HeNri MiChAuX
* Henri Michaux était poète, écrivain, dessinateur, peintre, grand voyageur dans l'espace et en esprit, entre autres... Il semble être né par mégarde et l'existence lui fut souvent à charge. Entre lui et les choses, entre lui et les êtres : un abîme. Un abîme qui déborde d'un bric-à-brac de peurs, de ...
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créée il y a plus de 9 ans · modifiée il y a plus d’un anL'Espace du dedans (1944)
pages choisies
Sortie : 24 avril 1944. Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
* Anthologie de pages choisies par Henri Michaux, publiée en 1944, puis en 1966 sous une forme revue et augmentée. Très utile pour le découvrir en un seul volume, avant de lire ses nombreux recueils. Je le conseille vivement aux curieux de poésie.
Choix de textes extraits de "Qui je fus", "Ecuador", "Mes propriétés", "Un certain Plume", "La nuit remue", "Voyage en grande Garabagne", "Lointain intérieur", "Peintures", "Au pays de la magie", "Épreuves, exorcismes", "La vie dans les plis", "Passages", "Lecture", "Face aux verrous", "Misérable miracle", "Paix dans les brisements".
* "Je vous écris du bout du monde. Il faut que vous le sachiez. Souvent les arbres tremblent. On recueille les feuilles. Elles ont un nombre fou de nervures. Mais à quoi bon ? Plus rien entre elles et l’arbre, et nous nous dispersons gênées.
Est-ce que la vie sur terre ne pourrait pas se poursuivre sans vent ? Ou faut-il que tout tremble, toujours, toujours ?
Il y a aussi des remuements souterrains, et dans la maison comme des colères qui viendraient au-devant de vous, comme des êtres sévères qui voudraient arracher des confessions.
On ne voit rien, que ce qu’il importe si peu de voir. Rien, et cependant on tremble. Pourquoi ?" (Extrait de "Lointain intérieur").
Œuvres complètes
Tome 3
Sortie : 6 mai 2004 (France). Roman
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
* Ce volume contient : Connaissance par les gouffres. Vents et poussières. Images du monde visionnaire [Carnet de la drogue]. L'espace du dedans (Table de 1966). Les grandes épreuves de l'esprit. Parcours - Façons d'endormi, façons d'éveillé. Emergence-résurgence. En rêvant à partir de peintures énigmatiques. Moments - par la voie des rythmes. Idéogrammes en Chine. Face à ce qui se dérobe. Choix de poèmes (Table) - Saisir. Une voie pour l'insubordination. Poteaux d'angle - affrontements. Comme un ensablement... Chemins cherchés, chemins perdus, transgression. Par des traits - Fille de la montagne. Déplacements, dégagements. Critiques, hommages, déclarations (1960-1984) Textes restés inédits du vivant de Michaux. Entretien avec Robert Bréchon. Textes épars - En marge des recueils (textes écartés).
Œuvres complètes
Sortie : 11 avril 2001 (France). Poésie, Roman, Essai
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 9/10.
Annotation :
* TOME II : Ailleurs - Nous deux encore - La Vie dans les plis - Lecture de huit lithographies de Zao Wou-Ki - Passages - Veille - Textes épars (1951-1954) - Face aux verrous - Misérable miracle - Quatre cents hommes en croix - L'Infini turbulent - Vigies sur cibles - Paix dans les brisements - Critiques, hommages, déclarations (1948-1959).
« S'il veut se coucher lui-même sur le papier, et non une œuvre, et non une île de soi-même, il tranche dans sa chair et voilà... » écrivait emblématiquement Michaux dès 1926. De ses premiers écrits (1922-1926) et jusqu'à ses derniers recueils, l'œuvre de Michaux va se déplier - à travers plus de vingt livres ou recueils, un tourbillon de plaquettes, de livres illustrés et de textes dispersés -, en proie à une fragmentation éperdue qui constitue son rythme propre et peut-être aussi son « genre ». Rythme d'un corps, cœur frêle, souffle court, dont il aura fallu admettre, d'emblée, bien que sans jamais l'accepter, la limite, pour découvrir son propre illimité. Genre qui conjugue et déplace tous ceux de la « littérature » : récits, poèmes, poèmes en prose, fables, contes, confessions, journal, aphorismes, etc.
