Le Beat Them All 3D est un genre qui vieillit particulièrement mal, il suffit de rejouer à Devil May Cry 1 pour s'en convaincre. Peu technique, lent et poussif, tout le contraire de Viewtiful Joe en fait. Dix ans après, ses mécaniques fonctionnent toujours très bien.
Viewtiful Joe est à l'image de son héros : un jeu cool qui donne envie de frimer. A l'aide des trois "pouvoirs" de Joe (Zoom, Bullet Time, Mach Speed), une multitude de combinaisons sont possibles, et on a surtout envie de mélanger combos esthétiques et efficacité. Passer en Mach Speed pour frapper à la vitesse de la lumière, puis en Bullet Time pour esquiver une attaque et ajouter le Zoom pour voir Joe prendre une pose ridiculement powerangesque, c'est juste l'une des meilleures expériences qu'on peut vivre en jeux vidéo. Le tout est tellement fluide, tellement agréable à l'oeil (grâce aux supers effets "cinématographiques") qu'on se prend naturellement à varier ses coups, à essayer des nouvelles techniques pour continuer à assurer le spectacle.
Et pourtant, difficile de bourriner : le jeu est exigent, les cœurs de vie s'estompent aisément et les hamburgers synonymes de régénération ne sont pas si faciles à trouver. Il faudra donc abuser du mode Bullet Time pour éviter au mieux les attaques dévastatrices des ennemis, tout en faisant attention à ne pas vider la jauge de super-pouvoir, sous peine de voir Joe reprendre sa forme de "simple humain". En temps normal, ce n'est pas extrêmement difficile, mais les Boss sont particulièrement retors et rendent le jeu vraiment dur. Mais à force de mourir et d'expérimenter des nouvelles attaques, il est tout à fait possible de comprendre les prios et potentielles attaques particulièrement efficaces, de sorte que malgré la difficulté, la frustration ne soit pratiquement jamais présente.
Ces fameux boss sont aussi particulièrement déjantés, comme tout l'univers du jeu en fait. Entre parodie du cinéma américain et des comics, Viewtiful Joe multiplie les hommages (Star Wars, Les dents de la mer, Les 4 Fantastiques), que ce soit dans les noms des chapitres, les dialogues ou même les situations. Et le jeu est particulièrement drôle, tant Joe est ridicule et idiot, et le scénar' totalement barré.
Ce qui est servi par une excellente direction artistique, tant dans le choix du type de graphismes (un cell shading particulièrement bien adapté au style comics, et qui vieillit d'ailleurs très bien puisque le jeu est encore agréable à regarder en 2013) que dans les décors. Un petit bémol pour les ennemis de base, aux designs robotiques peu inspirés, mais le reste c'est du tout bon, le parfait compromis entre fun et kitch assumé.
Un défaut que je reproche souvent aux BTA, c'est leur répétitivité, leur difficulté à renouveler leurs phases de gameplay. Et sur ce point-là, VJ surprend autant qu'il peut décevoir. Le jeu fait clairement de sérieux efforts pour varier ses phases de gameplay, avec une alternance marquée de petits combats, de phases de plate-forme et d'énigmes, mais le tout est parfois un peu poussif, surtout à cause des énigmes, qui tendent à casser le rythme. Et qui sont de toute façon plutôt ennuyeuses. Et c'est dommage, parce que c'est bien le seul défaut que je vois dans ce Viewtiful Joe, avec le côté illisible de certains niveaux à cause de la confusion de l'action.
Dommage, parce qu'on tenait presque le BTA ultime, mais ça reste quand même un jeu très solide, fun, technique et qui propose une expérience de jeu vraiment originale et peu commune. Et juste pour ça, il mérite encore vraiment qu'on y joue en 2013, surtout que ses graphismes plaident pour lui : le cell-shading est vraiment le style visuel qui supporte le mieux le poids du temps.