Lu en 2019
1. Les Récits de la Kolyma, de Varlam Chalamov
2. The Golden Notebook, de Doris Lessing
3. Invitation au supplice, de Vladimir Nabokov
4. Les Affinités électives, de Johann Wolfgang von Goethe
5. Un cœur si blanc, de Javier Marias
Mentions, sans ordre ...
71 livres
créée il y a presque 6 ans · modifiée il y a presque 5 ansUn coeur si blanc
Corazón tan blanco
Sortie : 1999 (France). Roman
livre de Javier Marías
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
C’est plutôt que le fait d’être avec quelqu’un consiste en grande partie à penser à voix haute, c’est-à-dire à tout penser deux fois au lieu d’une, une fois par la pensée et l’autre par le récit, le mariage est une institution narrative. Ou peut-être ont-ils passé tant de temps ensemble (si peu que ce soit dans les mariages modernes c’est toujours beaucoup) que les deux conjoints (l’homme surtout, qui se sent coupable de rester silencieux) doivent utiliser tout ce qu’ils pensent, tout ce qui survient et se passe pour distraire l’autre, et ainsi ne reste-t-il que quelques bribes des faits et des pensées d’un individu qui ne soit pas transmis ou traduits conjugalement. Il en va de même pour les actions et les pensées des autres, qui nous les ont confiées en privé, d’où l’expression si courante concernant les “confidences sur l’oreiller”, il n’est pas de secrets entre ceux qui le partagent, le lit est un confessionnal. Par amour ou par ce qui en constitue l’essence — raconter, informer, annoncer, commenter, donner son avis, distraire, écouter et rire, et projeter en vain — on trahit les autres, ses amis, ses parents, ses frères et sœurs, ceux de son sang et ceux qui ne le sont pas, ses vieilles amours et ses convictions, ses anciennes maîtresses, son propre passé et son enfance même, sa langue aussi que l’on cesse de parler et jusqu’à sa patrie sans doute, la part de secret qui est en chacun, ou de passé peut-être. Pour flatter l’être aimé on dénigre tout le reste, on refuse ou exècre tout pour satisfaire et rassurer un seul être qui pourrait s’en aller, la puissance du territoire délimité par l’oreiller est telle qu’elle exclut de son sein tout ce qui n’y est pas, c’est un territoire qui par sa nature n’accepte rien d’autre que les conjoints, ou les amants, qui d’une certaine façon restent seuls et pour cela se parlent et ne cachent rien, involontairement. L’oreiller est rond et doux et souvent blanc, et avec le temps, sa forme ronde et blanche finit par se substituer au monde, et à sa faible roue.
Les écrivains contre l'écriture (2006)
Sortie : 2006.
livre de Laurent Nunez
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
M. Blanchot, « Comment la littérature est-elle possible » : « […] de même l’écrivain, s’il sait que plus il lutte contre les lieux communs, plus il leur est soumis, ou s’il apprend qu’il n’écrit que par le secours de ce qu’il déteste, a chance de voir plus clairement l’étendue de son pouvoir et les moyens de son règne. En tout cas, au lieu d’être inconsciemment régi par les mots, ou indirectement gouverné par les règles (car son refus des règles le fait dépendre d’elles), il en recherchera la maîtrise. »
Le Recours de la méthode (1974)
Sortie : 1975 (France). Roman
livre de Alejo Carpentier
Venantius a mis 5/10.
Annotation :
Il fallait être dur, inexorable ; ainsi l’exigeaient des forces implacables, cruelles, qui constituaient encore l’obscure et toute-puissante raison d’être — la pulsion viscérale — de leur monde en gestation, problématique encore quant à ses formes, ses volitions, ses impulsions et ses limites.
L'Empire du moindre mal (2007)
essai sur la civilisation libérale
Sortie : septembre 2007. Essai, Politique & économie
livre de Jean-Claude Michéa
Venantius a mis 5/10.
