30 derniers (très) mauvais films vus
Liste mouvante des 30 derniers films qui m'ont déçu, révolté et/ou attristé, pour des raisons extrêmement différentes. Autant d'avertissements...
↑ "Pollice Verso" (extrait), Jean-Léon Gérôme, 1872 ↑
La "bonne" liste, pour équilibrer ...
30 films
créée il y a presque 11 ans · modifiée il y a 11 joursHorizon - Une saga américaine : Chapitre 1 (2024)
Horizon: An American Saga - Chapter 1
3 h 01 min. Sortie : 3 juillet 2024 (France). Drame, Western
Film de Kevin Costner
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Voilà un gigantesque western-naufrage proposé par Kevin Costner, un peu plus de 20 ans après sa dernière réalisation (Open Range, 2003). Grande affiche avec son personnage (il est acteur-réalisateur-producteur-scénariste) au centre, main dans la poche, l'autre sur son fusil, le regard penché à moitié caché sous son chapeau... On sent tout de suite qu'on essaie de nous la vendre très fortement, cette grande fresque sur l'Ouest en cours de colonisation de trois heures qui en fera une dizaine lorsque la saga complète de 4 chapitres sera terminée. Des dizaines de personnages principaux, des centaines de figurants, des paysages immenses... Mais tout ça pour pas grand-chose, franchement presque rien, c'est affligeant. Trois heures pour planter une multitude d'intrigues parallèles un peu comme dans un format série, pour capter l'ensemble dans un format numérique aussi lisse que fade, pour mettre en scène des tensions et des affrontements comme dans les bons vieux westerns à papa, pour reproduire une multitude de clichés poncés jusqu'à l'os depuis des décennies sans apporter rien de neuf, bref, trois heures interminables de supplices divers.
Rien ne va dans ce marasme, ni la volonté de chroniquer une expansion à l'Ouest, ni le cadre historique autour de la guerre de Sécession, ni la multiplication des arcs narratifs. Absolument rien ne fonctionne. Rien n'est creusé, tout est maintenu à un niveau de superficialité ahurissant, aucun des segments de communique avec son voisin (je veux bien attendre le second chapitre, mais en l'état, c'est une souffrance), tout baigne dans une musique urticante, et Costner nous fait même l'offrande suprême en insérant à la fin du périple un aperçu des épisodes à suivre, comme dans un vieux feuilleton pour accrocher le chaland et l'inviter à revenir regarder la suite. Aucun des interprètes au-dessus des autres (Kevin Costner, Sienna Miller, Sam Worthington, Jena Malone, Michael Rooker, Luke Wilson) et une tripotée de rôles secondaires affreusement mal joués (la prime va aux petits voyous du gang des bad guys). La démarche est méga démonstrative, on essaie de mettre au même niveau cowboys et Indiens en montrant qu'il y a des gentils et des méchants dans les deux camps — comme si c'était une condition suffisante de qualité. Ce n'est qu'une succession inerte de vignettes anecdotiques qui s'enlise dans des dialogues et des mises en situation totalement nazes et formatées. Gênant de lourdeur et de lieux communs datés.
Borderlands (2024)
1 h 42 min. Sortie : 7 août 2024 (France). Action, Aventure, Comédie
Film de Eli Roth
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Synthèse d'un gloubiboulga contemporain, concentré de clichés de science-fiction / action / comédie qu'on croirait compilés par une intelligence artificielle à qui on aurait donné comme prompt "refais-moi quelque chose dans la veine des "Gardiens de la galaxie" en poussant les curseurs de la putasserie esthétique". C'est hideux vraiment quel que soit là où se pose le regard, la contextualisation de cet univers (adapté d'un jeu vidéo) est posé en 20 secondes, l'association de personnages est aussi hétérogène que stupide (Cate Blanchett, Kevin Hart, Édgar Ramírez, Jamie Lee, rien que ça on sent que quelque chose ne tourne pas rond), on a droit à la caution robot cool pour induire un vent déjanté et décalé (la voix de Jack Black, mais c'est un échec) et à la caution "musique old school parce que ça fait cool" (The Heavy, Muse, les Black Keys)... Un condensé d'ingrédients frelatés pour concocter une histoire dont on se fout éperdument, avec des enjeux inexistants, des personnages interchangeables et creux, des effets spéciaux globalement moches, et une vague trame à base de chasseuse de prime qui se révèle être la clé de l'histoire (on a droit à un sursaut de Phoenix des "X-Men", c'est presque gênant) sur la planète de son enfance (un ersatz de "Mad Max 2"), ça pompe à tous les râteliers à sa portée. Médiocrité suprême que celle de l'écriture de ce genre de scénario en mode automatique, catastrophique et vain, pour un blockbuster-décharge qui n'a aucun intérêt et qui, comme beaucoup d'autres, se vautre dans l'accumulation cynique de tous les éléments considérés comme cool pour en faire un bouillon hautement indigeste. Et c'est Eli Roth aux manettes... Ça aurait pu être n'importe quel anonyme de passage.
Drishyam (2015)
2 h 43 min. Sortie : 30 janvier 2019 (France). Policier, Drame, Thriller
Film de Nishikant Kamat
Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Nouvelle étape dans ma quête cinéphilo-indienne, à la découverte des films plébiscités sur IMDB et mis en exergue dans les tops 250 annuels. Je ne peux pas dire que ce soit vraiment une surprise : "Drishyam" rejoint la longue liste de déceptions systématiques et de produits extrêmement formatés, qu'ils soient en provenance des industries bollywoodiennes comme ici (basée au nord vers Bombay, tournée en hindi, l'industrie la plus importante en volume, caractérisée entre autres par des séquences dansées ou chantées) ou kollywoodiennes (basée à Madras, tournée en tamoul). Tous ces films vus récemment se ressemblent beaucoup, "12th Fail", 'Haider", " Pariyerum Perumal", "Jai Bhim", voire même "3 Idiots" dans un registre tout aussi commercial mais beaucoup moins sérieux : une durée de 2h40 environ, une mise en scène tapageuse, une utilisation de la musique (hors séquences musicales) aussi clinquante qu'un blockbuster hollywoodien lambda, des bons sentiments étalés en tartines gigantesques et indigestes... Quels que soient les registres investis, en l'occurrence ici le thriller qui se frotte au drame familial, la formule est rigoureusement la même.
Ici les ennuis tiennent à deux sources. D'abord, les clichés à la pelle : l'homme bon sans histoire, les emmerdes qu'il gère en parfait père (comprendre chef) de famille, l'introduction amorçant un flashback légèrement mensonger, et tout le cortège de figures-symboles éculées, le flic teigneux que tout le monde déteste, la cellule familiale malmenée qui avance contre vents et marées, le plan incroyablement minutieux échafaudé à la perfection... Bref, autant de ressorts puissamment soporifiques qui brillent par leur caractère attendu, par leur vanité, l'artificialité de leurs mécanismes et de leurs articulations. Ensuite, on n'insistera jamais assez sur l'éléphant au milieu de la pièce passé sous silence : derrière les 2 heures de bras de fer entre un homme et l'intégralité de l'institution policière contre lui (rappelons que cette dernière affirme "on peut pas utiliser de détecteur de mensonge, il nous faut une ordonnance du tribunal", ce qui plierait l'affaire, mais ne voit aucun problème dans le tabassage en règle de la famille pour obtenir des aveux), il y a quand même le camouflage et la justification d'un meurtre en mode auto-défense morale. C’est d’un fascisme latent tout à fait gerbant.
Et quand on songe au fait qu'il existe quatre versions / remakes de "Drishyam" réalisées entre 2013 et 2015...
Un p'tit truc en plus (2024)
1 h 39 min. Sortie : 1 mai 2024. Comédie
Film de Victor Artus Solaro (Artus)
Morrinson a mis 1/10.
