Notes de lecture (2021)
En image de fond : Sylvia Plath.
16 livres
créée il y a environ 3 ans · modifiée il y a plus d’un anLa Cloche de détresse
The Bell Jar
Sortie : 1963 (France). Roman
livre de Sylvia Plath
FuligineuxNympheas a mis 4/10.
Annotation :
Livre qui a, à mes yeux, un intérêt plutôt sociologique que littéraire (à propos de la condition des femmes tant en psychiatrie que reléguées comme épouses et mères de famille, sans existence autonome) mais qui m'a ennuyée. Peut-être que mon désintérêt a pour motif premier la déception car je m'attendais à des propos "grandioses" sur la dépression, pleins de singularité (et d'orgueil finalement), mais le ton est davantage froid - et j'imagine que le style plat est volontaire, miroir de l'apathie suicidaire. Cette manière détachée de présenter des événements banals m'a fait porter un regard indifférent sur des questionnements trop triviaux (sur les amants, la virginité, le luxe) et le personnage m'a finalement transmis sa passivité. Alors en effet, je suis "déçue" de n'avoir ressentie aucune empathie, de ne pas avoir compris tout à fait la métaphore de la cloche de verre et d'être passée à côté des "Je vis, je vis, je vis" qui me ravissaient par avance.
Mais peut-être que j'étais trop distraite pendant ma lecture...
La Petite Fadette (1849)
Sortie : janvier 2007 (France). Roman
livre de George Sand
FuligineuxNympheas a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Je pensais détester à cause du côté champêtre (que ce soit la présence de la nature, le parler paysan, les personnages de la campagne justement) et du genre du conte, mais il s'agit finalement d'une histoire très mignonne (sans rien de péjoratif) qui m'a émue. Ces "fadaises" (au sens de fééries) sont vraiment charmantes et les relations entre les personnages principaux sont beaucoup plus complexes que la dimension enfantine pouvait le laisser présager. Fidèle à ce que défend la préface, La Petite Fadette me semble vraiment être une sorte de bouffée d'humanité (bien que je ne vive pas les agitations de 1848...) qui me laisse le sourire aux lèvres.
Le personnage de Sylvinet, en particulier, me fait beaucoup réfléchir sur ses amitiés qui tournent "en fièvre et en langueur"...
Pères et Fils (1862)
Отцы и дети
Sortie : 1863 (France). Roman
livre de Ivan Tourguéniev
FuligineuxNympheas a mis 6/10.
Annotation :
Cela fait longtemps que je veux le lire, en particulier parce qu'il est question de nihilisme. Néanmoins, il s'agit du nihilisme purement politique des Russes (qui n'a rien à voir avec le nihilisme philosophique qui me fascine tant), donc c'est plutôt une position matérialiste positiviste radicale (l'un des débats consistant en affirmer que l'art est inutile et ne mérite pas qu'on s'y intéresse, au contraire de toutes les choses concrètes - les objets, les métiers manuels...). Pourtant, cette position matérialiste (bien que je ne peux pas la soutenir totalement) m'intrigue, et c'est surtout les conversations entre les générations (avec Paul notamment) qui m'ont intéressées. Bazarov (le nihiliste) garde un intérêt ambigu pour moi : Tourguéniev l'aurait volontairement fait antipathique et, de fait, sa froideur (son dédain) m'irrite. (Puis, au risque de me répéter, les désespoirs froids sont des déceptions pour moi).
Il s'agit également d'un roman qui s'inscrit dans les balbutiements du réalisme russe et touche profondément à la conjoncture (le débat entre les générations est une affaire réelle) - mais je n'ai plus du tout d'intérêt pour ce mouvement... On perçoit aussi les échos d'un romantisme tardif avec la présence insistante de la nature (et la manière dont Arcade la perçoit surtout, puis aussi quelques écarts de Nicolas). La représentation des types participe donc au réalisme - elle a le mérite de donner une esquisse claire de la Russie au lendemain des bouleversantes réformes agraires. En fait, le récit réaliste me paraît désormais "trop simple" (dans la structure narrative surtout), c'est pourquoi j'ai du mal à l'apprécier.
