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Cover Federico Fellini - Commentaires

Federico Fellini - Commentaires

Cinéaste visionnaire, grand homme de spectacle, poète de la démesure, Fellini est sans doute l’une des incarnations les plus définitives de la toute-puissance de l’Auteur dans le septième art. Ample et baroque, son œuvre inscrit la destinée humaine dans une problématique à la fois sociale et ...

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19 films

créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a environ 4 ans
Les Vitelloni
7.3

Les Vitelloni (1953)

I vitelloni

1 h 43 min. Sortie : 23 avril 1954 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Fellini était alors considéré comme un représentant du néoréalisme. Tous les éléments de cette chronique semblent renvoyer à un moment-clé de sa jeunesse, comme si elle était une sorte de discours pseudo-biographique. Prisonniers de leur microcosme et incapables d’aller au-delà de leur petit monde, véritables voyageurs immobiles, les cinq protagonistes personnalisent différents versants de la médiocrité provinciale, avançant masqués, trompant leur mode tout en prétendant le mettre en scène. À partir de ces représentations, le cinéaste pointe ce qu’il y a de plus triste derrière leur oisiveté : moins le fait de mentir que de se mentir à soi-même. Parfois truculente, souvent nostalgique, pleine de vie mais non dénuée de mélancolie, l’œuvre reste très en-deçà des réussites majeures à venir.

La strada
7.6

La strada (1954)

1 h 48 min. Sortie : 11 mars 1955 (France). Drame, Road movie

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Film emblématique de la première carrière de Fellini, avec ses baladins candides, ses vies ratées et solitaires. Pour illustrer l’insensibilité et les rapports de domination qui en découlent à l’intérieur du couple, Fellini oppose la trivialité bourrue et la force brute d’Anthony Quinn en colosse de cirque à la bonté transfigurante de la fragile Giuletta Masina, muse du cinéaste, dont la simplicité naïve se fera broyer par un monde cruel, celui des restes de la misère de l’après-guerre. Je perçois très bien ce que ce voyage à la mer recèle de magie (on peut parler de néoréalisme poétique, qui métamorphose la désolation apparente), mais je ne suis pas emporté par ce sentimentalisme très souligné, que je trouve proche de la mièvrerie. Le film me semble un peu fabriqué, un peu larmoyant.

Il bidone
7.1

Il bidone (1955)

1 h 53 min. Sortie : 29 février 1956 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Ce pourrait être un opus de la "Comédie humaine". À travers les portraits de trois escrocs issus des milieux défavorisés, prolongations des parasites des "Vitelloni" qui pratiquent l’art de la simulation et du mensonge et dont la conscience va être mise à l’épreuve au fil de leurs filouteries, de plus en plus odieuses, le cinéaste se livre à une parabole cruelle et cinglante sur la l’aliénation du profit, la misère qui s’auto-génère, le manque d’éducation du peuple. De l’ironie caustique, l’étude de caractères bascule à l’amertume, en une sorte de conte moraliste sur les mécanismes du jeu de la tromperie et la face sombre de la nature humaine, et sur la façon dont le primat des valeurs matérielles a engendré un certain vide intérieur en nourrissant l’indifférence dans les relations entre les hommes.

Les Nuits de Cabiria
7.9

Les Nuits de Cabiria (1957)

Le notti di Cabiria

1 h 50 min. Sortie : 16 octobre 1957 (France). Drame

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Comme dans les deux précédents opus, Fellini définit un univers de la détresse humaine qui trouve son issue dans les pouvoirs de la grâce et de la magie. Par son goût d’un merveilleux niché dans le réel, sa structure fragmentée qui lui permet de représenter sans logique causale de mondes divers, il est le plus beau volet de ce qu’on peut considérer comme une trilogie. Cabiria, avec sa petite couette blonde et son sourire toujours pincé, est un chaton faussement lunaire, la spectatrice d’une vie qui n’est que malchance et illusion, mais dont l’aspiration à l’amour nourrit le film d’une désarmante candeur. De la ferveur d’un pèlerinage à une séance de prestidigitation en apesanteur, le récit l’enveloppe de sa bienveillance, jusqu’à un très beau final qui éclaire la tragédie d’une lumineuse espérance.

