Albums 2020

Annotation :

Passé maître dans l'art de l'album collaboratif, Freddie Gibbs fait une petite infidélité à Madlib pour s'associer avec un autre hall of famer de la production hip-hop: The Alchemist.
Moins dans l'alternatif et plus proche du boom-bap pur jus, l'ambiance se veut fumeuse et crapuleuse où Freddo peut dégainer un flow mitraillette imparable. La fusion des deux talents fonctionne parfaitement et l'on passe du morceau street au chill planant sur sample sans rechigner. Une durée courte pour ne pas lasser qui plus est et l'on tient une très bonne galette de rap dans un style où Gibbs devient sans nul doute la principale gâchette.

Annotation :

Il fallait bien ces trois ans pour digérer le fleuve mais non moins passionnant The Ooz et permettre à son génial créateur King Krule de retrouver l'inspiration tout en continuant à se construire personnellement.
Lui le désabusé de l'ombre, la voix d'outre-tombe sous basses, a connu les joies de la paternité pour la première fois durant l'enregistrement de ce "Man Alive!", un disque en clair-obscur où la déprime lancinante laisse parfois place à un peu d'espoir et des mélodies plus légères. Une ouverture aussi bien sentie que la durée (45 minutes) bien plus acceptable que son prédécesseur - quasiment le double. Les moments de grâce sont peut être moins nombreux mais l'on gagne en intensité et l'on retrouve toujours ce style inimitable, entre rock, trip-hop et jazz fumeux que lui seul peut créer sans jamais se mélanger les pinceaux. Une nouvelle franche réussite.

Annotation :

Le timing n'aurait pas pu être plus juste, l'impact n'aurait pas pu être plus grand. En sortant le quatrième volet des aventures de Run the Jewels en pleine affaire George Floyd, Killer Mike et El-P se font les portes-paroles musicaux d'une insurrection latente. Toujours plus fort dans les propos, toujours plus électrique dans l'ambiance (on se rapproche du rock sur la fin de parcours et la présence de Josh Homme et du pote Zach de la Rocha en sont des exemples), le duo marque par sa précision et sa justesse derrière la relative violence. Ça sent le souffre, l'urgence est réelle, le rythme infernal et les uppercuts s'enchainent à la vitesse de la lumière. Les deux garçons sont en pleine possession de leurs moyens et signent une véritable réussite à l'écho forcément décuplé. Nécessaire.

Annotation :

On peut baigner dans le milieu depuis 25 ans et toujours être frais. Roisin Murphy vient le prouver avec une cure de jouvence collective qui ne peut faire que du bien en des temps troubles. Un disque calibré dancefloor, balayant l'électro dans toute sa largeur. Aidée de Dj Parrot, pensionnaire émérite de chez Warp, l'irlandaise joue la carte filtres disco, basses trip-hop et synthé pop avec une grâce folle et enchaine les morceaux imparables une heure durant. Un véritable plaisir.

Annotation :

Man on the Moon. Titre indissociable de Kid Cudi, gravé en lettres d'or comme un game changer, ouvrant une porte pour toute la génération actuelle dans ce que l'on peut vulgairement décrire comme l'emo-rap. Voici que dix ans après, le garçon décide de clore ENFIN sa trilogie avec le dernier volet des MOTM.
Et preuve de l'impact des deux premiers chapitres, le public répond présent comme par magie avec sa meilleure première semaine de ventes (150.000) alors que ce dernier avait plutôt boudé les différents autres projets, pas toujours facile d'accès ou réussi, il faut bien l'avouer.
Là aussi la magie opère puisque l'on retrouve le Cudi cosmique de la série, totalement en maîtrise et à son aise dans cet univers si unique et particulier, parfaitement mis en musique par les copains de jadis, Dot Da Genius, Émile Haynie et Mike Dean.
Si l'on pense forcément à l'Astroworld de Travis Scott pour la partie la plus rap - l'influence respective des deux hommes crève les yeux -, c'est bien la singularité du natif de Cleveland qui est présente sur la seconde partie, plus pop et chantée. L'équilibre entre les deux est total, le kif' aussi. S'il ne peut décemment pas prétendre atteindre le niveau du MOTM premier du nom, classique des classiques, il dépasse par contre le seconde, par ses highlights plus marquants. Un retour en grâce qui fait veritablement plaisir.

Annotation :

L'insaisissable mais non moins dénué de talent Yves Tumor n'en a pas fini de ses expérimentations musicales. En perpétuelle recherche, l'artiste de chez Warp signe un nouveau disque certes décousu dans sa conception mais de qualité.
On pense à Toro y Moi ou Blood Orange dans les productions DIY indie-soul auquel il ajoute une pincée rock bienvenue, donnant un relief particulièrement rythmé et un angle original. Parfois irrégulier mais véritablement attachant.

