Les poètes
"Ce sont de drôles de types qui vivent de leur plume
Ou qui ne vivent pas c'est selon la saison
Ce sont de drôles de types qui traversent la brume
Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons
Leur âme est en carafe sous les ponts de la Seine
Les sous dans ...
36 livres
créée il y a environ 13 ans · modifiée il y a plus de 8 ansLes Quatrains
Sortie : août 2008 (France). Poésie
livre de Omar Khayam
Valmy a mis 8/10.
Annotation :
18 Mai 1048 - 4 Décembre 1131 / Perse
"L'amour qui n'est pas sincère est sans valeur;
Comme un feu presque éteint, il ne réchauffe pas.
Le véritable amant, pendant des années, des mois, des nuits, des jours,
Ne goûte ni repos, ni paix, ni nourriture, ni sommeil."
Poésies complètes (1461)
Sortie : 1461 (France). Poésie
livre de François Villon
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
1431 - 1463 / France
Les Regrets (1558)
Sortie : 1558 (France). Poésie
livre de Joachim Du Bellay
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
1522 - 1 Janvier 1560 / France
Sonnets lyriques
Sortie : avril 2000 (France). Poésie
livre de Luís de Camões
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
1525 - 10 Juin 1580 / Portugal
Sonnets (1609)
(édition bilingue / traduction Robert Ellrodt)
Sortie : 1609. Poésie
livre de William Shakespeare
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
23 Avril 1564 - 23 Avril 1616 / Angleterre
Fables (1694)
Sortie : 1678 (France). Poésie
livre de Jean de La Fontaine
Valmy a mis 9/10.
Annotation :
8 Juillet 1621 - 13 Avril 1695 / France
Les femmes et le secret
"Rien ne pèse tant qu'un secret :
Le porter loin est difficile aux dames ;
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d'hommes qui sont femmes.
Pour éprouver la sienne un mari s'écria
La nuit étant près d'elle: «Ô Dieux, qu'est-ce-cela?
Je n'en puis plus, on me déchire!
Quoi? j'accouche d'un œuf ! - D'un œuf? - Oui, le voilà,
Frais et nouveau pondu. Gardez bien de le dire:
On m'appellerait poule; enfin n'en parlez pas.»
La femme, neuve sur ce cas,
Ainsi que sur mainte autre affaire,
Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire.
Mais ce serment s'évanouit
Avec les ombres de la nuit.
L'épouse, indiscrète et peu fine,
Sort du lit quand le jour fut à peine levé;
Et de courir chez sa voisine.
«Ma commère, dit-elle, un cas est arrivé;
N'en dites rien surtout, car vous me feriez battre:
Mon mari vient de pondre un œuf comme quatre.
Au nom de Dieu, gardez-vous bien
D'aller publier ce mystère.
-Vous moquez-vous? dit l'autre. Ah! vous ne savez guère
Quelle je suis. Allez, ne craignez rien.»
La femme du pondeur s'en retourne chez elle.
L'autre grille déjà de conter la nouvelle;
Elle va la répandre en plus de dix endroits;
Au lieu d'un œuf, elle en dit trois.
Ce n'est pas encor tout, car une autre commère
En dit quatre et raconte à l'oreille le fait,
Précaution peu nécessaire,
Car ce n'était plus un secret.
Comme le nombre d’œufs, grâce à la renommée,
De bouche en bouche allait croissant,
Avant la fin de la journée
Ils se montaient à plus d'un cent."
Haiku
Sortie : 1 janvier 1994 (France). Poésie
livre de Kobayashi Issa
Valmy a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
15 Juin 1763 - 5 Janvier 1828 / Japon
"Ah ! le rossignol
même en présence d’un prince
son chant est le même"
"Ah ! jour de brouillard -
pour les esprits célestes
c'est l'ennui sans doute"
Hypérion (1797)
Hyperion oder Der Eremit in Griechenland
Sortie : 25 janvier 1973 (France). Poésie, Roman
livre de Friedrich Hölderlin
Valmy a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
20 Mars 1770 - 6 Juin 1843 / Allemagne
Seul dans la splendeur
Sortie : février 2009 (France). Poésie
livre de John Keats
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
31 Octobre 1795 - 24 Février 1821 / Angleterre
Gaspard de la nuit (1842)
Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot
Sortie : 1842 (France). Poésie
livre de Aloysius Bertrand
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
20 Avril 1807 - 29 Avril 1841 / France
Les Filles du feu (1854)
Sortie : 1854 (France). Roman, Recueil de nouvelles
livre de Gérard de Nerval
Valmy a mis 9/10.