Annotation :
Impossible d'être passé à côté du succès de cette comédie, on ne compte plus le nombre de connaissances qui ont été "bouleversées" par ce film "très drôle et très émouvant", et blablabla et blablabla. C'est un peu sous la contrainte que j'ai dû m'y coller et je dois dire que c'est rigoureusement conforme à toutes les attentes qu'on peut avoir en matière de film français, comique, contemporain, jouant sur les bons sentiments, avec Clovis Cornillac dedans.
La thématique des personnes en situation de handicap est presque un non-sujet pour moi. Bravo à Artus d'être parvenu à intégrer une telle troupe et une telle diversité dans son projet, je suppose que tout le monde a passé un très bon moment. Pour le reste, 1) ce qui est dit du handicap ici se situe à des années-lumière de tout ce que j'ai pu voir dans un registre non-fictionnel (à vrai dire je n'ai pas l'impression qu'on parle de la même chose) et 2) le registre de la comédie qui est investi ici est d'une abominable médiocrité. Non mais franchement, regardons le hold-up avec Cornillac et Artus, regardons comment ils intègrent la bande, regardons comment ils développent leur empathie, regardons comment les relations sentimentales sont abordées (que ce soit chez les personnes valides ou handicapées), regardons comment le groupe débarque au tribunal pour plaider en faveur du braqueur.
C'est idiot en réalité de passer du temps à y réfléchir, c'est un film qui avance comme un feel-good movie qui nous place d'entrée de jeu un entonnoir dans le gosier pour nous gaver de bons sentiments industriels et frelatés — en haut du podium, l'image finale des deux braqueurs, père et fils, enfin réconciliés, avec relation nouée avec une éducatrice pour l'un et don massif à l'association pour l'autre... Si ça c'est pas gênant honnêtement. Et cette lourdeur pachydermique monumentale se retrouve dans chaque seconde de chaque scène, pétrifiée dans son didactisme et sa naïveté qui fonctionnerait comme un blanc-seing pour le torrent de poncifs.
Le Mangeur d'âmes (2024)
1 h 48 min. Sortie : 24 avril 2024. Thriller, Policier
Film de Julien Maury et Alexandre Bustillo
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Curieux travail de la part de Alexandre Bustillo et Julien Maury, connus pour être un peu à l'avant-garde du cinéma de genre au tournant des années 2000 / 2010 (bien que je n’aie jamais adhéré à leurs réalisations) et qui se contentent dans "Le Mangeur d’âmes" de recycler tout ce qui a déjà été fait en matière de thriller horrifique pour accoucher d'un fatras insipide, mal foutu, déjà vu, sans surprise et sans talent. C'est vraiment "Les Rivières pourpres 3" pour moi, un coin paumé des Vosges, des disparitions d'enfants, des meurtres mystérieux, un complot qui se dessine progressivement, et une ambiance noire dans laquelle se démènent deux enquêteurs... Franchement, dès la séquence d'exposition, on sait qu'il n'y a rien de surnaturel là-dedans, on sait que le fond de l'affaire va être sordide, et il n'y a au final aucun intérêt à comprendre les enjeux, les intérêts, les motifs, les coupables. Tout l'intérêt tient à l'atmosphère générale, je suppose, et à titre personnel j'ai trouvé l'ambiance complètement gâchée par la qualité de l'interprétation, y'a pas un acteur pour en rattraper un autre — même si la palme revient aux policiers municipaux. Virginie Ledoyen en commandante en charge de l'enquête avec trauma esquissé en 15 secondes de flashback, Paul Hamy en coéquipier pour le versant baston (et twist faisandé, accessoirement), Sandrine Bonnaire en docteur qu'on grille direct... Tout cela est bien naze, et ce n'est pas parce qu'on nous répète 20 fois que les meurtres sont brutaux, que des horreurs traînent sur le dark web, et que la scène de crime est abominable, en nous montrant un gros plan sur cette dernière, que cela déclenche automatiquement une oppression horrifique. Et sans parler des inepties scénaristiques qu'on nous demande d'avaler comme des couleuvres à la chaîne par paquet de 10. Tout le pan mystique de l'entité éponyme se termine en outre de manière grand-guignolesque, à la limite de l'insulte.
Hercule à New York (1970)
Hercules in New York
1 h 15 min. Sortie : 25 février 1970 (États-Unis). Aventure, Fantastique
Film de Arthur Allan Seidelman
Morrinson a mis 1/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
La première apparition d'Arnold Schwarzenegger au cinéma s'est donc faite sous la tutelle d'un nanar de premier choix, et "Hercules in New York" ne fait vraiment pas semblant, c'est franc et massif dans tout ce que la connerie et l'amateurisme peuvent produire. Tout le casting joue comme des saucisses géantes, une petite musique insupportable aux sonorités grecques vintage (façon Zorba) nous fait bien comprendre les origines du protagoniste pendant tout le film, et on a droit à une collection de scènes improbables de la part de Schwarzy qui surjoue son rôle d'Hercule à 200%, sans qu'on sache à quel niveau d'auto-dérision on se situe — probablement aucun, puisque l'acteur autrichien ne comprenait pas la moitié de ce qu'on lui disait en anglais et qu'on lui colla un doublage d'office en première intention à sa sortie (heureusement, on peut se délecter de son accent inimitable aujourd'hui). Schwarzy fait coucou à une mamie par le hublot d'un avion, Schwarzy se bastonne contre un grizzly (mazette, ce costume...) et lui met évidemment la misère, Schwarzy qui soulève un transpalette avec le mec qui le conduit en disant "A fine chariot... but where are your horses?", Schwarzy fout la honte à une brochette de champions olympiques en leur montrant comment il explose leurs performances sans forcer, Schwarzy fait une course de chariot dans les rues de New-York... C'est sans fin. Le pire est sans doute la tentative de contextualisation mythologique, avec le mont Olympe, Zeus et compagnie mis en scène avec des acteurs en toge dans un jardi public. Schwarzenegger n'aura même pas droit à un crédit digne de ce nom, il s'appellera donc "Arnold Strong" pour l'occasion. On est chez les divinités grecques et les gens derrière cette chose n'ont même pas été capables de sortir le bon nom pour Hermès, remplacé par Mercure de la mythologie romaine.
"Hey, Mister! Watch your talk! — I can hear my talk. I cannot watch it."
Schlock, le tueur à la banane...! (1973)
Schlock
1 h 17 min. Sortie : 10 mars 1976 (France). Comédie, Épouvante-Horreur
Film de John Landis
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
J'ai une certaine sympathie pour John Landis, le personnage, le vulgarisateur, le cinéaste, l'amoureux du cinéma bis. Mais quand même, "Schlock" titille les limites de ma bienveillance au-delà de ce que je suis capable d'encaisser. Cette bisserie est naze de chez naze, et bien qu'il existe de nombreuses circonstances atténuantes (premier film, budget dérisoire) il m'est impossible de considérer cela comme un nanar intersidéral qui peine à être vraiment drôle. Je ne sais pas trop si le fait que ce soit les débuts de Rick Baker au maquillage soit particulièrement gratifiant pour lui non plus, et de ce point de vue son travail sur "Le Loup-garou de Londres" avec Landis ici aussi qui lui valut un oscar en 1982 (le premier de l'histoire pour les maquillages) ne fait qu'accentuer la différence qualitative. Une comédie qui revendique fièrement son côté grand-guignol, un peu trop sûre de ses effets comiques autour du "Banana Killer" qui serait le chaînon manquant entre l'homme et le singe, mais qui à titre personnel ne m'a jamais embarqué dans son délire 100% potache à la ZAZ. Vraiment trop amateur, trop poussif, trop mince au-delà du vernis idiot qui met le gorille en relation avec une femme aveugle pensant qu'il s'agit d'un chien, avec un rythme catastrophique rendant les 80 minutes interminables... Bref, Landis fera bien mieux par la suite.