Annotation :
Benjamin Constant, projet de préface à /Adolphe/ : « J’ai voulu peindre dans Adolphe une des principales maladies morales de notre siècle, cette fatigue, cette inquiétude, cette absence de force, qui place une arrière-pensée à côté de tous les sentiments, et qui les flétrit dès leur naissance. »
Le Neveu de Rameau (1805)
et autres dialogues philosophiques
Sortie : 1821 (France). Roman
livre de Denis Diderot
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
LUI. — […] Voila ou vous en êtes, vous autres. Vous croyez que le meme bonheur est fait pour tous. Quelle etrange vision ! Le votre suppose un certain degré d’esprit romanesque que nous n’avons pas, une ame singuliere, un gout particulier. Vous decorez cette bizarrerie du nom de vertu ; vous l’appelez philosophie. Mais la vertu, la philosophie sont elles faites pour tout le monde ? En a qui peut. En conserve qui peut. Imaginez l’univers sage et philosophe ; convenez qu’il seroit diablement triste. Tenez, vive la philosophie, vive la sagesse de Salomon ! boire de bons vins ; se gorger de mets delicats ; se rouler sur de jolies femmes ; se reposer dans des lits bien mollets. Excepté cela, le reste n’est que vanité.
MOI. — Quoi ! defendre sa patrie ?
LUI. — Vanité. Il n’y a plus de patrie : je ne vois, d’un pole à l’autre, que des tyrans et des esclaves.
MOI. — Servir ses amis ?
LUI. — Vanité. Est-ce qu’on a des amis ? Quand on en auroit, faudroit-il en faire des ingrats ? Regardez-y bien, et vous verrez que c’est presque toujours la ce qu’on recueille des services rendus. La reconnaissance est un fardeau, et tout fardeau est fait pour être secoué.
MOI. — Avoir un état dans la société, et en remplir les devoirs ?
LUI. — Vanité. Qu’importe qu’on ait un etat ou non ; pourvu qu’on soit riche ; puisqu’on ne prend un etat que pour le devenir ? Remplir ses devoirs, a quoi cela mene-t-il ? A la jalousie, au trouble, à la persecution. Est ce ainsi qu’on s’avance ? Faire sa cour, morbleu ; faire sa cour ; voir les grands ; étudier leurs goûts ; se preter à leurs fantaisies ; servir leurs vices ; aprouver leurs injustices. Voila le secret.
Milieu animal et milieu humain (1934)
(traduction Charles Martin-Freville)
Streifzüge durch die Umwelten von Tieren und Menschen
Sortie : 2010 (France). Essai, Philosophie
livre de Jacob von Uexküll
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
Dans le monde gigantesque qui entoure la tique, trois stimulants brillent comme des signaux lumineux dans les ténèbres et lui servent de poteaux indicateurs qui la conduiront au but sans défaillance.
Anicet ou le Panorama, roman (1921)
Sortie : 1921 (France). Roman
livre de Louis Aragon
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
“Sans doute avez-vous cru qu’une femme qui n’est ni vieille ni à faire peur, et encore ces deux points d’après vos récits ne vous embarrasseraient-ils peut-être guère, ne peut offrir bon gîte à un jeune homme sans le reste, et que de la bonté aux bontés il n’est qu’un s qui ne se prononce pas.”
L'Amoureuse Initiation
Sortie : 1910 (France). Roman
livre de Oskar Vladislas de Lubicz-Milosz
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
Quand donc viendra-t-il, le jour promis, le jour de tous les jours où le solitaire, se penchant sur la foule des hommes, se sentira ému dans ses entrailles comme à la vue de la mer ou de la forêt ? Pourquoi faut-il donc que des océans d’arbres et de vagues se fondent en un chant d’amour révélateur, et que cent humains assemblés suffisent à faire le plus absurde, le plus haineux des monstres ? Ô paisibles troupeaux ! Fleuves de lente blancheur au déclin des collines ! Combien vous êtes plus près du cœur de Dieu ! Ô docile harmonie des vols migrateurs, là-bas au plus voilé du ciel marin, quel esprit d’ordre et de beauté t’anime ! Êtres vils et cruels, puanteur de la création ! Quand nous sommes trois, l’Amour est encore parmi nous ; mais que nous soyons trente, aussitôt l’autorité d’un maître terrestre s’impose. Et quand nous sommes cent mille, notre nom est État et notre vie abomination.