* Extraits Face aux verrous :
« Ne désespérez jamais. Faites infuser davantage. »
« Tour Eiffel, mais part à trois. »
À la suite de chaque recueil, une section « En marge » donne à lire l'ensemble des textes qui lui sont liés d'une manière ou d'une autre : fragments manuscrits inédits, textes publiés dans des revues ou des plaquettes et jamais repris, etc.
Chaque volume contient des « Textes épars » recueillis pour la première fois.
Plume (1938)
précédé de Lointain intérieur
Sortie : 23 octobre 1985 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 9/10.
Annotation :
* Un de mes recueils préférés d'Henri Michaux. Le livre se divise en deux parties : les textes dont Plume est le "héros" inadapté à un quotidien souvent absurde ou grotesque (Un homme paisible, Plume au restaurant, Plume voyage...) Et "Lointain intérieur". Avec humour, Michaux met en scène les "aventures" burlesques de Plume, personnage léger, sans épaisseur ni volonté, qui se laisse porter par les événements.
Plume est un homme dans l'embarras, toujours malmené et mal reçu, parce qu'inadapté aux exigences sociales. C'est le «coupable-né», celui qui, en toutes circonstances, «n'a pas suivi l'affaire» et se refuse à la suivre. Mythe très représentatif d'une époque où le social est particulièrement contraignant - ce qui lui donne sa dimension.
C'est peut-être le recueil où apparaît avec le plus d'ampleur le thème essentiel de l'œuvre d'Henri Michaux : le refus de la réalité quotidienne - «sa défaite : le quotidien» - et la revendication d'«autre chose». Cet autre chose souvent proposé sous la forme de situations imaginaires qui témoignent chez le poète du constant besoin d'inventer. Tantôt avec les couleurs apparemment légères de l'humour, tantôt avec celles d'une angoisse existentielle que l'humour ne parvient plus à cacher.
Poteaux d'angle (1971)
Sortie : 1971 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
* Les préceptes d'Henri Michaux s'avèrent cruels, mais salubres. Doté du libre arbitre, l'homme doit construire volontairement sa vie par des choix réfléchis. Michaux n'oublie pas que l'homme est aussi un animal :
"Le loup qui comprend l'agneau est perdu, mourra de faim, n'aura pas compris l'agneau, se sera mépris sur le loup... et presque tout lui reste à connaître sur l'être."
Quand il aborde le genre des «Pensées», Henri Michaux s'emploie à le détourner, le mettre en péril. "Les Poteaux d'angle" apparaissent comme les plus réjouissants poteaux indicateurs offerts au balisage de la raison, de la conscience et de nos comportements grégaires. Ce sont des aphorismes pour vivre à l'écart, des préceptes pour ne pas se laisser faire, des réflexions à contre-norme, des conseils qui n'ont pas de conseils à vous donner.
Un barbare en Asie (1933)
Sortie : 1933 (France). Récit
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 8/10.
Annotation :
* Carnet de voyage d'Henri Michaux au cours de son périple en Asie en 1931 : en Inde, au Ceylan, en Malaisie, en Indonésie, en Chine et au Japon. Il y décrit principalement leurs habitants et leurs cultures. Le voyageur insiste sur la musique, l'art théâtral, le langage ou la religion. Il remarque avec humour et un esprit acéré les différences culturelles existant entre les Asiatiques et les Européens. Ces derniers pourraient s'en inspirer ! Des décennies plus tard dans des préfaces, Michaux se contredira lui-même avec un aplomb identique...
Préface : "Quand je vis l'Inde, et quand je vis la Chine, pour la première fois, des peuples, sur cette terre, me parurent mériter d'être réels. Joyeux, je fonçai dans ce réel, persuadé que j'en rapportais beaucoup. Y croyais-je complètement ? Voyage réel entre deux imaginaires. Peut-être au fond de moi les observais-je comme des voyages imaginaires qui se seraient réalisés sans moi, œuvre d'"autres"."
La Vie dans les plis (1949)
Sortie : 1949 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 8/10.
Annotation :
* La séance de sac :
"Je crache sur ma vie. Je m'en désolidarise. Qui ne fait mieux que sa vie ?
Cela commença quand j'étais enfant. Il y avait un grand adulte encombrant.