Viejo Calavera (2016)
1 h 20 min. Sortie : 2016 (Bolivie). Aventure, Drame
Film de Kiro Russo
Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Un film bolivien, avec des acteurs non-professionnels, centré autour du travail dans des mines, et majoritairement plongé dans une pénombre d'où on ne discerne pas grand-chose. Je n'ai rigoureusement aucune idée des intentions de Kiro Russo là-dedans, les bribes de récit intelligible sont extrêmement rares, et le tout est entrecoupés de séquences soit floues soit agressives par les flashs lumineux à l'intérieur d'une boîte dans lesquelles un personnage bourré raconte des trucs chelous. Il y a la mort d'un père, le handicap d'un fils. Et ce dernier se fait jeter de son boulot à cause de son comportement de plus en plus incontrôlable.
Le plus drôle sans doute, c'est ce synopsis : "Dans une discothèque, les corps imbibés d'alcool traduisent une violence insondable à laquelle les hommes ont visiblement accepté de se soumettre. Plus loin dans la campagne, le noir profond étouffe une course inverse : une communauté de mineurs cherche l'un des siens disparu. Russo enveloppe ce théâtre souterrain dans une sublimation cruelle de la difficulté physique et du rituel ouvrier." Et il y a même des gens pour comparer ça à Tarkovski. Très abscons. Merci KG et ses featurings…
Zoulou (1964)
Zulu
2 h 18 min. Sortie : 7 octobre 1964 (France). Guerre
Film de Cy Endfield
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Réputation assez incroyable pour un film de cet acabit, vestige d'un cinéma poussiéreux, monument soporifique et moralement discutable (euphémisme). Pour le résumer méchamment, "Zoulou" c'est plus de deux heures à regarder quelques soldats britanniques résister à des milliers de guerriers zoulous dans un coin paumé — mais très photogénique — de l'Afrique du Sud. Des combats méchamment répétitifs, très datés, mal joués dès qu'il s'agit de montrer des corps à corps. On n'apprend à l'intérieur du film quasiment rien des enjeux militaires ou même historiques, et le film se referme aussi soudainement qu'il s'est ouvert, au terme d'une épreuve interminable.
Seul point positif qui n'est même pas pour Cy Endfield mais pour son chef opérateur Stephen Dade, la photographie qui a su trouver un paysage magnifique pour la reconstitution de la bataille (très belles montagnes en toile de fond des territoires où l'on s'étripe) et jouer habilement avec les contrastes colorimétriques qui opposent le rouge pétard des costumes des colons britanniques au noir de la peau des combattants africains. Mais bon, même cet aspect-là est sabordé par mille éléments problématiques — le pasteur suédois et sa fille, qui ouvrent la danse, sont particulièrement mal écrits et leur disparition de l'histoire n'est pas franchement déplaisante.
Suite https://www.senscritique.com/liste/Top_films_1964/374086?page=3
Cypher (2003)
1 h 35 min. Sortie : 26 mars 2003 (France). Science-fiction, Thriller
Film de Vincenzo Natali
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Il y avait un côté ludique qui sauvait absolument tout dans le premier film de Vincenzo Natali, "Cube". Mais il s'agit très probablement d'une exception à l'échelle de sa filmographie, puisque des films comme "Splice" et "In the Tall Grass" ont été des échecs monumentaux, auxquels il faut désormais associer aussi ce hideux "Cypher". Ce thriller paranoïaque de SF est sorti en 2002 et il souffre d'une disgrâce esthétique vraiment sidérante, avec son cortège de tics de mise en scène tape-à-l'œil, ses lumières artificielles très moches censées donner une ambiance clivante, ses angles de vue ou ses objectifs improbables qui semblent être sorti du cerveau d'un enfant capricieux... Mais en réalité "Cypher" ne dépasse jamais le stade de petit concept jamais exploité mais malgré tout monté en long-métrage artificiel et fatigant. C'est le jeu des films de petits malins, la fuite en avant des twists, avec twists à l'intérieur des twists à l'intérieur des twists etc. Si je n'ai pas de mal à croire qu'on puisse trouver cela divertissant, de mon côté c'est l'ennui le plus frontal devant cette chose, cet acteur (Jeremy Northam) qui erre d'une société capitalo-manipulatrice à l'autre, ces histoires de concurrence et d'espionnage passablement soporifiques, cette image de femme fatale incarnée par Lucy Liu avec révélation ultime désarmante de vide sur un voilier de carte postale... Natali veut sans doute aborder la question de l'identité dans ce monde futuriste aseptisé, de la personnalité archi malléable, de la science toute puissante, de la domination des multinationales, et évidemment des changements d'identités. Mais ce jeu du "qui manipule qui" est vraiment exécrable, tout sauf passionnant, anecdotique, fade, et terriblement désuet (ah ces décors, cet hélicoptère, cet ascenseur).
Périmètre mortel (2008)
100 Feet
1 h 36 min. Sortie : 2 décembre 2010 (France). Épouvante-Horreur, Thriller
Film de Eric Red
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Au fond du fond, il y a un début de bonne idée. Enfermer le personnage de Famke Janssen dans sa maison, là où elle a assassiné son propre mari en situation de légitime défense (une configuration qui sera très vaguement esquissée dans les premiers temps du film), avec un bracelet électronique et sous la surveillance de l'ancien collègue assez vénère de feu son mari, avec à l'intérieur du lieu une présence menaçante, c'est une forme de huis clos qui est originale et dotée d'un vrai potentiel angoissant. Malheureusement Eric Red le scénariste a écrit son récit avec les pieds et parvient à complètement rater l'irruption de terreur, d'horreur, et même de fantastique dans "100 Feet" : il n'y a rien qui va dans la façon d'annoncer le côté surnaturel de certains événements, dans le mutisme de sa protagoniste, dans le comportement du flic qui la surveille, et dans les manifestations de plus en plus violente du mari-démon pas content. C'est nullissime dans la mise en scène de la compréhension et l'acceptation de ce qui est en train de se jouer pour cette femme, du genre à assumer son sort de femme battue par un fantôme (évidemment, craignant qu'on ne la croie pas, ce qui est un début d'explication logique, mais terriblement mal amenée) immédiatement. Le film se lance très vite dans un enchaînement d'événements sans saveur, sans volonté, sans conviction, et échoue en ce sens à créer un vrai climat oppressant. Ce qui est le plus triste dans l'histoire, c'est qu'on peut voir au détour d'une ou deux scènes que Red n'est pas un manchot complet — la séquence très violente et fore dans laquelle le jeune livreur se fait déboîter n'est pas sans choquer. Mais bon, on peut malgré tout résumer "Périmètre mortel" à Janssen se faisant balader d'un côté de la pièce à l'autre par son mari-fantôme-vengeur en colère. Avec en prime un final hallucinant de bêtise (oh zut, j'avais oublié l'alliance !). Tsssss…
Faux Témoin (1987)
The Bedroom window
1 h 52 min. Sortie : 6 mai 1987 (France). Policier, Thriller
Film de Curtis Hanson
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Placer Steve Guttenberg dans le rôle principal d'un thriller, ça ne paraît à aucun moment constituer le début de l'ombre d'une bonne idée... Sa naïveté confondante et son air de gentil benêt ne convient absolument pas au rôle, et attention, ça ira crescendo puisqu'à la fin il se transformera carrément en justicier faisant le taf de la police à la place de la police, volera une voiture de flic, et arrêtera manu militari un dangereux criminel. N'importe quoi puissance 50.
