Cover Mes Lectures 2020

Mes Lectures 2020

Cette année, je lirai sûrement moins de livre.

Mes Lectures 2015
https://www.senscritique.com/liste/Mes_Lectures_2015/1058092
Mes Lectures 2016
https://www.senscritique.com/liste/Mes_Lectures_2016/1165375
Mes Lectures 2017 ...

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22 livres

créée il y a plus de 4 ans · modifiée il y a presque 4 ans
L'Infinie Comédie
8.2

L'Infinie Comédie (1996)

Infinite Jest

Sortie : 20 août 2015 (France). Roman

livre de David Foster Wallace

-Alive- a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

C'était ouf, j'ai écrit une critique.

Georgia
8.3

Georgia

Poésie

livre de Philippe Soupault

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Les poèmes de Soupault m’ont accompagné plusieurs mois, quand je voulais sortir un peu de Wallace. J’aime bien leur sonorité. C’est plein d’images impossibles, d’associations irréelles, et de constructions éclatées. Les mots claquent, c’est l’essentiel. Ça se lit comme du Apollinaire avec moins de fulgurances, plus léger, et plus amusant.

300 pages

Icebergs
7.1

Icebergs (2019)

Sortie : 2019 (France). Essai, Littérature & linguistique

livre de Tanguy Viel

-Alive- a mis 4/10.

Annotation :

C'était chiant

128 pages

Un taxi mauve
7.2

Un taxi mauve (1973)

Sortie : 1973 (France). Roman

livre de Michel Déon

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Ya longtemps que je voulais lire du Michel Déon. Et là, de suite, je sais pas trop quoi en penser.
Cette pseudo-intrigue et ces personnages hauts en couleurs semblent esquissés à main levée par un type distrait, un peu je-m’en-foutiste, préférant se perdre dans ses rêveries. Comme si Déon se moquait un peu de ce qu’il nous racontait. Même le dénouement ne cherche qu’à éjecter cette histoire d’une manière ou d’une autre plutôt que de la terminer brillamment. Non vraiment, on sent que la seule envie de Déon ici est de nous parler de l’Irlande. Déon est parti vivre là-bas et en est tombé amoureux. Alors il bricole cette petite histoire, ma foi pas désagréable, mais qui peine à cacher sa véritable intention. Et d’ailleurs la cache-t-elle ? Le roman s’égare dans cesse dans du nature writing exalté (le mec arrive à pondre des pages entières sur la beauté de la nature, alors que les personnages passent leur temps à buter des oiseaux à la chaîne en bons chasseurs qu’ils sont). Puis il passe son temps - le roman - à fouiller le caractère de ses personnages, comme pour gagner du temps, et à parler d’amour, du temps qui passe, des femmes, et hop ! à revenir sur l’Irlande, les irlandais, le stout, le whisky, l’humour irlandais, etc. Des fois on a envie de dire à Déon “hey oh ! et ton histoire alors ?”Mais on sent bien qu’il s’en fiche de son histoire.
Conclusion : je suis ok pour lire d’autres de ses bouquins.

442 pages

Dix heures et demie du soir en été
7.3

Dix heures et demie du soir en été (1960)

Sortie : 7 juillet 1960. Roman, Policier

livre de Marguerite Duras

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Faut savoir une chose : Duras c’est bien. C’est même excellent. Et allez savoir pourquoi, elle est boudée par certains lecteurs qui s’en prennent violemment à elle, sans parfois jamais l’avoir lue. Moi, je garde, encore 8 ans après un souvenir très fort des Petits Chevaux de Tarquinia. Et là, j’ai été replongé dans cette plume si ténue en apparence, mais vaste en dessous. Chez elle, les mots les plus banals couvrent les sentiments les plus violents, et tout se déroule dans une langueur sensorielle où la chaleur de l’été semble jouer un rôle tiers. C’est vraiment une littérature qui me parle.

151 pages

Réparer les vivants
7.2

Réparer les vivants (2014)

Sortie : 2 janvier 2014. Roman

livre de Maylis de Kérangal

-Alive- a mis 5/10.

