MMXXI en grimoires

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Entre roman historique et thriller politico-religieux, Jean Raspail transforme ce récit de fiction autour d'un héritier direct par filiation apostolique de Benoit XIII en véritable essai chrétien antimoderne.

Ne vous méprenez pas, le roman est bien antimoderne, mais n'est en aucun cas "politique" mais cristallise bien tout son essence autour d'un désenchantement, de la fin d'un monde et d'un mysticisme en droite ligne des Pères de l’Église. La figure de ce Benoît aussi incomprise qu'humaine (carrément christique) tranche radicalement avec une Église politique, géo-politique et cynique, au XVe comme au XXe siècle.

Un français superbe, simple mais cisaillé. Un roman court mais riche. Humain et beau. Une de mes plus belles lectures de l'année.

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A peine "La forêt des renards pendus" terminé, j'achetais au moins cinq romans d'Arto Paasilinna. J'attaque ainsi son grand classique "Le Lièvre de Vatanen".

Impression étrange car d'un côté la lecture est plus qu'agréable dans ce très vivant road trip boréal, des personnages hauts en couleur, situations comiques et une morale écologique antiurbaine sarcastique qui renvoie à un mélange entre Sylvain Tesson et quelconque comédie légère.

Impression étrange car récit vain lorsque l'on referme le livre. Vatanen n'a pas évolué, Aucun personnage n'a eu un réel impact sur lui, tout était cousu de fil blanc depuis sa rencontre avec le lièvre. Il a sans cesse fui pour la même et bonne raison dès la première page.

Une futilité narrative qui en revanche permets de découvrir à peu de frais un tableau sympathique de la Finlande, de sa population, de ses qualités, ses travers, un peu d'histoire. Roman court et agréable qui mérite tout de même le détour.

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47e volume de la saga.

Il semble que G.-J. Arnaud se rende compte du gigantisme de la tâche qu'il lui reste à accomplir. Une seconde catastrophe au sein d'un univers post-apo n'est pas une mince affaire. D'où une certaine précipitation dans la narration et une facilité dans les discussions qui confine de temps en temps au surréaliste. On sent l'auteur à vouloir expédier le plus rapidement quelques arcs narratifs pour pouvoir arriver à la dernière partie de l'histoire.

Mais toujours un univers aussi bien croqué, des actions épiques et une vraie patte.

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La Somme de Saint Thomas n'est clairement l'ouvrage qui s'aborde comme ça en 2021, de façon frontale. D'autant lorsque la sémantique a autant évolué entre la scolastique médiévale et notre époque contemporaine. Sans parler de l'erreur de faire du théologien un philosophe.

Cet opuscule a une construction intéressante entre biographie, introduction théologique et histoire de la Somme à travers les époques. Mais le contenu, décidément adressé à un public de séminaristes, jongle trop entre le factuel sans contexte et l'explication théologique pointue. L'impression quand on en sort en tant que public non-spécialiste est donc mitigée. Mais l'essentiel est dit et on en sort moins bête.

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Forcément, l'écriture de Barbey d'Aurevilly est en soi un plaisir. Un contenant aussi beau que le contenu. Ce mélange merveilleux (dans tous les sens du terme) entre le conte normand, son ambiance de bocage près des rives atlantiques et son humidité et la morale catholique héritée des temps médiévaux. Une tragédie triangulaire, où amours filial, divin et de cœur se mêlent et se défont.

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Plutôt une "promenade amoureuse sur la Seine et visite passionnée de Rouen" tant les foyers spirituels au sens chrétien ne sont que très partiellement évoqués. Bien sûr, le passage sur l'abbaye du Bec Hellouin est de loin la plus passionnante. On se piquera également de ce panorama daté du Havre, avec ses senteurs d'épices et autres matières premières exotiques en provenance du nouveau monde.

Un essai quasiment poétique, d'une réelle distinction mais d'un intérêt extrêmement limité pour qui ne vit pas dans les boucles de la Seine normande. Agréable, sans plus.

