Ou j'ai découvert ébahi qu'un Dragon Punch pouvait enflammer le tiers de mon téléviseur
Pour apprécier X-Men vs. Street Fighter, il faut le remettre dans son contexte.
En 1998, le fighting cross-over n'était pas encore devenu un banal produit misant à fond sur le fan service et la rentabilité des franchises dont les épisodes, et même les mises à jour au sein du même épisode, se succèdent à un rythme effrénés. C'était un produit encore relativement frais. Coté Street Fighter, on ne s'était pas encore remis de la saga SF2 et les épisodes Alpha, certes de qualité, n'avaient sans doute pas eu le même impact sur le public.
X-Men vs. Street Fighter s'inscrit pour moi dans la continuité d'un nouveau style de jeux de Versus Fighting initiés notamment par Marvel auquel j'avais eu l'occasion de jouer sur borne d'arcade : des jeux un peu moins techniques que ne l'était SF2, mais bien plus spectaculaires, à la jouabilité 2D réaffirmée et bénéficiant d'un volet technique, notamment au niveau des graphismes et de l'animation, rehaussé.
Et pour le coup, j'ai été séduit. Séduit par le portage des personnages de la saga Street Fighter que je cherissait tant et par le nouvel habillage de ces coups spéciaux de légendes, séduit par les différentes fury des personnages, séduit par le caractère très dynamique des combats, même si cette caractéristique s'affirme un peu au détriment du caractère technique et réfléchi des joutes. En clair, on chope quelques attaques de base qui fonctionnent bien, plus les fury qui font bien du mal, on s'acharne un peu sur l’adversaire et on le finit avec un gros dragon punch enflammé qui colore bien tout l'écran.
Bien entendu, X-Men vs. Street Fighter est un jeu particulièrement imparfait. Outre l'aspect moins technique des combats évoqué plus haut, le nombre et la variété des modes de jeu pêchent un peu, et le jeu manque globalement d'enrobage (les musiques ne disent pas grand chose notamment), mais je pense que ce statut d'imparfait reste assumé et acceptable pour l'époque. Aujourd'hui, certes, on attendrait plus !
Bref, une évolution dynamique, sympathique et bienvenue du Versus Fighting, en mode spectacle, avec des personnages qu'on a plaisir à manier. Quelque part, un jeu fait pour faire plaisir, pour nous en mettre plein les mirettes. De la pêche ! Et les bases d'un sous-genre aujourd'hui exploité jusqu'à la moelle à travers de nombreuses franchises et dérivés.