Yakuza 5
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Yakuza 5

Jeu de Ryû ga Gotoku Studio et SEGA (2012PlayStation 3)

Je viens de finir le scénario de ce cinquième opus de la saga Yakuza, qui aura mis, sauf erreur de ma part, trois ans à sortir en dehors des frontières de l'archipel nippon pour rentrer en catimini sur le marché européen (seulement téléchargeable sur le PS Store, pas de version boîte).


Pour la première fois de l'histoire de la série, 5 villes sont jouables: Tokyo (présent dans tous les épisodes de la série), Osaka (qui fait son retour après Yakuza 2), Nagoya, Sapporo et Fukuoka.
Si le 4eme volume proposé 4 personnages jouables, le 5 quant à lui en propose 5 (qui sait si le 6 proposera 6 personnages ?): Kazuma Kiryu, le héros de la série est bien entendu de la partie, il en va de même pour Shun Akiyama et Taiga Saejima déjà présents dans le 4, mais aussi d'un nouveau venu, Tatsuo Shinada et bien que présente depuis Yakuza 1, Haruka Sawamura, la fille adoptive de Kiryu est pour la première fois jouable.


Passons à présent à un petit résumé de l'histoire (je vais m'efforcer d'éviter les spoilers), protagoniste par protagoniste.
A tout seigneur tout honneur, commençons avec Kazuma Kiryu qui pour aider le rêve de sa fille adoptive Haruka de devenir une idol de la Jpop a été contraint de couper les ponts avec elle (avoir été élevée par un ancien Yakuza n'est pas très bon pour l'image d'une Idol) et de quitter l'orphelinat qu'il gérait à Okinawa. Nous le retrouvons donc à Fukuoka, où Kiryu est connu sous le nom de "Suzuki", travaille comme chauffeur de taxi et vit assez mal l'absence de sa fille. Jusqu'à la disparition à Fukuoka de Daigo Dojima, patriarche du clan Tojo, auquel faisait jadis parti Kiryu.
Saejima est de retour en prison pour purger une peine de 3 ans après son évasion spectaculaire du pénitencier d'Okinawa (Yakuza 4). Apprenant en prison le décès de son frère de sang Goro Majima et recevant une lettre du renvoi du clan Tojo, Saejima trouve le moyen de s'évader de prison et rejoint Sapporo, la ville où son frère aurait été assassiné.
Haruka a bien grandi et a été repérée par une agence d'Idols basée à Osaka. Elle se prépare pour le concours de jeunes espoirs, qui lui permettront de devenir professionnelle. Jusqu'au jour où la directrice de son agence est retrouvée morte.
Entre alors en jeu, le prêteur sur gage Shun Akiyama, qui se trouve être à Osaka également au moment des faits. Ayant prêté une certaine somme à cette même personne, il décide d'enquêter sur cette mort étrange.
Arrive enfin Shinada, un ancien grand espoir du baseball, aujourd'hui criblé de dettes et radié de la ligue de baseball japonaise pour matchs et paris truqués. Pourtant innocent, un inconnu masqué réussira à convaincre Shinada d'enquêter sur cette affaire et découvrira qu'il a été victime d'un complot incluant les grands clans de Yakuza du pays.
Tous seront amenés par la force des choses à se rendre à Tokyo et à se prêter main forte afin de résoudre cette histoire.


Voilà pour le résumé. Passons maintenant à la critique. Yakuza 5 est de loin le jeu le plus riche de la série (je n'ai joué qu'aux jeux traduits au moins en anglais) en terme de mini-jeux (allant du karaoke, au air-hockey et service de bols de ramen) et de défis (les défis culinaires de Tatsuya, la recherche d'attractions touristiques ou les bars à hôtesses). Le scénario est pour moi le meilleur de la saga, beaucoup de suspens jusqu'au bout (on ne comprend les tenants et aboutissants de l'histoire que dans les derniers instants du jeu) et un rythme effréné avec peu de temps morts (à part peut-être la première partie du chapitre de Kiryu et le chapitre de Haruka). La possibilité de jouer dans 5 villes est aussi un choix très salutaire pour la série. En effet à l'exception du 2 prenant place partiellement à Osaka et du 3 laissant la possibilité de jouer un peu à Okinawa, le jeu avait toujours tourné autour de Kamurocho (quartier tokyoïte inspiré de Kabukicho). Ces nouveaux lieux sont donc une vraie bouffée d'air frais. Ce nouveau volet de la série Yakuza brille aussi par sa variété, le gameplay change totalement d'un personnage à l'autre, et dans le cas de Haruka, on peut même dire que l'on change de type de jeu pour passer à celui de jeu de rythme, en quelques sortes, un jeu dans le jeu. De plus, chaque personnage en plus de son style de combat propre (à l'exception donc de Haruka qui ne combat pas) possède un "métier" où il peut/doit faire augmenter ses compétences parallèlement à ses compétences à la baston. Pour Kiryu il s'agira de courses de taxi et de... courses tout court, Saejima est chasseur dans les forêts d'Hokkaido, Haruka peut effectuer des missions pour améliorer sa popularité ainsi que celle de son agence. Shinada lui doit travailler ses swings au baseball (il arrondit ses fins de mois grâce aux prix remportés au batting center). Akiyama lui n'a pas de métier parallèle, quelques missions annexes ont pour contexte son métier de prêteur sur gage.


Mais comme il n'est rien dans ce monde qui soit parfait, il me faut souligner les points noirs de ce jeu. Tout d'abord, même si ce n'est pas un défaut à mes yeux (au contraire), je suis conscient que c'est un aspect qui peut être très rebutant pour beaucoup de joueurs: ce jeu est extrêmement bavard (comme beaucoup de jeux très "japonais" dans leur conception), mais ne joue t-on pas à un Yakuza en grande partie justement pour son intrigue ? Puisque nous parlons du scénario, une petite chose m'a beaucoup dérangé ici, il s'agit de l'emploi abusif du mot "rêve", souvent suivi de phrases niaises et stéréotypées dignes d'un Shonen. Dans ce contexte sérieux et mature, ce genre de discours est un peu déroutant. Il en va de même pour le final de Shinada, qui à mon avis n'a pas lieu d'être. Je ne vais pas m'étaler plus ici pour ne pas gâcher le suspens à ceux qui n'ont pas encore fini le jeu, mais son boss de fin a vraiment été mis là par défaut, afin que lui aussi ait un dernier combat car ils n'ont à vrai dire plus de raison de se battre au moment de leur rencontre et les motifs invoqués par Shinada pour se mettre sur le tronche sont tout simplement grotesques. J'ai aussi été déçu de la faible durée du chapitre d'Akiyama qui est pour moi le personnage le plus charismatique et le plus intéressant de la série avec Kiryu. Je regrette aussi l'absence de Tanimura (l'un des quatre personnages de Yakuza 4 avec Akiyama, Saejima et Kiryu), son style de combat fait d'esquives, clefs et projections tranchait clairement avec les styles en percussions des autres personnages. Son côté policier véreux et désinvolte en faisait aussi un personnage intéressant.


Pour conclure, je dirais que malgré quelques aspects douteux (mais secondaires) dans le scénario, c'est l'épisode le plus réussi et le plus complet de la série. Cependant je juge ici par rapport aux autres épisodes de la série, Yakuza étant un jeu unique en son genre, difficile à dire si vous adhérerez au concept ou non, puisque cette série ne ressemble à aucune autre. En revanche, une valeur sûre pour les fans de la série après un très bon Yakuza 4. Vivement Yakuza 0 et Yakuza Ishin !

JeanBaptiste2
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le 2 janv. 2016

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