Zombie Attack
Zombie Attack

Jeu de D3 Publisher (2006PlayStation 2)

La Playstation 2 est la console de salon la plus vendue de l’histoire. On estime sa ludothèque à plus de 10 000 titres, de quoi piocher dedans d’incroyables jeux et aussi des petites productions parfois surprenantes. J’aime bien les jeux à petit budget. C’est plus fort que moi. Parce que souvent leurs jaquettes sont kitsch, qu’ils sont réalisés avec trois fois rien voire cinq fois rien et que personne ne les aime. Personne n’en veut y jouer, personne ne veut en parler. Zombie Attack fait partie de cette catégorie avec une seule variante : je ne l’aime pas.


Édité par 505 Gamestreet en Europe, éditeur culte à mes yeux pour son catalogue très divers, il est paru initialement dans la collection Simple 2000 Series (des jeux à petit prix, 2000 yens) de D3. Développé par Tamsoft, il est le 65ième jeu de celle-ci sur PS2 et est sorti au Japon sous le nom de The Kyonshi Panic.


Avant de tailler dans le vif du sujet et dans la bedaine de zombies, il ne faut pas omettre cette jaquette, très vilaine. Une tête de zombie qui transpire le travail sur Photoshop mal fini et une typographie ridicule, faussement inquiétante : c’est kitsch. Mais attention, ami lecteur et joueur qui n’achèterait ce jeu que pour assouvir des envies de boucherie après visionnage passionné de l’œuvre du grand Romero. Ici, point de zombies à la chair putride, mais leurs versions chinoises, les jiangshis ou kyonshis, qui seront l’antagonisme principal. Pas de putréfiés lents, mais des fantômes chinois en costume sautillant. La jaquette n’est donc pas du tout mensongère.


Le jeu, puisqu’il faut bien en parler, est un jeu d’action assez classique qui demande de sauver des personnes emprisonnées dans un bâtiment où d’étranges démons ont commencé à apparaître. L’histoire du jeu se passe en 2050 à Hong Kon, dans un quartier de Kowloon et propose d’incarner Shin Fu Yue, jeune fille de 16 ans, membre des Forces spéciales anti-esprits de l’Armée chinoise. Le scénario n’est en réalité pas très important, le déroulement de l’intrigue est d’ailleurs uniquement concentré dans le dernier niveau.


D’ailleurs, quand on voit l’écart entre le scénario décrit dans la notice et la réalité du jeu, l’intérêt qu’on pourrait lui accorder passe encore un cran derrière notre petite tête de joueur. En effet, la notice décrit le bâtiment comme abandonné, où les seuls âmes qui vivent et à sauver sont l’équipe d’évacuation et des squatteurs. Je n’ai pas vu le seul squatteur, au contraire, le bâtiment est occupé, rempli de salary men, de petits enfants sages, de jeunes femmes en tailleur et de papys déboussolés. L’habitué reconnaîtra la patte de 505 Gamestreet, toujours aussi fort pour ne pas jouer à ses jeux.


L’héroine est invincible, protégeé par un sceau anti-démons, le Blood Sparrow. Mais ceux que vous tentez d’amener à la sortie du niveau sont vulnérables. Shin Fu Yue pourra toutefois être ralentie, mise à terre ou paralysée, ce qui n’est pas moins agaçant quand quatre vilains-pas-beaux poursuivent votre équipe de rescapés.


Si l’héroine dispose de quelques armes aux effets différents, elle n’est pas qu’une brute armée jusqu’aux dents. Sa mission est de secourir les personnes bloquées par l’arrivée des monstres et de ne laisser en mourir aucun jusqu‘à l‘arrivée. Pour cela, elle peut leur donner quelques ordres qui vont, en gros, du « suivez-moi » à « attendez-moi ici ». Ces rescapés doivent être le moins possible au contact des vilains-pas-beaux. Si c’est le cas, ils se mettent alors à courir dans tous les sens, paniqués, les pauvres petits. De plus, il faut faire attention à la limite de temps sinon c’est game over (et l’occasion de s’amuser en constatant que 505 Gamestreet a oublié de traduire du japonais l’écran fatidique).


