Voyage par phulos

Le premier tiers du jeu m'a chopé par surprise, très bonne surprise même ! J'aime bien les créateurs qui ne pètent pas plus haut que leur fessard et c'est tout à fait le cas de Venturous qui, avec un enjeu ludique paraissant spontanément presque nul, et en évitant la nostalgie ou le tire-larme trop fastoches, arrive malgré tout à fasciner l'espace de quelques dizaines de minutes. Les musiques et les sons font le taf (on ne s'en souviendra pas pour autant) mais c'est la qualité des animations des personnages et surtout des décors qui nous empêchent de fermer les yeux. Et puis une forme de simplicité qui évite le dorénavant habituel mysticisme qui se dégage de nombre de walking simulators ou de cinematic plateformers depuis Journey, ce qui personnellement me fait un bien fou ! Il y a aussi ce moment où, le binôme de héros assexué tombe sur un petit youyou à tirer sur terre jusqu'à l'eau sur environ une minute. Le jeu peut être envisagé à deux joueurs ou seul ; cette longue minute à maintenir deux touches ensemble pour tirer un bateau et sentir son raclement par vibrations sur le sol doit sûrement paraître moins longuette voire gentiment risible quand vécue en harmonie de couple mais rappelle à la joueuse ou joueur solo, de façon douce-amère, en seulement quelques animations d'entraide, que c'est le soir ou jamais de chialer si on est en manque de concubin.e ou tout simplement de partenaire de jeu...

Malheureusement le titre tombe brusquement dans une science fiction terre à terre, délaissant les anims léchées pour des écrans bien plus mornes et robotiques, alourdissant le gameplay d'aller-retours lents et de cette mécanique de traîner de lourds objets répétée jusqu'au soupir. L'excellent rythme et la p'tite fascination du début de jeu ne reparaissent jamais vraiment, nous laissant sur une impression en demi teinte.
Mais je ne serai pas trop chien : une première oeuvre si bien animée par seulement deux personnes et réussissant parfois à se démarquer de ses aînés, c'est déjà remarquable ! 14 balles pour à peine deux heures peut paraître un brin rédhibitoire mais je suis persuadé que le jeu peut faire passer disons... un bon début de soirée à un couple de gamers, par exemple. Et les "solistes" invétérés du jeu d'aventure comme ma pomme y trouveront à coup sûr de quoi réfléchir, notamment sur la notion de rythme de narration dans les oeuvres les plus dirigistes et linéaires ; problème récurrent qu'on retrouve d'ailleurs dans le récent Little Nightmares II, mais c'est une autre histoire...