Hazard contre Messi(e).

Léger dilemme au moment d'attribuer une note à cette Director's Cut de Wasteland 2. Autant le dire d'entrée, je suis un grand fan de la version originale. C'est donc avec une impatience mal dissimulée que j'attendais de pouvoir me relancer dans les terres dévastées et radioactives d'Arizona et de [no spoil]. J'en ressors avec une impression mitigée.

Du côté des points positifs, je passerai très rapidement sur la refonte graphique : le jeu tourne désormais, parait-il, sur Unity 5. Je dois humblement avouer ne pas voir la différence, mais finalement peu importe, car j'étais déjà totalement convaincu par la direction artistique du jeu, qui éclipse à mon sens l'aspect technique il est vrai absolument dépassé et, disons-le, franchement moche.

La création des personnages se voit renforcée par l'apparition des perks (traits) et quirks (travers), héritée de la tradition Fallout. Voilà de vraies bonnes idées, qui permettent de personnaliser encore plus son équipe de Rangers. Elle reste toutefois optionnelle, pour ceux que les travers certes parfois très handicapants rebuteraient. Une excellente idée, donc !

Le système de combat se voit également agrémenté de nouvelles options de visée, qui permettent désormais de tenter de dégommer un bras, une jambe ou la tête d'un ennemi. S'il faut saluer l'initiative, l'on déchante par contre rapidement devant les pourcentages de réussite, ridiculement faibles et qui annihilent donc très vite toute velléité de cibler ses coups, du moins au cours des 10/15 premières heures de jeu.

Ce problème d'équilibrage est en réalité le vrai point de noir de cette Director's Cut. Le postulat des développeurs était en effet de rendre plus doux le début de l'aventure, pour accroître drastiquement la difficulté dans sa deuxième partie. Dans les faits, le pari n'est que trop bien tenu, car dès lors que l'on aborde le second acte de Wasteland 2, l'on se retrouve face à des ennemis aux points de vie absolument délirants. Là où l'équipe de développement aurait pu modifier les zones de combat, ou surtout l'I.A., toujours bancale, elle s'est au contraire contentée de gonfler les PV des adversaires, qui deviennent dès lors de vrais cauchemars pour les Rangers. Une difficulté absurde et totalement artificielle, qui vient clairement gâcher le plaisir de jeu, obligeant trop souvent le joueur à baisser la difficulté sous peine de se prendre systématiquement un mur lors de chaque affrontement.

Il est quand même dommage de constater que la sortie de cette Director's Cut s'accompagne de tels problèmes d'équilibrage. Ceux-ci auraient dû être repérés en amont et traités avant la sortie officielle.

En conclusion, je conseille évidemment cette Director's Cut à tous ceux qui n'auraient pas eu la possibilité de mettre les mains sur la version de base. Wasteland 2 reste, dans son écriture, et dans la gestion de son équipe de Rangers, un excellent jeu de rôle qui vous fera vivres des moments épiques, et qui saura vous surprendre, en plus de vous offrir une vraie rejouabilité, grâce aux nombreux choix cornéliens qu'il impose. A tous ceux qui auraient déjà pratiqué le titre, je conseillerais toutefois d'attendre quelques semaines, histoire de laisser le temps aux développeurs de travailler sur ces soucis d'équilibrage.

Wasteland 2 Director's Cut est une grosse et bonne mise à jour, mais souffre inévitablement de la comparaison avec la fabuleuse Enhanced Edition de Divinity : Original Sin. Un peu comme notre Eden Hazard qui, s'il n'était pas de la génération des Messi et Ronaldo, aurait probablement été multiple Ballon d'Or. Question de timing.

P.S. : j'ai produit une petite vidéo pour donner quelques conseils aux débutants sur la création de personnages : Indécouverte - Wasteland 2 Director's Cut.