Néanmoins j'ai beaucoup aimé le personnage de Mme Odinstov, glacée jusqu'au coeur, maîtresse de l'ordre anesthésié, et de Paul, dandy visiblement sec, à l'histoire d'amour déchue passionnante.
Le Festin nu (1959)
Naked Lunch
Sortie : 1959 (France). Roman
livre de William S. Burroughs
FuligineuxNympheas a mis 3/10.
Annotation :
Ce livre n'est tout simplement pas à mon goût. Peut-être encore rapport au fait que j'en attendais beaucoup : je voulais être violemment écœurée, être malmenée. En fait, j'ai surtout ressenti du désintérêt et de l'incompréhension.
C'est sans doute avant tout un livre sur la drogue (comme le montre la préface qui se focalise sur cet aspect du livre) et c'est justement un élément qui me laisse froide... Bien qu'on peut saluer l'aspect expérimental, le côté vraiment labyrinthique de l'ensemble (sans doute dû à la méthode du cut-up et de l'écriture sous drogue ?). Mais personnellement j'ai surtout été larguée et non embarquée. On peut tourner les pages et laisser les mots défiler sans forcément comprendre avec l'impression que "de toute façon" ça n'a pas de sens.
Néanmoins j'ai bien aimé une partie de la dimension érotique (qui m'a fait pensé à Bataille) et tout le côté dystopique (soit médical, soit bureaucratique, qui permet d'ailleurs de donner un angle intéressant à la drogue pour moi). J'ai aussi bien ri devant quelques phrases comiques.
Poèmes (1971)
Sortie : 1 mars 2002 (France). Poésie
livre de Jack Kerouac
FuligineuxNympheas a mis 7/10.
Annotation :
Recueil inégal (comme souvent, finalement, quand il s'agit de poésie) mais qui a réussi à me faire pleurer. ("Dying is ecstasy." évidemment !)
J'aime décidément beaucoup l'aspect "beatification" de la beat generation selon Kerouac, cette forme de religiosité ou de mysticisme sans dogme que l'on retrouve dans ce recueil (l'attrait pour le bouddhisme, certes) : le ciel est partout ! oui. J'aime beaucoup la banalité quand elle est frappante, parce que la simplicité rend l'émotion évidente, donc elle me frappe, elle me renverse, elle me bouleverse... Alors je suis surtout touchée par l'émotion brute, je crois, la mort qui se faufile dans le quotidien mais sur laquelle on ne pleure plus forcément (et j'ai pensé à Lamartine puisque tout passe), cette mort qui est aussi inévitablement la nôtre et je suis bouleversée de cette mort répétée sous les arbres, les abricotiers. Je suis émue aussi par la question de l'échange, la dimension méta : le jazz est mort, le téléphone est mort, alors sauvons la poésie du suicide...
J'aime moins les expérimentations langagières qui peuvent néanmoins être drôles, ou jolies sur la page. (C'est dans cet aspect que je ne vois pas la différence avec le surréalisme).
La Tour d'amour (1899)
Sortie : 1899 (France). Roman
livre de Rachilde
FuligineuxNympheas a mis 8/10.
Annotation :
Un livre qui entre, pour moi, en écho avec un de mes romans préférés : Le Bleu du ciel, en raison du thème commun de la nécrophilie. Alors oui, d'emblée, un livre qui dérange (et j'aime ça), ce qui s'explique notamment par l'appartenance de l'auteure à la littérature décadente.
Mon choix de lecture est certes motivé par le fait que l'auteure est une femme - mais provient également de raisons sentimentales. J'en attendais beaucoup, en terme de sexualité, puisqu'il s'agit d'un roman fin-de-siècle, et je dois dire que j'ai d'abord été déçue - avant de comprendre que l'érotisme était encore plus décadent (et j'irais chercher la lascivité ailleurs dans l'œuvre de Rachilde).
