The last Xenoblade ?

Il y a trois ans, j’achetais une nintendo switch lite avec un premier jeu boîte qui était Xenoblade Chronicles 2 et je prenais une claque monumentale. Un JRPG avec une durée de vie de 96 heures pour le finir ? Et dont le gameplay évolue constamment pendant toute l’aventure ? C’était incroyable et pendant le confinement, l’annonce d’une version remasterisée du premier volet Xenoblade Chronicles mettait du baume au coeur. Et, lorsque j’y jouais, je prenais là aussi ma petite gifle JRPG. Ma critique consacré au jeu devenait l’une des mes critiques les plus populaires, et j’essayais au maximum de rendre hommage à ce titre.

Xenoblade 3 est arrivé différemment. Plus vite que je ne le pensais. Y a eu un Nintendo direct, ils ont montré les images et ont donnée une date de sortie rapprochée, ce qui a surpris tout le monde. Un univers Aionos qui fusionne l’univers du 1 et du 2 ? Une sorte de mix du gameplay du 1 et du 2 ? Tout en revenant un peu vers le serious game du premier, avec des thématiques de la guerre et de la mort, plus sérieuses que l’aventure de Rex et de ses waifus ? J’étais preneur. Mieux j’adorais le character design du nouveau personnage Noah, et de Mio, la nouvelle « Nia » en plus sérieuse. J’étais fan aussi de Eunie, la nouvelle « Mélia/Sharla » du soft, et Sena, qui je ne l’ai pas remarqué tout de suite, semble avoir des liens avec Brighid par ses cheveux.

J’ai donc posé mes pattes sur le titre, le jour de la sortie, et je vais vous raconter mon expérience sur le soft. Autant le dire tout de suite, c’est le Xenoblade avec lequel j’ai eu la relation la plus compliquée et je vais expliquer comment mon avis sur le jeu a constamment évolué au cours de mes 110 heures de jeu pour le terminer ( record battu en terme de durée de vie).

1) L’histoire de Xenoblade 3, entre désacralisation, maturation et approximations ?

Xenoblade 3 propose comme univers Aionos, qui est clairement une fusion de l’univers des deux premiers ; et vous allez vous en rendre compte tout au long de l’aventure, certaines zones vous rappelleront forcément des souvenirs du premier volet et de sa suite. On débute le jeu avec Noah, un passeur d’âme de Keves, qui est pote avec son unité militaire Eunie, une fille un peu bad ass intrépide et Lanz, le gros dur de la bande. Ils font la guerre à Agnus, la nation rivale, et en gros dans cet univers, la vie « humaine » est une ressource. Les gens se battent à mort pour récolter la vie des autres dans des cadrans vitals et pour augmenter leur « rang » de colonie. Il faut savoir aussi que dans cet univers, les gens naissent à l’âge de 10-12 ans et meurent 10 ans après s’ils n’ont pas été tué entre temps. Mourir de « vieillesse » est considéré comme un « honneur », lors d’une cérémonie appelée le « grand retour ».

Influence de FF 10 oblige, Noah est un passeur d’âme, avec sa flûte il guide les âmes des défunts vers l’au-delà. Il prend tellement sa mission au sérieux qu’il fait aussi cela pour ses ennemis. Lors d’une mission militaire, il tombe face à face à l’unité de Mio, elle aussi passeur d’âmes pour le camp d’en face, Sena une fille dotée d’une force extraordinaire avec peu de confiance en soi et Taion, le tacticien. Ils se battent, et se retrouvent au milieu d’un conflit avec une troisième faction, les égarés, menés par Guernica Vandham ( ce nom vous dit quelque chose, coucou Xenoblade 2). Avant de mourir Guernica, qui est âgé, leur apprend que on peut vivre un siècle environ, que leur monde est un mensonge, et il leur donne le pouvoir des ourobouros.