Annotation :

J’avais lu Naissance d’un Pont à l’époque. Sympa sans plus. Faut dire que le projet littéraire de Kerangal me botte pas plus que ça : approcher des sphères professionnelles, puis les mettre en roman. J’aime pas, parce qu’en fin de compte on obtient des livres hybrides qui sont ni vraiment du docu, ni vraiment du roman.
Ici, pareil. Ya un peu de pathos, mais stoppée à la lisière de l’émotion, du coup c’est archi froid, et carrément chiant à lire par moment. On approche des tas de personnages pour aussitôt s’en séparer. On reste proche de chaque geste professionnel - ici celui d’un don d’organe - mais à la longue, ça devient fastidieux.
Puis elle m’a saoulé. Dix tournures différentes pour décrire une sensation, une réplique ou une action. Ses phrases c’est des bulles de mots qui prennent de la place mais qui finissent par faire plop, on les oublie aussitôt après les avoir lues. Ça se regarde trop écrire à mon avis, c’est trop de minutie pour rien créer. Zéro émotion à la lecture de ce roman. Par contre voilà quoi, c’est un style, ça plaira à d’autres, les goûts et les couleurs quoi. Histoire de dire que Kerangal j’aime pas, mais elle est pas mauvaise, loin de là.

299 pages

Oncle Vania
7.8

Oncle Vania (1897)

(traduction André Markowicz et Françoise Morvan)

Dyadya Vanya

Sortie : 1994 (France). Théâtre

livre de Anton Tchékhov

-Alive- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

C’est beau ces personnages qui s’agitent. Ya rien de plus authentique et de plus poignant que les personnages de Tchekhov. Rien de mieux écrit que ça. À chaque fois avec lui, on croirait atterrir au milieu d’un instant crucial. Plongé au milieu d’une scène banale de la vie russe, au milieu des vrais gens. Mais on débarque au bon moment, celui où l’on pourra saisir, à travers le bouillonnement des échanges, tous les désirs et les regrets qui animent les personnages. Et on entrevoit alors des problématiques bien plus vastes cachées derrière, des bouts de la Russie, des morceaux d’époques et de pensées qui animaient le pays.

100 pages, traduction Markowicz

La Trilogie de béton
7.2

La Trilogie de béton (1975)

Crash - L'île de béton - IGH

The Urban Disaster Trilogy

Sortie : 1975. Roman

livre de J.G. Ballard

-Alive- a mis 4/10.

Annotation :

J’ai tellement peiné pour terminer ces trois romans. Crash m’a ennuyé à mourir. Une vraie torture. L’île de béton a réveillé mon intérêt sur une vingtaine de pages avant de prendre une direction mollassonne. Et I.G.H a réussi l’exploit de devenir chiant dès les premières lignes. Le problème que j’ai avec Ballard, c’est que je vois beaucoup trop les concepts qui sous-tendent le récit. Impossible de s’oublier dans ses histoires. Impossible de s’attacher à quiconque, ou simplement de s’amuser à lire ces trucs. On est aussitôt assommé par les considérations post-modernistes un peu chiantes de Ballard. On a plus l’impression de lire des dissertation mises en récit que des romans. Comme si la science fiction avait été kidnappée par un intello un peu arty, décidé à prouver que “attend ho! la SF c’est pas de la sous-littérature”, et qui ce faisant aurait tué toute forme de fun pour ne garder que des délires sur la violence et le modernisme. BORING ! Même l’île de béton, qui commence très bien, finit par manquer de jus simplement parce que Ballard a fait le tour de son sujet et qu’il est incapable d’aller plus loin.

680 pages ! Que j’ai avalées péniblement.

