Mon Top 1976

Annotation :

Ou quand Paul Schrader ne goûte pas la cuisine au wok(e) de Jeanne... (cf critique)

Annotation :

Étrangement c'était le seul Kubrick que je n'avais vu qu'une fois, et c'était il y a fort longtemps.

Étais-je sorti du premier visionnage aussi bouleversé par la beauté de la photographie, par la perfection et la grâce de la mise en scène, par la fluidité du récit, par la voix off de Michael Hordern, par la bande-son qui hypnotise les sens, par Marisa Berenson ?

Avais-je eu le sentiment qu'un film de trois heures venait d'en durer une ?

Avais-je versé des larmes face à la mort d'un enfant ?

Je n'en sais rien, et à vrai dire je m'en fiche, je viens de vivre à 47 ans une grande expérience de cinéma, de celles qui ne se produisent que très rarement dans une existence d'amoureux de la pellicule, et vous marquent à jamais.

Annotation :

Des rires, des larmes, une fresque grandiose et politique autant qu'un mélodrame intimiste, le trio Nino Manfredi - Vittorio Gassman - Stefania Sandrelli, un hommage bouleversant à l'amitié, l'amour et le cinéma, "Nous nous sommes tant aimés !" est un résumé à lui seul de tout un pan du cinéma italien, celui qui rendait hommage aux anciens et sans le savoir allait influencer ce qui se fera de meilleur par la suite, comme le sublime "Nos meilleures années" de Marco Tullio Giordana.

Annotation :

Nikita Mikhalkov signe ici un grand mélo romanesque et politique, comme il le refera 22 ans plus tard avec le flamboyant "Barbier de Sibérie". Il y a du Tchekhov, du Bergman, la partition bouleversante d'Edouard Artemiev, et la tsarine Elena Solovey. Tellement russe et donc grandiose...

Annotation :

J'allais râler après SC parce que ma note avait disparu mais en fait je m'aperçois que c'est ma faute, ma très grande faute : j'avais publié un statut à l'issue de la première partie mais j'avais apparemment bien oublié de revenir à l'issue de la seconde.

Bref je copie-colle le dit statut de mai 2019 (Oups !) puisqu'à l'issue des 5h25 j'étais à peu près dans le même état, même si j'avais trouvé le second acte un poil moins renversant.

"J'en dirai plus dans quelques jours quand j'aurai vu la seconde partie, mais juste un petit mot pour ordonner aux ignares comme moi qui n'auraient pas encore vu ce film-monstre de se jeter dessus. Il est proposé actuellement au cinéma en deux actes dans une très belle version restaurée, et franchement c'est typiquement le type de film qui mérite la salle, majestueuse à son image. Je le dis franchement, je suis sorti de ces 165 premières minutes chamboulé, bousculé, avec cette boule au ventre qui fait tant de bien. Et avec deux envies : être à dimanche pour voir la suite, et partager cette claque immense, juste dans l'espoir que vous puissiez vivre cette même expérience."

Annotation :

Revoir "Eraserhead" reste une expérience, car toute la folie de Lynch était déjà là, sa manière d'expérimenter en permanence, de rendre chaque nouveau plan plus abscons, inquiétant et fascinant que le précédent, de sembler expliquer son propos à la 32ème minute pour mieux le brouiller à la 33ème. Certains films ne se démodent pas parce qu'ils ont toujours été d'un autre temps, peut-être même d'une autre planète.

Note inchangée de 9

Annotation :

J'ai voulu revoir ce "Plein de super" pour vérifier comment un film très ancré dans son époque avait vieilli. Et le résultat est sans appel, c'est formidable et toujours aussi surprenant venant d'Alain Cavalier. Car même si ce grand cinéaste devenu "Filmeur" de l'infiniment petit n'a jamais été facile à suivre on ne l'attendait pas forcément dans quelque chose qui se trouve à un croisement entre le road movie libertaire tendance "Les Valseuses" et un film de bande à la Jean-François Stévenin. On sent en permanence le plaisir des quatre comédiens, également scénaristes avec Cavalier, à être ensemble, à faire les c... et à débiter des dialogues souvent drôles mais pas que. Car si "Le Plein de super" est souvent présenté comme une comédie il nous donne à voir des mecs paumés, qui ont du mal à trouver leur place, à la fois dans la société, dans le système qui fait d'eux des dominés, mais aussi vis-à-vis de leur masculinité.

Annotation :

On ne répétera jamais assez à quel point Joël Séria est un génie absolu. Quel bonheur de redécouvrir cette énième pépite !

Annotation :

Juste après "Jeanne Dielman" Chantal Akerman repart à New-York et vers l'expérimental plus radical.

