Ça peut paraître un peu con, mais dès qu'on se retrouve largué dans l'univers X, une question s'impose à notre esprit presque instantanément :
Qu'est ce qu'on fout là ?
Faut dire que le début de X3 est pour le moins abrupt : on commence lâché au milieu de l'univers, à poil (enfin dans une belle combi MK2 et un chasseur quand même) et sans le sous, et c'est à nous de tracer notre route. Pas d'aide clinquante à base de "appuyer sur A pour tuer le méchant nalien", pas de halo fluorescent qui nous indique ce qu'on doit faire. Personne ne nous prend par la main. C'est à peine si on nous indique que l'on peut débuter le scénario principal.
Au début, l'immensité des possibilités fait peur, on se retrouve à trimer pour gagner sa croûte et équiper son minable chasseur ... de gigantesques vaisseaux porteurs de plusieurs kilomètres de long nous nargue de leur puissance, et on bave en se disant qu'un jour on en aura un pareil. Et plus beau d'abord. Alors on se recroqueville dans notre fauteuil, l'esprit vagabond, tirant des plans sur la comète pour obtenir tel ou tel vaisseau.
Et c'est là toute la force de ce jeu. Cette liberté qui fera fuir les moins entreprenants, fera littéralement jouir ceux qui ont des étoiles pleins la tête et qui sont capables de se donner des objectifs. Explorateur, commerçant, pirate, combattant, chasseur de prime, il y a une place pour tout le monde. Les possibilités sont aussi vastes que l'univers qui est mis à notre disposition.
X3 est aussi un régal pour les yeux et si il y a bien une chose qui foutra la trique à tout les SF-sex dès le début, ce sont les décors. Nom d'une pipe, nous mettre devant le bleu intense d'Uranus dès les toutes premières secondes du jeu, c'est pas humain. C'est beau, très beau même, même si ça reste souvent un background tout bête (pas de passage en rase motte au dessus des anneaux de Saturne malheureusement). Le jeu en lui même est très joli également. Les premiers combats spatiaux sont un vrai bonheur pour les yeux ... et que dire des combats de masse opposant plusieurs dizaines de vaisseaux, du destroyer au bombardier en passant par le chasseur ... amateurs des batailles spatiales full of epicness de Star Wars, vous pouvez y aller, c'est du lourd.
Évidemment, faut pas se leurrer, ce jeu n'est pas à la portée du premier consolix venu. C'est grand, c'est complexe, c'est hardcore ... et c'est mal expliquée. Mais une fois dedans, on fait son trou, on persévère, et on finit par faire naturellement ce qui nous paraissait inconcevable quelques heures auparavant.
Le but ultime du jeu ? En fait, il n'y en a pas. On peut tout aussi bien se la jouer pirate de l'espace, le blaster entre les dents, ou commerçant pacifiste, le manche entre les jambes. On peut aussi passer son temps à se mettre sur la gueule avec des aliens baveux, ou tout simplement suivre les campagnes du jeu (données par les races, les factions et les corporations ... nombreuses mais pas forcément palpitantes et encore moins faciles).
En vérité, on en revient toujours au même point : se faire le maximum de thunes pour acheter de nouveaux joujoux, devenir le dirigeant d'un empire gigantesque multi-secteurs et montrer notre gros destroyer stellaire capable de raser un secteur entier.
Le jeu est d'ailleurs un véritable manuel du parfait petit capitaliste : l'économie est complexe et dynamique (les prix dépendent de l'offre et de la demande), on peut gérer la production de différentes ressources et produits (primaire, secondaire, final) ... il est même possible se faire des boucles de production, via la construction de stations et de mines. Boucles qui peuvent être légales (genre produire des piles du futur) ou un peu moins (fabriquer de la drogue spatial).
On se retrouve très vite avec notre premier million. Le choix est alors difficile : soit on claque tout en drogue du futur et prostituées à tentacules, soit on s'achète quelques vaisseaux de transport pour se monter une petite économie. Vu comme ça le choix est pas vraiment difficile, mais en fait les prostituées n'ont pas de tentacules dans X3. C'est bien dommage.
Quelques heures plus tard, nous voilà avec une flotte marchande qui se trimballe aux quatre coins de l'univers connus (univers gigantesque divisé en secteurs, que l'on doit bien sûr explorer auparavant ... certains vous réserverons de belle surprise. Quelle idée d'abandonner des chasseurs tout neufs au milieu de nulle part franchement).
Et là, tout s'emballe et on doit très rapidement gérer des dizaines de trucs à la fois. Notre flotte grandit, on se paye un nouveau chasseur, puis un croiseur, puis des stations, des boucles de prod puis toujours plus de vaisseaux, jusqu'à construire son propre QG, tout en menant à bien les campagnes, les missions aléatoires, en montant sa réputation auprès des différentes races, sans oublier l'exploration de coins paumés de la galaxie, et puis aussi ...
On regarde alors sa montre et on se rend compte qu'on a joué 10h d'affilée sans bouffer autre chose que du pixel spatial. On s'en fout, on a eu notre putain de vaisseau high tech à 10 millions. Avant d'apercevoir, sortant d'une porte spatial, un gigantesque vaisseau orné d'un nombre considérable de tourelles et avec une gueule d'enfer ... alors on va checker son prix au spatioport le plus proche, comme ça juste histoire de ... putain 100 millions le bordel ! C'est reparti pour un tour ...
X3 : Terran Conflict est difficile d'accès. Vous allez en baver pendant les premières heures, plus perdu dans cet univers quasi infini que E.T sur cette bonne vieille Terre. Mais ça en vaut la peine. Il faut gratter pour toucher du doigt la vraie grandeur de ce jeu et l'immensité de ses possibilités. Attention tout de même de mettre un réveil, sous peine d'être absorbé par le nombre de tâches à réaliser.
Pour finir, il est difficile de parler de X3 sans évoquer sa kyrielle de mods et de scripts. Certains sont vraiment très réussis et viennent donner encore un peu plus de vie à cet univers cosmopolite. La communauté a fourni un travail considérable sur ce jeu, et on trouve désormais à peu près tout : ajouts de races, diplomatie revue et corrigée, nouvelles factions, vaisseaux, générateur de secteurs aléatoires (miam l'univers infini), scripts en tout genres, campagnes, total conversion, modification du comportement des races et de leurs relations (ce qui peut déboucher sur des guerres ouvertes et foutre un sacré boxon dans l'univers connu), etc ..
Un grand jeu qui fera monter au Septième Ciel (et même au delà) les amateurs de Space Opera avec un grand X.