Comment me venger de lui ? Je le mis dans un sac. Là je pouvais le battre à mon aise. Il criait, mais je ne l'écoutais pas. Il n'était pas intéressant.
Cette habitude de mon enfance, je l'ai sagement gardée. Les possibilités d'intervention qu'on acquiert en devenant adulte, outre qu'elles ne vont pas loin, je m'en méfiais."
Passages (1950)
Sortie : 1950 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 8/10.
Annotation :
* " Dès que j'écris, c'est pour commencer à inventer. À peine est-ce sorti, voilà que je me mets de tous côtés à lui présenter des barreaux de réalité et, ce nouvel ensemble obtenu, à lui en présenter de nouveaux encore plus réels, et ainsi, de compromis en compromis, j'arrive, eh bien j'arrive à ce que j'écris qui est de l'invention saisie à la gorge et à qui on n'a pas donné la belle existence qui lui semblait promise. C'est pourtant dans cette honnêteté tardive mais rigoureuse et par degrés, et puis plus rigoureuse encore mais toujours plus tardive que je trouve une des joies et un des supplices d'écrire. "
La nuit remue (1935)
Sortie : 1935 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 8/10.
Annotation :
* À force de regarder et d'écouter le monde, il devient mystérieux et étrange, d'une couleur inconnue avec laquelle un poète se met à composer. Est-ce que ses mots éclairent l'opacité de nos alentours ? Oui, peut-être : « Il est bien difficile de dormir. D'abord les couvertures ont toujours un poids formidable et, pour ne parler que des draps de lit, c'est comme de la tôle. » Mais pas toujours : « J'étais donc à Honfleur et je m'y ennuyais. Alors résolument j'y mis du chameau. » La nuit aidant, le réel se teinte d'une autre vérité : venez rêver avec Michaux.
* "Tout à coup, le carreau dans la chambre paisible montre une tache.
L'édredon à ce moment a un cri, un cri et un sursaut; ensuite le sang coule.
Les draps s'humectent, tout se mouille.
L'armoire s'ouvre violemment; un mort en sort et s'abat.
Certes, cela n'est pas réjouissant.
Mais c'est un plaisir que de frapper une belette.
Bien, ensuite il faut la clouer sur un piano.
Il le faut absolument.
Après on s'en va.
On peut aussi la clouer sur un vase.
Mais c'est difficile.
Le vase n'y résiste pas.
C'est difficile.
C'est dommage." (Extrait de "La nuit remue").
Ailleurs (1948)
Sortie : 1948 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 7/10.
Annotation :
* Le livre regroupe : "Voyage en Grande Garabagne", "Au pays de la Magie" et "Ici, Poddema". Ces carnets de voyages fictifs décrivent des peuples, animaux ou des flores oniriques. La grande sobriété de l'écriture contraste avec l'imagination et l'invention de Michaux. Il en résulte une impression d'étrangeté, nuancée d'humour froid.
* "J'ai vu l'eau qui se retient de couler.
Si l'eau est bien habituée, si c'est votre eau, elle ne se répand pas, quand même la carafe se casserait en quatre morceaux.
Simplement, elle attend qu'on lui en mette une autre.
Elle ne cherche pas à se répandre au-dehors.
Est-ce la forme du
Mage qui agit ?
Oui et non, apparemment non, le
Mage pouvant n'être pas au courant de la rupture de la carafe et du mal que se donne l'eau pour se maintenir sur place.
Mais il ne doit pas faire attendre l'eau pendant trop de temps, car cette attitude lui est inconfortable et pénible à garder et, sans exactement se perdre, elle pourrait s'étaler pas mal." (Extrait de "Au pays de la magie").
Épreuves, exorcismes (1946)
1940-1944
Sortie : 1946 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 7/10.
Annotation :
* "Épreuves, Exorcismes", composé de textes écrits entre 1940 et 1944, est paru en 1946. Il comporte une quarantaine de poèmes en prose, dont la taille varie pour la plupart de quelques paragraphes à quelques pages. Dans la préface du recueil, l'auteur évoque la nature de l'exorcisme que peut constituer la poésie : « La plupart des textes qui suivent sont en quelque sorte des exorcismes par ruse. Leur raison d'être : tenir en échec les puissances environnantes du monde hostile ».