Annotation :
22 Mai 1808 - 26 Janvier 1855 / France
Feuilles d'herbe (1891)
(traduction Jacques Darras)
Leaves of Grass
Sortie : 2002 (France). Poésie
livre de Walt Whitman
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
31 Mai 1819 - 26 Mars 1892 / États-Unis
Les Fleurs du mal (1857)
Sortie : 25 juin 1857. Poésie
livre de Charles Baudelaire
Valmy a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
9 avril 1821 - 31 août 1867 / France
La musique
"La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !"
Poésies complètes
Sortie : 12 novembre 2009 (France). Poésie
livre de Emily Dickinson
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
10 Décembre 1830 - 15 Mai 1886 / États-Unis
Poésies (1899)
Sortie : 1899 (France). Poésie
livre de Stéphane Mallarmé
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
18 Mars 1842 - 9 Septembre 1898 / France
Don du poème
"Je t'apporte l'enfant d'une nuit d'Idumée !
Noire, à l'aile saignante et pâle, déplumée,
Par le verre brûlé d'aromates et d'or,
Par les carreaux glacés, hélas ! mornes encor
L'aurore se jeta sur la lampe angélique,
Palmes ! et quand elle a montré cette relique
A ce père essayant un sourire ennemi,
La solitude bleue et stérile a frémi.
Ô la berceuse, avec ta fille et l'innocence
De vos pieds froids, accueille une horrible naissance
Et ta voix rappelant viole et clavecin,
Avec le doigt fané presseras-tu le sein
Par qui coule en blancheur sibylline la femme
Pour des lèvres que l'air du vierge azur affame ?"
Poèmes saturniens (1866)
Sortie : 1866 (France). Poésie
livre de Paul Verlaine
Valmy a mis 9/10.
Annotation :
30 Mars 1844 - 8 Janvier 1896 / France
Soleils couchants
"Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cœur qui s'oublie
Aux soleils couchants.
Et d'étranges rêves
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À des grands soleils
Couchants sur les grèves."
Les Chants de Maldoror (1869)
Sortie : 1869 (France). Poésie
livre de Comte de Lautréamont (Isidore Ducasse)
Valmy a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
4 Avril 1846 - 24 Novembre 1870 / France
Chant premier
"Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison; car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre.
Il n'est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par conséquent, âme timide, avant de pénétrer plus loin dans de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant.
Écoute bien ce que je te dis : dirige tes talons en arrière et non en avant, comme les yeux d'un fils qui se détourne respectueusement de la contemplation auguste de la face maternelle; ou, plutôt, comme un angle à perte de vue de grues frileuses méditant beaucoup, qui, pendant l'hiver, vole puissamment à travers le silence, toutes voiles tendues, vers un point déterminé de l'horizon, d'où tout à coup part un vent étrange et fort, précurseur de la tempête.
La grue la plus vieille et qui forme à elle seule l'avant-garde, voyant cela, branle la tête comme une personne raisonnable, conséquemment son bec aussi qu'elle fait claquer, et n'est pas contente (moi, non plus, je ne le
serais pas à sa place), tandis que son vieux cou, dégarni de plumes et contemporain de trois générations de grues, se remue en ondulations irritées qui présagent l'orage qui s'approche de plus en plus. Après avoir de sang-froid regardé plusieurs fois de tous les côtés avec des yeux qui renferment l'expérience, prudemment, la première (car, c'est elle qui a le privilège de montrer les plumes de sa queue aux autres grues inférieures en intelligence), avec son cri vigilant de mélancolique sentinelle, pour repousser l'ennemi commun, elle vire avec flexibilité la pointe de
la figure géométrique (c'est peut-être un triangle, mais on ne voit pas le troisième côté que forment dans l'espace ces curieux oiseaux de passage), soit à bâbord, soit à tribord, comme un habile capitaine; et, manœuvrant avec des ailes qui ne paraissent pas plus grandes que celles d'un moineau, parce qu'elle n'est pas bête, elle prend ainsi un autre chemin philosophique et plus sûr."
Trente poèmes
Poésie
livre de M. Eminescu
Valmy a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
15 Janvier 1850 - 15 Juin 1889 / Roumanie
De tant de mâts
"De tant de mâts, dont le chemin
Si loin des rades se déroule,
Combien seront brisés demain
Ou par le vent, ou par la houle ?
De ces longs vols d'oiseaux sauvages,
Si loin des terres dérivant,
Combien feront bientôt naufrage
Et sous la houle, et sous le vent ?
Que tu pourchasses le bonheur
Ou l'idéal, loin de la foule,
Ils te suivront, ô voyageur,
Aussi le vent, aussi la houle.