Annotation :

Revenu sous la jaquette de Caribou, le champion du bidouillage Dan Snaith signe son disque le plus facile d'accès sans pour autant perdre en qualité. Avec son bagage électronique, il n'hésite pas à aller se frotter à des styles jusqu'ici vierges dans son CV, rap (Sunny's Time), R&B futuriste (New Jade) ou soulful (Home) sonnant plus pop que jamais sans que le terme ne soit ici galvaudé. Un véritable tour de force sous échantillonnages et synthés distordus où il n'oublie évidemment pas ses racines musicales sur l'imparable Never Come Back par exemple. A la fois lumineux et mélancolique, d'une homogénéité sans faille, d'une efficacité redoutable "Suddenly" est un retour plus que réussi du canadien à la voix fluette.

Annotation :

Arrivée avec fracas sur l'enchainement de sorties G.O.O.D Music en 2018, 070 Shake avait marqué les esprits avec un style aussi détonnant que particulier. Un premier bon point pour se démarquer.
La suite logique est ce premier disque, sur le label de Kanye évidemment, histoire de finir les présentations comme il se doit.
Sans featuring, ni pontes de la production - si ce n'est Mike Dean venu mettre quelques gros coups de TR-808 - mais aidée par Mike Hamelin, plus habitué aux joutes de l'indie rock, la jeune artiste dévoile un univers musical pour le moins original.
On pense évidemment à un ancien de la maison, Kid Cudi, dont les influences cosmo-rap se font largement ressentir et auxquels elle ajoute un cocktail pop très bien dosé. Aérien, rempli de spleen sans verser dans le pathos ultime, "Modus Vivendi" est une très bonne porte d'entrée vers un monde qui ne demande qu'à être encore plus exploité par la suite. Très très prometteur.

Annotation :

On le pressentait et on n'a pas été déçu. Artistiquement singulier dans le paysage du rap hexagonal, Laylow a su confirmer tous les espoirs placés en lui avec ce Trinity, construit sur un modèle cinématographique. Avec un fil rouge d'interludes à la Matrix/Her, le projet est un modèle d'homogénéité, rare pour être souligné dans un genre privilegiant de plus en plus l'aspect playlist.
Si on sent beaucoup les influences d'un Travis Scott et d'un Kanye période Yeezus (Megatron, copie calque de Black Skninhead), elles sont toujours utilisées à bon escient et viennent créer une atmosphère particulièrement sombre à base de basses saturées sur laquelle le toulousain et ses invités - Alpha Wann, Jok'air, S-Pri Noir, Lomepal et Wit., tous au niveau - s'en donnent à cœur joie.
Une réussite de bout en bout qui fera date.

Annotation :

Peu dire qu'Alexandra Savior sait savamment s'entourer. Après James Ford et Alex Turner pour son premier disque en 2017, elle signe sur le label de Danger Mouse pour le second, accompagné par Sam Cohen à la production. On a connu pire.
Sans surprise, les influences de chacun sont bien présentes avec une espèce de rock satiné de pop baroque qui renvoie au "TBH&C" des Arctic Monkeys auquel on ajoute le soul-blues organique si cher à Burton. Mais c'est bien grâce à son propre talent que la chanteuse originaire de Portland tire son épingle du jeu, quelque part entre le flegme de Lana del Rey et un timbre très 60's avec lequel elle minaude malicieusement et qui colle parfaitement à l'ambiance.
Rien de réinventé ici mais impossible de bouder son plaisir face à ce travaillé très bon disque qui saura toucher les fans du genre. Un poil plus long n'aurait pas été de trop.

Annotation :

En signant chez le prestigieux label Deutsche Grammophon, Agnès Obel fait encore un peu plus le pont construit par ses soins entre indie-pop et musique classique. Penchant clairement plus vers la seconde ici,
la danoise joue de sa voix et des instruments avec des distorsions dans tous les sens sur des compositions d'orfèvres. Tout est évidemment beau, épuré, maitrisé et une espèce de fragilité se dégage de l'ensemble dans un numéro d'équilibriste parfaitement joué.