Ce livre m'a véritablement plongée dans son atmosphère, et c'est ça qui fut plaisant : cette impression que le monde tangue avec les mots malgré que le personnage, et moi-même, gardions les pieds sur la terre ferme. En effet, on peut dire que la mer devient un personnage à part entière, et c'est elle (la mer, une allégorie de la femme, et peut-être mêmes des femmes mortes) qui tend à déborder du livre, à renverser tous les phares et notre raison avec. La thématique de la folie est abondamment présente et naît notamment des conditions particulières d'existence que connaît un gardien de phare : la solitude (malgré le deuxième personnage énigmatique justement, rustre) et cette ivresse de la mer, toujours elle...
La quête d'amour du personnage principal, Jean Maleux, est également agréable à suivre, un peu risible et pathétique mais malgré tout touchante, de l'érotisme avec la femme d'Orient à l'amour fou presque imaginaire de la toute jeune Bretonne pour interroger l'amour morbide de Mathurin Barnaba...
La dimension 'rustique' et réaliste n'est pas ce qui me plaît le plus, bien que je salue la restitution du parler social (à défaut de savoir dire autrement) et la restitution parfois naïve des sentiments de cet homme dans un journal. Je ne suis pas familière du vocabulaire marinier non plus, donc j'ai suivi d'un œil un peu distrait les aventures techniques du phare, qui permettent néanmoins de plonger dans l'ambiance.
Bref : un érotisme halluciné, une déperdition engendrée par l'enivrement d'une mer faite femme...
Look back in anger
Sortie : décembre 1999 (France).
livre de John Osborne
FuligineuxNympheas a mis 8/10.
Annotation :
Pièce lue par obligation - pour un cours d'anglais.
Une très agréable surprise ! bien que je l'ai lue dans un véritable état de cataclysme émotionnel - ce qui explique que la dynamique toxique des relations entre les personnages m'a touchée.
Je crois que ces jeunes hommes en colère m'émeuvent et j'aime cette expression de la rage, de la frustration. C'est bien évidemment le personnage de Jimmy qui porte toute la pièce - grâce à ses émotions, violentes, cruelles, et finalement, destructrices. Après, bien sûr, il y a aussi quelque chose de pathétique dans cet épanchement, cette provocation incontrôlée et, même si j'adore la résolution de l'amour entre Jimmy et Alison, le côté 'kitchen-sink drama', le triangle amoureux un peu curieux et la question des classes sociales m'ont un peu ennuyée.
Bréviaire du Chaos
Sortie : 1982 (France). Essai
livre de Albert Caraco
FuligineuxNympheas a mis 6/10.
Annotation :
J'adore cette sorte d'appel grondant à l'apocalypse - mais c'est trop répétitif et au bout d'un moment, eh bien, les idées tournent en rond...
Néanmoins j'adore l'idée qu'on va finir par se jeter nous-mêmes dans la mort, faute de concevoir un autre moyen de retirer quelque chose d'une existence qu'on a nous-mêmes anéantis, socialement parlant.
J'en ai extrait pas mal de citations, à méditer donc.
Le Miracle de Théophile
Miracle du XIIIème siècle
Sortie : 3 mai 2000 (France). Théâtre
livre de Rutebeuf
FuligineuxNympheas a mis 2/10.
Annotation :
Lu pour un cours, à contrecœur, ce qui explique déjà ma mauvaise note... Même si j'étais curieuse de voir les rapports avec Faust.
J'ai eu du mal à comprendre la progression de l'histoire tant elle se renversait du tout au tout d'une scène à l'autre (mention pour le passage où Théophile insulte son ami, puis dans la scène d'après prie la Vierge pour se repentir). Je trouve aussi que le fait qu'il se donne au diable n'est pas assez explicite (justement, le fait qu'il insulte son ami m'a laissée perplexe par exemple !)
Journal de la fille qui cherche Egon Bondy (1971)
Deník dívky, která hledá Egona Bondyho
Sortie : 2004 (France). Poésie
livre de Egon Bondy
FuligineuxNympheas a mis 9/10.
Annotation :
Découvert dans un cours et utilisé pour un mini-mémoire : une vraie merveille !