* « Il serait bien extraordinaire que des milliers d'événements qui surviennent chaque année résultât une harmonie parfaite. Il y en a toujours qui ne passent pas, et qu'on garde en soi, blessants. Une des choses à faire : l'exorcisme. Toute situation est dépendance et centaines de dépendances. Il serait inouï qu'il en résultât une satisfaction sans ombre ou qu'un homme pût, si actif fut il, les combattre toutes efficacement, dans la réalité.
Une des choses à faire : l'exorcisme.
L'exorcisme, réaction en force, en attaque de bélier, est le véritable poème du prisonnier.
Dans le lieu même de la souffrance et de l'idée fixe, on introduit une exaltation telle, une si magnifique violence, unies au martèlement des mots, que le mal progressivement dissous est remplacé par une boule aérienne et démoniaque - état merveilleux !"
Mes propriétés (1929)
Sortie : 1929. Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier a mis 7/10.
Annotation :
* "Dans mes propriétés tout est plat, rien ne bouge ; et s'il y a une forme ici ou là, d'où vient donc la lumière ?
Nulle ombre.
Parfois quand j'ai le temps, j'observe, retenant ma respiration ; à l'affût ; et si je vois quelque chose émerger, je pars comme une balle et saute sur les lieux, mais la tête, car c'est le plus souvent une tête, rentre dans le marais ; je puise vivement, c'est de la boue, de la boue tout à fait ordinaire ou du sable, du sable...
Ça ne s'ouvre pas non plus sur un beau ciel.
Quoiqu'il n'y ait rien au-dessus, semble-t-il, il faut y marcher courbé comme dans un tunnel bas.
Ces propriétés sont mes seules propriétés, et j'y habite depuis mon enfance, et je puis dire que bien peu en possèdent de plus pauvres." (Extrait de "Mes propriétés").
Henri Michaux
Sortie : 1 janvier 1973 (France).
livre de René Bertele
Lionel Bonhouvrier a mis 7/10.
Annotation :
* René Bertelé rencontra Henri Michaux en 1942 à Marseille. Directeur de la section littéraire du mouvement « Jeune France », il contacta le poète pour son projet d'anthologie de la poésie française. Dès lors, leur relation ne cessera de s'enrichir. C'est à Bertelé, par exemple, que Michaux montrera ses premières aquarelles. Un privilège dont « le plus encourageant des compagnons » mesura toute la portée. Aussi, est-ce à ce confident admiratif que l'auteur dut la première monographie sur son œuvre.
Cinquième de la collection « Poètes d'aujourd'hui » après Eluard, Aragon, Max Jacob et Cocteau, le Michaux de Bertelé amènera beaucoup de lecteurs à l'auteur de Qui je fus, texte qui ouvre le « Choix de poèmes ».
Qui je fus (1927)
Sortie : 1928 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier l'a mis en envie.
Annotation :
* Ce recueil propose tous les textes du poète publiés avant 1928 et que l'auteur n'avait voulu ni rassembler ni rééditer, à l'exception de six poèmes repris dans "L'espace du dedans". L'étonnement, d'emblée, tient à cette réticence de Michaux vis à vis d'écrits où il est pourtant déjà tout entier, avec sa voix propre et toutes ses hantises.
"Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupéte jusqu'à son drâle ;
Il le pratéle et le libucque et lui baroufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse."
Préface de Bernard Noël. Éditeurs scientifiques : Raymond Bellour et Ysé Tran.
Ecuador (1929)
Sortie : 1929 (France). Récit
livre de Henri Michaux
Annotation :
* Le poète Alfredo Gangotena invite Henri Michaux à visiter son pays l'Équateur et lui offre l'hospitalité. En compagnie deux amis, ils partent de Paris pour Amsterdam, embarquent à bord d'un paquebot qui arrive en janvier 1928 à Guayaquil. Lors de ce voyage de près d'un an, où il découvre les Andes et l'Amazonie (Pérou, Brésil), Michaux tient un journal qui donnera naissance à "Ecuador", publié en 1929.
* Arrivée à Quito :
"À Quito, le 28 janvier (1928)
Je te salue quand même, pays maudit d’Équateur.
Mais tu es bien sauvage,
Région de Huygra, noire, noire, noire,
Province de Chimborazo, haute, haute, haute,
Les habitants des hauts plateaux, nombreux, sévères, étranges.