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Très court, d'une langue simple, dans le Kyoto des temples et petits quartiers d'avant-guerre. Tsutomu Mizukami réussit néanmoins à retransmettre la cruauté d'un conte qui rend terriblement -sur sa fin- vil et vain la sensualité et les plaisirs terrestres mais tout autant éphémères les désirs de vertu, ou ce qui apparaît comme tels. N'en reste que l'Art, immanent.

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48e tome et je commence à vraiment me familiariser avec le rythme Arnaud. Non, même carrément l'anticiper. Le précédent était clairement en deçà et je savais qu'au court de "L'huile des morts", un nouveau rythme de croisière allait revenir avec action, cliffhangers de la mort et toujours cette ambiance désespérée et névrosée. Je ne m'y suis pas trompé. J'ai dévoré les cent dernières pages comme un mort de faim.

L'arc de Gus est fascinant.

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Roland regarde et les monts et les landes,
Il les voit couverts de cadavres français ;
En noble chevalier, il les pleure :
« Seigneurs barons, Dieu Vous ait en pitié !
Qu’il donne le Paradis à vos âmes,
Et les fasse reposer parmi les saintes fleurs.
Je ne vis jamais meilleurs vassaux que vous :
Vous m’avez tous si longtemps servi !
Vous avez conquis pour Charles de si vastes terres !
C’est pour cette dure fin que vous a conservés l’Empereur
Terre de France, vous êtes un bien doux pays,
Mais ce désastre vous rend déserte.
Barons français, c’est à cause de moi que je vous vois mourir ;
Je ne puis ni vous sauver, ni vous défendre.
Que Dieu vous aide, Dieu qui ne trompa jamais !
Olivier, mon frère, je ne vous ferai point défaut,
Et si un autre ne me tue, je mourrai de douleur.
Sire compagnon, allons frapper encore. »

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Introduction à l'histoire "sociale" de l'URSS au sens large (tensions, pressions, sociologie, économie, etc). De qualité égale et rigoureuse, Nicolas Werth confronte l'état de la recherche actuelle (toujours en relation avec l'ouverture des archives) et les différents courants historiographiques.

Plusieurs articles qui s'étalent sur 20 ans de rédaction, et qui vont de la Révolution d'Octobre à la chute de l'URSS. Le côté patchwork domine trop pour être une vue d'ensemble tout à fait synthétique. Mais le plaisir de la lecture reste constamment là tout en étant un travail sérieux.

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La Roumanie, c'est avant tout le pastoralisme, l'image réelle et organique du village renfermée mais humaine et autonome. La figure centrale de son pope imparfait et du Dieu parfait. La Roumanie, c'est aussi le "Dor", équivalent roumain de l'âme russe, une tristesse plaisante et nostalgique.

Beaucoup d'écrivains roumains en ont parlé. Tudor Arghezi en quelques vers le fait vivre dans sa chair.

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Roman historique court et agréablement écrit.
En complément à Là Bas de Huysmans c'est particulièrement intéressant. Gilles de Rais n'est plus l'ogre satanique dépeint dans l'atmosphère occulte du XIXe mais une âme égarée, entre rachat, désir de sainteté et fatal soumission au mal.
Des passages sur le siècle des Médicis qui allait venir asseoir sa domination en dichotomie. Très très court, on sent Tournier vouloir développer plus grand plus vaste. Des questions et des développements restent en suspens.

C'est clairement de l'ordre de l'essai de surface mais je recommande au moins pour le fait d'être agréable et reposant à lire

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Les aventures oniriques de Randolf Carter valent à elles seules la note. Quand Lovecraft rencontre Clark Ashton Smith, du génie absolu.

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"Un des plus beaux textes spirituels de l'orthodoxie", si ce n'est l'un de la chrétienté. On reste sans voix devant tant de simplicité et de pureté.

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Le grand classique ! Un grand vent d'aventure, mais peut-être un poil trop "roman historique d'aventure" et pas assez introspectif pour me plaire autant que Tolstoï, Dosto' et consorts.

