Après un excellent huitième épisode paru en 2016 sur Vita, puis porté sur PS4, Switch et PC les années suivantes et ayant contribué à faire sortir (en tout cas partiellement) la licence de sa niche historique, c’est au tour de Ys IX de débarquer chez nous près d’un an et demi après sa sortie japonaise. Les premiers trailers, dévoilant les environnements plus cloisonnés et urbains de Balduq, théâtre des évènements de ce nouvel épisode, avaient de quoi refroidir, voire inquiéter les fans de la licence d’Action-RPG du studio nippon Nihon Falcom. Maintenant que nous avons pu mettre les mains sur ce nouvel épisode, nos craintes sont-elles confirmées ou bien, à l’inverse, le souffle de l’aventure nous a-t-il encore emportés ?
Ys fait la malle
Quand on s’appelle Adol Christin, on ne passe jamais inaperçu. Déjà parce que sa flamboyante chevelure rouge n’est pas très discrète, mais surtout la faute à sa réputation qui le précède partout où il passe. Il faut dire que, du haut de ses vingt quatre printemps, l’épéiste roux en aura vu des vertes mais surtout des pas mûres. Aussi, quand il débarque dans la ville carcérale de Balduq, Adol se fait quasi-immédiatement incarcérer, pour la vague (et pourtant si juste) raison qu’il est trop souvent au mauvais endroit au mauvais moment pour être étranger aux phénomènes qui se produisent partout où il passe. Pas décontenancé pour une pièce d’or, notre aventurier décide alors de s’évader de l’immense pénitentier, pourtant réputé hermétique au monde extérieur. Son entreprise aurait été couronnée de succès, si sur le chemin il n’avait pas croisé la route d’une mystérieuse femme qui lui tire dessus sans sommation, le transformant en Monstrum, un être aux capacités prodigieuses mais soumis à une malédiction l’empêchant de quitter l’enceinte de la ville. Épaulé par cinq nouveaux camarades partageant son fardeau, Adol, devenu le Roi Rouge, est désormais contraint de percer les mystères d’une dimension parallèle connue sous le nom de la Nuit de Grimwald.
Ys est haut
Grosse rupture pour Ys IX, après le cadre insulaire de Seiren, on passe à la vaste cité-prison de Balduq. Un changement loin d’être anodin, puisque c’est toute la dimension exploration du jeu qui prend une nouvelle perspective. Les plages sauvages, les étendues luxuriantes et les montagnes du précédent opus laissent ainsi place à un environnement urbain, constitué de bâtiments souvent imposants et de multiples strates bien plus verticales. Mais loin de ne proposer qu’une exploration pédestre au sein de ruelles sinueuses, Balduq est un formidable terrain de jeu. Entravée par des barrières magiques et les capacités limitées du joueur en début de partie, l’exploration s’ouvre progressivement au fil de sa progression. Une ouverture qui repose intégralement sur deux moteurs d’une efficacité redoutable : le recrutement effectif des autres Monstrums au fil des chapitres et la collecte du Nox. S’adjoindre les services de ses camarades de malédiction est l’occasion de profiter de leur Don unique, transformant les parois verticales les plus vertigineuses en obstacles franchissables en une poignée de secondes et procurant à chaque virée en ville un sentiment de liberté particulièrement exaltant. Le Nox, quant à lui, est une précieuse ressource obtenue en accomplissant des quêtes secondaires ou en combattant les entités peuplant l’autre dimension. Cent points obtenus et un portail vers une Nuit de Grimwald s’ouvre alors, donnant lieu à des échauffourées similaires aux phases de défenses de Ys VIII. Remporter la victoire permet d’abattre le barrage occulte restreignant l’accès une portion de la carte.
Droit comme un Ys
Respectant le cadre carcéral de son aventure, Ys IX propose ainsi une progression légèrement plus linéaire que son grand frère. La thématique de l’emprisonnement se ressent jusque dans sa narration, restreignant les mouvements du joueur à travers une progression chapitrée, façon Tokyo Xanadu du même studio, mettant l’accent sur le développement de chaque Monstrum chacun à leur tour et limitant l’apparition des portails vers l’autre dimension. La liberté d’Adol reste ainsi conjuguée au conditionnel jusqu’à la toute fin du jeu. Une linéarité qui se ressent également dans les donjons qui, malgré un level design soigné tirent intelligemment parti des Dons, ne laissant finalement que peu de place à la digression. Le côté Metroidvania Light du huitième épisode s’en retrouve également moins prononcé, l’accès aux nouvelles zones ne dépendant plus tant de l’acquisition de nouvelles facultés que de l’avancement dans la trame scénaristique. Mais force est de constater que le sacrifice consenti se ressent peu, tant l’aventure jouit d’un rythme (pratiquement) constant de bout en bout. Sans trop en dire, également, ce nouvel opus hérite de l’aspect narratif à deux facettes de son aîné, avec un second personnage vivant sa propre aventure en marge, moins axée sur le combat, et contraint de déjouer les pièges mortels de la prison grâce à l’observation et la réflexion.
Ys IX, Ys neuf ?
L’exploration mise à part, la formule de Ys IX côté gameplay ne dépaysera pas ceux qui ont pratiqué le volet précédent. Tous les éléments qui ont fait le succès de la recette Lacrimosa of Dana se retrouvent intégrés et équilibrés à la sauce Monstrum Nox, pour un résultat plus souple et fluide que jamais. On retrouve toute l’ultra-nervosité de Ys VIII, avec ses incontournables systèmes de types de dégâts, son changement de personnage à la volée, ses esquives et parades procurant vitesse et puissance accrues quand effectuées à la dernière seconde et ses attaques spéciales paramétrables sur un couple gâchette / bouton de façade et accompagnées de l’habituelle jauge d’énergie qui remonte à grande vitesse, encourageant le spam éhonté. La seule vraie différence avec son prédécesseur se trouve dans la jauge de boost, qui diminue désormais avec le temps, permettant de déchaîner les feux de l’enfer sur les hordes adverses et de régénérer quelques points de vie pendant une courte période avant de libérer l’attaque ultime de son personnage. Plus que jamais, les packs ennemis sont d’une densité indécente, ornant l’écran d’un déluge pyrotechnique d’une violence rare durant les combats les plus chargés, quitte à parfois sacrifier lisibilité et framerate.
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