Lost in supermarket

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Comme chacun sait, Zombie était la manifestation politique d'un auteur à l'égard d'une société où la consommation relève de la moutonnerie. L'espace commercial est ainsi intégré à l'inconscient des morts-vivants qui y reviennent plus pour goût de fréquenter les lieux qu'ils fréquentait auparavant que pour réellement consommer (à part de la chair fraîche).

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Par temps chauds, faîtes embarquer dans votre voiture une autostoppeuse questionneuse, indiscrète et loquace et vous aurez l'impression d'être un poulet rôti dans un four. Ajoutez à cela des détours et une traversée par une zone commerciale déserte et vous multiplierez à la fois la pression et l'errance, que le moindre mètre n'a plus aucun sens.

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Il existe un couple dont le passe-temps est de collecter les cadeaux, les bonus, les chèques fidélité, les cartes points, les concours, les 3 pour 1 acheté, les chèques restos, et les dizaines, que dis-je, les trentaines de façon d'acheter la clientèle.
Leur rapport du couple face à la consommation ne se base que l'offre promotionnelle et la réduction, sur le gain retiré, une plus-value émotionnelle, sur chaque produit. Il s'agit alors d'acheter pour ne pas seulement acheter mais pour avoir l'illusion que ce sont des cadeaux qui font plaisir.
Un plaisir quelque peu névrosé et absurde qui est poussé à l'extrême avec leur vie détraquée, malade, radine et très moralo-poujadiste par moment (tant que la morale ne leur nuit pas !) Avec tous leurs gains, ils ont fait le choix d'un supermarché à domicile où ils entassent le surplus de leur vie quasi gratuite.

Cette intrusion du supermarché à domicile me laisse à penser que la rationalité, la sécurité, la jalousie, l'ennui et l'accumulation sont l'exact reflet bureaucratique et immoral des grandes surfaces.

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Toute le décor du film est révélateur d'un changement d'époque et de valeur. Dans la rue où il faisait tant rêver d'être propriétaire quelques années plus tôt, aujourd'hui tout se perd, tout se transforme et rien de secret : les grands ensembles l'emportent sur les petits, les supermarchés sur le petit commerce. Pour s'adapter, ce n'est pas tous les jours faciles.

Et quand il s'agit de se débarrasser du truc qui gêne, qu'il faut jeter plutôt qu'enterrer, on va soit dans des décharges à ciel ouvert, soit au rayon poisson pour y déposer un chat (qui va se régaler).

Le rapport du Chat avec le supermarché marque, à mon sens, une profonde idée politique du cinéaste face aux transformations sociales et économiques.

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Scène très rapide de la protagoniste principale qui va faire des courses avant de rentrer chez elles, avec deux viols dans le bide. Cette courte scène existe pour être immersive car elle entre dans le quotidien du personnage... et donc avec un fort contraste avec ce qui va suivre.

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Un vigile de supermarché fait les horaires non ouvrables. Il observe depuis les coulisses et de nombreuses caméras les nombreusEs femmes appelées à nettoyer les rayons, avant le lendemain. Il en observe une en particulier.

Le milieu est froid, peu propice à la découverte de l'autre... mais surtout, c'est une relation à sens unique. Une histoire de la frustration en mode privée dans un milieu professionnel très frustrant, alors que ce lieu est destiné à satisfaire tous les besoins... Sauf que l'attachement, l'émotion ou même l'amour sont des consommations qui ne se commandent pas tellement.

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Lili est hôtesse de caisse. Fatiguée et un peu distraite.

Elle évoque des tests issus des méthodes de recrutement par simulation où il s'agit d'enregistrer le maximum d'articles en trois minutes.

Un pot de départ rayon charcuterie pour fêter les vacances pour bien montrer que chacun(e) a une vie. Les vacances de Lili, c'est la Creuse.

Le chef responsable des caisses est un gentil machiste et raciste.

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Lorsqu'on rentre dans un nouveau Carrefour Market ou même un Monop', ce sentiment du hors des réalités et de rentrer paradoxalement dans un musée qu'il ne faut pas toucher. Où l'esthétique rentre partout. Sens des rayonnages d'une vie très léchée ? - mystère.

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C'est l'une des oeuvres les plus importantes de cette liste... Mais je ne sais pas encore la traiter, sachant que le symbolisme de l'hypermarché est suffisamment accessible et décrit dans ce film, notamment dans un passage où Jean-Pierre (A. Dupontel) interpelle Not (B. Poelvoorde) sur les règles autonormées, conformistes et paisibles qui régissent ce lieu saint de consommation et qui rejettent toutes les différences humaines. Une autre allégorie de la caverne, autrement dit.

Dr. Wily : "Dans le film, un autre élément est vraiment bien mis en image, c'est l'ambiance générale de ces grands ensembles de la consommation. Ils sont faits de tôle, d'affiches de pub sans âme, de hauts parleurs au son nasillard... Même le giratoire sur lequel dort Not ou les poubelles ne sont pas exagérés par rapport à la réalité. Il y a également un coté "no man's land" quand ces temples sont fermés. Un coté artificiel en ressort quand l'endroit est désertique.

Le film est plus une sorte de constat pathétique de ces zones commerciales. Le coté "en carton" faux, avec de belles choses en façade mais en back office une grande misère humaine."

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Le centre névralgique de ce film d'horreur-fantastique est le supermarché d'une petite ville, vu alors comme l'espace où tout le monde se connaît, s'entraide et se défie. Le lieu de consommation de masse devient le lieu claustrophobe d'une certaine humanité. Presque un laboratoire d'où macèrent les volontés, les interprétations et les fantasmes des habitants.

Orgueil. Jalousie. Croyance. Pouvoir & science.

C'est un open space qui, face à l'inédit, au surnaturel et au danger, qui révèlent les tensions, l'intolérance des uns et des autres du fait de la promiscuité. Face à l'épais brouillard, les frontières entre les êtres ne semblent pas aussi tangibles qu'un rayon de supermarché.

C'est un film très simple qui dépasse largement son cadre.

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"Qu'est-ce que je peux faire ? J'sais pas quoi faire !" couinait Anna Karina dans Pierrot le fou. C'est, il me semble, la base de la justification de ce décor pas comme les autres, moche, plein de vices, d'absurdité... Mais aussi plein de vacuité. C'est pour peindre une vanité, il me semble : au milieu de tout, de cette abondance profuse, il n'y a rien. Ce qu'il manque au milieu, c'est le moyen. Le vecteur. La force. L'élan de l'être. Bruni Tedeschi s'y emploie fermement, en commençant tout aussi fermement par s'ennuyer dans ce lieu digne d'une prison (quid du caddie renversé ?)

Premiers plans : air triste, les courses dans le chariot poussé comme Sisyphe et son rocher... Le supermarché est alors le théâtre de l'espace social, de la rencontre possible, sur fond de privation d'emploi, de difficultés à s'occuper, à exister.

Annotation :

Le gars... est-il perdu ou cherche-t-il quelque chose ? En tous cas, "c'est la même chan-son"... ♫