Xeno sous Xanax
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le 17 août 2022
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Il m'avait suffit d'un trailer pendant un nintendo direct pour comprendre que ce Xenoblade 3 tentait, après une escapade expérimentale (X) et un dérapage de goût (XC2), de revenir aux sources: celles d'une aventure équilibrée, entre exploration, nekketsu et scénario touffu. Et cette intention est tout à fait confirmée dans l'exécution.
Dans ses orientations artistiques et esthétiques d'abord, on sent que XC3 est plus cohérent. Les personnages principaux bénéficient d'un chara-design "approprié", la narration, les situations et dialogues alternent plutôt habilement entre gravité face aux enjeux pesant sur les héros, et touches de légèreté amenées en partie par les nopons (qui sont, à mon sens, moins énervant que dans le 1er opus). Sans avoir un scénario particulièrement mature ou à destination d'un public adulte, Xenoblade 3 parvient à convaincre avec les règles de son univers et les postulats qui s'imposent aux personnages, condamnés à combattre un camp adverse et, au mieux, à mourir dix ans après leur conception artificielle. Peur face à la mort et au temps restant, crise du sens de la vie, question du conditionnement et de la liberté, de l'angoisse existentielle: autant de sujets pas forcément communs, en tous les cas sous cette forme, et traités avec une certaine justesse. On s'attache alors vite à ces personnages, dont les backgrounds nous sont racontés plus en détail au fur et à mesure.
Equilibre aussi dans son système de combat, riche d'options, de personnalisation et de possibilités, grâce à son système de classe et d'attribution des compétences qui permet de s'essayer à différentes synergies. Efficace, celui-ci souffre néanmoins du syndrome de l'automatisation, où l'intérêt réside moins dans la microgestion des attaques que dans la macrogestion globale du combat. Déroutant au début, il révèle surtout ses subtilités dans les combats de boss ou de monstres spéciaux sur la map, qui requièrent de bien penser les combinaisons d'attaque et de réagir avec rapidité.
La progression repose également sur la même formule éprouvée, avec un scénario principal se déroulant à travers de nombreuses cinématiques et dialogues jonchant l'avancée, et une exploration de vastes espaces qui donnent lieu à la réalisation de nombreuses quêtes secondaires, découpées entre quêtes pour l'obtention d'un nouveau "héros" (qui apparait en soutien en combat et permet l'accession à une nouvelle classe) et quêtes purement annexes. Là encore, on ne peut que saluer le travail de Monolith, qui s'est ici efforcé de scénariser avec soin les quêtes de héros, et d'écrire un minimum la plupart des quêtes annexes. Exit donc le paquet de missions fedex avec pour seul ornement une ou deux bulles de dialogue, même si la récolte pure de matériaux et d'objets fonde toujours l'objectif de certaines d'entre elles.
En fait, l'un des aspects les plus rafraichissant vient sûrement de l'OST. Moins cheesy qu'avant, elle a par ailleurs été pensée autour des instruments à vent détenus par les protagonistes, et fait ainsi la part belle à l'utilisation des flûtes, dans les morceaux de combat comme dans ceux d'exploration ou ceux utilisés pendant les cinématiques. A mon sens, la qualité générale de composition a bien augmenté, avec des battle themes qui n'hésitent pas à s'imprégner d'influence prog ou jazz, tout en incorporant des accents de musique traditionnelle japonaise grâce aux flûtes. La réutilisation d'anciens morceaux de la série est par ailleurs présente mais discrète, et permet de constater le travail de réorchestration (Elaice Highway), ou bien d'apprécier l'excentricité des compositeurs qui tapent une jam de jazz funk en guise de relecture (Brilliant Wings).
En résumé, Monolith assure avec son jeu toutes les ambitions annoncées. Maitrisé, augmenté, consolidé, rationnalisé et emballé dans un écrin technique étroit mais toujours subjuguant, Xenoblade 3 donne ce que la série a de mieux à offrir: un voyage unique et grisant, un scénario aux nombreux rebondissements, et le sentiment de jouer à un grand JRPG comme on en fait plus que trop rarement. Le seul véritable écueil à mon sens sera pour le futur: bien qu'efficace, la formule ne pourra pas fonctionner éternellement sur les mêmes fondements. Monolith devra, à un moment donné, repenser sa série et réussir à conserver son identité tout en lui insufflant suffisamment de nouveauté.
Créée
le 6 janv. 2023
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