"The Bedroom window" fait illusion l'espace de quelques dizaines de minutes, tant que l'on baigne dans cette ambiance de thriller 80s et que Curtis Hanson se repaît de référence à Hitchcock (ou De Palma, on ne sait plus trop), le voyeur, la fenêtre, le témoin, le crime, la perruque, il y a tout ce qu'il faut. La première heure est consacrée à l'élaboration d'un mensonge bien intentionné, celui qui sert le protagoniste et Isabelle Huppert (la femme du patron qui ne peut pas témoigner directement, puisque cela l'obligerait à avouer son infidélité) dans leur relation adultère mais qui veulent malgré tout bien faire et témoigner au sujet d'une agression. C'est du réchauffé premier prix, mais ce n'est pas fondamentalement désagréable.
Puis vient le moment du procès, et là c'est vraiment le drame. WTF atroce avec Huppert qui souffle à Guttenberg les réponses en plein tribunal, les avocats de la défense qui n'ont pas bossé leur dossier et qui perdent l'affaire pour une histoire de lentilles de contact, et Elizabeth McGovern (la personne agressée) qui comprend les manigances entre les deux. À partir de là les chevaux de l'horreur sont lâchés, le témoin devient suspect, l'agresseur peut donner libre cours à ses agressions, l'héroïne fait son numéro de chauffe dans un bar peuplé de mâles en rut... Scénario lamentable jusqu'au fou rire, avec en prime cette bande-son délicieuse et son saxo tout naze so 80s.
Deadpool & Wolverine (2024)
2 h 07 min. Sortie : 24 juillet 2024 (France). Action, Aventure, Comédie
Film de Shawn Levy
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Ce ton faussement subversif et péniblement méta commence à sérieusement taper sur les nerfs... On se rapproche toujours plus de films écrits, interprétés et mis en scène par des IA, produisant au kilomètre des choses de ce genre, entièrement tournées vers la décérébration érigée en apogée du cool. Ce filon des multiverses avec autant de réalités parallèles est une aubaine pour l'industrie cinématographique, maintenant que chaque personnage / groupe de personnages est épuisé jusqu'à la moelle, on a des attardés qui se disent que ce serait une bonne chose de jouer à mélanger les horizons, et de remuer salement une quantité écœurante d'ingrédients disparates. On se contrefout que Wolverine soit mort, on se fout qu'on en soit à la 15ème apocalypse évitée : tout est désormais possible, il n'y a plus aucune contrainte rationnelle, on fonce tête baissée dans le grand spectacle sans aucune teneur, sans aucune chair. Le vide absolu. L'association de ces deux personnages est vraiment le symbole absolu de cet opportunisme cynique, autant Ryan Reynolds semble être à l'aise dans son rôle misérable (archétype de la critique phagocytée par la machine transformée en autocritique dénuée de portée) autant Hugh Jackman fait beaucoup de peine à traîner sa carcasse dans ce marasme. Les pouvoirs détenus par le Tribunal des Variations Anachroniques, la grande invention locale, permettent à peu près n'importe quoi et rendent possible toutes les inepties imaginables — on voit Wesley Snipes en revenant Blade, on voit en Gambit, on a la voix de Matthew McConaughey en Deadpool cowboy, et à la limite le seul truc qui aurait pu être drôle c'est Henry Cavill en Cavillverine (caméo de 5 secondes). De la soupe ultra répétitive, ultra longue, servie uniquement pour faire le lien entre les différents univers qui se rencontrent suite aux acquisitions récentes de Disney, dans un grand concerto inconsistant, opportuniste, décontracté jusque dans son cynisme.
Little Buddha (1993)
2 h 15 min. Sortie : 1 décembre 1993 (France). Drame
Film de Bernardo Bertolucci
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Wow. J'étais pas prêt. Comme dernières images, les cendres d'un lama récemment décédé suite à une méditation transcendantale extrême flottent sur une mer légèrement agitée, coucher de soleil en toile de fond. C'est (censé être) beau, triste, et sur ce décor de carte postale frelatée se colle cette inscription : "In memory of Francis Bouygues"...
https://i.imgur.com/qcCIvoJ.png.
C'est peu dire que Bernardo Bertolucci se lance régulièrement dans des projets pas possibles, avec des résultats parfois inregardables (je garde encore un souvenir douloureux des clichés sur mai 68 dans "The Dreamers"). Il y a quelque chose qui le tracasse avec l'orient, c'est évident, car ce n'est que 6 ans après "Le Dernier Empereur" —il faudrait que je revoie— qu'il se lance dans une autre démarche de dépaysement exotique avec "Little Buddha". Et c'est une catastrophe de tous les instants.
On ne sait où donner de la tête tant ça couine n'importe où, quel que soit la direction où l'on pose le regard. La description de cette famille américaine plongée dans sa vacuité et son matérialisme, avec ses filtres bleus dégueulasses, son petit garçon tout mignon, et ses acteurs horribles (Chris Isaak et Bridget Fonda). Le récit américano-centré qui fait débarquer des moines bouddhistes à Seattle. La durée interminable de la description du refus initiale de la famille qui se transformera progressivement en adhésion aux mantras tibétains ("allez go j'accompagne mon enfant au Tibet pour voir si ce serait pas le prochain chef spirituel de la région"). L'histoire en montage parallèle de l'enfance de Bouddha, aka Siddhartha, aka Keanu Reeves grimé en Indien sous des tonnes de maquillage qui découvre la réalité de la vie et de ses difficultés au cours d'un voyage initiatique le sortant du luxe de son environnement inné. Les fadaises autour des trois enfants-candidats au poste de réincarnation du lama. Et globalement, ces discours insupportables sur les voyages spirituels de l'ignorance vers la lumière... Une belle leçon de catéchisme proférée par un occidental en manque d'exotisme oriental et de mystique de supermarché.
Le Théorème de Marguerite (2023)
1 h 52 min. Sortie : 1 novembre 2023. Drame
Film de Anna Novion
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Compilation ahurissante de clichés tous plus médiocres les uns que les autres sur une thésarde en maths à l'ENS. Bonjour la nullité crasse du portrait, une jeune femme aux cheveux gras, à lunettes, le regard fuyant, qui se balade en chaussons dans son école, enlaidie autant que possible pour coller à l'image que le grand public peut avoir de la discipline et a fortiori de la présence d'une femme dans ses rangs. Les clichés vaseux sont absolument à tous étages, et pas uniquement dans le champ de la recherche en mathématique (cette dernière étant malgré tout particulièrement malmenée, on écrit comme des idiots des formules — justes au demeurant — sur les murs et les vitres de son salon, on a des révélations spontanées en regardant un diagramme à l'envers où en voyant s'afficher comme par magie la solution après des années de recherche sur le sujet, bref, tout ce qui est à l'opposé du travail de chercheur quoi). Sur le plan cinématographique c'est tout aussi catastrophique, l'étudiante coincée qui rencontre sa colocataire, danseuse, belle, libérée, le yin et le yang, pif paf pouf le jour même elle emménage, bon sang que ce film est insultant. Et tout ça sans trop se remémorer l'épisode de drague en sortie d'un bar... Les mathématiciens vus comme des drogués de leur discipline, froids, calculateurs, incapables de communiquer, rigoureux en toute situation, qui oublient de vivre, voulant reléguer les sentiments loin de tout, qui peuvent réussir dans n'importe quoi dès lors qu'ils décident d'entreprendre quelque chose. Ah que ce film est agaçant avec ses clichés enfoncés au fond de la gorge, jusque dans le rise & fall avec catalyseur de son existence trouvé après une nuit de sexe déclencheur. Quelle nullité.