Ce pouvoir, qui sera exploité dans le gameplay, est une fusion entre deux êtres qui les transforme en créature dotée de pouvoirs divins temporairement. Débarque alors un étrange être, un Moebius, premier d’une longue liste dans le jeu, et ce Moebius affirme très clairement qu’ils sont antagonistes, qu’ils dirigent le monde et se nourrissent des vies humaines pour vivre éternellement. Après cet affrontement, les 6 personnages décident de s’allier, et désormais, ça sera eux contre le monde, puisque les moebius ont fait deux des parias dans les deux factions. Les personnages vont donc essayer d’aller trouver la cité, la fameuse ville de Vandham avec les gens qui vivent plus longtemps qu’eux. Mais ils doivent faire vite, Mio est arrivée presque à expiration de sa vie…

Bon, une fois ce résumé passé, voilà ce que j’ai pensé de l’histoire de Xenoblade 3. Elle est bonne voir très bonne par moment. Et cependant c’est probablement la plus mal rythmée de la trilogie. Les chapitres 2,3,4 ne sont pas très intéressants, du moins pas tout le temps. Il faut attendre véritablement le chapitre 5 et le début du chapitre 6 pour se manger une mandale en terme de développement de l’histoire.

Le soft donne clairement des fausses pistes, te laissant penser que l’antagoniste principal Z, est lié à des événements du passé de la saga. Et au final, cette piste est abandonnée. Tout comme l’épée de Noah, qui a une forme particulière par rapport à la Monado ou la lame de Pyra, Xenoblade 3 c’est avant tout une volonté de désacraliser la saga, à la manière de the last jedi, mais sans pour autant cracher sur ce qui a été fait avant.

Plus que dans cet épisode, c’est la volonté des personnages qui leur servira de moteur pour survivre dans ce monde, parfois cruel, parfois injuste, ou finalement le temps est une ressource précieuse. Cette histoire, développée dans la mission principale, sera agrémentée par des quêtes annexes qui prolongeront parfois un événement vécu dans la quête principale. Exemple, l’une des meilleures personnages secondaires dans le jeu, c’est la relation entre Ghondor et Shania, qui donne lieu à une scène assez « inhabituelle » dans un Xenoblade, et plutôt violente. Le jeu prend une tournure plus sombre que les épisodes précédents. Et bien, il y a une quête annexe qui permet de mettre un terme à l’aventure de Shania, et qui va expliquer ses motivations, et pourquoi elle agit de telle façon. Et le jeu va te montrer que le personnage est maltraité émotionnellement par sa mère ; et ça te donne toute une tirade où le personnage de Monica explique aux héros, que finalement être un géniteur ne veut pas forcément dire être un bon parent à tout les coups, que le monde est injuste à ce niveau là.

D’une manière générale, le jeu aborde beaucoup la vie et la mort, le temps qui passe et délaisse un peu le thème de la divinité de l’opus 1 et 2. Et maintenant on va entrer en zone spoilers.

SPOILERS:

A la fin du jeu, on découvre que oui, Aionos est né de la fusion entre les univers de Xeno 1 et 2. que la reine Nia et la reine Melia des deux univers ont construit une arche appelée l’origine, au cas où cette fusion se passerait mal, pour qu’une trace de leurs mondes respectifs survivent. La peur humaine du changement contenu dans l’arche a donnée naissance aux Moebius, des êtres qui veulent que rien en change et que tout perdure à jamais. Le temps a donc été figé et tout le jeu se passe dans une boucle temporelle qui dure à peine une seconde finalement (c'est pour ça que dans le décor, il y a des rochers qui flottent). C’est marrant de se dire que le jeu te fait jouer une centaine d’heures des événements qui sont au final dans une boucle temporelle.

Noah et ses amis tuent Z le chef des moebius, et à la fin il a un choix qui s’offre à lui. Le temps va reprendre son cours et les deux mondes qui se sont frôlés et chevauchés vont désormais s’éloigner à nouveau l’un de l’autre ( j’ai trouvé un peu bizarre de revenir au statu quo précédent). Soit Noah fige le temps encore, avec tout ce que ça implique derrière de souffrances, soit Noah accepte que les mondes se séparent, et perd la femme qu’il aime à tout jamais, Mia, avec ses souvenirs. La fin est donc une séparation déchirante entre cette bande de potes, Noah, Eunie et Lanz sont séparés de Mio, Sena et Taion, à tout jamais pour que la vie puisse être « normale » et que le temps puisse défiler. Et cette scène où Noah balance son épée à la flotte veut tout dire, j’ai compris à ce moment là qu’on passait un cap, que Xenoblade c’était probablement terminé du moins pour l’arc du conduit. Malgré un peu de fan service, ils nous ont amené là où on ne s’attendait pas. Ils n’ont pas lié le trois comme le un et le deux étaient liés, et c’est tout à leur honneur.