La dolce vita
7.7

La dolce vita (1960)

2 h 54 min. Sortie : 11 mai 1960 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Le strip-tease de Nadia Gray devant une jet-set désabusée, le bain d’Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi, le monstre marin, échoué sur une plage, qui semble fixer les nantis qui le découvrent à l’aube… Autant de séquences fulgurantes, de grands tableaux juxtaposés les uns sur les autres en un immense jeu de masques théâtral, une mosaïque ample, ironique, désespérée, une suite de bacchanales fatiguées et ponctuées par les flashes des paparazzi. Fellini abandonne définitivement les voies linéaires du récit au profit d’un flux poétique qui mêle le réel et le fantasme. Il filme l’air du temps en espérant comprendre la décadence d’une civilisation occidentale qui a fait de Rome la nouvelle Babylone. Lucide, féroce, pénétrante, la chronique de mœurs distille une angoisse existentielle des plus désenchantées – et Marcello-la-classe est impérial de charisme désinvolte.
Top 10 Année 1960 :
http://lc.cx/BMf

Boccace 70
6.9

Boccace 70 (1962)

Boccaccio '70

3 h 28 min. Sortie : 29 août 1962 (France). Comédie romantique, Fantastique, Sketches

Film de Vittorio De Sica, Federico Fellini, Mario Monicelli et Luchino Visconti

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Segment de "Boccace 70"
Le programme commandé aux trois cinéastes consistait en des moyens-métrages d’une demi-heure dont le thème commun est l’étude de la sexualité dans les différentes classes sociales. Aucun réalisateur n’a respecté la durée et tous ont fait dévier le sujet vers la notion plus large d’érotisme en livrant des exercices de style parfaitement reconnaissables. Dans ce qui constitue le meilleur sketch, le plus inventif et débridé, Fellini reprend la figure de vamp d’Anita Ekberg à des dimensions géantes pour mieux régler ses comptes avec le moralisme hypocrite des bien-pensants. Mené tambour battant au son de la ritournelle de Rota, le film orchestre une escalade délirante à l’onirisme désordonné et réfléchit sur la fonction de l’image en tant que dispositif stimulant le désir collectif. Féroce et jouissif.

Huit et demi
7.8

Huit et demi (1963)

Otto e mezzo

2 h 18 min. Sortie : 29 mai 1963 (France). Drame

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Si "La Dolce Vita" est l’œuvre-charnière du cinéaste, alors "8 ½" en est le point de maturation, d’autant plus paradoxal qu’il se fonde sur la poétisation d’une véritable impasse créatrice, la formalisation d’une crise artistique. Au zénith de son talent visionnaire, Fellini abolit les frontières entre son œuvre et lui, entre vie intérieure et vie extérieure, et organise une ronde tourbillonnante de fantasmes, d’angoisses, de frustrations, qui tient tout à la fois de la thérapie cathartique et de la méditation introspective. À travers une réflexion sur le cinéma et l’expérience d’un homme en conflit perpétuel avec son imagination, il choisit le rêve comme voie d’accès à ses désirs inassouvis tout en cherchant une certaine harmonie dans le chaos du réel. Par la splendeur de ses images, la puissance onirique de ses séquences, l’auto-analyse offre avant tout un spectacle soufflant, débordant de scènes aussi grandioses que la fin de celle-ci : http://lc.cx/N3H.
Top 10 Année 1963 :
http://lc.cx/Be9

Juliette des esprits
6.9

Juliette des esprits (1965)

