2018 : journal de lectures

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Rare exemple où l'adaptation en film est meilleure que le livre dont elle est issue. "Kwaidan" fait plus office d'historiettes à touristes que de contes authentiques. L'érudition de son auteur n'est pas à démentir, mais le style est loin d'être folichon. La dernière partie sur les études consacrées aux insectes est totalement dispensable, avec ses élucubrations sur la suppression de toute individualité, pour le bien de la collectivité. Il y a quelque chose d'angoissant, derrière.

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C'est vraiment intéressant, les échanges entre les deux, d'un point de vue historique, puisqu'on traverse la seconde guerre mondiale et l'après en leur compagnie. Les échanges valent essentiellement pour l'évolution personnelle (et intime) de Thomas Mann, du bourgeois intellectuel qui cavale de conférence en discours posthume, en passant par des tribunes écrites ici et là, à l'acceptation que la politique, ça ne sert pas à grand chose, et c'est fatiguant. En somme, en rejoignant Hermann Hesse, non par dans son ermitage, mais dans sa dynamique, il finit par se calmer tout seul.

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C'est sympa, mais pas autant qu'on me l'a vendu. Le livre se dévore facilement, comme un "page turner", mais l'histoire est franchement tirée par les cheveux. Une tuile tombe sur la tête du personnage principal, et c'est tout le toit qui s'effondre, dans une espèce de surenchère un peu alambiquée. Je vais me faire la trilogie entière, ne serait-ce que pour l'ambiance, mais mon attachement aux personnages reste limité.

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Meilleur que le précédent, parce que moins farfelu, même s’il n’y a pas besoin d’avoif un doctorat en intuition pour devenir un des plus gros twists de la fin. Les dialogues reproduisant la démence sont bien rédigés, c’est le point le plus positif du bouquin.
Par contre, pour le troisième et dernier volet de la trilogie, Peter May a sorti un ami d’enfance de son chapeau, et c’est moche. Rajouter un personnage qu’on a pas vu sur huit cents pages, pour lui faire vivre des aventures... Il aurait peut-être fallu s’arrêter à deux tomes.

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C'est clairement le pire tome de la trilogie, celui de trop, où on réécrit la première histoire, mais avec des personnages différents, des meilleurs amis sortis du chapeau, et où les évènements qui n'avaient pas besoin d'être justifiés le deviennent pour afficher une cohérence de façade.
Depuis un certain temps, je n'avais pas lu un livre aussi mauvais. Aucun intérêt à l'histoire, ni aux descriptions, une enquête qui traîne en longueur, parce que, pour la troisième fois, on repasse en long et en large sur les souvenirs d'enfance, sans intérêt, pour nous expliquer qui a couché avec qui. Je ne comprends ni la moyenne, ni les "critiques".

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C'est presque plus un travail journalistique qu'un véritable essai sur la langue. Une seule partie est vraiment intéressante, celle qui parle de la grammaire, et de l'accord de proximité, qu'on retrouvait dans certains textes de Racine, notamment. Après, ça me fait personnellement chier de voir qu'on cite les Eugénie Bastié et consorts dans le camp adverse, comme si cette nana avait la moindre importance. Merci l'époque.

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J'ai mis moins que mes éclaireurs à "Lord Jim", parce qu'on m'a tellement vanté Conrad que j'ai presque été déçue.
Non en vérité, il faut se mettre en tête lorsqu'on l'ouvre que le récit est complexe, parce que Conrad fait le choix d'entremêler les narrations (même si Marlow tient le haut du pavé). J'ai adoré "Lord Jim", mais il m'a fallu environ cinquante pages pour arriver à me faire à son écriture. D'une phrase à l'autre, on peut changer de personnage, de temps, de lieu, et la ponctuation en bloc de l'édition poche n'arrange pas les affaires.
Dernière chose, que j'aurais bien étayé dans un texte plus long, mais tant pis, il faut dire que les critiques sur la lourdeur du style Conrad doivent être acceptées. Plus ça va aller, plus ses livres vieilliront mal. "Lord Jim" est truffé de de descriptions imagées qui en deviennent presque rébarbatives, parce qu'elles sont plus ou moins toujours les mêmes : sur le soleil, la lune, la mer. Conrad lui-même affirmait être un écrivain de "l'image", et ça le rend parfois, non pas pompeux, mais littéralement pesant, quoi que puissent en dire ses fans. En avançant dans l'histoire, n'importe quel lecteur attentif verra ces descriptions lui sauter aux yeux, par répétition. Et, quand on finit par voir la mécanique à l'oeuvre derrière l'écriture d'un auteur, c'est qu'il y a déjà un souci. "Lord Jim" n'en demeure pas moins une excellente histoire, superbement narrée.