Cours, Lola, cours (1998)
Lola rennt
1 h 17 min. Sortie : 7 avril 1999 (France). Thriller, Action, Policier
Film de Tom Tykwer
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Abominable navet qui donne l'impression qu'un millénaire de cinéma s'est écoulé depuis sa sortie en 1998 tellement cette chose a vieilli. Très mal vieilli. Un film qui avait marqué son époque au travers de ses nombreux partis pris (des effets de style en pagaille, de l'esbroufe, du tape-à-l'œil : c'est très violent) mais qui avec le recul et la froideur d'un visionnage a posteriori se révèle d'une indigence effroyable. On dirait une copie de Besson de caniveau, avec cette pauvre actrice allemande (Franka Potente) habillée et coiffée comme un ersatz de Milla Jovovich dans "Le Cinquième Élément" (Bessonade grand cru 1997, l'année juste avant) et cette mise en scène qui abuse de tous les effets racoleurs à sa disposition — et il y en a une sacrée pelletée. Rien que le synopsis : "Une seule personne peut sauver Manni. Lola, qui veut sauver l'homme de sa vie, s'élance dans les rues de Berlin pour trouver cent mille marks." Tout est dit. C'est stupide, puéril, moche, et surtout terriblement nul. On peut supposer que quand on apprécie ce genre de cinéma on trouve cela audacieux, incroyablement dynamique, et incroyablement profond (ben oui, à chaque fois le destin se déplie différemment, la multiplicité des futurs possibles, tout ça tout ça). Ah bon sang mais quelle horreur, ne serait-ce que ces séquences en accéléré où la vie d'un personnage tout à fait secondaire est révélée, et ce trois fois tant qu'à y être, puisque le principe du film est de raconter trois fois la même histoire en montrant que la modification de certains paramètres apparemment mineurs ont des conséquences drastiques sur le déroulement de l'action... L'effet papillon, etc. Absolument aucun intérêt dans la répétition de ces histoires et dans l'alternative offerte, c'est uniquement de l'instantané, du gros spectacle creux qui tache avec des personnages tous plus grotesques les uns que les autres sur fond de musique techno. Ça aussi, tout comme "Brooklyn Boogie", c'est un marqueur de son époque et presque la même, mais alors ce style-là est vraiment est écœurant.
Dead Bang (1989)
1 h 42 min. Sortie : 21 juin 1989 (France). Action, Policier
Film de John Frankenheimer
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Le gros segment des années 1980 et 1990 de la filmographie de John Frankenheimer n'est pas resté dans les annales et on comprend rapidement pourquoi à chaque nouvelle confrontation... Bon sang de que c'est laid et nul. Chose étonnante, je découvre ici Don Johnson dans cette décennie et dans le rôle d'un gentil (ce qui n'augure rien de bon concernant la série "Miami Vice" de 1984) après l'avoir vu dans le très récent "Rebel Ridge" de Jeremy Saulnier, dans lequel il incarnait un bad guy avec infiniment plus de talent. Les dégâts du mauvais goût des 80s, c'est vraiment terrible.
"Dead Bang" ne fait vraiment pas honneur au réalisateur de "Seconds" ou "Seven Days in May" : c'est un film d'action archi bourrin, archi mal filmé, archi mal interprété. La première scène montre un méchant ultra méchant tuer un caissier dans sa supérette puis un flic devant sa voiture, on dirait vraiment un très mauvais téléfilm de seconde zone, et on comprend assez vite qu'il faudra s'armer de patience pour la suite. Johnson compose son personnage à la truelle, inspecteur de police alcoolique et mal dans sa peau suite à son divorce, endetté et au bord de la dépression, bref, un gars au bout du rouleau dont on souligne 15 fois au marqueur à quel point sa vie personnelle est un immense merdier. De fil en aiguille, avec des séquences toutes plus improbables les unes que les autres (genre, pouf je consulte sur mon minitel les sorties récentes de gangsters et ça matche !), il découvre l'existence d'un groupe de fous furieux suprémacistes qui militent pour une "Amérique pure". Drôle de résonance avec notre époque contemporaine où fluctue un racisme débridé, certes, mais ça ne suffit pas pour accoucher d'un bon film. Il ne suffit pas de pointer du doigt des barbares néonazis armés jusqu'aux dents pour que cette caution antiraciste un peu faiblarde génère automatiquement un bon scénario... Et ici, ça tache beaucoup.
Notamment une scène de course poursuite qui se termine... par un vomi sur le suspect. Mais il y a aussi une improbable scène chez le psy où il se fout de sa gueule parce qu'il ressemble à Woody Allen (juste après il l'étrangle et le menace de mort s'il ne le laisse pas continuer son travail, un chouette type quoi, à l'opposé des fachos qu'il combat). Et des dialogues tout aussi improbable, du genre "Is there anyone who’d be afraid to go through a door with me?". Et aussi, un petit twist de dernière minute qu'on a déjà vu depuis le tout début, concernant l'identité du tueur.
Charlie Countryman (2013)
The Necessary Death of Charlie Countryman
1 h 48 min. Sortie : 14 mai 2014 (France). Comédie, Drame, Romance
Film de Fredrik Bond
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Scénario bidon et effets putassiers au programme de cet improbable mélange de romcom sirupeuse, de mafia envahissante, de dépaysement à l'est (en Roumanie, en l'occurrence), et de faux thriller tout mou. C'est l'histoire de Shia LaBeouf tout triste suite à la mort de sa mère (injection gratos de sentimentalisme écœurant) qui nous fait sa célèbre tête de chien triste et qui s'en va en Europe pour se changer les idées, sur la base d'une discussion avec sa mère post mortem. Là-bas, il rencontre une fille — Evan Rachel Wood — dont il tombe follement amoureux (forcément), mais qui se trouve reliée à un gros parrain de la drogue (forcément) sous les traits de Mads Mikkelsen, point de départ d'une relation pleine de rebondissements. Ça se veut sensuel, rythmé, arty, je suppose, et même si ce n'est pas éreintant pendant 2 heures on n'est pas surpris que Fredrik Bond vienne du monde de la pub honnêtement.
C'est à peu près ça "The Necessary Death of Charlie Countryman", un Américain qui débarque dans une auberge de jeunesse de Bucarest et qui partage son temps entre son coup de foudre pour une inconnue locale pleine d'emmerdes, des boîtes où l'on se vêt peu gérées par des mafieux, et... c'est tout. Le tout est amorcé par un flashback montrant le protagoniste mal en point, mais derrière cette scène et ce titre original faussement tragique on comprend assez vite qu'il ne s'agit que d'un effet de style putassier. Aussi stupide dans sa conception de l'amour, du gangster, de la drogue, et de la violence. Outrancier dans son histoire d'amour autant que dans son esthétique.
Killing Zoe (1993)
1 h 38 min. Sortie : 31 août 1994 (France). Thriller, Policier
Film de Roger Avary
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Mais quelle horreur. On dirait un film de Besson qui se serait accouplé avec un ersatz de film de Tarantino, avec pour résultat quelque chose d'aussi improbable que Jean-Hugues Anglade en truand cocaïnomane aux cheveux long qui décide de braquer une banque en tirant partout et en faisant tout sauter. J'en ai les yeux qui saignent encore, et ce d'autant plus qu'une absconse histoire romantique se tisse entre Eric Stoltz (un perceur de coffre anglais censé être expert en la matière) et Julie Delpy (une étudiante prostituée vantée par un taxi) pour apporter une contrepartie à ce naufrage généralisé. Rien ne fait sens là-dedans, le scénario est un condensé d'inepties et de stupidités lâchées en rafales, sur lesquelles Roger Avary vient nous plaquer sa mise en scène outrancière au possible, sûre de ses effets, ne reculant devant aucune vulgarité. C'est vraiment un film qui semble tout droit sorti du cerveau d'un enfant de 10 ans (mes excuses aux enfants de 10 ans) à qui on aurait confié toutes les responsabilités, sans contrepoint. Une tranche de cinéma intensément risible, incroyablement nulle, passionnément ringarde, totalement dépourvu de sens, de but, de bon sens, de bon goût, et qui file à 200 km/h du début grotesque jusqu'à la fin déplorable dans un mouvement hystérique et déplorable. Le genre à faire perdre foi en l'humanité. À ranger pas loin de "Cours, Lola, cours" dans le registre des choses gênantes des années 90.