Humiliés et offensés
8.1

Humiliés et offensés (1861)

Униженные и оскорбленные

Sortie : 1866 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Dosto m’avait manqué, ça fait longtemps que je n’avais pas lu un vrai roman de lui. Et j’aime toujours autant ce langage plein de trous, saccadé, impréci, très vivant. Une vraie oralité s’en dégage. J’ai toujours envie de lire ça à voix haute, et cette musique là, on ne la trouve que dans les trads de Markowicz. Pour ce qui est de l’histoire, on sent qu’on est dans un prolongement de ses oeuvres de jeunesse, car c’est du pur roman sentimental. On effleure un peu les questions morales et politiques qui vont faire sa seconde partie de carrière, mais à peine, pas de façon directe. Reste que c’est du roman sentimental à la Dosto. Ca veut dire ce que ça veut dire : des personnages risibles, à côté de la plaque, qui se lancent dans une histoire d’amour foutue d’avance. Le personne d’Aliocha, c’est le genre de type que seule la littérature russe peut produire. Un gros naïf, un gamin à qui on a envie de mettre des claques, mais attachant pourtant, qui s’emporte dans ses songes, incapable de voir la réalité de sa situation. Et tous les personnages ici ont leur faiblesse, leur humanité et leur complexité.

L'Arbre aux haricots
7.8

L'Arbre aux haricots (1988)

The Bean Trees

Sortie : 7 mai 1997 (France). Roman

livre de Barbara Kingsolver

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Je rejoins le sentiment général : c’est un livre qui fait du bien. De la littérature “feel good” mais du feel good de qualité, plein d’humour taquin, déversé par un milliers de petites remarques qui font mouche à chaque fois, de considérations sur la vie, sur les gens, sur l’Amérique, devant lesquelles on est obligé de rire et de s’incliner. J’y verrai presque un livre féministe, car il est porté par un personnage qui n’hésite pas à se foutre de la gueule des hommes quand c’est mérité. J’ai sans cesse un passage qui me revient en tête, avec une scène dans une stations service et un pompiste un peu lourd. Un truc tout con, mais qui m’a fait rire pour de vrai. C’est rare qu’un livre me fasse marrer - pas juste sourire, mais rire, au point d’attirer les regards sur moi. Puis voilà quoi, le ton est si frais, si plaisant à lire, et les personnages si immédiatement attachants, qu’on n’a pas trop envie de quitter cette histoire et que le livre finisse. Parait qu’il y a une suite, j’en suis ravi.

339 pages

La Vengeance de la pelouse
7.8

La Vengeance de la pelouse (1970)

Revenge of the Lawn

Sortie : 1983 (France). Recueil de nouvelles

livre de Richard Brautigan

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Franchement, ya pas trop de différence entre grignoter des bonbons et lire des textes de Brautigan. Enfin, moi je suis plutôt salé, je préfère les chips. Donc disons que j’ai lu ce recueil comme on tape dans un paquet de chips. On en mange un, qui appelle le suivant, et ça devient difficile de s’arrêter. Je vais pas re-re-dire en quoi Brautigan c’est génial, il y a des critiques sur le site qui font ça très bien, souvent en versant dans le mimétisme, car la meilleure façon de parler de lui c’est d’essayer de reproduire son style, ou bien de partager des citations - chose facile puisque sa littérature est remplie de phrases délicieuses et tordues.

211 pages

Le Guide du scénariste
7.7

Le Guide du scénariste (1992)

La force d'inspiration des mythes pour l'écriture cinématographique et romanesque

The Writer's Journey : Mythic Structure for Writers

Sortie : janvier 2009 (France). Cinéma & télévision

livre de Christopher Vogler

-Alive- a mis 2/10.

Annotation :

Mon patron, fou de Vogler, m’a obligé à lire ce torchon pour le travail. J’y suis allé confiant pourtant, même si d’avance ce genre de bouquin d’apprentissage ne me botte pas. Et j’y ai trouvé exactement ce que je craignais : des aphorismes qui pensent déverser des vérités absolus, mais qui se restreignent à un certain cinéma, à un certain type d’écriture. Vogler ne convoque quasiment que des films anglosaxons, récents ou anciens, mais qui pour lui représentent le cinéma dans son entier. Et même lorsqu’il convoque la littérature, ses références sont tellement réduites que ça en devient ridicule.