Enfin, tout au long des sept niveaux qui composent le jeu, certains items sont dispatchés au détour d’un couloir ou d’une pièce. Comme dans Zelda, le joueur doit trouver la carte du niveau, caché quelque part. Ailleurs est caché le radar, très utile pour prévoir le positionnement des ennemis ou des rescapés ainsi qu’une horloge ou un sablier qui augmentent le temps restant. Des bonus de power-up pour chaque arme, sont aussi disséminés au long de chaque niveau. Enfin, se trouve aussi des aliments qui redonnera de la vie aux blessés. Un peu d’exploration n’est donc jamais inutile, que ce soit pour trouver les humains captifs ou ces items.


Sur le papier donc, Zombie Attack part avec de bonnes idées qui pourraient le démarquer. Pad en main, c’est son manque d’intérêt total qui le marginalise.


Au niveau des combats, ceux-ci sont aussi palpitants qu’une tisane à la camomille froide et sans sucre. Certaines armes sont plus efficaces avec certains monstres mais l’essentiel des affrontements consiste à charger l’épée ou le pistolet pour faire basculer l’adversaire puis recommencer éternellement. De plus, l’IA du jeu est simpliste, basée sur une poignée de scripts qui se retrouvent pour tous les vilains-pas-beaux à savoir attendre patiemment et immobile que l’héroïne soit à proximité, quand elle y est, la poursuivre elle ou ses rescapés et attaquer seulement une fois toutes les 30 secondes. Désespérant. Enfin, le panel ridicule d’ennemis n’atténue en rien la répétitivité du titre, évidemment. Les combats sont mous, simplistes et répétitifs, une hérésie pour un jeu d’action.


Évidemment, l’IA des survivants n’est pas en reste. Ceux-ci ne bougeront pas tant qu’un monstre ne les aura pas touché, même si celui-ci est à cinq centimètres devant eux. Les ordres donnés permettent, avec un peu de prévoyance, de pallier l’intelligence de lemmings des rescapés. Ces phases avec eux sont horripilantes. Ceux-ci sont des boulets à la patte du joueur, obligé de les attendre parce que trop lents ou de faire attention qu’ils ne se piègent pas derrière un muret, un angle ou un élément du décor. La mission de Fu Yue est de les protéger, le joueur, lui, n’a qu’une envie, leur tirer une balle dans la tête.


Quant à l’exploration des sept niveaux qui composent le jeu, le plaisir est lui aussi inexistant. Le level-design est profondément insipide. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait de niveaux générés aléatoirement mais non, même pas. Il est d’ailleurs facile de se perdre, certaines pièces sont des copiés-collés et tout l’environnement graphique du jeu est terne et réplétif. Le grisâtre y est roi tout le long du jeu, pour bien faire comprendre qu‘on est dans un bâtiment délabré. Tout cela manque de repères visuels et d‘efforts dans l‘agencement de chaque niveau. Même avec l’obtention de la carte ce problème persiste puisque celle-ci est - ô surprise!- peu pratique.


Zombie Attack fait donc dans l’économie de moyens et sa réalisation n’est pas en reste. C’est parfois drôle involontairement (la façon dont les monstres se relèvent, droits comme un piquet, certains bruitages réutilisés pour d‘autres usages), c’est le plus souvent énervant parce que cela se ressent sur tous les éléments qui auraient pu donner un jeu un peu d’intérêt à savoir les combats, la gestion des survivants ou l’exploration. Seul émerge du lot une bande-son très bonne, aux tonalités japonaises folkloriques, le design de l’héroïne et les effets visuels des armes et sceaux. C’est peu, trop peu. Face à cet océan de médiocrité, la durée de vie ridicule du jeu (trois heures tout au plus) est même un avantage. En somme, malgré qu’il soit un jeu vendu à bas prix, Zombie Attack n’a aucun intérêt si ce n’est pour redécouvrir entre deux parties de bons jeux le sens de la médiocrité.

SimplySmackkk
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le 14 mars 2020

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