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Pour une fois, je ne mettrais pas de description. Le titre se suffit à lui-même et le ressenti est tellement personnel.

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Extraordinaire, sublime, monumental, les mots me manquent devant cet absolu chef-d’œuvre. Au-delà de la construction, du mot et de la puissance, l'aventure de Durtal nécessitera un jour ou l'autre que j'écrive avec mes maigres moyens une critique.

Une majesté.

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Ouvrage intéressant qui fait le "point" sur les dernières recherches exégéto-critiques et placer le Jesus historique dans son contexte juif du Ier siècle. Beaucoup de pistes intéressantes, mais qui restent peut-être un peu en surface. Après, c'est un ouvrage de vulgarisation alors ce n'est pas plus mal.
Un chapitre sur les apocryphes plutôt complet bien que synthétique pour conclure sur les écrits des premiers chrétiens.

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Il faut l'appréhender avec l'idée en tête que cette étude est parue en 1932 et qu’il ne faut pas s’attendre à un académisme lisse et bien compartimenté. Malgré tout le sérieux et les sources exploitées (pour l’époque !), je pense qu’il faut surtout s’émerveiller pour une vision et une description de nos campagnes dont la poésie tranche avec les changements radicaux de l’Après-Guerre, quand il s’agissait d’industrialiser la production agricole. Il est amusant de lire une dichotomie entre des temps anciens, préhistoriques comme antiques (la part est belle pour les Ligures, Celtes et Romains) et les temps modernes.
Du reste, l’impression est que l’Homme n’est que peu de choses, l’intérêt est avant tout une lecture de l’espace rural entre forêts, champs, chemins et vigne et la vie paysanne, comme activité humaine n’est que peu citée. Parfois long, parfois rébarbatif et répétitif, il n’empêche que la plume est belle, les descriptions sylvestres.

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Jeux de masques et de non-dits. On croit jusqu'aux dernières pages explorer la notion toute japonaise du tatemae, de cette face qu'il faut sauver jusqu'à ses amis et sa propre famille, valeurs féodales oblige.
Puis c'est finalement les pulsions de mort, plus universelles et viscérales.

Intéressant roman de Tanizaki. Mais peut-être trop froid et stylisé pour que je me sente concerné.

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Post-apo qui a, en partie, influencé Mad Max pour son esprit route 66 infernale à rallonge.
C'est ma foi plutôt bien expédié, avec une narration serrée et ce qu'il faut d'action. En revanche, ça ne va pas plus loin, pas de grande tension viscérale, ni point d'orgue. D'un point A à un point B et surtout B comme série B. Un bon divertissement.

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Des légendes courtes, peut-être trop (dans leur conclusion en tout cas), mais avec un souffle épique et édifiant. Lecture saine et divertissante, qui stimule l'imagination dans un cadre familier que je connais bien.

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Une constante (je crois) avec Edouard Herriot est le recours abusif au titre trompeur. La forêt ne fait office que d'un chapitre d'introduction. Pour le reste, c'est sa forêt mentale à lui, celle d'une Normandie aussi personnelle que poétique que fantasmée.

Renée de Chateaubriand, les cathédrales, l'art, le patriotisme et la guerre de Cent Ans se muent dans une épopée intérieure très plaisante à lire, d'un verbe précieux et d'une érudition prononcée.
Désamour pour la Renaissance romaine, déclaration enflammée à un Moyen-Âge fort de ses réminiscences païennes, anticléricalisme (car Rome, étrangère et suspecte) opposé une Normandie toutefois catholique mais se moulant dans un patriotisme français éclairé et protecteur. Très personnelle. Et peut-être un poil longue sur 350 pages.

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On dit les Pères de l’Église trop complexes à approcher. Rien de plus faux avec ce superbe recueil d'homélies de Saint-Jean de Chrysostome sur les premiers pas du chrétien. D'une langue impeccable, claire et concise (Chrysostome signifiant par ailleurs "bouche d'or").