La contribution de Vogler est la plus conne qui soit. Vogler synthétise la pensée de Campbell, pour la réduire à l’écriture de scénario à Hollywood. Point. C’est tout. Il vire le minimum d'intérêt qu’a la pensée de Campbell pour l’appliquer bêtement, point par point, au récit du cinéma ricain. Et donc, si on le suit, on arrive à une uniformisation de l’art du scénario. Tous les films seraient censés suivre un même schéma narratif (le fameux monomythe). Tous les films contiendraient en substance les mêmes étapes, dans le même ordre, mais sous des formes variées. C’est bien vrai ! Et c’est pour ça que le cinéma américain est un art figé, qui ne sait plus rien raconter. Au mieux, on pourra lire Vogler pour comprendre les mécaniques d’écriture d’Hollywood, mais pour qui s’intéresse vraiment à l’art du récit de façon large, et qui veut explorer d’autres façons de faire du cinéma, ce livre ne fait que dresser des barrières stupides. C’est l’équivalent d’un “cinéma pour les nuls”. Ou l’art comme une recette de cuisine dans laquelle les libertés deviennent des erreurs.

200 pages

La vie sexuelle de Catherine M.
4.8

La vie sexuelle de Catherine M.

Sortie : mai 2002 (France). Roman

livre de Catherine Millet

-Alive- a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un objet littéraire curieux, ni bon ni mauvais. Souvent chiant, mais dont la démarche laisse interrogateur, et la franchise perplexe. Je crois en fait que, même si le livre m’a ennuyé par moment, je trouve que Catherine est une femme hors norme, courageuse et donc très intéressante.

234 pages

Le Vaisseau des morts
8

Le Vaisseau des morts (1926)

Das Totenschiff

Sortie : 1926. Roman

livre de B. Traven

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

B.Traven, c’est une sorte de London ou de Conrad, moins poli, et avec de l’humour (énormément d’humour). C’est l’histoire d’un marin, bientôt sans bateau et sans papier. Devenu apatride, il se retrouve à bourlinguer en Europe, puis à embarquer dans le Yourikke, seul bateau qui veuille bien de lui. Conditions de vie pitoyables, travail harassant, humanité envolée, et équipage d’hommes-zombies sans nation, oubliés de tous, condamnés à vivre en mer. C’est LE roman sur le merdier que c’est d’être marin à cette époque.

Les premières pages, j’ai trouvé ça génial de sarcasme. Ses mésaventures en Europe sont un régal. En revanche, dès la seconde partie, quand il embarque sur le Yorikke, ça devient beaucoup plus descriptif, et moins amusant. Toutefois, c’est quand même un livre à recommander. Ne vous fiez pas à ma note, ça pourrait être un 8 ou un 9 chez vous.

255 pages

À l'est d'Eden
8.6

À l'est d'Eden (1952)

East of Eden

Sortie : 19 septembre 1952 (États-Unis). Roman

livre de John Steinbeck

-Alive- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je voulais écrire mon commentaire habituel, mais franchement j’ai pas grand chose à dire. J’aime Steinbeck plus que tout autre auteur. J’y trouve toujours énormément de sagesse et d’intelligence, même dans ses ouvrages les moins réputés. Celui-ci est probablement son livre le plus ambitieux, celui qu’il faut lire si on veut de la grande fresque américaine. Grande pas seulement par sa taille bien évidemment, mais par sa qualité aussi. Notez une chose : c’est tellement bien écrit qu’il n’y a aucune longueur durant les 800 pages. Où qu’on soit dans le livre, on a l’impression d’être à un moment important. Pas un seul moment d’errance, aucun effort demandé au lecteur pour entrer dans l’histoire, la plume de Steinbeck est infaillible.

Toutefois c’est un 9/10. Attention j’adore le livre hein ! C’est un 9 uniquement parce qu’Au Dieu Inconnu a une trop grande place dans mon coeur, la marque qu’il a laissée est éternelle, et qu’À l’Est d’Eden ne la recouvrira pas. Ou peut-être faut-il que je laisse décanter le livre. C’était grand, et il me faut du temps.

