Yakuza 6: The Song of Life
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Yakuza 6: The Song of Life

Jeu de Ryû ga Gotoku Studio et Sega (2016PlayStation 4)

Ayant commencé la série sur Yakuza 1, jeu qui m'avait énormément saisi par son ambiance et ses thèmes, j'avoue avoir attendu ce titre avec un mélange d'appréhension (ça y est, on devait quitter Kiryu...mais de quelle manière ?) et d'impatience (notamment pour découvrir le nouveau moteur du jeu). Avec les développements récents, il y avait tout à craindre sur la qualité narrative de cette conclusion, la série ayant sombré dans le drama frisant l'excès de niaiserie malgré un épisode satisfaisant (le Zero...dont le héros est surtout Majima).
En sus, il faut avouer que la série a quand même plusieurs fois essayé de renvoyer Kazuma à la maison, outre les deux premiers qui exploraient surtout la viabilité financière. D'abord, il y a eu le 3 qui ressemble d'ailleurs pas mal au 6 au niveau de l'atmosphère et de la réconciliation avec le passé : le 4 était d'ailleurs une tentative de nouveau départ avec Kazuma qui était limite un guest de l'histoire. Ce dernier avait d'ailleurs réussi à imposer Akiyama comme nouveau personnage fédérateur, mais la sauce n'avait pas encore prise. Ils se sont alors dit qu'ils allaient prolonger la vie du héros historique tout en poussant un nouveau personnage fort ET historique : Majima. Cette fois, cela a marché puisque le Zero a été un gros succès, notamment en Chine (ce qui explique la sortie sur Steam d'ailleurs) - cette fois, il y avait de quoi garder un pan de nouveau joueurs avec deux personnages qui pouvaient assurer le lien malgré la sortie d'un nouveau héros.


Concernant Yakuza 6, j'avais lu pas mal de choses à son sujet, notamment à son contenu qui aurait été décevant à cause des investissements sur le nouveau moteur.
J'ai également été surpris de discuter avec les fans anglophones qui étaient souvent déçus par cet épisode. Qu'en est-il dans les faits ? Tout le contraire !
De fait, Yakuza 6 est une version assumée de Yakuza 3 qui prend le sujet de la retraite de Kazuma très au sérieux. La résurgence du passé est plus subtile et mature que dans le 3 qui - malgré mon faible pour ledit épisode - sortait quand même une histoire ahurissante de son chapeau. Le traitement est ici plus mature, notamment sur la notion de parenté (différente au Japon au passage), sur la société actuelle.


La grande réussite du jeu tient aussi aux rapports entre les personnages qui sont moins mielleux que dans le passé. Les personnages d'ailleurs eux-mêmes sont moins caricaturaux ou archétypés (même si bien sûr il y aura des ficelles énormes, c'est aussi le charme de Yakuza ^^) : je pense notamment à Someya ou Hirose. Dans le passé, on avait eu des personnages de ce type, mais leur renversement était plus théâtral sans rentrer dans le détail pour ne pas spoiler.
Ensuite, l'histoire, s'avère plus constructive que celle des épisodes 3 à 5 dans le sens où la plupart des événements ajoutent au poids émotionnel du jeu et à la dramaturgie au lieu de lier des événements vaguement pour replacer les phases de gameplay obligatoires. J'ai vraiment apprécié l'ambiance plus introspective avec ses vieux briscards qui ont adopté une approche différente de la vie.


Ironiquement, malgré cette orientation sur "papy" Kiryu, le jeu propose un versant "yakuza" supérieure à la quasi-totalité des épisodes depuis le 2 qui étaient complètement pathétiques de ce côté. Disons que ça commençait à être très lourd de voir une équipe de bras cassés avec des combats finaux au niveau zéro de tension. Les cinématiques de combats sont d'ailleurs revenues à un niveau acceptable, moins générique.


Au niveau du contenu et du gameplay, je ne me suis absolument pas senti limité. En général, je ne fais que les vraies quêtes annexes qui ont un minimum de scénario, or le 6 propose des historiettes de qualité avec une petite ambiance Shenmue. On y retrouve beaucoup d'humour et des thèmes variés en lien avec la "rédemption" de Kazuma. En sus, même si la qualité ludique y est assez faible, j'ai trouvé le coaching de baseball et la création de clan plutôt pas mal. Les missions par SMS sont assez pénibles par contre mais ce n'est pas bien grave. Globalement, le contenu reste important comme l'était celui du 3 (voire plus !).
Quant aux combats, je vais aller à l'encontre de beaucoup d'avis : je suis très heureux d'être sorti d'un système qui s'était englouti dans le grand n'importe-quoi ludique. Même si tout n'est pas parfait, avoir des styles complètement invulnérables, 20-30% de coups imparables (personnellement, je déteste jouer à un jeu injuste qui punit les joueurs sérieux et dans lesquels il est impossible de vraiment progresser au maximum) et presque tout le gameplay transformé en heat-moves. Dans le 6, j'ai apprécié le timing de la parade ainsi que la cohérence générale du comportement du jeu. Le seul problème que je vois est le mode ultimate heat beaucoup trop fort ainsi qu'un nombre l'imité de combos. Peut-être sera-t-il amélioré dans l'avenir ? Je n'aimerais pas qu'ils reviennent à un godmode crétin.


En conclusion, Yakuza 6 s'avère être un final très satisfaisant qui remplit parfaitement son rôle de synthèse au sein de la série : synthèse apaisée entre l'ancien monde te le nouveau, entre les échecs des tentatives de fins précédente et des nouveau fondements plus "soap opera" que "yakuza". Doté d'une densité scénaristique et de personnages beaucoup plus humains qu'à l’accoutumée, cet épisode restera pour moi le plus proche du joueur avec une fin qui pourra frustrer mais qui est pourtant tout ce qu'il y a de plus logique. Merci.

Foulcher
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le 29 juil. 2018

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