L'âme secrète et incomprise
De tes poèmes, s'élevant,
Vole à jamais, toujours reprise
Et par la houle, et par le vent."
Poésies complètes (1895)
Sortie : 1895 (France). Poésie
livre de Arthur Rimbaud
Valmy a mis 9/10.
Annotation :
20 Octobre 1854 - 10 Novembre 1891 / France
Les assis
"Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;
Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S'entrelacent pour les matins et pour les soirs !
Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les soleils vifs percaliser leur peau,
Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.
Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
L'âme des vieux soleils s'allume, emmaillotée
Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains.
Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
S'écoutent clapoter des barcarolles tristes,
Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour.
- Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage...
Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.
Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves,
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d'habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l'oeil du fond des corridors !
Puis ils ont une main invisible qui tue :
Au retour, leur regard filtre ce venin noir
Qui charge l'oeil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir.
Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l'aurore au soir, des grappes d'amygdales
Sous leurs mentons chétifs s'agitent à crever.
Quand l'austère sommeil a baissé leurs visières,
Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
De vrais petits amours de chaises en lisière
Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;
Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule
Les bercent, le long des calices accroupis
Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules
- Et leur membre s'agace à des barbes d'épis."
La Rose et autres poèmes
Sortie : octobre 2008 (France). Poésie
livre de William Butler Yeats
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
13 Juin 1865 - 28 Janvier 1939 / Irlande
Poésies (1929)
Sortie : 1929 (France). Poésie
livre de Paul Valéry
Valmy a mis 7/10.
Annotation :
30 Octobre 1871 - 20 Juillet 1945 / France
Hélène
"Azur! c’est moi… Je viens des grottes de la mort
Entendre l’onde se rompre aux degrés sonores,
Et je revois les galères dans les aurores
Ressusciter de l’ombre au fil des rames d’or.
Mes solitaires mains appellent les monarques
Dont la barbe de sel amusait mes doigts purs;
Je pleurais. Ils chantaient leurs triomphes obscurs
Et les golfes enfuis aux poupes de leurs barques.
J’entends les conques profondes et les clairons
Militaires rythmer le vol des avirons;
Le chant clair des rameurs enchaînes le tumulte,
Et les Dieux, à la proue héroïque exaltés
Dans leur sourire antique et que l´écume insulte,
Tendent vers moi leurs bras indulgents et sculptés."
Lettre de Lord Chandos (1902)
Ein Brief (Brief des Lord Chandos an Francis Bacon)
Sortie : 1902 (Autriche). Poésie
livre de Hugo von Hofmannsthal
Valmy a mis 8/10.
Annotation :
1 Février 1874 - 15 Juillet 1929 / Autriche
Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910)
Sortie : 1926 (France). Roman
livre de Rainer Maria Rilke
Valmy a mis 8/10.
Annotation :
4 Décembre 1875 - 30 Décembre 1926 / République tchèque
Plomb (1916)
Plumb
Sortie : février 1998 (France). Poésie
livre de George Bacovia
Valmy a mis 8/10.
Annotation :
17 Septembre 1881 - 22 Mai 1957 / Roumanie
Décembre
"Regarde comme neige décembre...
Mon amour, dehors, tourne les yeux -
Fais amener le brasier tout près
Que j’entende crépiter le feu.
Pousse le fauteuil jusqu'au foyer,
Que j'écoute souffler l'ouragan,
- Est-ce le tumulte de ma vie -
Je voudrais ouïr ses instruments.
Fais amener jusqu'à nous le thé,
Approche donc plus près toi aussi -
Et lis-moi une histoire polaire,
Qu'il neige... soyons ensevelis.
Quelle chaleur il y a chez toi,
Et tout ici à mes yeux est pur -
Regarde la neige de décembre...
Ne ris pas... et poursuis ta lecture.
C'est le jour, pourtant, quelle ténèbres...
Fais amener la lampe plus près -
Vois, la neige monte une clôture,
Et le givre a saisi la poignée.
Aujourd'hui je reste encore ici...
Nous sommes cernés par la nature,
Regarde comme neige décembre...
Ne ris pas... et poursuis ta lecture."
The Cantos
Poésie
livre de Ezra Pound
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
30 Octobre 1885 - 1 Novembre 1972 / États-Unis
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro
Poésies d'Alvaro de Campos
Sortie : 3 mars 1987 (France). Poésie
livre de Fernando Pessoa
Valmy a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
13 Juin 1888 - 30 Novembre 1935 / Portugal
"Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées
et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense avec les yeux et avec les oreilles
et avec les mains et avec les pieds
et avec le nez et avec la bouche.
Penser une fleur c'est la voir et la respirer
et manger un fruit c'est en savoir le sens.