786 pages

Yoga
6.6

Yoga (2020)

Sortie : 10 septembre 2020 (France). Roman

livre de Emmanuel Carrère

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Cette fois plus que jamais, j’ai eu l’impression que Carrère écrivait pour exister dans le paysage littéraire. Le “sujet” dont il a tant besoin pour écrire, n’a ici pas grande importance. Et puis pour dire vrai, je m’en fous du yoga, donc forcément, ce livre ne pouvait pas me toucher comme il touchera certains lecteurs. Je me fous du yoga comme d’autres se foutent du christiannisme et ont trouvé peu d’intérêt au Royaume. Donc tout ce que nous raconte Carrère sur la névrose, sur sa bipolarité, et sur le yoga n’a pas trouvé résonance en moi, n’est pas parvenue à atteindre une universalité à laquelle touchent ses meilleurs livres. Pour moi Yoga, c’est Un roman russe en moins flamboyant, en carrément tiède même. Je crois que c’est la première fois que Carrère m’ennuie à faire autant de sur-place, de chichi, et de sentiments qu’il veut profonds, mais qu’il rend patauds, parfois niais. Enfin bref, j’ai pas été réceptif ce coup là. C’est pas grave.

Reste quand même les chapitres sur les autres que lui-même. Sur Bernard Maris, sur les migrants rencontrés en Grèce et sur son éditeur. Dès qu’il parle des autres, ça devient intéressant, ça coule tout seul. Je pense que Carrère devrait faire comme certains de ses confrères, écrire des carnets, raconter sa vie, des livres sans ligne directrice, sans thématique centrale. Il est bon là-dedans, et ça lui éviterait de faire ce qu’il fait ici : se forcer à tout ramener au Yoga, même quand ça n’a aucun rapport.

392 pages

Notre existence a-t-elle un sens ?
7.6

Notre existence a-t-elle un sens ?

Sortie : mars 2007 (France). Essai

livre de Jean Staune

-Alive- a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Bon, c’est passionnant, et infaillible en plus de ça. Jean Staune sait très bien quelles critiques l’attendent. Il sait très bien qu’une gêne très forte existe dans l’esprit des gens lorsqu’on tente de rapprocher sciences et Dieu. Je le sais, pour en avoir fait l’expérience avec mes amis qui n’envisagent tout simplement pas que ça puisse être possible, alors même que bien des scientifiques adoubés posent la question divine à l’intérieur de leur domaine. Face à certains phénomènes étranges, il n’y a rien de plus naturel que de se poser de telles questions philosophiques, qui d’ailleurs n'éclipsent pas la rationalité scientifique. Et ça, Jean Staune l’expose très bien. Tout ce qu’il dit sur le rôle de la science, sur l’honnêteté qui devrait être la moteur de sa démarche, est d’une justesse douloureuse pour tout scientiste. Ces passages là sont un pur régal.

Ce qui m’empêche de mettre 10 en revanche, c’est la facilité avec laquelle Staune va vers certaines hypothèses. Il donne plus de place à celles qui le séduisent. Par exemple, l’hypothèse dualiste en neurosciences, pour laquelle il déroule un long tapis.

Mais Jean Staune est honnête. Il ne cache rien de ses intentions, il n’impose jamais sa vision. Il laisse entendre toutes les voix, et nous montre toutes les voies (du moins, je l’espère). Et à la fin du livre, il revient même sur les différentes hypothèses qui lui plaisent, puis les interroge et les malmène. Bien que le chemin qu’il ait tracé tout au long du livre mène vers les question de Dieu, d’une évolution dirigée, de l'existence d’une autre réalité, et de l’âme, il laisse le lecteur libre de prendre ce qui lui plait. Si bien que moi, qui n’ai pas été convaincu par toutes, j’ai quand même pu me positionner librement vis à vis d’elles (vraiment, le dualisme, moi ça ne m’a pas convaincu, du moins pas sous la forme qui séduit Staune).
Et c’est en cela que le livre est infaillible. Et je pense que seul un scientifique doué serait capable de trouver des failles à ce livre.