Giulietta degli spiriti

2 h 17 min. Sortie : 22 octobre 1965 (France). Comédie, Drame

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

D’une certaine manière, ce film est le miroir féminin du précédent, et en réfléchit la complexe altérité en considérant la fiction comme une série d’images spéculaires où les personnages fonctionnent comme des doubles fantasmatiques. Traversé par des peurs répressives nés du carcan conjugal, ponctué d’échappées dans le territoire de l’enfance ou de la mythologie familiale, le film fait naître un délire décoratif aux couleurs et aux harmonies stridentes, enchaînes les visions hallucinatoires où se croisent un mage hermaphrodite, la déesse affolante d’un royaume païen de luxure, ou encore les esprits effrayants d’une bourgeoisie coincée qui maintiennent l’héroïne prisonnière de ses angoisses. Ce foisonnement baroque rappelle une évidence : lorsqu’il lâche la bride à son imaginaire, Fellini n’a aucun égal.
Top 10 Année 1965 :
http://lc.cx/B2n

Toby Dammit
7.5

Toby Dammit (1968)

43 min. Sortie : 12 juin 1968 (France). Drame, Fantastique, Épouvante-Horreur

Moyen-métrage de Federico Fellini

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Segment de "Histoires Extraordinaires"
Adapter à l’écran le "long et raisonné dérèglement de tous les sens" d’Edgar Poe revient évidemment pour Fellini à faire œuvre de créateur authentique. Sur fond de crépuscule et d’eaux mortes tournoient ses zombies privilégiés, une faune exubérante placée sous le signe d’un vitriol goyaesque. Miasmes, vapeurs nauséeuses, touffeurs pestilentielles baignent une gamme tourmentée qui culmine avec le visage violet de Terence Stamp, Christ-beatnik d’épouvante et de dérision, avant que s’installe la tentation du saut définitif, seule issue possible au terme d’une course nocturne à travers un paysage halluciné. Brillant exercice de style donc, mais aussi mise à nu d’une réalité d’outre-tombe, d’où émergent la démence de l’alcool, la déchéance de l’artiste en marge, et le sourire inquiétant du diable en petite fille.

Satyricon
6.8

Satyricon (1969)

2 h 08 min. Sortie : 19 décembre 1969 (France). Drame, Fantastique, Péplum

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

L’évolution du cinéaste semble alors suivre une logique presque mégalomane : l’ampleur fantasmagorique de ses visions se nourrit d’une démesure hallucinatoire de plus en plus prononcée. L’absence quasi-totale de fil narratif et le climat de décadence mortuaire et grotesque qui règne sur ses tableaux d’apocalypse imposent un malaise et une fascination rares, en une suite de scènes sidérantes. Anti-péplum qui ressuscite le monde disparu au travers d’images atrophiées, de vestiges du passé, d’espaces oniriques, de couleurs saturées, le film provoque une sorte d’apothéose figurative. Du séisme écrasant la grande cité sous ses propres murs jusqu’au rapt de la divinité hermaphrodite, vénérée par une ahurissante ménagerie humaine, on assiste au miroir déformant et à la décomposition d’une civilisation en crise qui se dévore elle-même.
Top 10 Année 1969 :
http://lc.cx/2iy

Les Clowns
6.8

Les Clowns (1970)

I Clowns

1 h 32 min. Sortie : 10 mars 1971 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Où sont passées les figures du clown blanc et de l’auguste, ces êtres grimaciers aussi grotesques qu’inquiétants qui ont peuplé les rêves de l’enfant Fellini ? L’auteur part à leur recherche, dans un documentaire qui part du réel pour s’achever, évidemment, dans la fantasmagorie éveillée. Une fantaisie morbide coule sous les visages peints de ces pauvres hères vivotant dans les chapiteaux de cirque, silhouettes étranges et monstrueuse dont la folie affichée extériorise les névroses de l’âme. Assez peu aimable, parfois pénible dans ses exhibitions hystériques, l’œuvre, qui maintient malgré tout l’intérêt par sa juxtaposition de reportages, de fiction et d’entretiens, est comme un requiem sur l’inévitable agonie des illusions – voir à cet égard les grinçantes funérailles qui le ferment.

