Les livres - 2023
[Liste en chantier, à l'occasion de mon retour sur SensCritique, après une petite parenthèse. Les commentaires sur les livres lus en début d'année viendront progressivement (si tout va bien) enrichir cette liste.]
48 livres
créee il y a environ 1 an · modifiée il y a 4 moisLe Sanatorium au croque-mort (1937)
Sanatorium pod Klepsydrą
Sortie : 2001 (France). Recueil de nouvelles
livre de Bruno Schulz
Behuliphruen a mis 8/10.
Les Anneaux de Saturne (1995)
Die Ringe des Saturn
Sortie : 1999 (France). Récit
livre de W.G. Sebald
Behuliphruen a mis 9/10.
Contes de la solitude
Kuća na osami
Sortie : mars 2006 (France). Recueil de nouvelles
livre de Ivo Andric
Behuliphruen a mis 6/10.
Annotation :
L'écriture semble soumise, chez Andric, à un certain impératif moral qui le fait renoncer aux enjolivements et aux effets de style. On serait bien en peine, chez le Prix Nobel yougoslave, de trouver la moindre trace de ce pittoresque "baroque" des Balkans, ou la moindre préfiguration de l'ironie postmoderne qui semble être à l'œuvre chez plus d'un auteur serbe contemporain. La sècheresse d'Andric est celle du moraliste, son efficacité celle du conteur. Dans le dispositif narratif qu'il déploie ici, sa position est ainsi légèrement en surplomb : l'écrivain, depuis sa maison sarajévienne, est assailli par des personnages, anonymes ou historiques, qui, en sonnant à sa porte, surgissent dans sa mémoire. L'écrivain consacre alors quelques pages à ces destinées tragiques ou ridicules, souvent pathétiques, qui dessinent aussi un portrait de la Bosnie à travers l'histoire, comme il l'a fait, avec plus de souffle, dans ses grands romans historiques que sont La Chronique de Travnik ou Le Pont sur le Drina.
Couleur du temps
Sortie : septembre 1989 (France). Nouvelle
livre de Umberto Saba
Behuliphruen a mis 7/10.
Alouette (1923)
Pacsirta
Sortie : 1923 (Hongrie). Roman
livre de Dezső Kosztolányi
Behuliphruen a mis 8/10.
Annotation :
Assurément une découverte de taille, ce Kosztolanyi, que j'inscris avec enthousiasme à mon programme de lecture 2024 (son "Cinéma muet avec battements de cœur" me fait de l'œil).
Juste après avoir lu le roman de Toulet, on pourrait s'amuser à pointer les points communs et les différences entre ces deux tableaux de la vie provinciale. Publiés à quelques années (et deux mille kilomètres) d'intervalle, ils sont empreints de la même ironie, apparemment féroce mais secrètement attendrie. Il y a une part de cruauté dans le récit de ce couple que le destin a doté d'une fille disgracieuse (et la pointe finale, lorsqu'enfin le roman ménage une place aux pensées de cette pauvre Alouette, fait soudain venir les larmes aux yeux), certes, mais aussi une infinie délicatesse, une douceur, une ironie qui n'est pas de la raillerie, mais qui résulte plutôt d'une impossibilité de trancher devant l'ingéniosité de la réalité, la singularité, tour à tour grotesque et renversante, des choses de ce monde. Je crois que le charme du roman de Kosztolanyi tient à ce que la vie y apparaît simultanément comme un insupportable fardeau et comme une plaisanterie dérisoire ; l'émotion naît précisément de cette nature indécidable de l'existence, qui oblige l'auteur à marcher sur des œufs, l'écriture à se tenir sur un fil, avec une simplicité et une économie de moyens parfaites.
(Etonnant de constater que Dezso Kosztolanyi est né dans la même ville - Subotica - que, cinquante ans plus tard, Danilo Kis (l'une de mes plus belles découvertes de cette année) : le premier est un auteur majeur de la littérature hongroise ; le second occupe une place comparable pour la littérature serbe ! Entretemps, un empire s'était effondré... On est en plein creuset multilingue de la Mitteleuropa.)
