusieurs centaines de thèmes. Alors certes tout cela est enrobé par des dizaines de passages farfelus qui cherchent à vous égarer mais c’est quand même un régal malgré tout. Néanmoins si vous vous lancez dans l’aventure sachez que c’est avant tout une centaine d’heures de votre vie que vous allez sacrifier pour le bon plaisir de la sorcière de Rokkenjima.
Découpé en huit scénarios le jeu de 07th expansion va vous en faire voir plein les mirettes, enfin surtout si vous prenez le patch ps3 parce qu’autrement les dessins font quand même foutrement mal aux yeux, mais dans tous les cas ce serait dommage de s’arrêter à cet aspect là car dans visual novel il y a novel et c’est cette partie là qui va le plus nous intéresser.
On pourrait rapidement décrire le premier épisode en disant qu’il présente une réunion annuelle d’une riche famille (japonaise) sur son île privée qui ranime les bonnes vieilles tensions familiales. Un scénario à la base classique et éprouvée mais qui peut donner lieu avec le bon traitement à des montées de tensions douloureuse quand les vieilles plaies de chacun suintent au contact du fiel, je voulais dire foyer, familial.
Le scénario se répète différemment à chaque chapitre mais dès le début du second scénario les choses commencent déjà à se complexifier avec l’apparition d’une « méta-zone » qui représente peu ou prou la vision du lecteur sur l’histoire et ou s’affronte les théories réalistes ou tout bonnement fantaisistes des protagonistes.
Car oui dans Umineko on retrouve ce bon vieux parti pris des temps ancien ou tout ce que tu ne pouvais pas expliquer était du à des forces occultes. Sauf qu’heureusement à la place de tout jeter sur le dos du juif du coin ou de la famille cheloue à la lisière de la forêt on a ici une dame qui se dévoue à jouer la sorcière en expliquant gentiment que si tu n’es pas assez doué pour résoudre ses énigmes c’est que tu reconnais implicitement ses pouvoirs, vous comprenez pourquoi toute la logique du truc est tordue avec une base comme celle là.
Parce que bien sur le déroulement des scénarios est tout sauf neutre contrairement à un roman policier classique, à partir de l’épisode 2 ce sont parfois des heures entiers de passages hallucinés ou des sorcières hantent le manoir la nuit ses démons prêt à tuer pour réaliser son étrange rituel.
Bref une étonnante déconstruction du traditionnel point de vue neutre des romans de ce genre même si une chose ne change jamais, les meurtres sont toujours au final de magnifiques chambres closes qui semblent insolvable au premier abord.
Heureusement pour toi néophyte du crime, Umineko ramène avec lui un didacticiel et tout un tas de théories pour que tu puisses te cultiver que ce soit la preuve du diable, le corbeau d’Hempel, ou encore les 10 loi de knox et les 20 lois de Van dimme de quoi pouvoir te vanter après coup quoi !
De plus la sorcière est magnanime et pour compenser notre incompétence elle offre des morceaux de vérité de son propre gré grâce à un concept très amusant de « red truth ». Qui sont tout simplement des pans de texte écrit en rouge qu’elle n’a pas à prouver et qui sont vrai. Le rêve de tout scientifique quoi.
Sauf que la fourbe maîtrise plutôt bien son épée à double tranchant, et elle ne s’en sert que pour couper court à des théories et toujours de manières très retorses en jouant sur la temporalité et le sens des mots.
Mais ce qui tient vraiment en haleine c’est le mystère qui entoure cette joyeuse famille. Parce que les Ushiromiya ont quand même un sacré passif, entre une fortune apparue on ne s’est où grâce à une soudaine fortune en or, la double vie supposée du chef de famille, leur manoir gigantesque planqué sur une île paumée connue par les marins pour ses démons et une culture familiale de l’amour et de la parole si belle que tout le monde semble souffrir d’atroces séquelles affectives. Bref un mythe qui ne ferait pas honte à celui de l’anneau de nibelungen.
Du coup entre le moment ou tu imagines les théories les plus sordides et celle ou la sorcière te passe sa version totalement décalée de la vérité avant de briser celle du héros on a bien du mal à s’y retrouver. Mais le rythme est diaboliquement bon et dans les 3 premiers épisodes les révélations partielles se suivent sans laisser une seule seconde place à la lassitude.
Néanmoins, le gros défaut que je reproche à Umineko c’est quand même son rythme car à partir de l’épisode 4 ça commence à pioncer sévère parfois. Et l’on passe parfois de longues heures à désespérer de retrouver cette excitation caractéristique des passages de meurtres hallucinés de chambres closes parfaites et de théories totalement loufoques , heureusement ça finit toujours par revenir mais parfois l’on est pas loin de désespérer.
Car passé l’épisode 4 le jeu dérive peu à peu des hypothèses de meurtres en séries vers la recherche de la véritable histoire celle qui nous fait sortir de Rokkenjima pour nous replonger dans notre bon vieux monde terne.
Heureusement pour compenser on passe de plus en plus de temps dans la méta zone avec ses personnages irréel et totalement japanimé : entre la figure du majordome idéal, de la lolisorcière à bonbon et de sa copine frigide qui adore les chats et j’en passe.
Quand aux personnages de l’histoire eux même si les descendants direct du chef de famille sont tous plus ou moins contrasté et donc intéressant leur progéniture elle l’est beaucoup moins se cantonnant la plupart du temps à des constats assez ennuyeux.
Mais un des autres intérêts de cette histoire c’est le rapport à la vérité, doit on la chercher à tout prix ou doit on parfois s’en méfier ? C’est une réflexion intéressante bien que classique elle aussi et la réponse proposé par le jeu à ce propos est assez amusante après des dizaines et des dizaines d’heures de mauvaise foi et de mensonges de la part de tout le monde.
Malheureusement en chemin le dernier à chapitre à totalement oublié Rokkenjima pour se concentrer sur sa méta zone et des duels sacrément improbable passables comme l’incroyable affrontement de la pinata de l’espace et de l’invochatrice, mais heureusement comme toute votre enfance vous avez été nourri à DBZ et à One piece vous aller accepter ça comme parfaitement logique dans le grand firmament du cosmos.
Donc au final Umineko c’est quoi ? Une histoire vraiment bien travaillée mais enrobée dans un ensemble qui ne plaira pas à tout le monde, une Bo vaiment sympa, des pics d’actions vraiment bien dosé, une vérité beaucoup plus sordide que la fable, des personnages adultes plutôt intéressant. Mais c’est surtout ses catchphrases mythiques que je retiens, et si jamais j’entends encore quelqu’un commencer une phrase par «Just because of […] this level of reasoning is possible for » je promets que je lui fout une claque.