« Là-bas, voyez, Quito. »
Pourquoi me frappes-tu si fort, ô mon cœur?
Nous allons chez des amis, on nous attend.
« Quito est derrière cette montagne. »
Mais qu'y a-t-il derrière cette montagne ?
Quito est derrière cette montagne.
Mais que verrai-je derrière cette montagne ?
Et toujours ces Indiens…
Le faubourg, la gare, la banque centrale,
La place San Francisco.
Comme on tremble dans une auto.
Maintenant on est arrivé."
Nous deux encore (1948)
Sortie : 1948. Poésie
livre de Henri Michaux
Annotation :
* "La vie dans les plis" publié en 1949 contient le poème déchirant "Nous deux encore" dédié à sa femme Marie-Louise Termet, gravement brûlée dans un incendie domestique et décédée après un mois de souffrance.
Nous deux encore (début) :
"Air du feu, tu n’as pas su jouer.
Tu as jeté sur ma maison une toile noire. Qu’est-ce que cet opaque partout ? C’est l’opaque qui a bouché mon ciel. Qu’est ce que ce silence partout ? C’est le silence qui a fait taire mon chant.
L’espoir, il m’eût suffi d’un ruisselet. Mais tu as tout pris. Le son qui vibre m’a été retiré.
Tu n’as pas su jouer. Tu as attrapé les cordes. Mais tu n’as pas su jouer. Tu as tout bousillé tout de suite. Tu as cassé le violon. Tu as jeté une flamme sur la peau de soie. Pour faire un affreux marais de sang.
Son bonheur riait dans son âme. Mais c’était tout tromperie. Ça n’a pas fait long rire."
Face aux verrous (1954)
Sortie : 10 avril 1992 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier l'a mis en envie.
Annotation :
* «Qui, ayant suivi mes signes sera induit par mon exemple, à en faire lui-même selon son être et ses besoins, ira, ou je me trompe fort, à une fête, à un débrayage non encore connu, à une désincrustation, à une vie nouvelle ouverte, à une écriture inespérée, soulageante, où il pourra enfin s'exprimer loin des mots, des mots, des mots des autres.» Henri Michaux.
* Début de "Je rame" :
"J’ai maudit ton front ton ventre ta vie
J’ai maudit les rues que ta marche enfile
Les objets que ta main saisit
J’ai maudit l’intérieur de tes rêves
J’ai mis une flaque d’eau dans ton œil qui ne voit plus
Un insecte dans ton oreille que n’entend plus
Une éponge dans ton cerveau qui ne comprend plus
Je t’ai refroidi en l’âme de ton corps
Je t’ai glacé en ta vie profonde
L’air que tu respires te suffoque
L’air que tu respires à un air de cave
Est un air qui a déjà été expiré qui a été rejeté par des hyènes
Le fumier de cet air personne ne peut plus le respirer".
L'Infini turbulent (1957)
Sortie : 1990 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier l'a mis en envie.
Annotation :
* Dans "L'Infini turbulent", paru en 1957, Henri Michaux relate de façon scientifique son expérience de l'usage de la mescaline, sous contrôle médical. Il décrit l'état dans lequel il se trouve selon la dose et selon les circonstances, il explique la façon dont la réalité se trouve altérée, il parle des écrits et des dessins caractéristiques qu'il a fait sous mescaline. Bref, Michaux fait un examen objectif des effets de cette drogue sur sa propre créativité artistique, sur sa façon de voir le monde qui l'entoure et de le retranscrire par les mots ou par le dessin. Source : WIKIPEDIA.