Annotation :

Artiste atypique, activiste et expérimentale, Fiona Apple regroupe toutes les qualités qui font d'elle une des chouchoutes des critiques depuis ses débuts au coeur des 90's.
Ce dernier album va même encore plus loin puisqu'il a attiré l'attention d'un public un peu plus vaste par le concours de la sacro-sainte note de 10 attribué par le webzine Pitchfork, paradis du net pour auditeurs branchés - la première note maximale pour une artiste féminine solo.
Et difficile de passer à côté des nombreuses qualités de "Fetch the Bolt Cutters", véritable musée musical de art-pop, feu d'artifice d'instrumentalisations et de bonnes idéees. Difficile aussi de tous les encaisser d'un coup et de rester accroché tout du long de l'écoute. Les qualités sont évidentes, ce petit défaut aussi.

Annotation :

Aisément dans le top 5 des noms marquants de la précédente décennie musicale, il n'aura fallu que trois albums à l'entité Tame Impala pour devenir une référence ultime de l'indé. Partant du rock pysché sur Lonerism et Innerspeaker pour épouser ensuite la musique électronique sur Currents, explosant aux yeux du monde entier, Kevin Parker devenait ainsi bankable et l'un des producteurs les plus demandés de la planète.
Ce nouveau statut chronophage repoussait sans cesse un quatrième disque ultra-attendu voire fantasmé par des fans de plus en plus nombreux. Forcément devant tant d'impatience, la pression se veut plus intense pour ne pas décevoir l'audience.
Confirmant le virage pris par le prédécesseur, The Slow Rush fait la part belle aux nappes de synthés planantes aux détriments des guitares saturées quasi inexistantes ici. L'australien est sans surprise plus perfectionniste que jamais et cherche à être l'élève parfait, quitte à perdre en fraicheur et spontanéité. Tout est calculé au centimètre près, rien ne dépasse et si l'on peut saluer le tour de force et la maitrise totale, on peut tout autant regretter l'absence de folie, atout majeur dans un passé pas si lointain. Pour la première fois, on peut se surprendre parfois à sortir de l'écoute tant tout est interchangeable et linéaire, même si, il faut le reconnaître, les passages épiques sont encore légions et des titres imparables font leur effet (Is It True, Borderline, It Might Be Time).
Une dualité s'installe durant l'heure entre le talent, indéniable, et le potentiel illimité ici trop peu exploité, entre l'admiration et la mini-déception en quelque sorte.
Le petit génie qui se repose sur ses acquis.

Annotation :

Alors qu'il annonçait il y a de cela quelques mois ne pas être certain de continuer bien loin avec son sobriquet musical Childish Gambino, c'est peu dire que de retrouver sur un site internet temporaire un album en écoute infinie a eu de quoi surprendre. Insaisissable comme il est, Donald Glover prenait un malin plaisir de le supprimer avant de le rendre disponible sur toutes les plateformes de streaming sous le très sobre nom "3.15.20". Vrai projet ou petite surprise pour les fans, quoiqu'il en soit, on prend évidemment. Suffit de se rappeler la folie qu'était "Awaken, My Love!", son prédécesseur, pour être sinon impatient, au moins curieux.
Moins funky, moins fou, ce petit dernier n'en demeure pas moins une nouvelle source de trouvailles originales, naviguant entre R&B, soul un peu hybride et fond de hip-hop. Toujours aidé par son compère Ludwig Goransson, Childish trouve aussi un renfort de poids avec DJ Dahi qui s'invite à la production. Si il n'évite pas quelques longueurs, cet opus a aussi ses grands moments, avec 12.30 en compagnie de 21 Savage ou le très positif 19.10. Ah oui, les morceaux n'ont pas de titres, se référant alors à leur début dans le timer. Une autre excentricité pour un artiste de plus en plus complet et fascinant, maitrisant maintenant sa musicalité qui vient compléter un CV XXL au côté de sa série plébiscitée Atlanta et son statut de star en devenir au cinéma. Facile.

Annotation :

Révélation il y a deux ans avec Isolation, Kali Uchis revient aux affaires avec Sin Miedo pour confirmer tout le bien entrevu. Pas de mauvaise surprise, pour raccourcir on pourrait même dire que ce nouveau disque est une version espagnole du précédente puisqu'enregistré dans l'autre langue naturelle de l'americano-colombienne. On retrouve en effet les mêmes ingredients, tout le talent et le charme de son interprète, totalement dans son élément entre r&b alternatif, pop indé et musique latine traditionnelle ou contemporaine.
Un pot pourri en tour de force condensé sur une demie-heure pour une artiste réellement fascinante par sa faculté d'adaptation à toute type d'ambiance et à qui il ne manque que la petite étincelle pour passer du disque très sympa à l'explosion totale. En futur popstar underground ? On lui souhaite.

