Valve a arrêté de faire des jeux vidéo.
Du moins, pendant un sacré moment.
A l’heure où ses lignes sont écrites, l’impensable s’est déjà produit, il ne s’agissait donc pas d’un mirage, l’arlésienne ultime du jeu vidéo a bel et bien trouvée sa conclusion.
Half-Life est de retour.
Et avec la commercialisation d’Half Life : Alyx, une décennie vidéoludique s’achève, une décennie marquée par la retraite solitaire et isolée de Valve, autrefois un des studios majeurs de cette industrie, laissant parfois la communauté des joueurs dans le désarroi devant cette absence inexplicable.
Jusqu’à ce que bien évidemment, d’autres studios décident de prendre le relais.
Team Fortress 3 n’a jamais vu le jour ? Overwatch est allé combler le vide crée par son absence.
Portal 3 n’a jamais été une réalité ? Talos Principle devrait vous intriguer.
Half-Life 3 est devenu le running gag majeur de cette industrie ? Vous pourriez tout de même vous intéresser à Bioshock ou Metro : Last Light.
Left For Dead 3 est resté au stade de simple rumeur ? Vermintide 2 répond présent.
Vermintide 2 est donc un jeu qui puisse bien évidemment ses inspirations créatives dans la série des Left For Dead et qui a au moins l’honnêteté d’adopter une totale transparence sur ses influences. La progression dans les niveaux est évidemment similaire tout comme le système d’entraide entre les joueurs mais le titre va également jusqu’à reproduire les mêmes archétypes d’ennemis qui viendront pourrir la vie des joueurs (surtout des plus téméraires), tout en instaurant le même principe de hordes aléatoires qui viendront pimenter chaque nouvelle partie. Et si ces similitudes troublantes pourraient paraître quelque peu rébarbatives aux joueurs ayant déjà quelques dizaines d’heures de massacre de zombies à leur actif, ce Vermintide 2 parvient malgré tout à s’émanciper sur le long terme de son illustre aîné et à trouver sa propre singularité.
L’héritage de la licence Warhammer permet en premier lieu d’offrir beaucoup plus de diversité visuelle dans les environnements traversés et même si la Direction Artistique ne s’éloigne jamais vraiment des standards de la Dark Fantasy, des efforts notables ont été effectués pour conférer à chaque nouveau décor une tonalité qui lui soit propre. Une variété visuelle qui se retrouve également dans la multiplicité des niveaux qui parviennent à éviter la redondance souvent associée aux Left For Dead et même si les actions concrètes demandées aux joueurs sont souvent les mêmes, l’enrobage est suffisamment distinct pour créer l’illusion d’un renouvellement de l’action. Enfin la dimension RPG prend véritablement tout son sens sur le long terme et s’adapte merveilleusement bien à la formule initiée par la série de Valve.
Entre la présence d’un HUB Central, la diversité des classes proposées, les différentes armes à maîtriser et le déblocage progressif des compétences, Vermintide 2 est un titre qui gagne véritablement en richesse au fil du temps au lieu de donner l’impression de recommencer sempiternellement les mêmes niveaux. Et la progression de notre protagoniste est également en cohésion avec la montée en puissance épique qui se dégage progressivement du titre au fur et à mesure que les niveaux accomplis donnent véritablement l’impression d’avoir accompli un nouvel objectif en prévision de la bataille finale.
Au bout du compte, le seul écueil majeur qui puisse encore être adressé envers ce Vermintide 2 réside dans son incapacité à proposer une peur panique aussi vivace que celle de son illustre modèle. En effet, malgré les nombreux emprunts effectués à la série des Left For Dead, cet héritier spirituel se révèle toutefois incapable de générer autant de tension et de stress dans les rencontres aléatoires des ennemis, et cela malgré la présence de nombreux Mini Boss intimidants. Les derniers moments de bravoure de Vermintide 2 ne véhiculent ainsi jamais le chaos émotionnel des fuites désespérées de Left For Dead, ces moments de dilemme où il faut décider de venir en aide à un coéquipier en péril tandis que la Horde s’achemine inexorablement vers nous.
Et s’il serait tentant de voir dans ces lacunes un manque de savoir faire en matière de Level Design ou d’équilibrage global, l’origine de cet écueil se situe peut être pourtant davantage dans la composante RPG du titre dont la montée en puissance qu’elle implique annihile par essence la tension que Left For Dead parvenait à instaurer avec son absence de progression plus concrète.
Il devient alors difficile de s’exprimer si un tel sacrifice était nécessaire pour permettre à Vermintide de voler de ses propres ailes ou si une part importante de l’essence des Left For Dead a bel et bien été perdue dans cette évolution de la formule. De la même manière qu’Overwatch était parvenu à insuffler un souffle super héroïque à la formule usée de Team Fortress 2, l’abandon de la peur viscérale au profit d’une composante RPG était peut être la démarche la plus louable pour forger une nouvelle licence dissociée de son célèbre modèle.
Quoiqu’il advienne, puisque Valve a arrêté pendant une décennie d’apporter son savoir faire à la création interactive, il n’y a pas de raison pour que Vermintide 2 ne suscite pas votre intérêt et que cet équilibre entre fidélité et émancipation puisse être développé dans un hypothétique troisième opus. Mais il convient tout de même de se demander si un tel jeu serait parvenu à trouver son public en présence d’un Left For Dead 3 qui n’a jamais vu le jour.