Connaissance par les gouffres (1961)
Sortie : 1961 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Annotation :
* « Les drogues nous ennuient avec leur paradis. Qu'elles nous donnent plutôt un peu de savoir. Nous ne sommes pas un siècle à paradis. Toute drogue modifie vos appuis. L'appui que vous preniez sur vos sens, l'appui que vos sens prenaient sur le monde, l'appui que vous preniez sur votre impression générale d'être. Ils cèdent. Une vaste redistribution de la sensibilité se fait, qui rend tout bizarre, une complexe, continuelle redistribution de la sensibilité. Vous sentez moins ici, et davantage là. Où "ici" ? Où "là" ? Dans des dizaines d'"ici", dans des dizaines de "là", que vous ne connaissiez pas, que vous ne reconnaissez pas. Zones obscures qui étaient claires. Zones légères qui étaient lourdes. Ce n'est plus à vous que vous aboutissez, et la réalité, les objets même, perdant leur masse et leur raideur, cessent d'opposer une résistance sérieuse à l'omniprésente mobilité transformatrice. Des abandons paraissent, de petits (la drogue vous chatouille d'abandons), de grands aussi. Certaines s'y plaisent. Paradis, c'est-à-dire abandon. Vous subissez de multiples, de différentes invitations à lâcher... Voilà ce que les drogues fortes ont en commun et aussi que c'est toujours le cerveau qui prend les coups, qui observe ses coulisses, ses ficelles, qui joue petit et grand jeu, et qui, ensuite, prend du recul, un singulier recul. »
Les Grandes épreuves de l'esprit (1966)
et les innombrables petites
Sortie : 1966 (France). Essai, Psychologie
livre de Henri Michaux
Annotation :
* «Je voudrais dévoiler le "normal", le méconnu, l'insoupçonné, l'incroyable, l'énorme normal. L'anormal me l'a fait connaître. Ce qui se passe, le nombre prodigieux d'opérations que dans l'heure la plus détendue, le plus ordinaire des hommes accomplit, ne s'en doutant guère, n'y prêtant attention aucune, travail de routine, dont le rendement seul l'intéresse et non ses mécanismes pourtant merveilleux, bien plus que ses idées, à quoi il tient tant, si médiocres souvent, communes, indignes de l'appareil hors ligne qui les découvre et les manie. Je voudrais dévoiler les mécanismes complexes, qui font de l'homme avant tout un opérateur.»
Façons d'endormi, façons d'éveillé (1969)
Sortie : 1969 (France). Essai, Psychologie
livre de Henri Michaux
Annotation :
* « Rêves : amas de faits-divers, des petits faits-divers de la personne répétés en vrac en vitesse, faits-divers qui renvoient à d'autres faits de toute date, de faits passés où l'on trouva à redire, par quoi on fut attaqué, troublé. Rêve-réponse qui renvoie la balle. Alors pourquoi vouloir à tout prix interpréter ? Un sage arabe répond : "Un rêve non interprété ressemble à un oiseau qui plane au-dessus de la maison, sans se poser". »
Misérable miracle (1972)
La Mescaline
Sortie : 1972 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Annotation :
* Misérable miracle est le premier livre consacré par Henri Michaux à ses expériences sur les hallucinogènes. C'est surtout la relation du premier choc de la mescaline, la notation brute de sa première agression, subie comme un viol. Il y a là non pas description, mais communication au sens le plus direct, le plus physique du mot. Car en plus des états exceptionnels qu'il nous révèle et des informations qu'il nous apporte, Misérable miracle fait apparaître chez Michaux, et plus généralement dans la littérature contemporaine, un nouveau langage. Ce livre est ce qu'on pourrait appeler le «reportage» exemplaire d'une expérience psychophysiologique.
Misérable miracle
la mescaline avec quarante-huit dessins et documents manuscrits de l'auteur
Sortie : 27 mars 1987 (France).
livre de Henri Michaux
En rêvant à partir de peintures énigmatiques (1972)
Sortie : 19 octobre 2012 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier l'a mis en envie.
Annotation :
* Il est rare que le jour et la nuit soient surpris ensemble. Cela arrive et c’est alors particulièrement exemplaire. Quelle bonne, souveraine harmonie ils font alors, si toutefois le jour est calme, très calme, imprégné de mystère. Grâce au mystère, alors, la nuit sans difficulté s’unit au jour. Ils s’unissent, et tout ensemble s’accomplissent dans un grand apaisement. Mieux que des descriptions, des critiques, des éloges. ce sont là des pensées au cours libre, des rêveries suscitées par les peintures déroutantes de Magritte. Et il semble alors que c’est de la matière même de ces tableaux – poésie couchée sur toile – qu’Henri Michaux compose ces fragments oniriques.