C’est là toute l’impuissance d’un lecteur non professionnel face la vulgarisation scientifique. Moi, simple lecteur inculte, je suis incapable de dire si Staune pêche par omission, ou s’il fait dire à des faits scientifiques les conclusions qui lui plaisent. C’est très probable, mais puisqu’il n’impose rien, et ne fait qu’exposer, sa démarche me semble toujours ouverte, nous invitant davantage à nous poser des questions, qu’à formuler des réponses.

489 pages

Gigi
6.8

Gigi (1944)

Sortie : 1944 (France). Roman

livre de Colette

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Alors j’ai beaucoup aimé la première nouvelle, dont le sarcasme triomphant m’a aussitôt séduit. Puis avec les autres histoires, ça a été l’extrême inverse : j’ai pas accroché, j’ai compris les intentions mais sans y adhérer. Je sais pas trop quoi penser de cette lecture. J’essaierai d’autres Colette, car malgré ma déception, ma curiosité reste intacte.

Les Grandes Blondes
7.2

Les Grandes Blondes (1995)

Sortie : 1995 (France). Roman

livre de Jean Echenoz

-Alive- a mis 9/10.

Annotation :

Allez bim ! dans mon top 3 Echenoz. Aux côtés de L’équipée Malaise et de Je m’en vais. C’est trop bon cette écriture qui rit constamment d’elle. Cette façon de nous raconter du thriller, l’air de ne pas y croire, en mettant en évidence le ridicule des enjeux, et pourtant en parvenant à rendre ça prenant. Echenoz respecte les codes des histoires qu’il nous raconte, et en même temps il les malmène. Ca part ailleurs, ça digresse, ça nous prend à parti, ça fourmille d’idées géniales, de formules détachées et cocasses. Les personnages sont à côté de leur pompe, et on se prend à les aimer d’amour vrai. Echenoz, c’est de la dopamine littéraire, pour peu qu’on accepte son approche. J’ai besoin de ma dose régulière. Pas une année sans un petit Echenoz.

250 pages

Les Maîtres du jeu vidéo
8.2

Les Maîtres du jeu vidéo (2003)

Masters of Doom

Sortie : 2010 (France). Biographie

livre de David Kushner

-Alive- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un must-have si on est gamer, même si on n’a jamais joué à Doom et qu’on se fiche des FPS. Parce qu’en racontant l’histoire des deux John (Romero et Carmack), ça raconte aussi un âge d’or où le jeu vidéo n’était pas encore l’industrie qu’elle est aujourd’hui. Époque où tout était à faire et où les genres les plus importants ont été fondés.
Franchement, ça se lit trop bien. C’est aussi efficace qu’un bon biopic. Faut dire que l’histoire d’ID software a un sacré potentiel narratif. Entre leur succès fulgurant, les polémiques autour de la violence, les personnalités insane de Romero et Carmack, et leur triste déclin dans les années 2000, on ne s’ennuie pas.

Alors bien évidemment je savais qu’ID software étaient importants - je vis moi-même une fièvre du doom-like avec 30 ans de retard - mais je ne mesurais pas à quel point. D’abord, il y a le bon en matière de 3D : le Quake engine a été une révolution, et il est avéré aujourd’hui que n’importe quel jeu 3D contient forcément quelques bouts du code source de Carmack. Tous les gros moteurs 3D ont été écrits les uns par dessus les autres, avec le Quake engine à la source.

Ensuite, les gars d’ID ont démocratisé, ou même inventé un tas de choses: le fast fps, le multijoueur lan, le multi réseau, le shareware vidéoludique, mais ont aussi donné naissance au modding en donnant accès aux codes de leur jeu (les fameux wads). Bref, ID ce n’est pas que Doom, c’est un pilier fondateur du jeu vidéo.

325 pages

Impressions d'Afrique
7.4

Impressions d'Afrique (1909)

Sortie : 1909 (France). Roman

livre de Raymond Roussel

-Alive- a mis 5/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Il faut une opiniâtreté sans limite pour pondre un tel bouquin, puis s’acharner à le publier quand aucun éditeur n’en veut. Les éditeurs, je les comprends un peu. Comment réagir face à ce truc qui n’a queue ni tête ? Ma première impression a été la même : mais bordel de merde, qu’est-ce que je suis en train de lire ?!! Impressions d’Afrique ne raconte rien. On y suit juste une cérémonie sans fin se déroulant sur une place en Afrique. Des numéros bizarres s'enchaînent, une sorte de cirque étrange, avec des freaks, des machines impossibles, des performances macabres, des numéros sans but.

