Une fois encore, une belle surprise car je n'attendais rien de ce jeu, ni avait spécialement envie d'y jouer après l'avoir vu à l'E3. Voyant des review peu élogieuses sur SC, je pense tout de même que ce jeu peut satisfaire un joueur de RPG en quête de sang neuf. ; - )
Vampyr assume totalement sa place de AA sans trop de prise de tête ou de sérieux, avec un angle d'approche à en faire pâlir les AAA. Sur ce point, bien que n'ayant jamais apprécié LiS, chapeau DontNod.
Contexte global
Londres, 1919, fin de la guerre et pleine épidémie de la grippe espagnole. On y incarne un jeune chirurgien, Jonathan Reed, se réveillant dans une fosse commune après une soirée sans doute agitée.
Jusque là, rien d'original, rien de surprenant.
Une ambiance de longue haleine
Je me souviens la première réflexion que je me suis faite : "c'est pas bien beau :(".
Techniquement parlant, je n'ai pas tord, Vampyr n'a rien d'attrayant, rien d'extraordinaire. Mais la DA parfaitement maîtrisée rattrape le coup, bien qu'il faille avoir passé l'intro pour s'en rendre compte. Le style textures "crayonnées / coup de peinture" rend à merveilles sur des modèles bien plus travaillés que sur LiS par exemple, où je trouvais ça assez crado.
Tout cela dans une ambiance Londonienne dévastée par la maladie, à la limite du steampunk par moment, que l'on apprécie de plus en plus lors de notre avancée.
La cerise sur le gâteau étant cette soundtrack proposée par Olivier Derivière, qui vient sublimer cette ambiance déjà très soignée. Chapeau au compositeur.
Du classique à l'innovant
Là où Vampyr impressionne, c'est dans sa capacité à se dévoiler réellement seulement après plusieurs heures de jeu. Si l'on s'arrête en surface, Vampyr est classique, insipide, se rapprochant d'un "souls-like" si je devais vulgariser le système de combat. Mais le jeu nous dévoile tout son potentiel lorsque l'on découvre son réel atout : la narration.
Là où la relation avec un PNJ s'arrête au cordial dans de nombreux RPG, Vampyr nous offre un tout nouvel horizon, nous encourageant à nous intéresser à chaque rencontre, d'apprendre à connaître les gens comme si on y était. Alors on mène des enquêtes, on écoute des ragots, on espionne les faits et gestes, car les personnages ne s'ouvriront pas à vous si facilement : vous devez le mériter.
Et c'est toute cette dimension du "je ne te tiens pas par la main débrouille toi t'es grand wsh" que nous impose le jeu que beaucoup d'autres devraient prendre en exemple.
Oui, mais tout cela à quelles fins, hormis du lore, me direz-vous.
Eh bien c'est là la vraie découverte, et le principe est assez simple
Vous êtes un vampire, vous devez vous nourrir afin de progresser. Chaque PNJ vous offre son pesant d'exp, mais vous en donne encore plus si vous avez débloqué les indices à leur égard !
Des choix drastiques s'imposent à vous : qui dois vivre, qui dois mourir ? Chaque quartier ayant sa propre hiérarchie, son économie et son état de salubrité, Vampyr nous pousse à considérer très sérieusement chaque action que l'on entreprend. Libre à vous de buter tout un quartier, mais préparez vous à en subir les lourdes conséquences, comme l'économie qui s’écroule, ou l'hostilité au sein du quartier, à base de monstres et autres chasseurs de vampires à chaque coin de rue.
Un vrai effort scénaristique
On pourrait croire qu'avec autant de PNJ, cela aurait pu être écrit à l'arrache pour gagner du temps, mais non. Vampyr nous sort le grand jeu, donnant à chaque personnage sa propre, originale et unique histoire, parfois même interconnectée avec d'autres personnages. Et tout cela, en parallèle du scénario principal.
ils sont forts ces français quand même.
On pourrait également s'attendre à un scénario cliché et cringe au possible (Vampyr avec un Y, les gars oh) mais encore une fois, DontNod nous pond une histoire intéressante, plus ou moins originale mais qui tient en haleine grâce à des personnages attachants et profonds, au background très bien ficelé.
Bien que Jonathan ne permette pas trop de libertés étant fondamentalement bon, cela n'est pas très gênant car pour une fois, le personnage principal n'est pas réellement celui que l’on incarne.
C'est quelques fois dommage lorsqu'on essaye de personnifier un peu son expérience de jeu, c'est tout.
J'adore être une raclure de chiottes dans les RPG
Doublez ceci par une mise en scène irréprochable, et une caméra épaule créée spécialement pour vous permettre de choisir le meilleur angle de vue possible, peu importe la direction dans laquelle vous la tournez, et vous avez non pas un RPG narratif, mais un bijou scénaristique.
I have this.. thirst for blood..
Je ne vais pas mentir, j'ai beaucoup aimé mes 20h de jeu sur Vampyr. Mais je ne vais pas mentir non plus sur ses défauts, car il en a. Malgré son originalité dans la partie narrative, l'arbre de compétences est assez moisi et les phases de combats sont simples et basiques, ce qui nous donne un sévère sentiment de frustration quant au grind des victimes pour level up. En ajoutant à cela un monde semi-ouvert très limité, un personnage aussi agile qu'une larve, 3 skins d'ennemis différents dans tout le jeu, et un level design trop simple parfois même mal conçu (cf la connexion entre les quartiers mal fichue, qui nous force à faire des allers-retours inutiles) et cela ruine votre expérience de jeu.
Malgré cela, je ne peux que recommander ce jeu, un tant soit peu que vous êtes un joueur de RPG aguerri et curieux.
En espérant que Vampyr inspire ses grands frères sur le fond qu'un RPG à très gros budget peut atteindre si il s'en donne les moyens.
Watch and learn, AAA