Bras Cassé (1973)
Sortie : 1973 (France).
livre de Henri Michaux
Annotation :
* L'individu a au moins deux manières très distinctes de vivre son corps : à ces deux modes de vie s'accordent les noms de droit et de gauche. Dans le corps droit est perçue la représentation sociale, déterminante du corps visible, a contrario, le corps gauche est une manière intérieure, porté par les sensations et l'imagination. Un bras cassé, le droit, provoque une rupture dans la perception du corps, point de départ de ce texte, voyage intérieur, côté gauche.
Moments (1973)
Traversées du temps
Sortie : 1973 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Annotation :
* "Moments vient nous rappeler qu'à travers cette vaste entreprise expérimentale, la vocation poétique de l'auteur de La nuit remue s'est poursuivie, merveilleusement fidèle à elle-même. Ces longs et beaux poèmes disent tous, malgré leur diversité de ton, certains états, certains "moments" d'effusion, d'extase, de visions. Poèmes-rêveries d'après la drogue pour la plupart, il est vrai, où flotte encore parfois comme une odeur de drogue." Bulletin Gallimard n° 254, mai-juin-juillet 1973.
Face à ce qui se dérobe (1976)
Sortie : 13 janvier 1976. Essai, Psychologie
livre de Henri Michaux
Annotation :
* Ce volume contient Bras cassé, Relations avec les apparitions, Dans l'eau changeante des résonances, Survenue de la contemplation, Arrivée à Alicante et Moriturus.
Saisir (1979)
Sortie : 1979 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Annotation :
* Dans Saisir, Michaux commente sa tentative picturale en ces termes : « saisir / voulant saisir, saisir m’accapara // je n’étais plus que ça ». La poésie informe les gestes pictural et musical et ces derniers font retour sur la première.
Voyage parmi les signes et les mots : Henri Michaux nous invite à entrer dans la genèse d’une œuvre, à le suivre dans le tonique mystère de son combat contre les formes existantes. Progression de la main sur le papier : l’écriture court et multiplie trajets et tentatives. Elle appelle avec force le mouvement : élans, suspensions, pour que rien ne s’arrête ni ne se fige.
Une voie pour l'insubordination (1980)
Sortie : 18 mars 2011 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Lionel Bonhouvrier l'a mis en envie.
Annotation :
* Présentation de l'éditeur : Des témoins, il n'en manque pas, d'abord les occupants du lieu, la famille, les voisins proches ou moins proches. Des curieux ensuite. Naïfs ou incrédules, ignorants ou gens instruits, notables ou fonctionnaires pour enquête. On peut les croire plutôt que les suspecter, car ce qu'ils diront, écriront ou signeront avoir vu, rencontré ou souffert, il n'y a pas pour eux de quoi en être fiers. Imprévisible comme toujours, Henri Michaux explore dans ce volume, paru pour la première fois en 1980, le domaine interdit des phénomènes paranormaux : lévitation, possession, stigmates… Sur ces questions, sur celle de la sainteté, qui ne sont généralement abordées qu'avec un esprit partisan : crédulité ou ironie, voici le regard du poète : la lucidité vraie. Tandis que, simultanément, croissent le matérialisme le plus obtus et les plus grossières mystifications, ce volume s'affirme comme une voie pour l'insubordination.
Affrontements (1981)
Sortie : 1 septembre 1986 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Annotation :
* Ce recueil rassemble pour la première fois des textes qui ont été publiés par diverses revues, ou qui avaient paru séparément aux Éditions Fata Morgana. Un poème, Sa voix, est inédit. En rêvant à partir de peintures énigmatiques est une rêverie à partir de tableaux de Magritte. Idéogrammes en Chine est une escale dans l'écriture et la calligraphie chinoises.
Affrontements réunit des dialogues que Michaux ne considère pas comme du théâtre («Prière aux comédiens de s'abstenir»), mais comme des moments de confrontation intérieure. Une voix pour l'insubordination est écrit dans l'esprit de Connaissance par les gouffres. Comme un ensablement... est l'analyse des sensations de l'écrivain qui, à la suite d'un accident, a le pied dans le plâtre.
Le problème de l'herbier arrive à rendre inquiétant un de ces innocents albums de plantes séchées. Après est le compte rendu d'une crise organique, texte mystérieux et bouleversant, comme une annonciation de la mort.
Sa voix, En Occident le jardin d'une femme indienne et Fille de la montagne sont trois poèmes inspirés.