Fellini Roma
7.5

Fellini Roma (1972)

Roma

2 h 08 min. Sortie : 17 mai 1972 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

L’hommage du cinéaste à sa ville. Une fois de plus, le film semble déborder de partout, se générer de lui-même, comme si le foisonnement culturel et social de la cité se traduisait directement sur la pellicule, comme si la fécondité poétique de Fellini trouvait sa source dans l’effervescence même de ce qu’il filme. Rome apparaît tout à la fois comme mythe, comme ville en perpétuelle transformation où les ruines gisent sous la civilisation moderne, et comme projection de l’inconscient, avec ses arrière-mondes surdimensionnés au point de devenir de véritables cauchemars. Entre faux documentaire et dérives fantasmées, l’œuvre s’offre de façon à la fois cosmopolite et cohérente, en une cascade de séquences folles (l’évaporation des fresques souterraines, le périphérique embouteillé, la ronde finale des Hell’s angels…)
Top 10 Année 1972 :
http://lc.cx/AUa

Amarcord
7.7

Amarcord (1973)

2 h 03 min. Sortie : 10 mai 1974 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

"Je me souviens" en langue romagnole. Souvenirs subsistants et perceptions déformées du passé favorisent un saisissant processus de réinvention des sensations adolescentes. Ils forment ici le terreau proustien d’une gigantesque tasse de thé où chacun peut tremper à l’envi sa madeleine. Authentique jardin secret des Hespérides, la chronique nostalgique organise les "Federico Folies" en un chapelet de croquis satiriques, de caricatures bouffonnes, de notations tendres ou chaleureuses, qui régissent les flux transitoires des expériences d’autrefois et renvoient aux premiers émois charnels, au rapport familial, à la communauté qui fut celle du réalisateur, et à l’ombre terrible du fascisme. Un paquebot illuminé passe dans la nuit, un cousin simplet est perché dans un arbre, un paon multicolore apparaît sur la neige… La magie fellinienne.
Top 10 Année 1973 :
http://lc.cx/AUH

Le Casanova de Fellini
7.2

Le Casanova de Fellini (1976)

Il Casanova di Federico Fellini

2 h 34 min. Sortie : 2 mars 1977 (France). Comédie dramatique, Biopic

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Sans doute le film le plus noir, désenchanté et pessimiste de son auteur. Le célèbre libertin y est dépeint comme un pantin sans âme, un athlète du sexe qui atteint la plénitude à la fin de sa vie, en dansant avec une poupée automate, la seule femme qu’il puisse aimer. Il est le miroir terrible d’une société vide enchaînant les parades grotesques et les démonstrations mécaniques pour se prouver qu’elle existe encore. Plus que jamais, Fellini est ce démiurge dont l’hypertrophie visuelle sert de fondement à des univers carnavalesques. Avec ses êtres grimaçants, emperruqués dans des atours bouffons, avec ses décors grandioses dont l’artificialité renvoie à la vanité des hommes, le film impose un malaise persistant, et approche au plus près cette dimension mortuaire, aussi répulsive que fascinante, qui plane sur toute l’œuvre de Fellini.
Top 10 Année 1976 :
http://lc.cx/AUF

Répétition d'orchestre
7.2

Répétition d'orchestre (1979)

Prova d'Orchestra

1 h 10 min. Sortie : 22 février 1979 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Film-enquête sur les répétitions d’un groupe de musiciens dans une chapelle romane. Le cinéaste descend de son podium, mais sans compromettre bien sûr son esthétique et sa poétique. En créant de la dissension, en interrogeant chaque interprète sur les qualités de son instrument, en établissant un lien entre celui-ci et le physique du soliste, il cherche à intéresser au spectacle du chaos quotidien, et laisse au public la liberté d’imaginer comment pourrait être un autre orchestre (une autre structure sociale) s’il adhérait à un autre fonctionnement, un autre siège d’autorité. Entreprise à moitié réussie seulement, tant l’hystérie progressive de cette utopie négative s’avère peu compatible avec la littéralité de l’allégorie politique sur la discipline, la révolte et le pouvoir de la création artistique.