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J'ai hésité, mais au final, c'est la note qui reflète le plus mon rapport à "Au Coeur des ténèbres". Le récit est bien construit, mais comme pour "Lord Jim", on retrouve ces métaphores un peu répétitives sur le soleil, la lune, les éléments de la nature en général. A cela s'ajoute un exotisme complètement éculé sur les peuplades africaines. On sent l'imaginaire occidental derrière, et tout dépend des dispositions du lecteur, mais avec moi, ça n'a pas pris, j'ai trouvé ça un peu ridicule. Cela dit, je persiste et signe, Conrad est excellent dans ses analyses psychologiques, et ses descriptions des caractères humains. C'est juste dommage qu'il faille qu'il en fasse des caisses dans les à côté.

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Excellent livre de Conrad, et bien meilleur à mes yeux que le peu de ses livres que j’ai lu dans le domaine maritime. Certes, c’est son expertise, c’est ce qu’il connaît le mieux, mais j’insiste, comme je le disais pour « au cœur des ténèbres », Conrad est très bon dans ses analyses psychologiques. Et c’est justement dans « L’agent secret » que son art si particulier s’exerce le mieux, parce qu’en parlant d’autre chose que des mers et des océans, Conrad s’extrait de ses marottes pour se consacrer à son plus grand talent. J’ai cru comprendre qu’il aurait voulu faire de ce livre une pièce de théâtre, et ce serait génial de le voir adapté pour les planches. Tout y passe : la médiocrité des gens de pouvoir, comme l’incompétence notoire et les ambitions faussement modestes, l’empathie pour le peuple, et la haine de Conrad pour les Russes, qui est assez drôle, vue de l’extérieur, sans oublier bien sur la critique mordante de l’anarchisme. Tout ça fait de « l’agent secret » un livre à mettre entre n’importe quelles mains.

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Critiqué. Joël Dicker écrit très mal, plusieurs personnes m’ont confié ne pas avoir apprécié le livre, qui s’est vendu à 3 millions d’exemplaires ! Un des meilleurs coup marketing de ces dix dernières années.

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Recueil des chroniques de Ferrari publiées en premier au journal « La croix », pour lequel il a parlé d’actualité pendant six mois. C’est court, mais ce n’est pas plus mal. Ces chroniques remontent à l’avant Macron, quand par exemple il y avait toutes ces polémiques sur l’enseignement de la langue arabe. La force de Ferrari, c’est de parvenir à mélanger des considérations sur l’actualité avec d’autres qu’il pioche dans la philosophie, matière qu’il enseigne dans un lycée en Corse. Au résultat, c’est une bouffée d’air, car même en parlant d’un quotidien étouffant, ses insertions sur Arendt ou Spinoza permettent de prendre du recul.

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Excellent livre, mon premier Dostoievski. J’ai encore « Les démons » en stock quelque part. La figure christique du prince Mychkine est touchante et belle à la fois, comme son pendant plus sombre, Rogojine, est fascinant. Le fait de placer l’intrigue autour du point de vue de Mychkine, assez fin psychologue, donné lieue à des analyses des autres personnages qui sont passionnantes, parce que fournies.
A vrai dire, je suis presque étonnée que « L’idiot » suscite autant l’approbation. Ses qualités sont indiscutables, mais les personnages se prennent tellement la tête que je comprendrais parfaitement qu’on apprécie que moyennement l’histoire, tant un adieu signifie en réalité un « à demain ».