Les Ambassadeurs (1903)
(traduction Georges Belmont)
The Ambassadors
Sortie : 1950 (France). Roman
livre de Henry James
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
Relief was never quite near at hand for kings, queens, comedians and other such people, and though you might not be yourself exactly one of those, you could yet, in leading the life of high pressure, guess how they sometimes felt.
L'Apocalypse joyeuse (2012)
Une histoire du risque technologique
Sortie : 23 février 2012. Essai
livre de Jean-Baptiste Fressoz
Venantius a mis 8/10.
La Modification (1957)
Sortie : 1957 (France). Roman
livre de Michel Butor
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
[…] votre regard n’a pu la suivre qu’un instant comme le dos lépreux de ces grands immeubles que vous connaissez si bien, ces poutrelles de fer qui se croisent, ce grand pont sur lequel s’engage un camion de laitier, ces signaux, ces caténaires, leurs poteaux et leurs bifurcations, cette rue que vous apercevez dans l’enfilade avec un bicycliste qui vire à l’angle, celle-ci qui suit la voie n’en étant séparée que par cette fragile palissade et cette étroite bande d’herbe hirsute et fanée, ce café dont le rideau de fer se relève, ce coiffeur qui possède encore comme enseigne une queue de cheval pendue à une boule dorée, cette épicerie aux grosses lettres peintes de carmin, cette première gare de banlieue avec son peuple en attente d’un autre train, ces grands donjons de fer où l’on thésaurise le gaz, ces ateliers aux vitres peintes en bleu, cette grande cheminée lézardée, cette réserve de vieux pneus, ces petits jardins avec leurs échalas et leurs cabanes, ces petites villas de meulière dans leurs enclos avec leurs antennes de télévision.
Récits de la Kolyma (1980)
Édition intégrale
Kolymskiïé Rasskasy
Sortie : 2003 (France). Récit
livre de Varlam Chalamov
Venantius a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Le chef est grossier et cruel, l’éducateur est un menteur et le médecin est malhonnête ; mais tout cela n’est rien à côté de la force de dépravation du monde de la pègre. Les premiers sont encore des hommes et, qu’ils le veuillent ou non, quelque chose d'humain arrive encore à transparaître en eux. Les truands, eux, ne sont pas des hommes.
L’influence de leur morale sur la vie du camp est totale et sans limites. Le camp est définitivement une école négative de la vie. Personne n’en retiendra jamais rien d’utile ou de nécessaire, ni le détenu lui-même, ni ces chefs, ni son escorte, ni ses témoins involontaires (ingénieurs, géologues, médecins) ni les autorités, ni les subordonnées.
Chaque instant de la vie des camps est un instant empoisonné.
L'homme et le sacré (1939)
Sortie : 1939 (France). Essai, Culture & société
livre de Roger Caillois
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
Toute conception religieuse du monde implique la distinction du sacré et du profane, oppose au monde où le fidèle vaque librement à ses occupations, exerce une activité sans conséquence pour son salut, un domaine où la crainte et l'espoir le paralysent tour à tour, où, comme au bord d'un abîme, le moindre écart dans le moindre geste peut irrémédiablement le perdre. A coup sûr, pareille distinction ne suffit pas toujours à définir le phénomène religieux, mais au moins fournit-elle la pierre de touche qui permet de le reconnaître avec le plus de sûreté.
Histoire des voyages en train (1977)
Geschichte der Eisenbahnreise
Sortie : 1990 (France). Histoire
livre
Venantius a mis 8/10.
