Xenoblade Chronicles 3
7.7
Xenoblade Chronicles 3

Jeu de Monolith Software et Nintendo (2022Nintendo Switch)

Bon cru, comme l'ensemble de la série (sauf peut-être Future Connected qui m'avait laissé un méchant arrière-goût de "c'était pas intéressant", mais ça n'était pas pour lui qu'on achetait la version Switch de Xenoblade Chronicles de toute façon).

Scénario : On a l'habitude avec Xenoblade, le scénario nous emmène à des niveaux de WTF assez impressionnants. En l'occurrence, nous sommes sur une suite des 1 et 2 combinés (qui pourtant se passent dans des univers séparés). Le fond de l'affaire, ceux qui ont fini les deux premiers (le 2 surtout) ne seront pas surpris :

les deux univers sont en train de fusionner, et tels la matière et l'antimatière, ils sont en train de s'annuler l'un l'autre, faisant place au néant,

et dans ce contexte, les peuples ont rien de mieux à foutre que se péter la gueule dans une guerre millénaire (nous sommes littéralement 1000 ans après le début de la guerre).

Ma femme, qui m'a demandé de lui expliquer un peu l'histoire, quand j'en étais encore à une quinzaine d'heures de jeu, et m'entendant raconter la vie de ces soldats nés d'incubateurs et ayant une durée de vie de 10 ans, combattant au seul prétexte que "si c'est pas eux qui crèvent, c'est nous", et mourrant quoi qu'il en soit, sur le champ de bataille ou de vieillesse au bout de 10 ans de service, elle a conclu qu'on jouait des fourmis. Et elle n'était pas loin de la réalité.

Tout ce système sert les intérêts d'un méchant avec lequel j'ai un problème fondamental :

le méchant est l'incarnation de la peur du changement.

Et comme tous les

méchants concepts

, je trouve leurs motivations trop simplistes pour faire de bons méchants.

Il n'a pas d'objectif nouveau à atteindre si ce n'est nous maintenir dans cette situation de merde.

Et on se demande, compte tenu de sa motivation profonde, pourquoi il

a conçu ce monde de guerre perpétuelle plutôt qu'un truc tout paisible avec du soleil et des oiseaux mignons qui gazouillent de jolies mélodies

, ce qui aurait à peu près 5748 fois plus de sens... Bref, j'ai pris ce scénario comme un prétexte à nous développer des personnages et des questionnements intéressants.

Alors ça oui, les personnages sont bien écrfits, les questionnements philosophiques soulevés par ce système de vie limitée (auquel on ajoutera par la suite

la réincarnation

et

l'existence d'un groupe de personnes hors du système et se reproduisant au naturel

) sont intéressants. Et si on fait abstraction du prétexte scénatistique, c'est tout à fait satisfaisant.

Très bon point pour la fin du jeu,

les protagonistes font le choix du renoncement

, c'était bien.

Narration : Je suis désolé, mais non ! Brasier de moucheux, non ! Ca commençait bien, on nous annonce dès le début qu'on va avoir le monde entier contre soi, mais bordel ça ne dure que cinq heures ces conneries ! On va de colonie en colonie (le jeu ne comporte qu'une seule vraie ville, et deux autres trucs qui y ressemblent vaguement), on s'attend à y être accueilli comme la peste, mais non. A part les trois ou quatre colonies du début du jeu, par la suite on est chaque fois accueilli bien gentiment par le héros local, on poutre

le consul, sorte de VRP du méchant

, on gagne un nouveau job, et on passe à la colonie suivante, avec des mini histoires allant du bof au ridicule.

Il y a un truc bien fait dans la narration, un seul, c'est la pression des trois mois restant à vivre à Mio. Le problème, c'est que

dès qu'elle meurt dans le climax du chapitre 5

(qui m'a laissé un peu pantois et je dois dire très agréablement surpris)

on nous désamorce le truc immédiatement pour nous dire "mais non en fait elle est pas morte regarde !".

Et ça n'est pas le seul cas, le jeu nous fait au moins 5 fois ce coup. Trois fois en moins d'une heure entre la fin du chapitre 5 et le début du 6:

Lanz et Sena vont mourir !

ah bin non ça va,

Mio est morte !!!!

ah bin non ça va,

la cité vient d'être anéantie !

ah bin non ça va.

Et on ajoute à cela :

Ethel et Cammuravi qui meurent de leur belle mort et finissent ressuscités, frais et dispos

et

Nia, putain j'aurais trouvé super osé qu'ils fassent mourir Nia d'une mort aussi merdique

ça aurait été super, mais non, ce jeu n'a aucun courage d'un point de vue narratif. Pas de courage, pas d'enjeux, pas de tension, c'est profondément décevant.

Heureusement, on peut passer les scènes de dialogue, mon prochain tour je le ferai sans écouter discuter les bonshommes vu que ça n'a rien de fou à me raconter. Et on en vient à la partie JEU de la critique, puisque si on saute les dialogues, il ne reste plus que ça.

