Joueur depuis le plus jeune âge, j’ai joué à quantité de jeux tout au long de ma vie, et depuis quelques années, j’ai tendance de plus en plus à enchaîner les jeux, cherchant désespérément la perle rare qui me fera vibrer.
Dans une industrie qui à tendance de plus en plus à s’approprier les codes cinématographiques et favoriser l’aspect photo-réaliste en oubliant un peu son ADN premier, les rares jeux qui m’ont marqué l’année dernière l’ont fait essentiellement par leur narration (The Witcher 3, Tales from the borderlands) ou leur gameplay (Nuclear Throne, invisible inc). Souvent considéré comme art total (mélant musique, écriture, animation, graphisme, interactivité ect..) par les défenseurs du média comme d’un art à part entier, il n’y a en pratique peu de jeux qui m’ont fait cet effet d’assister à une alchimie parfaite entre plusieurs domaines artistiques. Et vous voyez sûrement donc où je veux en venir, Undertale fait pour moi partie de cette catégorie d’oeuvres qui arrivent à développer son propre univers sans renier ses origines.
Jeu de rôle en 2D pixelisé, Undertale vous met dans la peau d’un(e) enfant qui après être tombé dans un fossé se retrouve coincé dans un monde étrange peuplé de monstres plus ou moins bienveillants. Si d’habitude dans les jeux de rôle, ce sont les monstres qui envahissent le monde civilisé des humains faisant office de menace principale, Undertale projette le joueur dans la situation inverse. Autrefois en paix, les humains bien plus puissants ont brisé l’entente cordiale entre les 2 peuples, les monstres se retrouvant acculé et piégé dans un monde souterrain. C’est donc dans ce contexte tendu que notre avatar va devoir faire face aux réactions ambivalentes des différents personnages face à notre humanité et possible dangerosité.
Matérialisant parfaitement cet équilibre précaire, la mécanique principale d’Undertale introduite par un tutoriel un peu longuet, est la possibilité au joueur d’épargner les différents monstres et boss rencontrés lors des affrontements aléatoires et scriptés en dialoguant avec eux. Pour la faire courte, il est donc possible de compléter sa partie de façon pacifiste.. A moins que vous en décidiez autrement, après tout vous êtes aux commandes.
Pour moi, la préoccupation première d’un jeu de rôle et in fine d’un jeu vidéo devrait être l’impact du joueur sur son environnement, peu importe qu’il soit forcé, illusoire ou partiel. Si l’on me demandait pourquoi je continue de consommer autant de jeux vidéo et ce qui en fait à mon sens quelque chose d’unique, c’est bien son interactivité. Et d’interactions, Undertale en est bourré.
Quasiment chaque action, aussi mineure soit-elle aura des conséquences, jusqu’au point où lorsque l’on aura terminé son premier run, on se demande s’il l’on doit relancer une partie au détriment de la cohérence de nos choix.
Jouer à Undertale, c’est également le meilleur moyen de (faire) prendre conscience de l’importance du game design, de la musique, de l’écriture ou de l’animation dans l’appréciation globale d’un jeu vidéo. A la manière de la mise en scène au cinéma, Undertale est pour moi l’un des rares jeux à illustrer de façon aussi magistrale le dialogue entre joueur et développeur, et ainsi à exposer d’innombrables niveaux de lectures et de pistes de réflexion.
Pour finir, j’aimerais parler de l’amour que j’ai pour chacun des personnages principaux d’Undertale, pour l’humour et l’intelligence de son écriture, pour son game design et musique évolutive complétement maboule qui a dû prendre des milliers d’heures de réflexion. Mais ce serait spoiler l’un des meilleurs jeux de ces dernières années, et je m’y refuse.
N’écoutez pas le vacarme ambiant autour du jeu, jouez-y, tout simplement.