Le Ys mésestimé

C’est fou comme revenir sur une œuvre peut parfois totalement changer l’image qu’on en a. La première fois que j’ai joué à Memories of Celceta, j’avais trouvé qu’il était un peu chiant, avec des boss de merde, des donjons éreintants, un scénario peu intéressant et des musiques oubliables. J’étais enclin à penser que c’était le pire Ys auquel j’avais joué (bon, j’ai eu l’occasion de découvrir le V et le VI depuis…). Et le pire, c’est que l’opinion générale me donnait raison, puisque pas mal de joueurs l’avaient trouvé oubliable.

J’y rejoues tout juste un an plus tard après Ys Seven, et là, révélation : le jeu est en fait très bon. Je ne sais pas pourquoi il m’a fallu une deuxième partie pour m’en rendre compte, j’ai eu comme un déclic.

Les problèmes de gameplay du jeu précédent ont été réglés. Plus besoin de constamment maintenir la touche pour faire une attaque chargée : elle se charge automatiquement, ce qui fait que la gestion des SP est bien moins contraignante.

Les ennemis et les boss ne sont plus de gros sacs à PV, quel plaisir de tuer un boss en cinq minutes alors qu’il en fallait vingt dans Ys Seven ! Les boss sont d’ailleurs plutôt corrects, aucun ne semble débilement fort ou injuste comme dans le jeu précèdent. Les ennemis lambdas, en revanche, ont un peu tendance à se ressembler et certaines de leurs attaques sont mal télégraphiées.

Les faiblesses des ennemis sont aussi mieux gérées, chaque type de dégâts est mis à contribution de manière relativement équitable.

On peut enlever Adol de son équipe cette fois-ci. C’est d’autant plus appréciable que chaque personnage est très agréable à contrôler et à un style de jeu bien distinct, c’est bien meilleur qu’Ys Seven à ce niveau-là.

Si j’avais trouvé les donjons d’Ys Seven un peu basique, ceux de Memories of Celceta sont très solides. Ils ont des tas de chemins différents, et des puzzles bien plus intéressants qu’avant.

Niveau bande-son, c’est très bon. Le seul problème c’est qu’il n’y a que 36 musiques dans ce jeu. C’est trop peu ; Ys Seven et même The Dawn of Ys en avaient une cinquantaine, à titre de comparaison. Fatalement, les musiques se répètent pas mal. Même si elles sont bonnes, c’est vraiment dommage de voir que plusieurs donjons partagent les mêmes musiques, et je crois bien que c’est la seule fois que j’ai vu ça dans cette série. Ça renforce le côté répétitif du gameplay, et vu que la deuxième partie du jeu est assez lourde en donjons, je dois dire que j’ai commencé à ressentir un peu de lassitude. Heureusement, le jeu ne s’éternise pas et se boucle en une vingtaine d’heure (et même moins si on survole les quêtes annexes, qui ne sont d’ailleurs pas très intéressantes).

Pour ce qui est du scénario, je dirais que c’est moyen. Le début est prometteur, mais les histoires pratiquement copié-collé de Selray et Comodo sont un peu ridicules. Ça devient plus intéressant quand on arrive vers la tour, mais la dernière partie du jeu plombe un peu le truc avec des méchants qui peinent à convaincre.

Les personnages jouables ont un peu plus de personnalité que ceux d’Ys Seven, mais leurs interactions entre eux sont encore un peu plates, et ils perdent tous en importance passé leur introduction (à part Duren). Les personnages secondaires sont oubliables. Dans Ys Seven on avait Maya et Tia, Scias et même Raud. Là on a quoi ? Léo, Remnos, Leeza… aucun n’est très convaincant selon moi.

Les souvenirs d’Adol sont sympathiques, mais j’ai le sentiment qu’ils auraient pu faire plus avec ce concept. Par exemple, mettre un peu plus de souvenirs concernant le passé d’Adol.

Que dire de plus ? Il est facile de résumer ce jeu en disant que c’est une sorte de prototype d’Ys VIII, mais c’est quand même un peu réducteur. Memories of Celceta regorge de qualités bien à lui. C’est dommage que beaucoup de fans négligent autant cet opus, parce qu’il est vraiment bon.