Un bon premier essai

Ys Seven est un jeu sur lequel il n’y a pas vraiment de consensus. Certains l’adorent, d’autres estiment qu’il est très moyen et que c’est l’un des pires jeux de la série.

Pour comprendre le point de vue de ceux qui le déteste, il faut voir ce qu’Ys Seven fait concrètement : Il s’agit de l’épisode qui introduit le système de combat en groupe, qui sera repris et affiné dans les trois jeux suivants. Alors qu’Adol a toujours été seul jusqu’à présent, il est désormais accompagné par tout un groupe de personnages qu’il faudra obligatoirement utiliser à cause du système de faiblesses des ennemis qui nous encourage à alterner entre les trois types de dégâts (Entaille, estoc et frappe).

De plus, avec une durée de vie d’une vingtaine d’heures, Ys Seven est au moins deux fois plus long que tous ses prédécesseurs. Le jeu met une emphase beaucoup plus importante sur son scénario que ce à quoi la série nous avait habitués auparavant, et les PNJs n’ont plus de noms ou de personnalité vraiment définie, ce qui participe à faire d’Ys Seven un RPG beaucoup plus classique que la plupart des Ys sortis avant. Il n’y a guère que le gameplay (si on fait abstraction des combats en groupe), les musiques et les personnages principaux qui conservent l’identité de la série.

Si ces changements n’ont pas convaincu tout le monde, ce n’est pas pour rien. Le gameplay met du temps à vraiment décoller, pas à cause des combats en groupe, que je trouve inoffensifs, mais à cause de la gestion des SP. Les SP, nécessaires pour lancer des attaques spéciales, s’obtiennent en chargeant ses attaques, c’est-à-dire en maintenant le bouton d’attaque appuyé. Or, la quantité de SP obtenue est bien trop faible et le temps de charge bien trop long au début du jeu, ce qui est réglé par un objet que l’on obtient en finissant le quatrième donjon. Le gameplay devient donc bien plus fluide et agréable après ce quatrième donjon, mais il faut tout de même passer tout le reste du jeu à constamment maintenir le bouton d’attaque pour charger ses SP. Ça fait mal au pouce au bout d’un moment… Les jeux suivants implémenteront une attaque chargée automatique bien plus agréable.

De plus, le système de faiblesse est imparfait, car les manieurs d’épées sont clairement laissés pour compte. Il y a beaucoup moins d’ennemis sensibles à l’entaille qu’aux autres types d’attaques, et comme on ne peut pas enlever Adol du groupe, il devient difficile de justifier l’utilisation de Geis et d’Elk. Adol possède bien des armes qui lui permettent de changer son type d’attaque, ce qui le rend polyvalent, mais je considère justement ça comme un aveu d’échec. Il n’y aurait pas besoin de ces armes si on pouvait juste virer Adol du groupe pour jouer l’un des deux autres manieurs d’épées à la place.

Enfin, le jeu estime que la meilleure manière de créer de la difficulté est de rendre les ennemis increvables. Les boss sont donc d’énormes sacs à PV dont les combats peuvent facilement durer 15 minutes ou plus, et les ennemis normaux aussi dans une moindre mesure.

En parlant des boss, ils sont vraiment en demi-teinte. Ça va de bon à franchement horrible. Certains sont aussi incroyablement difficile pour rien, comme le gros poulet à la fin du troisième donjon.

L’abandon de la touche de saut rend les phases de plate-forme inexistante, ce qui est bien dommage. Les donjons sont donc assez plats et sans grande folie, mais ils ne sont pas mauvais pour autant et restent toujours agréable à parcourir.

Pour ce qui est de l’histoire, elle démarre assez bien mais n’est pas vraiment passionnante. Il y a quelques bons twists par-ci par-là, mais ça reste globalement très classique. Ce que j’apprécie surtout, ce sont les personnages secondaires, et notamment Aisha et Tia qui sont les plus développées et intéressantes. Les doyens, en revanche, sont surtout là juste pour faire avancer l’intrigue, ce qui est un peu dommage.

On a donc un Ys avec un gameplay perfectible et moins fluide qu’avant et qui passe beaucoup de temps à nous raconter une histoire pas très intéressante. Maintenant la question qui se pose est : qu’est-ce que je lui trouve à ce jeu pour quand même lui mettre une bonne note ?

Le gameplay, même s’il a ses torts, est jouissif et ultra nerveux. Ça reste un Ys après tout. Je trouve que c’est même l’un des jeux les plus nerveux de la série, que ce soit le dash ou les coups, tout va très vite et on est constamment en mouvement.

J’apprécie aussi les compétences spéciales des personnages jouables. Par exemple, Adol augmente la précision de tout le groupe, Geis augmente l’expérience acquise, Mustafa les dégâts infligés etc. Cela permet de donner une identité un peu plus distincte aux personnages, et une utilité supplémentaire. On notera tout de même que Geis et Elk sont les seuls dont les compétences ne servent à rien en combat, ce qui fait qu’il n’est pas du tout optimal de les ramener contre les boss (enfin, c’est surtout important dans la difficulté la plus élevée, pour être franc).

J’aime également le fait que les techniques que l’on apprend soit reliées aux armes, ça permet de leur donner une autre utilité que de juste donner des stats en plus, et il peut arriver que l’on synthétise une arme peu puissante juste pour sa technique.

La deuxième partie du jeu est souvent critiquée pour son backtracking et le fait que l’on soi-disant « refait les mêmes donjons ». Je me dois de défendre le jeu sur ce coup-là. C’est vrai qu’il y a un peu de backtracking, mais vous avez vu la vitesse de déplacement dans ce jeu ? Quand bien même on repasse une fois dans quelques zones déjà visitées, ça prend une minute max de les retraverser. Il faut vraiment être un casse-couille pour être réellement dérangé par ça, même si j’admets que la façon dont on nous prive de la téléportation est grossière. Pour ce qui est du « on refait les mêmes donjons », c’est littéralement un mensonge. Et pourtant combien de fois j’ai vu des gens le dire. Les donjons de la deuxième partie sont certes centrés sur les mêmes thématiques que ceux de la première, oui, mais ils ont des mécaniques et un design complètement différent. C’est juste pas les mêmes donjons en fait…

Le dernier segment du jeu est génial. Que ce soit le dernier donjon, les trois derniers boss ou l’épilogue, tout est réussi. Sans doute le meilleur moment d’Ys Seven pour moi.

En parlant du boss final, j’aime beaucoup le fait qu’il nous force à utiliser tous nos personnages. Cela permet de tous les rendre importants et force à les entrainer au cours du jeu. Cela dit, on peut se retrouver bien dans la merde si on n’a pas entrainé certain d’entre eux, ce qui est une sacrée erreur de design de la part du jeu.

La plus grande qualité de ce jeu, pour moi, ce sont ses musiques. Elles sont phénoménales, et c’est probablement ma bande-son préférée tout jeu confondu.

Avec tout ça, je dois dire que ma redécouverte d’Ys Seven m’a fait bien mieux me rendre compte des défauts du jeu. Surtout que jouer en mode Cauchemar accentue encore plus les problèmes du gameplay avec les ennemis increvables…

Il faut être honnête, la formule d’Ys Seven sera très largement amélioré dès le jeu suivant, qui est meilleur sur presque tous les points. Ça reste tout de même un jeu solide, et la bande-son reste pour moi inégalée.