C'est pourquoi lorsque par un jour de chaleur
je me sens triste d'en jouir à ce point,
et couche de tout mon long dans l'herbe,
et ferme mes yeux brûlants,
je sens tout mon corps couché dans la réalité,
je sais la vérité et je suis heureux."
À pleine voix (2005)
Anthologie poétique, 1915-1930
Sortie : 17 novembre 2005. Poésie
livre de Vladimir Maïakovski
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
7 Juillet 1893 - 14 Avril 1930 / Russie
Voyage au bout de la nuit (1932)
Sortie : 15 octobre 1932 (France). Roman
livre de Louis-Ferdinand Céline
Valmy a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
27 Mai 1894 - 1 Juillet 1961 / France
"Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c’était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous...
Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.
On en a donc rigolé comme des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur. Mais on n'en pouvait rigoler nous du spectacle qu'à partir du cou, à cause du froid qui venait du large pendant ce temps-là à travers une grosse brume grise et rose. et rapide et piquante à l’assaut de nos pantalons et des crevasses de cette muraille, les rues de la ville, où les nuages s'engouffraient aussi à la charge du vent. Notre galère tenait son mince sillon juste au ras des jetées, là où venait finir une eau caca, toute barbotante d'une kyrielle de petits bachots et remorqueurs avides et cornards.
Pour un miteux, il n'est jamais bien commode de débarquer de nulle part mais pour un galérien c’est encore bien pire, surtout que les gens d’Amérique n’aiment pas du tout les galériens qui viennent d’Europe. C’est tous des anarchistes » qu’ils disent. Ils ne veulent recevoir chez eux en somme que les curieux qui leur apportent du pognon, parce que tous les argents d’Europe, c’est des fils à Dollar.
J’aurais peut-être pu essayer, comme d'autres l’avait déjà réussi, de traverser le port à la nage et de me mettre à crier : « Vive Dollar ! Vive Dollar ! » C'est un truc. Y a bien des gens qui sont débarqués de cette façon-là et qui après ça on fait des fortunes. C'est pas sûr, ça se raconte seulement. Il en arrive dans les rêves des biens pires encore. Moi j'avais une autre combinaison en tête, en même temps que la fièvre."
Capitale de la douleur (1926)
suivi de L'Amour la poésie
Sortie : 1926 (France). Poésie
livre de Paul Éluard
Valmy l'a mis en envie.
Annotation :
14 Décembre 1895 - 18 Novembre 1952 / France
Pour en finir avec le jugement de dieu (1948)
Sortie : 1948 (France). Poésie
livre de Antonin Artaud
Valmy a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
4 Septembre 1896 - 4 Mars 1948 / France
"J’ai appris hier
(il faut croire que je retarde, ou peut-être n’est-ce qu’un faux bruit, l’un de ces sales ragots comme il s’en colporte entre évier et latrines à l’heure de la mise aux baquets des repas une fois de plus ingurgités),
J’ai appris hier
l’une des pratiques officielles les plus sensationnelles des écoles publiques américaines
et qui font sans doute que ce pays se croit à la tête du progrès.
Il paraît que parmi les examens ou épreuves que l’on fait subir à un enfant qui entre pour la première fois dans une école publique, aurait lieu l’épreuve dite de la liqueur séminale ou du sperme,
et qui consisterait à demander à cet enfant nouvel entrant un peu de son sperme afin de l’insérer dans un bocal
et de le tenir ainsi prêt à toutes les tentatives de fécondation artificielle qui pourraient ensuite avoir lieu.
Car de plus en plus les américains trouvent qu’ils manquent de bras et d’enfants,
c’est à dire non pas d’ouvriers
mais de soldats,
et ils veulent à toute force et par tous les moyens possible faire et fabriquer des soldats
en vue de toutes les guerres planétaires qui pourraient ensuite avoir lieu,
et qui seraient destinées à démontrer par les vertus écrasantes de la force
la sur-excellence des produits américains,
et des fruits de la sueur américaine sur tous les champs de l’activité et du dynamisme possible de la force.
Parce qu’il faut produire,
il faut par tous les moyens de l’activité possibles remplacer la nature partout où elle peut-être remplacée,
il faut trouver à l’inertie humaine un champ majeur,
il faut que l’ouvrier est de quoi s’employer,
il faut que des champs d’activité nouvelle soient crées,
où ce sera le règne enfin de tous les faux produits fabriqués,
de tous les ignobles ersatz synthétiques
où la belle nature vraie n’a que faire,
et doit céder une fois pour toutes et honteusement la place à tous les triomphaux produits de remplacement
où le sperme de toutes les usines de fécondation artificielle
fera merveille
pour produire des armées et des cuirassés."