Point génial : les environnements, l'exploration. Les maps sont démentielles. C'est pas la carte d'un seul tenant de Xenoblade Chronicles X, de BOTW ou d'Elden Ring, mais c'est déjà fantastique comparé aux deux premiers épisodes numérotés, et tout ou presque est optionnel, c'est la folie ! N'ayant pas fait le X, je ne peux pas me prononcer sur lui, mais je pense qu'il s'agit là de l'épisode qui m'a le plus procuré de frissons liés à la pure exploration. Ceci dit, je trouve que même si la taille est là, il y a moins de recoins, moins de travail sur la verticalité qui rendaient l'exploration des plaines de Gaur (dans le 1) ou de Gormott (dans le 2) pour ne citer que des zones de début de jeu, aussi fascinante. Là j'ai juste l'impression qu'ils ont voulu mettre autant de contenu dans de plus grandes surfaces, donc ils ont étiré tout. Au final, je préfère des maps plus petites mais plus travaillées. Très agréable de jouer à reconnaître les environnements de XC1 et XC2. Il y a les in your face comme Uraya, et les trucs un peu plus subtils comme les ruines du Creuset aux Esprits. C'était bien cool !

Système: l'arrivée des classes de personnages en remplacement de la gestion des lames de Xenoblade Chronicles 2 apporte un petit vent de simplicité agréable et bien plus noob friendly. Par contre j'en ai vite plus rien eu à fiche en fait : on met dans l'équipe 2 attaquants, 2 tanks, 2 soigneurs, et on ajuste selon les obstacles du moment avec un héros en renfort. Pas besoin de garder le cerveau branché, pas besoin de réfléchir à ses synergies, plus grand chose en fait... C'était pas désagréable, c'est le système le plus accueillant, je trouve, depuis le début de la série, mais passées les 15 premières heures, je suis passé en mode OSEF complet de ce système qui ne me challengeait pas.

Menu carte : une purge ! Vraiment ! C'était déjà pas la folie dans XC2, mais alors là... Donc on a une combinaison de boutons pour afficher la carte locale (à savoir le plan de l'étage où on se trouve sur la map actuelle), et sinon on peut ouvrir le menu principal, choisir "Carte", choisir la région et l'étage, et afficher le plan. Donc j'ai passé ma vie à :

  • Ouvrir le menu principal avec X en pensant ouvrir la carte locale
  • Sortir du menu principal avec B
  • Maintenir L2 et presser X pour ouvrir la carte locale (des fois je me trompe et je maintiens L1 ou R2 ou R1, ce qui fait que je boucle sur ces trois premières étapes déjà)
  • Chercher l'endroit où je veux aller, pour réaliser qu'il n'est pas sur la map locale
  • Il n'y a pas moyen, depuis cette carte locale, de revenir rapidement au choix de l'étage ou de la région, donc on sort de la carte avec B
  • Ouvrir le menu principal avec X
  • Aller sur Carte et presser A
  • Choisir la région avec L ou R (de préférence celui qui prendra le plus de temps pour aller où je veux), appuyer sur A
  • Réaliser que je n'ai pas choisi l'étage, car je m'attendais à un sous-menu alors qu'en fait on choisit la région ET l'étage en même temps, donc presser B pour revenir au menu précédent
  • Choisir le bon étage et presser A
  • Enfin trouver ce que je veux.

Voilà... 97 heures de ça. Merde !

Combats : dans la prolongation du système... Rien à foutre. Honnêtement vous vous attendez à quoi ? Vous avez une équipe de 6 personnages principaux + un renfort optionnel. Soient 7 personnages combattants. Vous en contrôlez un. Donc que vous teniez la manette ou pas, le combat se fera. Vous aurez une influence à la marge. Voilà. Donc c'est très accueillant là encore (quoique difficile à lire, encore plus que dans XC2 qui était déjà un peu fouilli), mais pour cool que soit l'idée d'avoir mélangé les systèmes de combat de XC1 et XC2 (en plus d'ajouter une surcouche de pseudo-méchas OSEF), et soit dit en passant j'ai passé 97 heures à me dire à quel point les mécaniques de XC2 étaient supérieures à celles de XC1, ça n'a pas d'intérêt si ma précence aux commandes n'est pas nécessaire à la victoire. C'est dans l'émission de Gamekult qu'un des intervenants disait qu'il avait laissé les combats tourner pendant qu'il prenait son petit déjeuner, bin j'ai fait pareil avec l'avant dernier boss du jeu : le combat s'est fait tout seul pendant que je rangeais la vaisselle puis pliais mon linge... C'est dommage quand même !

J'ai l'air hyper déçu comme ça, mais faut quand même voir que j'ai passé 97 heures sur le jeu. Et que si je l'avais trouvé mauvais, j'aurais rushé l'histoire et lâché la manette au bout de 40 heures ou moins. C'était super, mais c'était clairment pas le meilleur épisode de la série. Une bonne porte d'entrée pour les néophytes, un bon shot pour les accrocs qui veulent leur petite dose de Xenoblade comme moi, mais je m'en souviendrai comme le moins intéressant des gros épisodes jusqu'ici. On va voir ce qu'apporteront les DLC, que je finirai bien par payer, mais j'attends un peu de voir à quoi ça ressemblera avant de mettre la main au portefeuille.

homme_improbable
7

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le 17 août 2022

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