Le Bleu du ciel (1957)
Sortie : 1957 (France). Roman
livre de Georges Bataille
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
Chaque éclat de la musique, dans la nuit, était une incantation, qui appelait à la guerre et au meurtre. Les battements de tambour étaient portés au paroxysme, dans l’espoir de se résoudre finalement en sanglantes rafales d’artillerie : je regardais au loin… une armée d’enfants rangée en bataille. Ils étaient cependant immobiles, mais en transe. Je les voyais, non loin de moi, envoûtés par le désir d’aller à la mort. Hallucinés par des champs illimités où, un jour, ils s’avanceraient, riant au soleil : ils laisseraient derrière eux les agonisants et les morts.
À cette marée montante du meurtre, beaucoup plus acide que la vie (parce que la vie n’est pas aussi lumineuse de sang que la mort), il serait impossible d’opposer plus que des vétilles, les supplications comiques de vieilles dames. Toutes choses n’étaient-elles pas destinées à l’embrasement, flamme et tonnerre mêlés, aussi pâle que le soufre allumé, qui prend à la gorge.
Le Certificat (1992)
Sortie : 14 février 1995 (France). Roman
livre de Isaac Bashevis Singer
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
Ah, Baruch Spinoza, vos remèdes n’étaient pas valables. Ce jeune homme en train de danser le shimmy avec la femme qu’il venait d’arracher aux bras du vieil écrivain avec qui elle était entrée, ne suivait pas l’avis donné par vous dans l’Éthique. Il était à l’aise parce qu’il portait un beau costume, parlait bien polonais, travaillait dans un journal et avait de l’argent dans sa poche.
Les Impardonnables (1987)
Gli Imperdonabili
Sortie : 1987 (Italie). Roman
livre de Cristina Campo
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
À quoi se réduit désormais l’examen de la condition de l’homme, si ce n’est à l’énumération, stoïque ou terrifiée, de ses pertes ? Du silence à l’oxygène, du temps à l’équilibre mental, de l’eau à la pudeur, de la culture au règne des cieux. En vérité, il n’y a pas grand-chose qui se puisse opposer aux inventaires de l’horreur. Le tableau semble tout entier celui d’une civilisation de la perte, à moins d’oser l’appeler encore civilisation de la survie, car même dans ce siècle d’après le déluge, même dans ce règne de l’indigence démesurée, on ne saurait exclure un miracle : la persistance d’un insulaire de l’esprit, capable de dresser la carte des continents engloutis.
Le Mont Analogue (1952)
Sortie : 1952 (France). Roman
livre de René Daumal
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
La Rose-amère se tient au sommet des plus hauts pics. Celui qui en a mangé, dès qu’il s’apprête à dire un mensonge, tout haut ou tout bas, la langue lui brûle. Il peut encore dire des mensonges, mais alors il est prévenu. Quelques personnes ont aperçu la Rose-amère : cela ressemble, à ce qu’elles racontent, à une sorte de gros lichen multicolore, ou à un essaim de papillons. Mais personne ne l’a pu prendre, car le moindre frémissement de peur auprès d’elle l’effarouche, et elle rentre dans le rocher. Or, si même on la désire, on a toujours un peu peur de la posséder, et aussitôt elle disparaît.
Pour parler d’une action impossible, ou d’une entreprise absurde, on dit : “c’est chercher à voir la nuit en plein jour”, ou : “c’est vouloir éclairer le soleil pour mieux le voir”, ou encore : “c’est essayer d’attraper la Rose-amère”.
Persuasion (1818)
(traduction André Bellamich)
Sortie : 1945 (France). Roman, Romance
livre de Jane Austen
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
“Yes, yes, if you please, no reference to examples in books. Men have had every advantage of us in telling their own story. Education has been theirs in so much higher a degree; the pen has been in their hands. I will not allow books to prove anything.” [Anne]
“But how shall we prove any thing?” [Harville]
“We never shall. We never can expect to prove any thing upon such a point. It is a difference of opinion which does not admit of proof. We each begin probably with a little bias towards our own sex, and upon that bias build every circumstance in favour of which has occurred within our own circle; many of which circumstances (perhaps those very cases which strike us the most) may be precisely such as cannot be brought forward without betraying a confidence, or in some respect saying what should not be said.”