Annotation :

Adepte de la pop Do It Yourself, Caroline Rose signe ici son album le plus abouti.
Doté d'un sens de la mélodie imparable, Superstar enchaine les bons moments avec une facilité déconcertante.
Sans chichi, allant à l'essentiel, tous les ingrédients du très bon disque indie-pop sont réunis et à l'artiste de passer un réel cap.

Annotation :

On ne se refait jamais vraiment. Oui, les évolutions musicales et artistiques sautent tout de suite à la tronche, l'incorporation d'une ambiance plus pop chatoyante sur certains morceaux est la bienvenue et apporte une fraicheur nouvelle (On the Floor en tête, imparable). Mais Mike Hadreas reste un amoureux transit de la mélancolie, jusqu'à l'excès parfois. Et son naturel revient au galop sur la seconde partie de ce disque, solide au préalable. Plus lancinant, on touche le sublime (One More Try) mais on retombe aussi dans les travers sur des compositions déjà vues et parfois trop mornes. Ca n'enlève rien à la qualité globale de l'album mais tue un peu la très surprise de l'acte d'entrée.

Annotation :

Parti bien trop prématurément quelques mois après la parution de "Swimming", Mac Miller laisse derrière lui un goût d'inachevé tant il paraissait avoir enfin trouvé sa voix artistique, à défaut de sa paix intérieure.
Ce rap soulful désabusé mettait en évidence ses textes mi dépressifs mi cynique mais si fins qui lui servaient de thérapie finalement.
Pour clore le chapitre, "Circles", projet travaillé en grande partie en parallèle de son précédent disque, vient s'en faire la réponse et l'écho final des expiations d'un homme trop fragile.
Bossé en binôme avec Jon Brion, il est donc logique de retrouver le producteur à chapeauter l'entièreté de l'opus et de le peaufiner après la disparition du rappeur.
Sans surprise le boulot est très bien fait et la mise en musique vient rendre un joli dernier hommage au défunt. L'alchimie entre les deux fonctionne et Brion d'apporter une touche finale au linceul avec beaucoup de pudeur et un travail instrumental aussi minimaliste que particulièrement touchant au vu des circonstances. Si le grain de folie propre à son auteur manque par moment, donnant le sentiment d'une écoute trop linéaire, difficile de ne pas apprécier comme il se doit ce joli album.

Annotation :

Pas le temps de niaiser pour Fontaines D.C qui enchaîne déjà avec son second album histoire d'en remettre un coup, à peine l'acclamé premier digéré.
Pas de fioriture, du rock, du punk, très carré, super concis et surtout super efficace. Le tout tient parfaitement la route, le groupe ne réinvente certes rien mais maîtrise parfaitement ce qu'il fait et c'est déjà bien suffisant comme ça.

Annotation :

Qu'est-ce qu'être punk en 2020 ? Le groupe britannique Working Men's Club en donne peut être la meilleure définition. Une énergie folle à revendre, des paroles scandées, de la guitare et du style. Jusqu'ici, rien de nouveau sous le soleil.
Mais en y ajoutant une touche de New wave à bases de grosses basses et synthés voire d'electro et le concept part sur une mise à jour qui mène même sur le dancefloor (l'imparable Teeth). Tout n'est pas encore parfait mais la base est déjà ultra alléchante pour un premier disque qui vaut vraiment le coup d'oeil.

Annotation :

Vite montés en sauce comme la nouvelle sensation british, les hurluberlus de HMLTD ont préféré se faire attendre, quitte à quelque peu calmer la hype, avant de sortir leur premier disque.
Un album en forme de grand barnum circus où l'on retrouve toute leur excentricité musicale, partant du rock pour aller se greffer sur des airs synthpop eighties, punk new-wave ou tout simplement pop sucré. Difficile à cerner, totalement déroutant, un peu arrogant, toujours au bord du trop-plein et pourtant, le groupe retombe à chaque fois sur ses pattes, laissant l'impression de maitriser finalement ce joyeux bordel tout en réussissant à instiller leurs mélodies en tête. Ce qu'on appelle plus communément un pari relevé haut la main.

Annotation :

Le bon vieux Baxter Dury donne une demie-heure de son temps pour déclamer deux, trois choses qui lui tiennent à coeur avec sa gouaille si singulière. Dans un style purement "Gainsbourien" il se laisse aller tranquillement sur des compositions vaguement rock, vaguement baroque, au gré d'une énorme ligne de basse, d'un violon ou d'un peu de saxo, c'est selon. Ça ne manque pas de style et l'on prend un vrai plaisir à écouter ce "The Night Chancers" sans prétention certes mais qui ne manque certainement pas de qualité.