La Jeune Fille verte (1920)
Sortie : 1920 (France). Roman
livre de Paul-Jean Toulet
Behuliphruen a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
[critiqué]
Brouillard au pont de Tolbiac (13ème arrondissement) (1956)
Sortie : 1956 (France). Roman
livre de Léo Malet
Behuliphruen a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
S'il est des plus sympathiques lorsqu'il consiste à articuler deux mots d'argot parisien avec un imparfait du subjonctif, le côté "anar de droite" de Nestor Burma est certes plus désagréable quand il campe le personnage de Bélita, gitane facile qui cumule les clichés. On tâchera de l'oublier en se plongeant dans l'atmosphère qui séduit tout de suite, et en succombant aux charmes de la description topographique : la pluie et le brouillard, qui noient le XIIIe arrondissement, entre Gobelins et la zone d'Ivry, le boulevard Arago et la Seine. Avec, pour épicentre, le passage des Hautes Formes, successivement domicile de la victime, théâtre des amours de Burma et de Bélita, et scène d'un assassinat fortuit, qui aiguillera l'enquête vers la bonne voie. Mais on ne saurait réduire cet épisode des "Nouveaux mystères de Paris" à un roman d'atmosphère. Ce suintement cafardeux est dû tout autant aux rigueurs du mois de novembre qu'à la remontée des souvenirs, chez un Nestor Burma contraint de revenir, pour les besoins de l'enquête, sur un terrain familier, arpenté dans son adolescence anarchiste, lorsqu'il fréquentait le foyer végétalien de la place d'Italie. Ayant désormais installé son agence rue des Petits Champs, chaque passage de la Seine ressemble à une remontée dans le passé - et les deux rives du fleuve ressemblent aux deux rives du temps.
Ce XIIIe arrondissement étant à nouveau méconnaissable - cette fameuse rue des Hautes-Formes étant devenue, entretemps, une référence des projets de réhabilitation urbaine de la fin des années 70 - voilà qui ajoute une strate supplémentaire à cette histoire plutôt désenchantée de résurgences du passé. Burma va devoir renouer avec de vieilles connaissances de la nébuleuse anar des années 20, et réaliser, avec un peu de gêne, que bien peu sont restés fidèles à leurs idéaux de jeunesse : les uns sont devenus des capitalistes cupides ne reculant pas devant la gâchette, et lui-même a bien du mal à trouver, dans son statut de "privé" indépendant, un dernier refuge pour son idéal individualiste. Les trois victimes sont celles qui n'ont pas su solder leur passé, ni lui barrer la route aussi sûrement que Burma qui, jusqu'à ce nouveau mystère, n'y songeait plus : l'un était demeuré fidèle à ses principes, au risque de la clochardisation, un autre, inspecteur de police, restait hanté par une affaire non résolue, le dernier était revenu se venger. Fantômes funestes et dérisoires qui clignotent dans le brouillard...
Les fixeurs au Moyen Âge (2021)
Sortie : 9 septembre 2021 (France). Histoire
livre de Zrinka Stahuljak
Behuliphruen a mis 6/10.
La courte lettre pour un long adieu
Sortie : 12 mars 1986 (France). Roman
livre de Peter Handke
Behuliphruen a mis 7/10.
La Pitié dangereuse (1939)
Ungeduld des Herzens
Sortie : 1939 (France). Roman
livre de Stefan Zweig
Behuliphruen a mis 6/10.
Annotation :
Je crois, décidément, avoir un peu de mal avec Zweig, dont c'est ici le deuxième texte que je lis, après Le Monde d'hier. Deux textes qui, pour tout dissemblables qu'ils puissent être, sont après tout plutôt voisins : celui-ci étant la chronique d'une lâcheté collective ; celui-là le récit d'une lâcheté individuelle. Pour n'avoir pas su mesurer la portée de ses actions et la teneur de ses engagements, pour n'avoir pas su prendre en compte la perception de son propre comportement par les autres, Hofmiller, le jeune narrateur du récit, s'enferre peu à peu dans une situation inextricable. Il y a une sorte de myopie morale chez ce jeune soldat inexpérimenté qui accomplira ici un cruel apprentissage des lois du cœur, et fera l'expérience, bien contre son gré, de la lâcheté ordinaire. A la fois coupable et victime (pour être plus précis : coupable d'être la victime de sa pitié, de sa faiblesse de caractère), ce Hofmiller ne suscite pourtant pas grand chose d'autre qu'une compassion un peu gênée. Il est vrai que ce genre d'exploration psychologique, lorsqu'elle est, comme ici, dénuée d'ironie et légèrement surécrite, a plutôt tendance à m'ennuyer ; et j'ai lu cette "Pitié dangereuse" avec un étrange mélange d'indifférence et de plaisir - car il y a quelque chose de confortable, assurément, à se glisser dans le style fluide et accessible de Zweig. Peut-être parce que l'écriture ne semble jamais être un péril pour le Viennois. Sûr de son fait, il agence son petit théâtre psychologique comme s'il cherchait avant tout à illustrer une situation donnée, une maxime (celle des deux sortes de pitié : la "pitié molle", "impatience du cœur", et la "pitié créatrice", qui pousse à sortir de soi et se dépasser), avec l'attitude un peu affectée et sûre d'elle même du moraliste. D'où, peut-être, cette impression d'exercice appliqué, de narration très linéaire et d'écriture très explicite. C'est sans doute un chef d'œuvre du genre, mais je dois avouer que le genre en question me laisse un peu froid.