Le Chasseur noir
Formes de pensée et formes de société dans le monde grec
Sortie : janvier 2005 (France). Essai
livre de Pierre Vidal-Naquet
Venantius a mis 7/10.
Le Bavard (1946)
Sortie : 1946 (France). Récit
livre de Louis-René des Forêts
Venantius a mis 7/10.
Annotation :
Imaginez un prestidigitateur qui, las d’abuser de la crédulité de la foule qu’il a entretenue jusqu’ici dans une illusion mensongère, se propose un beau jour de substituer à son plaisir d'enchanter celui de désenchanter, à rebours de tout ce qui fait généralement l’objet de la vanité et quitte à perdre à jamais le bénéfice qu’il tirait de sa réputation de faiseur de miracles. Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas par un tardif mais louable souci d’honnêteté qu’il lui vient la fantaisie de livrer ses recettes une à une avec la froide minutie d’un horloger qui démonte une horloge, il n’a pas de ces scrupules, c’est tout simplement par volupté de détruire ce qu’il a créé et de flétrir l’enthousiasme qu’il a soulevé, il étale donc ses pièces sur la table, donnant ainsi un air de vulgarité à ses tours les plus subtils, se délectant de décevoir ceux qu’il avait émerveillés, descendant de son propre gré du pinacle où ses dupes l’avaient porté, guettant avidement dans leurs yeux qu’agrandissait hier encore un étonnement d’enfant la première ombre de la désillusion, et pour peu que subsiste sur leur masque triste, pincé par un sourire vide, la plus légère lueur de la foi, il se hâte de l’éteindre avec autant de soin qu’il avait pris la veille à l’entretenir. Suis-je cet homme cruel et fou ?
Les Affinités électives (1809)
Die Wahlverwandschaften
Sortie : 1809 (Allemagne). Roman
livre de Johann Wolfgang von Goethe
Venantius a mis 9/10.
Annotation :
— […] Chaque état comporte ses propres désagréments, celui qui se donne ses limites autant que celui qui n’en connaît pas. Ce dernier suppose une surabondance de biens qui conduit au gaspillage. Reprenons votre exemple, qui est suffisamment frappant. Dès que le manque s’installe, on s’enferme aussitôt soi-même à l’intérieur de limites. Les gens qui sont contraints d’exploiter leur propriété foncière dressent à nouveau des murs autour de leur jardin pour assurer la protection de leur production. Ce qui génère petit à petit une nouvelle vision des choses. Le critère d’utilité reprend le dessus et même ceux qui sont à la tête de nombreuses parcelles estiment qu’il leur faut exploiter la moindre parcelle. Croyez-moi : il est possible que votre fils en vienne à négliger tous les aménagements du parc et se retire de nouveau derrière les murs sévères, sous les hauts tilleuls de son grand-père.
Sur les falaises de marbre (1939)
Auf den Marmorklippen
Sortie : 1942 (France).
livre de Ernst Jünger
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
Il s’agit de savoir, dans ce combat, ce que le séjour des hommes doit devenir, un désert ou une forêt vierge.
En ce qui concerne Braquemart, il était profondément marqué de tous les traits du nihilisme finissant. L’intelligence froide et sans racine, ainsi que le penchant à l'utopie, étaient entrés dans sa nature. La vie était à ses yeux comme aux yeux de tous ses pareils, une mécanique d’horlogerie, et il considérait la violence et la terreur comme les roues motrices de l'horloge de la vie. En même temps, il se berçait de l'idée d’une nature seconde, obtenue par l'artifice et s’enivrait du parfum des fleurs imitées, ainsi que des jouissances d’une sensualité préméditée par l’intelligence. La création dans son cœur était morte, et il l’avait reconstruite comme on fait d’un jouet.