Roussel nous plonge dans des descriptions minutieuses. Encore que “minutieuses” n’est pas le bon mot. Disons “maniaques”. Il faut VRAIMENT S’ACCROCHER pour mentaliser ce que Roussel nous décrit, car la moindre position d’objet, le moindre détail de configuration est essentiel à la compréhension des bidules étranges qu’il nous expose. L’écriture de Roussel est comme le plan de conception d’un ingénieur sous acide. C’est dense, jusqu’au mal de crâne, mais si on veut suivre, on doit se faire violence pour ne pas perdre le fil. Lecture d’autant plus fastidieuse qu’elle ne mène à rien. Les notes de bas de page, tirées d’un autre ouvrage de Roussel dans lequel il explique ses procédés d'écriture, nous font comprendre qu’il n’y a rien à comprendre. Tout le bouquin est édifié sur des associations d’idées impossibles à deviner, des jeux de polysémie tordus desquels on ne tirera aucun sens.

Puis ensuite, la seconde partie du livre nous raconte ce qui précède la cérémonie. Le roman est donc construit à l’envers.

Donc j’ai peiné pour lire ce livre, mais il a exercé une certaine fascination sur moi, du simple fait de son existence. Un projet aussi fou, et aussi vain, ne peut pas laisser indifférent.

315 pages

Missa sine nomine
7.5

Missa sine nomine (1950)

Sortie : 1950 (République fédérale d'Allemagne). Roman

livre de Ernst Wiechert

-Alive- a mis 5/10.

Annotation :

Comment revivre après les camps nazis ? Ernst Wiechert se pose la question 500 pages durant, via le destin de trois frères barons, dont l’un a vécu l’horreur. C’est un cadre fort : le lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, à un moment crépusculaire où rien n’est à sa place, et où chacun revient chez soi pour reconstruire sa vie. C’est un roman qui prend son temps, et raconte le chemin douloureux de la rédemption et du pardon. Donc ça plaira sûrement à plein de lecteurs, parmi les plus croyants.

Moi j’avoue que ça a fini par me saouler. Mais vraiment quoi. Car, en réponse à l’horreur de la guerre, Wiechert se raccroche tout entier à Dieu et à la nature. Rien d’autre ne compte pour lui. C’est un roman beaucoup trop dévot pour moi. Tous les personnages s’expriment en paraboles et en versets, et je ne compte plus le nombre de protagonistes qui bougent et parlent comme des grands sages (Amédée, le cocher, le pasteur, le soldat américain, la jeune femme). Chez Wiechert, aucun personnage ne me semble réel. Tout est trop beau, trop chimérique. Cette dévotion et ces bondieuseries, accompagnées d’une haine farouche de la modernité ont eu raison de moi.

Pourtant j’ai déjà lu des textes spirituels. Au Dieu Inconnu de Steinbeck par exemple est d’une puissance rare, mais plus en retenu, plus à l’écoute du réel et des gens. Chez Wiechert, j’ai eu la désagréable sensation d’un religieux qui n’écoute que lui-même, et qui ne s’en réfère qu’à la Bible. L’Allemagne qu’il décrit n’existe pas. Ses personnages ne sont pas vrais. Du pur fantasme.

Mais le pire, c’est le regard que l’auteur porte sur certains actes. Un exemple : une des femmes du roman a un passé trouble de joueuse et de menteuse. Wiechert nous raconte alors qu’elle ne peut plus enfanter, et décrit cela comme une punition de Dieu bien méritée. Je n’exagère pas. Et tout le roman est ainsi. Face à l’horreur de la Guerre, une seule voie possible : Dieu et une vie pieuse.

Non merci Ernst.

549 pages

-Alive-

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