L'Avocat du diable (1993)
Guilty as Sin
1 h 47 min. Sortie : 8 septembre 1993 (France). Drame, Policier, Thriller
Film de Sidney Lumet
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Creuser le fond de la filmo de Lumet n'est sans doute pas l'idée du siècle, et avec "Guilty as Sin" j'ai réussi à trouver pire que "Strip Search" vu récemment, qui avait quelque part le mérite de ses intentions. Celui-ci est un thriller idiot et beaucoup trop sûr de son programme, qui ne parviendra jamais à rendre crédible, cohérent, ou même intéressant cette histoire vaseuse d'avocate talentueuse contrainte de défendre un gros connard correspondant à la définition du mal, macho toxique au dernier degré.
Un téléfilm écrit à l'arrache du début à la fin, qui enchaîne les séquences improbables, les rebondissements ridicules, les rôles idiots. Y'a rien qui va à ce niveau : Rebecca De Mornay est naze en avocate carriériste qui défend un homme qui la révulse uniquement par fierté, Don Johnson compose un mâle séducteur et destructeur digne d'un très mauvais film d'horreur, et au fond du cadre Stephen Lang, Jack Warden, ou encore Luis Guzmán se débattent sans résultat. Mais le pire du pire c'est très clairement Don Johnson et de loin, sa trajectoire est cousue de fil blanc, son pouvoir semble sans limite, ses moyens de coercition sont débiles et absolument pas crédibles, ses différentes manipulations sont toutes plus risibles les unes que les autres... Entre le charisme et le machiavélisme, il enchaîne les comportements aberrants sans que le film n'assume ce côté horrifique grotesque, en préférant jouer la carte du thriller censé être bien ficelé.
Scénario tout pété, intrigue ordinaire et absurde, dialogues vides, rythme bancal... Le film aurait gagné à travailler la piste du gros malade meurtrier plutôt que d'essayer de nous rendre l'avocate sympathique.
Megalopolis (2024)
2 h 18 min. Sortie : 25 septembre 2024 (France). Drame, Science-fiction
Film de Francis Ford Coppola
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Je vois difficilement comment le temps, les décennies pourront donner raison à Coppola et transformer l'expérience abominable de "Megalopolis" en vestige d'un génie incompris dont les aspirations iconoclastes seraient restées inaccessibles à ses contemporains. Coppola n'a pas réalisé un film en 12 ans, avec ce projet dans les tuyaux depuis des dizaines d'années, et il nous fait un gros tapis en le finançant avec ses propres deniers, faute de financeurs ou gage de liberté artistique totale. Bon personnellement, dès la première scène avec Adam Driver en haut de son building qui arrête le temps juste avant de tomber dans le vide sur fond de lumières jaunâtres immondes, j'ai senti une odeur de roussi qui ne m'aura pas quitté pendant plus de deux heures, à mon plus grand regret.
De la bonne volonté, je n'en ai pourtant pas manqué. Mais comment rester serein et volontaire devant un tel étalage de suffisance et de médiocrité (sans procès d'intention)... Dans les termes des ambitions, définies par un parallèle audacieux entre Rome antique et États-Unis modernes, tout se situe au niveau d'une certaine décadence, comme si l'on était à un point critique de notre époque d'où (seulement) deux schémas de civilisation pavaient la route du futur, symbolisés par l'opposition entre Adam Driver et Giancarlo Esposito. L'artiste et le capitaliste, le génie et l'arriviste, le progressiste et le conservateur. Non pas que ces notions n'aient aucun sens dans notre présent, bien au contraire, mais la formulation de ce pseudo dilemme en carton avec l'utopie d'un côté et le réactionnaire de l'autre se fait dans une toile dialectique d'une pauvreté abyssale.
Les pistes et les idées s'amoncellent par paquets de cent chaque minute, c'est proprement exaspérant, usant, reflet d'un côté largement inabouti, comme si l'auteur derrière tout ça se gargarisait de la confusion indigeste ambiante. Pas mal de grotesque aussi quand même, dans les rangs du casting (Aubrey Plaza, Shia LaBeouf, quelles horreurs) mais surtout dans les décors qui suintent leurs effets numériques atroces, parfaitement ton sur ton avec la laideur des concepts tels qu'ils sont manipulés (l'histoire du nouveau matériau par exemple) sur fond de citations de Marc Aurèle. Espace saturé, tragédie pompière, discours manichéen : je n'ai vu à aucun moment la moindre velléité de construire un tout cohérent, mais plutôt un privilège de nabab en fin de course.
La Maison au fond du parc (1980)
La Casa sperduta nel parco
1 h 31 min. Sortie : 1980 (France). Thriller, Épouvante-Horreur
Film de Ruggero Deodato
Morrinson a mis 1/10.
Annotation :
Navet de première catégorie dans le registre de la série B horrifique, slasher décérébré appartenant à la sous-catégorie du rape & revenge qui n'avance même pas honnêtement, c'est-à-dire comme un remake non-avoué de "The Last House on the Left" (Wes Craven, 1972, et d'après mes souvenirs très légers ce n'était déjà pas un chef-d'œuvre), dans lequel David Hess jouait déjà au creux d'une trame narrative franchement très similaire. Le gars a clairement la gueule du métier, il est un peu né pour jouer ce genre de psychopathe, mais c'est quand même le roi de la saucisse en matière d'interprétation, on nage en plein délire de médiocrité.
En 1980 Ruggero Deodato sortait de son "Cannibal Holocaust", très bourrin mais qui avait certains mérites il me semble (à confirmer). Là, on est vraiment dans la fange voyeuriste d'un cinéma qui se prend pour profond et puissant alors qu'on est simplement face à une nullité absolue, une démonstration de bêtise crasse, un téléfilm simili porno qui essaie de nous faire croire qu'il a quelque chose d'intelligent à avancer et à révéler. Mais bon sang que c'est maxi naze... Et ouvertement complaisant dans l'esthétisation constante des scènes de viol, invariablement tournées dans un cadre érotique. Les deux truands sont des gros débilos, garagistes le jour et violeurs la nuit, avec le cerveau et le demeuré, belle paire de crétins. "La Maison au fond du parc" cache très mal son jeu pendant 1h30 et tente de nous faire un all-in dans les dernières minutes : renversement de perspectives, allégorie sur fond de lutte des classes, en réalité c'était les petits bourgeois qui avaient tendu un piège aux prolos dégénérés. Enfin, l'un d'entre eux, mettant à ce titre en danger ses potes, mais bon, c'est un détail à l'échelle de la connerie du scénario.
Dialogues globalement ineptes, perversité inopérante, prétentions du côté du choquant et de l'immoral... Mais uniquement le représentant de ce cinéma d'horreur un peu prétentieux qui déverse un torrent d'immondices en prétendant élever le spectateur.
Hors du temps (2024)
1 h 45 min. Sortie : 19 juin 2024. Comédie dramatique, Romance
Film de Olivier Assayas
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Insupportable caricature de cinéma d'auteur français qui se plaît à discourir des heures pour ne rien dire tout en racontant sa vie personnelle et en croyant que cela présente un intérêt quelconque pour le reste de l'espèce. Olivier Assayas a passé le confinement de 2020 avec son frère Michka et leurs épouses respectives dans une grande maison de campagne familiale, et "Hors du temps" raconte bien péniblement la liste des chamailleries entre les deux hommes — les femmes sont relativement réduites à des occupations d'arrière-plan, yoga, tennis, et interruption pendant des visios. C'est nul, c'est pénible, c'est soporifique. Une voix off absolument atroce (Assayas himself) introduit le contexte, essaie de se faire romanesque, trace sa route à partir d'influences Nouvelle Vague indigentes, bref, rajoute un soupçon de pénibilité dont le reste du film n'avait vraiment pas besoin. Macaigne compose un des personnages parmi les plus crispants que j'ai connus de sa part, un gars complètement névrotique paralysés par les risques liés au covid et sous le jour des mesures préventives : intérêt comique proche du néant. Les tensions qui émergent entre les personnages sont insignifiantes, tout comme les bavardages inconséquents de ces privilégiés. Poussif, inefficace, mal interprété, satisfait de ses citations incessantes, et vraiment pas drôle.