Il canzoniere (1954)
Sortie : 1954 (Italie). Poésie
livre de Umberto Saba
Behuliphruen a mis 10/10.
Annotation :
Saba me touche profondément, précisément en raison de ce qui pourrait tenir à distance de son œuvre si singulière, si isolée : à savoir une certaine complaisance dans l'art de mêler le cours d'une vie et celui de l'écriture. Le Canzoniere est ainsi une vaste autobiographie sous forme de poèmes, une grande entreprise de réécriture de soi-même (redoublée même, dans un narcissique jeu de miroir, par une "Histoire et chronique du Canzoniere", qui, à la troisième personne du singulier, relate l'écriture de cette œuvre-somme !). Dans un des poèmes du plus beau, peut-être, des recueils qui constituent le Canzoniere ("Trieste e una donna"), Saba affirme "retrouver l'infini dans l'humilité" : bel art poétique pour un poète qui, dans son siècle, occupe une place à part, à distance de l'hermétisme qui est la grande tendance de la poésie italienne du XXe siècle. Je crois qu'en effet, en matière de poésie, je suis de plus en plus sensible à une forme discursive, narrative (ce que j'aime aussi tellement, par exemple, chez Cavafy) ; et ce n'est pas la moindre force de l'œuvre de Saba que de déployer sa puissance lyrique dans une forme quasi-épique. Ce n'est pas, non plus, sa moindre singularité, que de nourrir cette épopée intime de motifs d'une grande simplicité, d'une grande quotidienneté, voilés par une douloureuse mélancolie, qui l'y attache violemment tout en l'en maintenant à distance : Trieste, naturellement, son décor de collines blanches, son petit monde de pêcheurs et de boutiquiers, la figure aimée de Lina, les oiseaux observés sur les toits, le mystère rêveur de l'enfance, la couleur d'un souvenir.
Régimes d'historicité (2003)
Présentisme et expériences du temps
Sortie : 2 avril 2015 (France). Essai, Histoire
livre de François Hartog
Behuliphruen a mis 7/10.
Le Pont de Bezons (2020)
Sortie : 20 août 2020. Roman
livre de Jean Rolin
Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
La Chartreuse de Parme (1839)
Sortie : 1839 (France). Roman
livre de Stendhal
Behuliphruen a mis 10/10.
Annotation :
[relu]
Faire l'amour (2002)
Sortie : 30 août 2002. Roman
livre de Jean-Philippe Toussaint
Behuliphruen a mis 7/10.
Le Feu follet (1931)
suivi de Adieu à Gonzague
Sortie : 1931 (France). Roman
livre de Pierre Drieu la Rochelle
Behuliphruen a mis 7/10.
Les Intellectuels au Moyen Âge (1957)
Sortie : 1 janvier 1985 (France). Culture & société, Histoire, Essai
livre de Jacques Le Goff
Behuliphruen a mis 7/10.
Le Nom de la rose (1980)
Il Nome della rosa
Sortie : 1982 (France). Roman
livre de Umberto Eco
Behuliphruen a mis 8/10.
Vente à la criée du lot 49 (1966)
The Crying of Lot 49
Sortie : 1976 (France). Roman
livre de Thomas Pynchon
Behuliphruen a mis 9/10.
La Bête dans la jungle (1903)
The Beast in the Jungle
Sortie : 1903. Roman
livre de Henry James
Behuliphruen a mis 10/10.
Annotation :
[relu]
Borgestein (2012)
Sortie : 13 février 2014 (France). Roman
livre de Sergio Bizzio
Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
La Préparation du mariage (2021)
Sortie : 4 février 2021. Récit
livre de Jean-Benoît Puech
Behuliphruen a mis 8/10.
Présence de Jordane (2002)
Sortie : 17 septembre 2002 (France). Récit
livre de Jean-Benoît Puech
Behuliphruen a mis 7/10.
Voyage autour de ma chambre (1794)
Sortie : août 1794 (France). Roman
livre de Xavier de Maistre
Behuliphruen a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Un notaire peu ordinaire
Sortie : 10 janvier 2013 (France). Roman
livre de Yves Ravey
Behuliphruen a mis 6/10.