En résumé, cette histoire m’a plu, malgré de nombreux deus ex machina, malgré des moments plats, malgré des moments un peu WTF avec des réactions étranges ( Mio qui arrive à envoyer valser des moebius interliés avec un coup de pied, sérieusement? La coalition mondiale contre les ourobouros qui tombe trop vite à l’eau), Xenoblade 3 arrive encore à toucher dans ce qu’il essaie de raconter. On est probablement sur la meilleure équipe de personnages de la trilogie, même si malgré tout, encore une fois, l’aspect est centré sur le couple Noah/Mio et on laisse de côté la relation entre les autres binômes, il faut faire des quêtes secondaires pour développer cet aspect.

2) Le gameplay, entre équilibre mal dosé et Fun ?

Passons maintenant sur le bât qui blesse. Plus que l’histoire, c’est le gameplay et l’équilibre du jeu qui m’ont posé problème au début. On a plus trois personnages sur le terrain, on a les 6 en même temps + un héros qu’on peut ajouter ce qui porte à 7 le nombre de personnages. Qui dit 7 personnages qui tape en même temps, dit plus facile, et donc plus casual.

J’ai trouvé, jusqu’au chapitre 5, que Xenoblade 3, en dépit de toutes ses qualités, s’était casualisé. C’était devenu trop simple. J’ai commencé le jeu en mode normal, j’ai ensuite passé le jeu en mode difficile car je n’avais presque aucun challenge, à part un ou deux boss. De même, le jeu te proposant souvent de prendre ton temps dans l’aventure, j’ai farmé, j’ai exploré, j’ai pris plein de niveaux en plus que celui conseillé pour la quête principal, d’autant que tu peux leveler bien plus facilement qu’avant dans cet opus, avec les feux de camps, bref je trouvais le jeu trop facile.

La présence de jetons nopons, or et argent, qui te permettent d’acheter des niveaux de classe, ça aussi je trouvais ça fondamentalement trop casual. D’une manière générale, le jeu connaît une stagnation jusqu’au chapitre 5 et après les niveaux des ennemis décollent à une vitesse, si bien que ceux qui n’ont pas farmé pendant tout le jeu et qui pouvaient se le permettre, ne pourront plus dans le dernier donjon du jeu, qui est franchement pas terrible et très peu inspiré, avec des enchainements de combats contre des sacs à PV, et 3 boss enchaînés de suite, avec Z en grand méchant qui prend sa vie à être défait, sans rire j’ai baissé la difficulté en normal pour finir le boss final tellement il est long. Il est genre plus long que difficile à battre.

Mais bref, Xenoblade 3 s’est inspiré de FF 5 pour son système de combat. A la base, vous avez 6 classes ,celle des 6 héros. A partir du moment où ils deviennent ourobouros, ils ont la capacité d’obtenir des « lames » ( comprenez style de combat) de leurs potes, mais également des héros qu’ils vont rencontrer. Vous pouvez donc faire de Noah un épéiste, un médecin, un tacticien, ect ect et lui faire endosser la classe du héros qu'il vient de rencontrer… Vous montez la classe au niveau 10 et après vous changez de classe. A noter que des quêtes secondaires de héros vous permettront de monter ces classes au niveau 20, et d’apprendre l’attaque ultime de la classe. A noter aussi que vous apprenez des arts de classe, des arts dits secondaires que vous pouvez combiner avec les arts primaires de votre classe.

On retrouve un système de gemmes amoindri par rapport au premier volet, mais toujours présent pour booster les capacités des personnages. On retrouve aussi la fonctionnalité déséquilibre/chute/hébétude/éjection/commotion qui s’exécute plus facilement qu’avant, lors d’une nouvelle attaque enchaînée qui est franchement la meilleure de la série sur le principe. Ajoutez à cela les ourobouros, qui ont des arts particuliers, des arts ultimes particuliers, et qui peuvent être invoqués dans les enchaînements, et vous obtenez un excellent système de combat. Peut être plus casual, mais certainement plus fun.