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Les frères Strougatsky (Stalker pour ne citer que lui) signent ici un ouvrage typique de la SF du bloc de l'est. Kafka rencontre la bureaucratie soviétique dans cet invraisemblable conte où il faut sans cesse lire entre les lignes.
Dans la construction tout comme dans la narration, un exercice opaque, parfois frustrant mais un virtuosité pour passer la censure quoiqu'il arrive.

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Incroyablement exigeant. Incroyablement profond.

Le mysticisme sans borne du Pseudo-Denys L'Aréopagite, auteur médiéval d'avant le Grand Schisme, son approche de l'inconnaissable et de l'incréé par le biais de son étude des anges, séraphins, vertus et autres chérubins en font une sorte de théologien critique avant l'heure.

Les puissances absolument parfaites et lumineuses dont il est toujours question résonnent aussi superbement qu'étrangement avec les recherches de Bulttmann, sur son herméneutique de la démythologisation. L'apparence sur-naturelle, para-matérielle ou extra-ordinaire des apparitions divines étant créée pour la stupide et basse compréhension des hommes.

D'une grande clarté malgré l'aspect a priori hermétique de l'opuscule.

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J'ai tout de même eu du nez de commencer par CE Grégoire de Nysse. Les huits béatitudes sonnent comme une introduction à la théologie, toujours lumineuse et excellente de ce père cappadocien en reprenant le symbole de l’Échelle de Jacob.

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"Voyage brut", "Pandemonium", "La Nausée" ou "Voyage au bout de l'enfer", certains des éclaireurs de Sens Critique abondent d'une terminologie infernale pour qualifier ce véritable objet littéraire non identifié. Et je ne pensais pas lire quelque chose d'aussi extrême depuis ma lecture de La Saigne d'Ian Soliane lors de mes adolescentes années.

Si je devais jouer au petit rebelle sémantique pour qualifier le Festin Nu, ce serait "kaléidoscope vomitif". Car Le Festin Nu n'a aucun sens si ce n'est de comprendre, enfin non, plutôt parcourir la divagation d'un esprit rongé par l'héroïne. Le comique troupier se mêle au glauque le plus malsain et il devient pénible de le terminer par moments. Les châpitres, personnages et surtout règles littéraires sautent à chaque chapitre, si ce n'est chaque paragraphe.

Reste le verbe, reste la maîtrise de l'écriture de Burroughs. Rendre la merde poétique au milieu d'invraisemblables et infernales scènes de descentes, bad trip, meurtres, viols et autres actes ignobles... n'est pas donné à tous.

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Qu'en reste-t-il ? Impression étrange, car pas grand chose en refermant le livre, si ce n'est un panorama de cette France périphérique déjà bien avancée dans sa désindustrialisation avec l'arrivée des USA de ses nouvelles gestions du personnel et de carrière, inhumaines et humiliantes.

Impression étrange car même si c'est une époque et un contexte qui me parle (je l'ai vécu), je n'ai pas particulièrement eu de l'empathie avec les personnages, notamment Anthony, trop froid et trop lointoin pour vraiment le considérer comme un personnage vivant. J'ai tout de même eu de la compassion pour ses parents, et éventuellement pour Hacine en fin de récit. Le reste de la galerie n'a pas spécialement de substance, voire frise la caricature. Heureusement qu'il y a cette pop-culture et ces descriptions en filigrane pour mieux se remettre en 1994 : on y retrouve aussi bien Kurt Cobain, Bernard Tapie que Charles Pasqua et Sylvester Stalone

Du reste, si il n'y a pas grand chose à redire sur la construction du récit, très équilibrée, le style hésite entre le factuel écrit parfois à la truelle et certains passages plus enlevés, vraiment inspirés mais qui restent au final rares.

Il reste donc un sentiment d'inachevé, mais un roman qui déblaie un sujet pas si commun, sur les traces du géographe Christophe Guilly