La Cité des femmes
6.8

La Cité des femmes (1980)

La Città delle donne

2 h 19 min. Sortie : 5 novembre 1980 (France). Comédie, Drame

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

La femme selon Fellini est à l’image de son cinéma : multiforme, insaisissable, bouffonne, orgiaque, occupant tout le spectre qui court de la sainte à la putain. Femmes-fleurs, femmes-plantes, femmes-vampires, femmes-oiseaux si l’on voit voir ici leur exaltation. Grognasses, furies, ventrues, monstresses, pétroleuses, excitées, fessues étouffant le mâle si l’on ne veut y lire qu’un pamphlet antiféministe. En vérité le cinéaste ne délivre aucun message, son continent est plus indéchiffrable que jamais, uniquement régi par les rêveries, l’égarement, les divagations, et il convient encore de s’abandonner à la profusion, à la redondance contrôlée, aux explosions d’images, d’obsessions, d’idées, de couleurs… bref, à toute la pâte d’un artiste dont le talent désordonné flamboie sans peur de l’outrance et du mauvais goût.

Et vogue le navire...
7.3

Et vogue le navire... (1983)

E la nave va

2 h 02 min. Sortie : 4 janvier 1984 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Un paquebot de fin du monde file vers quelque rivage inconnu, avec à son bord une excentrique ménagerie humaine et animale mue par on ne sait quels buts, quelles aspirations. C’est tout le cinéma, ses personnages, son histoire, ses techniques que ce navire transporte, embarquant les cendres d’une morte, glissant somnambulique et mystérieux sur des eaux scintillantes, suivant dans une félicité ouatée son chemin de fantôme élégant avant de disparaître lui-même corps et biens. Dispensent dans l’opulence et la féérie un hommage lunaire à la magie de la création en studio, Fellini ressuscite un monde en déclin : ses divas baroques et ses artistes de perlimpinpin y voguent vers un naufrage inéluctable (celui de la société occidentale, à la veille de la guerre), avec une poésie assez unique.

Ginger et Fred
6.8

Ginger et Fred (1986)

Ginger e Fred

2 h. Sortie : 15 janvier 1986. Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Retour des icônes felliniennes (Mastroianni, Masina), vestiges dignes et vieillissants d’une société du spectacle que le cinéaste oppose de manière offensive à l’avènement de la télévision et de ses principes – la course au profit, le nivellement des talents, l’abrutissement de la culture populaire. Franchi le grand feu de joie de la satire, on retrouve le monde du vieil empereur de Cinecittà, ses nuits citadines percées de néons allégoriques et où flottent des brumes improbables, ses nains, bonimenteurs et magiciens, tous les fantômes de son cinéma marqués par une angoisse, une nostalgie prégnante, et la prise de conscience du temps qui a passé en les oubliant peu à peu : les revues populaires et les illusions du cirque ont laissé place au monde du simulacre, ce fameux assassinat du réel.

Intervista
6.9

Intervista (1987)

1 h 45 min. Sortie : 23 décembre 1987 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Il y aura toujours, chez les artistes comme Fellini, profondément enracinée et exigeante, l’envie de filmer. Et c’est de ce dont cette envie se satisfait qu’il nous parle, de l’urgence impérieuse qu’il y a à poursuivre plusieurs chimères, toutes ces choses qu’on voudrait faire et qu’on ne fera pas. Si la charge contre la télévision n’est pas très subtile, la sincérité avec laquelle l’auteur se met en scène, associe fiction et réalité en un jeu de miroirs intime et personnel, se raconte avec ses souvenirs, ses confidences, ses fantaisies, est assez touchante. Kaléidoscope tour à tour décapant et poétique, ce nouvel hommage au septième art s’incline néanmoins devant le temps du crépuscule : personne ne peut revenir du royaume des morts, le cinéma et la jeunesse sont d’une autre époque, le naufrage a eu lieu.

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