Annotation :

Le ténébreux Benjamin Biolay a-t-il fini par trouver la lumière ?
Influencé par la britpop des 90's, B.B se mue en dandy flegmatique, échange son spleen habituel pour des refrains catchy et un sens de la mélodie implacable. Le plus fort, c'est que ça ne sonne jamais forcé et on se demande même pourquoi l'exercice n'a pas été abordé plus tôt dans sa discographie. Un album qui ne devrait pas peiner à se trouver un écho public important.

Annotation :

Nas a-t-il enfin réussi à bien vieillir ? Le vénérable rappeur new-yorkais n'a jamais eu une discographie à la hauteur de son immense talent et a vu ses directions artistiques douteuses lui mettre trop souvent des bâtons dans les roues. En confiant cette fois-ci le projet dans son intégralité à un seul producteur, il signe pour une véritable homogénéité et une qualité sonore assurée puisqu'il s'agit de Hit-Boy aux manettes. L'alchimie entre les deux artistes est réelle, le positivisme et l'écriture de l'auteur d'Illmatic trouvant un écueil confort dans les beats gonflés instrumentalement. Court mais concis, appuyé par des artistes de toutes génération (les nouveaux Don Tolliver ou Lil Durk sur la même tracklist que The Firm, ça fait quelque chose), King's Disease est une bonne surprise et une nouvelle preuve qu'il n'y pas forcément de date de péremption pour un rappeur.

Annotation :

Comme à son habitude, le trio texan use de ses multiples influences rock, soul ou funk pour proposer un patchwork musical riche en couleurs au travers d'un prisme psychédélique toujours plus hypnotique. Le résultat est au rendez vous et le voyage vaut le détour.

Annotation :

Le vénérable James Hunter continue de remonter le temps à bord de sa capsule rhythm&blues afin d'offrir un revival des 60's/70's encore une fois savoureux.
L'ancien ouvrier blanc-bec accompagné de son band se font plaisir et nous font plaisir avec une nouvelle collection de compositions renvoyant directement à des icônes du genre tels que Sam Cooke ou Ray Charles, excusez du peu. On peut ne pas faire original mais réussir à sonner authentique.

Annotation :

Très (trop) longtemps repoussé qu'on avait fini par l'oublier, Jay Electronica s'est enfin décidé à sortir son ultra-fantasmé album après plus de dix ans d'annonce. Joie !
Aucun doute sur la qualité sonore et d'écriture, on retrouve ce à quoi on pouvait s'attendre, du rap à l'esprit soulful et conscient. Par contre, difficile d'avoir vu venir la présence de Jay-Z sur la totalité du projet, laissant l'impression, après le plaisir de le retrouver en forme, de venir en aide d'inspiration à son poulain.
Autre sentiment, celui de sortir ce disque hors-temps, où il aurait pu avoir un impact tout autre quelques années auparavant. On se plaindra pas de l'avoir enfin mais ce Written Ceremony" reste un gros "what if"

Annotation :

Jamais avare en projet collaboratif, Madlib a délaissé un peu son pote Gibbs pour s'associer cette fois avec son frère, Oh No. Attendue depuis très longtemps par leurs fans, la fusion de leurs talents respectifs ne devraient pas décevoir.
Aucune mauvaise surprise, The Professionals est pile poil là où il se devait être. Les beats lo-fi, le kickage, l'esprit rap underground, tout est réuni pendant les 45 minutes de ce disque ô combien homogène et l'alchimie des frangins fait le reste. Très plaisant.

Annotation :

Jeff Parker continue son exploration de la musique expérimentale par le prisme du jazz avec ce Suite for Max Brown, album dédié à sa génitrice.
Accompagné de son New Breed Band, l'éminent membre de Tortoise n'hésite pas ici à aller sur des terrains à rythmique hip-hop ou free jazz, s'en donnant visiblement toujours à cœur joie. A la fois carré et barré, minutieux et bordélique, le plaisir se ressent et est partagé à l'écoute.

Annotation :

Dans le fond, ce troisième opus d'Empress Of ne dénote en rien de ce qu'il se fait déjà dans la pop actuellement. Du sucre, de l'amour, du doute, une belle voix, la formule est connue.
C'est dans la forme que l'américaine tire son épingle du jeu, misant sur une musicalité plus originale que nombreuses de ses rivales. Aidée en ce sens par BJ Burton (producteur pour Bon Iver ou encore Francis & the Lights), elle trouve une véritable identité dans cette ambiance électronique un peu distordue et indie, qui se mêle parfaitement à ses melos R&B. Bonne pioche.