C'étaient les fleurs du givre qui s’épanouissaient sous son front. Lorsqu’on le voyait, on songeait irrésistiblement à la profonde parole de son maître : le désert s’accroît, malheur à celui qui porte en soi des déserts !
Scènes de la vie d'un propre à rien (1826)
Aus dem Leben eines Taugenichts
Sortie : 1826 (France). Roman
livre de Joseph Von Eichendorff
Venantius a mis 6/10.
Annotation :
— Vrai de vrai ! s’écria le cor de chasse avec un regard de feu, laissons donc les autres repasser leurs manuels ! Quant à nous, nous étudions dans le grand livre d’images que le bon Dieu a ouvert tout grand pour nous, la nature. Mais oui, monsieur, croyez-le bien, ce sont les gars comme nous qui seront plus tard les meilleurs pour raconter les choses aux paysans, et taper du poing sur la chaire avec tant de force qu’en bas tous ces croquants en soient édifiés et contrits à sentir leur cœur en éclater dans leur poitrine !
Les penchants criminels de l'Europe démocratique
Sortie : 6 novembre 2003 (France). Essai
livre de Jean-Claude Milner
Venantius a mis 5/10.
Annotation :
Croit-on sérieusement que les pères de l'Europe pensaient autrement que Giraudoux [dans /Pleins Pouvoirs/] ? Certains étaient ses contemporains ; beaucoup l'avaient lu ou avaient lu des textes analogues. Il y en avait pléthore et dans toutes les langues. Quant à la nuée de hauts fonctionnaires qui les conseillaient, qu'en attendre ? quelles que soient leurs vertus privées, ces gens sont par profession fermés à tout raisonnement qui ne soit pas cynique.
Le Carnet d'or (1962)
The Golden Notebook
Sortie : 1976 (France). Roman
livre de Doris Lessing
Venantius a mis 9/10.
Annotation :
“People like Anna or Molly and that lot, they’re not just one thing, but several things. And you know they could change and be something different. I don’t mean their characters would change, but they haven’t settled into a mould. You know if something happened in the world, or there was a change of some kind, a revolution of something …” […] “they’d be something different if they had to be. But you’ll never be different, father.”
Le Passage (1954)
Sortie : 1954 (France). Roman
livre de Jean Reverzy
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
Mais ce jour-là — le jour où commença cette histoire — une pensée, un souvenir insolites troublaient la quiétude monotone de l’univers limité et raisonnable où j’avais choisi de vivre. Cette pensée était la mer ; ce souvenir celui d’un monde imaginé puis parcouru, que j’appelais encore parfois de son nom au prestige perdu : la Polynésie.
Molière (2018)
Sortie : 11 octobre 2018. Biographie
livre de Georges Forestier
Venantius a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
“Les étrangers qui n'ont point d'ouverture ni d'entrée parmi le bon langage doivent s'attacher à cette école, qui peut seule les former dans le génie, et la facilité de la langue.” (Louis Dutruc, Le Génie de la langue française)
Messieurs les ronds-de-cuir (1893)
Sortie : 1893 (France). Roman
livre de Georges Courteline
Venantius a mis 8/10.
Annotation :
Là était sa spécialité : le fraternel coup de main donné à un ami et qui est le coup de pied destiné à lui casser les tibias, l’air délicat de vous passer à la fois la main dans le dos et le croc-en-jambe.
De l’un il disait :
— Chaudavoine ? Bien intelligent, ce gaillard-là, et étonnant pour tourner le vers. Sa chanson sur le Directeur, qu’il a composée l’autre jour, est un chef-d’œuvre de moquerie fine et de drôlerie malicieuse.
De l’autre :
— Ce n’est pas la faute à de l’Ampérière si son père doit tout à l’Empire. Et on vient lui reprocher, à lui, de faire de l’opposition ? Est-ce bête !… Ce n’est pas de l’opposition ça, c’est de la reconnaissance.
Comme il vous plaira (1599)
(traduction Jean-Michel Déprats)
As You Like it
Sortie : 1599 (Royaume-Uni). Théâtre
livre de William Shakespeare