3) Les environnements, bien mais pas partout ?

Pour faire court, le monde d’Aionos est sympa à explorer, mais il est clairement moins impressionnant que celui du premier et du second volet. Il y a encore quelques baffes en perspective, pour moi le moment où on arrive dans la mer d’Erythia, avec le bateau, et qu’il y a plein d’îles à explorer, pour moi c’est l’environnement le plus beau du jeu, le plus remarquable et mémorable.

Par contre les environnements neigeux, sérieusement ? Il y en a quasiment pas, et le peu qu’on a est nul en terme de level design. Je veux dire vous voyez le titan sur la couverture du jeu ? Vous pensez que vous allez pouvoir aller dessus ? Perdu, il fait juste partie du décor. Quelle déception. Pareil sur les transitions entre décors, on perd un peu le côté dark soulien du premier opus.

4) Et la musique ?

La musique est excellente, la flûte est clairement l’instrument de prédilection des compositeurs. Le thème de combat est bon mais il m’a lassé au bout d’un moment. Comme d’habitude je vais lister quelques morceaux que j’ai trouvé particulièrement réussis dans le titre :

- A life sent On, le morceau de flûte joué pour accompagner les âmes des défunts

- The weight of life, un morceau trop peu utilisé dans le jeu

- Battle Vs Moebius, quand le morceau démarre vous savez que vous aller vous taper contre les antagonistes principaux du jeu

- Batlle Vs consul M, rajouter de la flûte sur le thème des moebius, une idée de génie

- A step away / where we belong, les deux morceaux chantés du jeu, pendant les cinématiques les plus travaillées et longues du titre, avec les deux plus beaux moments du titre.

- Erythia Sea (Day)- l'environnement le plus fantastique du jeu, avec la bande son qui l'accompagne. Parfait.

Conclusion

J’ai constamment changé d’avis sur Xenoblade 3 tout au long de mon aventure dessus. Est-ce le meilleur ? Oui, sur pleins d’aspects . Est-ce le pire des trois ? Oui, sur pleins d’aspects. Et pourtant, malgré tout ce que je lui reprochais, pourtant, j’y ai passé 110 heures. Techniquement le plus abouti des trois, le jeu a su me montrer que oui, il a encore des choses à raconter, mais que celles-ci ne seraient pas forcément dans le même ton que les deux opus précédents, clairement xenoblade 3 désacralise la mythologie de l’épée « magique » qui permet au héros de gagner son combat, la vraie forme ultime de l’épée de Noah est un bouleversement dans toute la saga.

Plus mature, plus sombre, avec un character design plus « sérieux », Xenoblade 3 est revenu courir davantage vers le premier opus en prenant quelques nuances du second, tout en finalement se forgeant sa propre identité. C’est une trilogie réussie, et bien que le jeu soit allé là où je ne pensais pas qu’il irait, et quelque part, que je ne souhaitais pas, et bien il l’a fait et il m’a fait comprendre à quel point il était un véritable troisième épisode. Pas un 2,5 comme la plupart des trilogies vidéoludiques, un vrai troisième épisode et une conclusion de la saga, pas comme je l’espérais, mais la boucle est bouclée, c’est le cas de le dire.

Il reste trois mois avant la fin de l’année, je n’aurais pas forcément l’opportunité de jouer à encore beaucoup de jeux, alors oui, je pense qu’on peut le dire, à part un miracle Bayonetta 3, Xenoblade 3 est un grand JRPG, un grand jeu vidéo, une exclusivité switch incontournable et mon GOTY 2022. Je pense que le 2 lui est supérieur sur bien des points, mais finalement, j’ai fini par accepter ce troisième opus tel qu’il était, et pour moi il est excellent. 3 Opus, 3 jeux semblables et différents à la fois, 3 masterclass, aucun opus à jeter, merci Monolith Soft pour la virée sur Aionos.