Par-dessus des travellings ou plans fixes de la ville la réalisatrice lit les lettres que sa mère lui envoie de Bruxelles. Ceux qui ont lu le déchirant "Ma mère rit" en connaissent le contenu et surtout le ton, et ne seront pas étonnés de découvrir ces mots, et donc la voix d'une mère, régulièrement recouverts par le bruit du métro. Ce film impressionnant est en quelque sorte un triple portrait, celui de deux femmes et d'une cité, un portrait entre amour fou et saturation.

"No Home Movie", ultime film de la cinéaste, viendra compléter ce "News from Home", et par la force des choses clôturer ce chapitre maternel, élément matriciel d'une œuvre entière.

Annotation :

"Le Juge et l’Assassin" est assurément l’un des tout meilleurs Tavernier, pour le combat de titans entre Noiret et Galabru, pour cette réflexion troublante sur la folie et la culpabilité qui ne se trouvent pas toujours du côté que la société désigne. Terriblement actuel...

Annotation :

Wim Wenders avait donc à peine 30 ans lorsqu'il signa ce film à la fois d'une fougue et d'une maturité exceptionnelles. Il fallait avoir sacrément confiance en soi pour pondre un tel objet de quasiment 3 heures, pour penser son épopée flottante suffisamment captivante, ses personnages un peu lunaires suffisamment attachants pour que le public suive, pour comprendre qu'au fil du temps on suivrait ces deux cabossés au bout de la nuit et du monde.

Ce road-movie à la mélancolie proche d'un "Paris, Texas" dit tant de choses, intimes, questionnant chacun de nous au plus profond, sur ce qui a ou non de l'importance dans un parcours de vie, sur nos étapes, politiques aussi avec ce pays coupé en deux à l'image de ces êtres aussi progressistes que conservateurs.

Progressiste et conservateur, tel Wenders déclarant son amour envers le cinéma, qu'il pensait déjà en 1976 perdu car vendu au marché.

Annotation :

Avec "Cría Cuervos" Carlos Saura signe une œuvre autobiographique pudique et forte sur le deuil, un film quasi-bergmanien à hauteur d’enfant.

Ou quand la vie d’une petite fille de 9 ans bascule en même temps que celle de son pays...

Annotation :

Même si le titre français peut y faire penser on est bien loin d'Octave Mirbeau et de Buñuel. Dino Risi utilise comme souvent le rire pour parler politique et ici Grande Histoire. Mais à sa façon, donc c'est coquin, bourré de situations et dialogues vaudevillesques, et Agostina Belli est aussi charismatique que pétulante. Si Vittorio Gassman n'a qu'un rôle secondaire on ne peut pas oublier ses apparitions, plus cultes les unes que les autres. En résumé c'est une véritable tornade d'humour, d'intelligence...

Annotation :

Who is the Director ? (cf critique)

Annotation :

Alors là grosse grosse surprise car habituellement les films d'aventure et moi ça fait deux.

Mais là c'est à mourir de rire, Sean Connery et Michael Caine semblent nés pour se donner la réplique, c'est d'une acuité politique redoutable, ça ne débande pas durant 124 minutes. Enfin bref que du bonheur...

Annotation :

Comme dans son autre grand thriller politique, "À cause d'un assassinat", Pakula ne cherche pas à faire le malin, il ne fait confiance qu'à une chose, la force d'un récit et de personnages avec de grands acteurs pour les incarner. Ça peut paraître basique et ça l'est finalement, comme assez souvent le cinéma intemporel.

J'avais vu ce film il y a très très longtemps, je l'ai redécouvert aujourd'hui avec un plaisir immense, alors que franchement niveau suspense la démission de Nixon c'est à peu près du niveau du Titanic qui finit toujours par couler. Mais quand ça fonctionne que voulez-vous, on a beau voir arriver l'iceberg on se gèle toujours les miches quand on le frôle.

Annotation :

Tout premier film de Margarethe Von Trotta, qu'elle coréalisa avec son époux de l'époque, Volker Schlöndorff. Une œuvre aussi puissante dans le fond que dans la forme, qui raconte une époque de l'Allemagne pour le moins douloureuse avec une âpreté saisissante et qui donne à Angela Winkler son plus grand rôle quelques années avant "Le Tambour".

Annotation :

Polanski aura réalisé au moins deux films qui ont marqué à jamais les cinéphiles mais aussi les metteurs en scène du monde entier, "Rosemary's Baby" et ce remarquable "Locataire" dont on ne cesse de voir des bébé sur les écrans depuis plus de quarante ans. Un jalon du thriller, mais aussi du fantastique, assurément.