Yoshi-papier-ciseaux

Je craignais sincèrement que le nouveau jeu du studio Good-Feel, malgré ses qualités, ne me plaise pas autant que Woolly World, tant j’avais été conquis par son aspect graphique irrésistible et toutes les belles idées que recelaient ses niveaux. À mon grand soulagement, j’ai trouvé Crafted World tout aussi chouette, car il reste très similaire à son prédécesseur tout en apportant son identité propre, troquant la laine douce et colorée pour le scotch et le papier cartonné.

Ici encore, chaque niveau est une merveille d’imagination ! Tout est réfléchi pour marier la thématique du niveau et le parti pris d’une direction artistique basée sur des éléments du quotidien bricolés comme on le ferait en arts-plastiques ou en travaux manuels. Le tout est accentué par des textures apportant du réalisme aux objets et aux matériaux. L’ensemble est si clair et si bien réalisé que je pourrais moi-même reproduire un niveau avec le bazar entretenu dans le sous-sol de mon grand-père, en prenant les visuels du jeu pour modèle. À la manière des jeux Unravel, cela donne toujours une impression amusante de voir cette petite créature imaginaire se pavaner dans des environnements à l’aspect réaliste (bac à sable, mare d’eau, jardin,…), comme si elle s’était extirpée de son jeu vidéo d’origine pour venir visiter le monde réel. On traverse une grande variété de thématiques différentes, mais je me garde bien de donner des exemples pour ne pas gâcher la surprise.

Suffisamment de niveaux sont proposés pour que j’en sorte rassasié, et non écœuré par du contenu superflu et répétitif comme cela peut parfois arriver. Il est toutefois possible de prolonger l’expérience grâce à des options supplémentaires, comme débloquer toutes les fleurs ou bien en découvrant ces mêmes niveaux par l’arrière afin de remplir des objectifs supplémentaires (pour citer les éléments les plus intéressants à mon goût). En passant, je n’ai pas trouvé d’intérêt à débloquer les « costumes » proposés en échange des piécettes récoltées en cours de partie.

En termes de jouabilité, on est en terrain connu lorsqu’on connait les jeux Yoshi, car on retrouve la même manière de jouer (les œufs à lancer, les fleurs à trouver, les sauts et les mouvements très permissifs de Yoshi,…). C’est, là encore, un jeu de plateforme très accessible. Et c’est tout ce que je lui demande pour me faire visiter ses niveaux à mon rythme, en savourant chaque instant, chaque idée qui surgit, chaque étincelle de création. Je ne regrette qu’une chose : ne pas avoir de gamin avec qui jouer.

Ce jeu m’apparaît comme un appel affectueux et bienveillant à l’imagination, à la création manuelle que l’on a tendance à trop réserver aux enfants. Il met en lumière une simple évidence : avec trois fois rien, on peut créer des choses fantastiques. Un jeu vidéo en famille un dimanche après-midi, c’est drôlement cool. Mais la prochaine fois, prenons les feuilles multicolores de maman, le tube de colle et les ciseaux de papa, les feutres de la petite dernière, et en avant les histoires !