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C’est le deuxième livre que je lis de Ferrari, le premier était un recueil de ses chroniques pour le journal La Croix en 2016, et c’est excellent. Ça se dévore en trois heures à peine. Il y est bien sûr beaucoup question de la Corse (comme pas mal de ses livres, je crois ?), mais ce n’est qu’un prétexte à une exploration en profondeur de la psychologie humaine. Le style est de mon propre avis l’un des meilleurs qu’on puisse trouver en littérature française actuelle, avec un mélange du discours, des tons, et des phrases qui s’étirent à perte de vue sans jamais faire de sacrifice dans la cohérence ou le rythme. Bref, c’est très bon.

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J'ai préféré "Balco Atlantico" à "Le Principe", où on sent bien que Jérôme Ferrari tente quelque chose de nouveau, qui m'a convaincu, mais pas autant que je l'espérais d'abord. Son écriture est toujours excellente, fluide, malgré des phrases très longues. C'est définitivement un des meilleurs écrivains de la littérature contemporaine. Avec un autre auteur, le résultat se serait certainement rapproché d'une dissertation scolaire. Le style sauve largement l'ensemble.

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Critiqué.

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Le livre est classé dans la catégorie "Romans", de Sens critique, mais il s'agit en réalité d'un recueil de textes, d'essais, de Doris Lessing, qui mélange des considérations sur les auteurs qui l'ont marqué, remarques sur le soufisme, et regards sur l'actualité, notamment sur le Zimbabwe. Les chroniques les plus récentes datent probablement du début des années 2000. C'est dommage qu'elles ne soient jamais datées, c'est parfois un peu difficile à situer, pour le lecteur. Le choix des chroniques est dans l'ensemble intéressant, mais il y a deux ou trois fois des redites, d'une chroniques à l'autre, c'est dommage. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une bonne base pour découvrir d'autres auteurs, s'intéresser au soufisme, et la lecture du livre reste agréable. A réserver à ses fans (dont je considère faire partie), autrement, ce serait dispensable.

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Probablement le Ferrari que j’ai le moins apprécié. C’est un bon livre, c’est toujours aussi bien écrit, mais il m’a moins touché que les autres, surtout à cause de ses considérations sur la photographie. Si on s’intéresse un temps soit peu à ce sujet, ses remarques sembleront banales. Cela dit, ses personnages sont intéressants, et il a le mérite de mettre en avant un prêtre, à la fois attachant et touchant, en 2018. Le livre aurait été écrit par un autre auteur, je lui aurais probablement mis 7, là, je sais qu’il a fait mieux.

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Critiqué.

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C'est bien, c'est un bon pamphlet qui se lit vite, et qui possède sa cohérence interne. Virginie Despentes s'érige en pro-sexe, en défendant correctement son bifteck, et en mettant le doigt sur ce que souvent, trop de gens refusent de voir. Sa défense du porno fait lever un sourcil, mais ça reste en accord avec tout le reste, qu'on soit d'accord ou pas avec ce qu'elle raconte sur le fond. Malgré sa colère, il ressort de cet essai une sorte de gentillesse, à l'égard des femmes et des hommes, esseulés, qui paient des putes pour avoir du sexe. C'est un aspect troublant du pamphlet, qui rend Virginie Despentes finalement très attachante, pour l'affection dont elle est capable envers le reste du monde.

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C’est un petit livre, assez court, de Anders, qui reprend ce qu’on a déjà lu de lui dans l’obsolescence de l’homme tome 1, en creusant notamment ses idées sur le travail de l’homme et le remplacement progressif par la machine. C’est bien, ça prend une heure et demie environ, il faut avoir le cerveau bien accroché pour les dialogues philosophiques, mais ça reste intéressant pour ses aficionados, pas plus. Autant se contenter de l’obsolescence de l’homme, celui-là n’apporte qu’un complètement de lecture.