Kraven the Hunter (2024)
2 h 07 min. Sortie : 18 décembre 2024 (France). Action, Aventure, Science-fiction
Film de J.C. Chandor
Morrinson a mis 1/10.
Annotation :
Toujours la même sempiternelle bouillie, qu'on soit chez Marvel ou chez Spider-Man sans Spider-Man, l'ampleur de la vanité reste d'une remarquable constance. Toujours les mêmes enjeux (soit les États-Unis doivent sauver le monde, soit une histoire de famille avec ses névroses et ses psychothérapies ratées), toujours les mêmes mécaniques narratives (la dynamique du récit est parfaitement anticipable), toujours le même recours aux effets spéciaux (hideux, souvent, et là pour cacher périodiquement la misère du scénario et nous faire oublier le vide). Le sentiment reste inchangé : on se fout totalement des personnages interchangeables, on n'est jamais passionné par ce qui anime les uns ou les autres, et on ne croit jamais à la nécessité des actions — tout semble parfaitement cadenassé. Ici on nous sert l'histoire de la genèse d'un grand méchant, et la généricité du film est absolue. En fait, Kraven, c'est simplement un fils déçu par le comportement pas cool de son papa. Un papa interprété par Russell Crowe en roue libre totale, sans limite dans le cabotinage de l'accent russe — on se croirait 30 ans en arrière — et en ce sens au même niveau que Aaron Taylor-Johnson en termes de sérieux chevillé au corps, quelle que soit la hauteur de la vague. Kraven c'est un gentil devenu méchant nous dit-on, qui a passé sa vie à chasser les chasseurs grosso modo (la fameuse logique du "c'est pas bien de tuer des animaux, du coup je tue les tueurs d'animaux et tout rentre dans l'ordre", ou encore "il y a les bons chasseurs et les mauvais chasseurs"), le tout baignant dans une histoire soporifique de famille dirigée par un patriarche trafiquant de drogue. Le plus surprenant dans ce désastre : c'est le réalisateur de "Margin Call" et "All Is Lost" (et "A Most Violent Year") qui se salit dans cette horreur, J. C. Chandor ayant en quelque sorte annoncé son virage vers le film d'action avec "Triple frontière". Difficile de ne pas être triste devant ce navet aussi moche qu'insipide et le potentiel corrupteur de l'industrie hollywoodienne.
Gladiator II (2024)
2 h 28 min. Sortie : 13 novembre 2024 (France). Drame, Péplum
Film de Ridley Scott
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Aurais-je aimé "Gladiator II" si je l'avais découvert à l'âge de 15 ans comme le premier ? Je n'en suis pas du tout sûr. Ridley Scott monte d'un gros cran dans l'interprétation de l'histoire et se place ici au même niveau que son film précédent, "Napoléon", risible sur à peu près tous les plans. Évidemment ce genre de cinéma n'est pas un cours d'histoire, aussi je me garderai à titre personnel de pouffer trop fort en ce qui concerne les innombrables approximations et autres fantaisies — genre, mettre des requins tueurs dans le Colisée, au hasard... En revanche, on atteint un seuil de bêtise cinématographique et on dépasse la limite en l'explosant franchement, c'est plutôt là que le problème se situe. Les deux acteurs interprétant les co-empereurs Geta et Caracalla sont probablement l'exemple le plus explicite : c'est tout bonnement insupportable, ridicule, à un point tel qu'on songe réellement à une parodie tant le niveau de cabotinage est stratosphérique.
Plus généralement, ce film est porté par un projet de plus de 20 ans et pourtant on dirait que tout a été fait à l'arrache, c'est immonde. Les effets spéciaux sont régulièrement hideux (l'attaque navale en introduction par exemple, certains plans ressemblent à des screenshots de jeux-vidéo d'il y a 20 ans), faire de Paul Mescal le protagoniste et fils de Maximus ne fait absolument aucun sens (il a vraiment le charisme d'une palourde le pauvre, c'est effrayant), et le scénario a beau étaler sa sauce sur 2h30 elle n'en reste pas moins superficielle, inconsistante, et tout simplement moche. L'action file à toute vitesse, les rencontres arrivent aussi vite que les mises à mort ou les grands sentiments révélés... Et le pire est sans doute dans les dialogues, avec ces grands discours déclamés avec zéro conviction. C'est d'une tristesse, cet ultime monologue du héros pour réconcilier les deux armées se faisant face.
Dans ce marasme, Pedro Pascal tient à peu près la route là où Denzel Washington peine à convaincre malgré un rôle surprenant. La présence de Connie Nielsen dans le même rôle qu'en 2000 est assez appréciable en revanche. Mais le film ne fait qu'osciller entre régurgitation lourde de la mythologie du premier film et programme bourrin de blockbuster d'action en jupette. La trajectoire est la même, esclave, gladiateur, dirigeants tyranniques, blablabla. On retiendra plutôt le rhinocéros que cette peinture grotesque d'une Rome décadente.
Speak No Evil (2024)
1 h 50 min. Sortie : 18 septembre 2024 (France). Épouvante-Horreur, Thriller
Film de James Watkins
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Pourquoi faire un remake du film danois de Christian Tafdrup de 2012 en altérant une bonne partie de ce qui était le plus effrayant (et que l'on pourrait résumer au final, glaçant et mémorable) tout en reproduisant la tripotée de cafouillages scénaristiques qui atomise la dynamique de la narration... On ne compte plus le nombre de stupidités et autres maladresses dans ce scénario plein de trous, d'incohérences et invraisemblances flagrantes, autant de points de sortie de l'intrigue — très problématique au sein d'un thriller horrifique qui est censé nous happer. Bon clairement, quand on a déjà vu l'original, revoir quasiment la même chose, du moins exactement les mêmes ingrédients, n'est pas ce qui se fait de plus passionnant au monde. Mais bon, quand on percute que c'est dirigé par James Watkins, le réalisateur de "Eden Lake" qui m'avait laissé des souvenirs parfaitement détestables dans sa propension à abuser d'opportunisme dans l'horreur, il est déjà trop tard pour faire demi-tour.
Tout est ainsi cousu de fil blanc. On les voit tellement, cette petite famille américaine (Mackenzie Davis et Scoot McNairy), tomber dans le piège tendu par cette autre famille (James McAvoy et Aisling Franciosi)... Ça n'a aucun intérêt. On sait exactement ce qui va se passer, aussi on se concentre sur tout ce qui cloche et c'est loin d'être anecdotique. Ce schéma "situation extraordinaire comportant un comportement parfaitement débile" se répète à l'infini. Le curseur du grotesque est poussé un peu plus loin ici, notamment par l'entremise du cabotinage soutenu de McAvoy (y'a du pour, y'a du contre), mais en tous cas on n'y croit pas un instant à cette rencontre, cette promesse d'un séjour idyllique... Le pire étant bien sûr la tentative de créer un tissu psychologique cohérent : l'emprise est très mal écrite et mise en scène, au même titre que la réaction des proies (l'exemple de la peluche pour laquelle on se remet dans la gueule du loup est symptomatique) — oui parce qu'il y a tout un symbolisme autour du prédateur et du chasseur. Mais y'a rien qui colle là-dedans, pour un happy end très convenu, à tel point que le fameux "because you let me" perd son sens. Très mal ficelée cette façon d'introduire du cringe et très mal fagotée cette différence culturelle (grosso modo chasseur survivaliste brutal hypersexué contre bourgeois urbain propre frustré).
