L'on entend souvent, et c'est une maladie qui heureusement passe doucement, que la création doit nécessairement proposer du nouveau pour être valable, sous peine d'être relégué dans l'enfer des Faiseurs sans Envergure. Que plus il y a de codes, plus la filiation de l'oeuvre est évidente, moins elle apporte à l'Art, cette valeur supérieure et abstraite que seule une petite élite peut réellement comprendre. C'est bien entendu absurde, et en reprenant tous les codes du Metroidvania tout en proposant une expérience inédite, Valdis Story: Abyssal City nous le prouve sans l'ombre d'un doute.

L'histoire ? Beuh, c'est bordélique, comme souvent dans le genre, mais limite on s'en fout, ce qui compte, c'est qu'elle soit un bon prétexte à un gameplay jouissif. En l'occurrence, c'est le cas : suite à une dispute dans la famille divine, une guerre éclate dans le monde de la déesse Valdis, qui oppose d'un côté les anges, de l'autre les démons, tandis que les humains au milieu tentent désespérément de survivre. Les héros du jeu font partie d'un équipage qui lutte contre anges et démons sans discernement, dans l'espoir de ramener la paix ou, en tout cas, de protéger les innocents. Mais leur bateau fait naufrage lorsque d'étranges créatures les attaquent soudainement, et tout ce petit monde se réveille dans une ville sous-marine que tout le monde croyait disparue... Là aussi, le combat fait rage entre anges et démons, et les humains souffrent au milieu, mais il s'y trouve peut-être le moyen de faire cesser les horreurs...

On le voit, sous ses apparences de gros délire, ce scénario cache quand même une identité, ce qui est déjà pas mal du tout.

Concrètement, le jeu se présente comme un Metroidvania ambitieux : les développeurs semblent avoir mis bout à bout tout ce qu'ils aiment dans le genre pour créer une expérience unique. Ainsi, on est en terrain connu : on doit récupérer des compétences pour progresser, on a des objets à trouver, etc. La progression se fait à travers trois arbres de compétence, un centré sur l'attaque, l'autre sur la défense, et le dernier sur la magie (notez que je n'ai essayé qu'un personnage sur les quatre, il se peut que les autres réservent des surprises). Il existe en outre un certain nombre de sorts, 24 si je ne m'abuse (encore une fois, à comparer avec les autres personnages), qui se divisent en trois catégories: angélique, démoniaque ou neutre, tout comme, d'ailleurs, les équipements (on équipe une arme, une armure, un accessoire qui implique toujours un malus, un allié - qui produit un effet offensif ou défensif et est soumis à un cooldown - et un finish move, que l'on lance après être entré en mode Fury, ce qui se fait lorsque la jauge correspondante se remplit, c'est-à-dire en combattant); ces catégories augmentent votre affinité à l'un ou l'autre des deux extrêmes, ce qui, je suppose, influe sur les caractéristiques ou sur l'évolution de l'histoire, je suis pas trop sûr. En outre, le système de combat dispose d'une jauge de combo, qui se remplit en enchainant des attaques sans se faire toucher. Il existe également des compétences plus secondaires à récupérer, telles que le wall jump ou les dash. Ah oui, ne pas oublier non plus la présence d'un système de parade. Vous me direz que tout ça, c'est rien que du très classique, du déjà vu; mais tout ça à la fois dans un unique jeu, vraiment ? Pas sûr. Et ce n'est pas terminé.

Nan, parce que la rejouabilité est assez monstrueuse aussi. Déjà, les boss. En fonction de votre efficacité (qui se calcule via trois critères, la durée du combat, le recours ou non à des potions de résurrection et une troisième catégorie qui correspond je crois à l'aspect tactique, genre les combos sans se faire toucher et autres), vous obtenez une note (de F à S), qui détermine votre gain d'expérience, mais également les bonus permanents que vous recevrez (augmentation des compétences et caractéristiques), ainsi que votre note finale. Sachez également qu'il existe des boss cachés, qu'il ne tient qu'à vous d'affronter. Ensuite, les quatre personnages principaux suivent un scénario différent, et il vous revient de débloquer deux d'entre eux; je suppose également que tout ça développe d'autres chose, probablement une "true ending". Il y a plein d'items à récupérer et à crafter (grâce aux divers items que vous lootez) ainsi qu'à améliorer toujours via le craft, et vous devrez également réunir votre équipage au complet, disséminé un peu partout dans la ville souterraine. Enfin, vous avez quelques modes de difficulté pour corser l'affaire (certains boss sont déjà bien compliqués en Normal), et il se trouve également un "Goibniu mode" à débloquer lorsque vous finissez le jeu pour la première fois (ce qui prend 7 à 9 heures, en fonction de votre tendance à l'exploration), qui, d'après ce que j'ai vu, est un mode Time Attack. Il y a sans doute plusieurs fins relatives aux choix que vous opérez, aux trucs que vous récupérez, au temps que vous mettez ou à votre alignement; c'est à vérifier toutefois.

Toutefois, tout ça c'est très beau, mais il y a une chose dont je n'ai pas parlé, en défaut criant : la maniabilité. Horrible. Déjà, les contrôles ne sont pas très instinctifs (si vous jouez au clavier, passez en mode qwerty sinon c'est pire), mais en soi une fois qu'on les a dans la main ça va encore; mais surtout, les personnages sont juste horribles à manier, notamment à cause d'un certain manque de précision dans les déplacements mais aussi du mouvement qui ne se conserve pas toujours aux changements de tableau. J'ai échoué plusieurs fois certains passages qui demandent pas mal de précision juste parce que la maniabilité est lourde, c'est un comble dans un jeu qui joue justement la carte de la fluidité. C'est finalement le problème qui fait que je ne peux mettre plus de 8 à ce jeu, et c'est frustrant. Notez toutefois, un bon point, que l'équipe de développement reste très à l'écoute des joueurs, et que pas mal de bugs ont déjà été corrigés, divers points ont été améliorés, les combats ont été rééquilibrés, et du contenu ajouté. Il y a donc de l'espoir, surtout dans une suite potentielle encore meilleure.

Enfin, je ne peux refermer cette critique sans évoquer la partie artistique. J'étais pas convaincu en voyant des vidéos par l'aspect graphique, mais ne vous laissez pas avoir, c'est superbe in game. C'est léché, les animations sont belles sans être excessives, les sprites sont superbes (même si ça reste assez classique dans son style), un vrai bonheur à jouer. Les cutscenes restent toutefois assez pauvres, et la boite de dialogue est juste horrible (je sais, c'est con mais ça pèse beaucoup, surtout que les dialogues avancent pas comme on veut, c'est chiant). Musicalement, c'est sympa, mais un peu lassant à la longue. Les musiques ont toutefois le mérite d'être soignées, pas complètement classiques et d'installer une ambiance avec efficacité.

Je recommande donc totalement Valdis Story, et je lui souhaite de faire des petits ainsi que, pourquoi pas, de se trouver de nouvelles mises à jour pour améliorer les derniers points noirs et pourquoi pas ajouter encore du contenu. Un jeu par des fans de metroidvanias pour des fans de metroidvanias, ça fait plaisir !

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le 5 avr. 2014

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Antevre

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