J'adore cette esthétique où se heurtent sans cesse le je lyrique et la réalité extérieure (agressive), qui repose sur un fort contraste (même si c'est banal en poésie), notamment entre la religion et la sexualité. Cette dernière est d'ailleurs crue et prend une bonne part du recueil.
Le désespoir tangible est en partie contrebalancé par un émerveillement qui relève d'une expérience épiphanique : on dirait que le cri de révolte, de haine (particulièrement irrévérencieux, et j'adore, à l'encontre d'une société oppressante qui établit un modèle de conduite absurde) ne peut se résoudre que dans une libération totale (en l'occurrence se balader nu hors de la ville et refuser d'appartenir à cette société) qui n'en demeure pas moins mortifère puisque l'émerveillement final (une sorte de fable païenne) n'empêche pas que celui qui fait cette expérience n'a pas sa place dans un monde régénéré.
Je trouve aussi très intéressant que Bondy relate son expérience avec un énallage constant qui consiste à parler à la première personne au nom d'un avatar de Černá.
Le Livre du Voir dit (1364)
Sortie : 1 octobre 1999 (France). Roman
livre de Guillaume De Machaut
FuligineuxNympheas a mis 6/10.
Annotation :
Livre lu pour un cours. Une agréable surprise car j'ai des a priori sur la littérature médiévale. J'ai beaucoup apprécié les alternance de prose (lettres) et vers (avec des mètres différents, de l'octosyllabe habituel à l'insertion de poèmes comme des lais et ballades), ainsi que la dimension psychologique qui m'a parue assez fine sur la question de l'amour. Les allégories et les petits récits inscrits entre les lettres et l'intrigue principale (de toute façon toujours au service de celle-ci) étaient agréables.
En revanche je ne suis toujours pas charmée par la langue de l'époque (et encore, j'ai lu une traduction) et les topoï du goût médiéval. Je n'ai pas du tout apprécié l'attitude du je lyrique dans le premier tiers du livre non plus (le fait de demander à l'être aimé de nous consoler sans cesse de nos douleurs, comme si la femme était son infirmière...)
L'amour, la poésie, la révolution
Sortie : 26 mai 2011 (France). Poésie
livre de Vladimir Maïakovski et Aleksandr Mikhailovitch Rodtchenko
FuligineuxNympheas a mis 8/10.
Annotation :
La traduction était très belle, très agréable à lire en français ! (je ne sais en revanche pas quel degré de fidélité elle recèle...)
Une magnifique découverte, en particulier "La flûte de vertèbre", poème dont le souvenir m'accompagnera sans doute encore. J'ai un peu pensé à Bondy en raison des heurts entre le lyrisme personnel et la réalité politique ! ce qui correspond a une esthétique qui m'intrigue. D'ailleurs, le lyrisme développé ici me touche particulièrement, sans doute parce qu'il est assez désespéré.
J'ai aussi découvert que j'avais désormais un penchant pour les poèmes longs.
Valérie ou la semaine des merveilles (1932)
Valérie a týden divů
Sortie : décembre 2006 (France). Roman
livre de Vítězslav Nezval
FuligineuxNympheas a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Cf ma critique
Pas dans le cul aujourd'hui
Sortie : août 2014 (France). Correspondance
livre de Jana Cerna
FuligineuxNympheas a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Cf ma critique
Lettre au père
Brief and den Vater
Sortie : 1919 (France). Correspondance
livre de Franz Kafka
FuligineuxNympheas a mis 7/10.
Annotation :
Ecriture de l'intime, ce qui constitue un pan de la littérature qui m'intéresse.
Je l'ai lu en allemand donc j'ai sans doute perdu quelques morceaux de compréhension, surtout par rapport à l'émotion qui devait être poignante (mais au moins elle s'est retrouvée dans les phrases quelque peu alambiquées !)
Intéressant pour connaître un peu plus la vie et l'état d'esprit de Kafka.
Monsieur Vénus (1884)
Sortie : 1884 (France). Roman
livre de Rachilde
FuligineuxNympheas a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Cf ma critique