Le Vieil Homme et la Mer (1958)
The Old Man and the Sea
1 h 27 min. Sortie : 7 octobre 1958 (États-Unis). Drame, Aventure
Film de John Sturges
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Moment extrêmement pénible, et en ce sens fidèle au roman d'Hemingway, que le visionnage de cette adaptation dirigée par John Sturges (après l'éviction de Fred Zinnemann) dont ce dernier ne pensait pas énormément de bien. C'est simple, tout est raté dans "The Old Man and the Sea" — à la différence du court-métrage d'animation d’Aleksandr Petrov ! Le style est plat et répétitif comme le roman, l'amitié entre l'enfant mignon et le vieux pêcheur bougon totalement factice, le décor de port cubain en carton (au même titre que l'espadon capturé, les toiles peintes, et la fausse mer), la narration épouvantable avec ce choix de voix off pour coller au texte original et décrire absolument tout ce qui se passe dans la tête du protagoniste (tout sauf du cinéma quoi)... Dans ces conditions, le rêve du pêcheur est parfaitement inaccessible. Le duel entre l'homme et le poisson paraît complètement dévitalisé et vain, creux aussi, et au final le récit sur l'orgueil du vieil homme ne parvient même pas à trouver un support sur lequel vivre. C'est vraiment du cinéma hors sol, qui tente quelques accélérations (avec des images de requins harponnés, génial ahem), et qui ne sait vraiment pas que faire de son interprète principal et presque unique, Spencer Tracy (vieillissant et franchement pas très inspiré pour le coup). Mais honnêtement, 1h30 sur une barque avec ce vieux perdu dans ses pensées et son combat contre l'animal, sur fond de carton défraîchi, on n'est pas loin du supplice. Et je trouve cette histoire de dignité (censée être) retrouvée toujours aussi stérile et peu convaincante.
À armes égales (1982)
The Challenge
1 h 50 min. Sortie : 1 septembre 1982 (France). Action, Aventure
Film de John Frankenheimer
Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Il était donc possible de faire pire que "Black Rain" de Ridley Scott sur le thème de la civilisation japonaise percée à jour par un Américain devant puiser dans ses ressources pour accéder à l'humilité nécessaire... D'un côté on perd Michael Douglas pour cette saucisse en chef de Scott Glenn, mais de l'autre on fait tout de même rentrer dans le champ le maestro Toshiro Mifune, on aurait pu penser que le film ne pouvait pas atteindre un niveau trop bas. Grossière erreur. "The Challenge" est un maxi gloubiboulga indigeste et indigent, réalisé par John Frankenheimer à une période décidément bien peu faste de sa carrière (plutôt l'époque du très mauvais "Dead Bang" que de "Seconds", pour le dire simplement), qui mélange absolument tous les ingrédients qui lui passent sous la main comme un enfant capricieux. Du suspense, de la comédie, de l'action. Du chanbara et de l'art martiaux. Des katanas et des mitraillettes. Non vraiment cela ne fait aucun sens, encapsulé dans la laideur esthétique de sa décennie (tout y passe, fringues, coiffures, chorégraphies), sur fond d'histoire d'honneur et de tragédie familiale — deux sabres d'importance capitale transitent entre États-Unis et Japon, sur fond d'opposition fratricide entre deux hommes que tout oppose, bien grossièrement, l'un est un méchant gangster capitaliste expansif et l'autre un gentil samouraï traditionnel taciturne. Le clash des cultures proposé par l'arrivée de Scott Glenn dans le paysage japonais capturé dans tout son exotisme de supermarché est d'un ridicule incroyable, on a vraiment droit à tous les clichés sur l'incompréhension de l'altérité, sur l'apprentissage en mode "Jackie Chan fait ses classes dans le jardin japonais", avec le dernier quart d'heure donné comme friandise à tous ceux qui attendaient de l'action et du Mifune — la séquence infiltration à l'arc avec les gardes qui tombent les uns après les autres est collector. Un contre cent, aucun problème. Je n'aurais jamais songé voir un jour dans ma vie Mifune dans un navet à la Chuck Norris.
Les Spécialistes (1985)
1 h 32 min. Sortie : 13 mars 1985 (France). Action, Policier
Film de Patrice Leconte
Morrinson a mis 2/10.
Annotation :
Buddy movie mâtiné de caper et d'action à la française dans un style aussi naze qu'improbable venant de Patrice Leconte — à une époque où il réalisait par exemple "Tandem". C'est un peu le versant sérieux de "Viens chez moi, j'habite chez une copine", dans lequel Michel Blanc a été échangé avec Gérard Lanvin, et Bernard Giraudeau toujours au milieu dans un rôle de protagoniste qui a désespérément mal beaucoup vieilli. Ah que ce film de flic déguisé en malfrat est pourri, avec ses scènes d'action absolument débiles et mal foutues, la cavale des deux gus étant un concentré de n'importe quoi. La psychologie des personnages est d'une connerie abyssale, il n'y a aucun sens dans leur comportement, et au milieu il y a Christiane Jean qui débarque dans le champ, présentée comme "un élément imprévu" histoire d'ajouter un peu plus d'entropie à ce non-sens généralisé. Une fois ce tableau de base bien pérave posé, voilà que "Les Spécialistes" se lance dans un film de casse... On pensait être préparé à tout avec le début, mais Leconte franchit un nouveau cap en proposant la composante caper du ridicule, avec une sorte de proto "Mission: Impossible" vraiment hilarant avec ses petits gadgets et ses fausses bonnes idées en carton, le genre de trucs qui font passer le casse du statut d'impossible à celui de tout à fait faisable... Bref, le casse de ce casino niçois censé être inviolable est tout aussi passionnant que le reste. Dans le tas, Maurice Barrier joue un flic commandant dans l'ombre l'opération des gus, avec des motivations franchement stupides, histoire de compléter encore un peu plus la toile d'un film tout ce qu'il y a de plus sérieux, et pourtant à mourir de rire.
Heaven's Burning (1997)
1 h 36 min. Sortie : 1997 (Australie). Action, Drame, Romance
Film de Craig Lahiff
Morrinson a mis 2/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Un road trip australien particulièrement inutile qui ne nous sort de sa constante léthargie que pour ses accès d'humour involontaires. Russell Crowe d'avant sa consécration ("Gladiator" en 2000) avec des rouflaquettes ridicules. Une Japonaise interprétée par Youki Kudoh qui cherche à fuir son mari, passant du statut de femme mariée, timide et soumise à celui de femme indépendante, amoureuse et exubérante au seul contact de cet homme beau et fort. Des Afghans très méchants, la preuve, ils dépècent une bête à mains nues, et tortionnaires, particulièrement créatifs en matière de torture (enfin ça c'est la théorie, car en réalité on n'aura droit qu'à deux clous façon début de crucifixion). Des flics dans les parages, qui vont et viennent au gré d'un scénario inexistant. Un braquage de banque parmi les plus grotesques. Et un final aux velléités dramatiques qui clôt "Heaven's Burning" sur une note franchement risible.
C'est le dernier film de Russell Crowe dans une production australienne qui fera une pause états-unienne de près de 20 ans, et on peut comprendre qu'il ait voulu s'enfuir loin du tournage de ce film dans lequel son rôle de chauffeur censé être méga talentueux ne sert absolument à rien. Juste un type aux allures de semi-justicier qui sauve une femme innocente des flingues de bad guys et qui se met en fuite, pourchassé par une brochette de caricatures. Le film ne boxe pas dans la même catégorie que les plus mauvais Guy Ritchie, il est beaucoup moins clinquant et sûr de lui, mais il n'en reste pas moins inconsistant, vain, et passablement ridicule.