Cover Tardi : chronologie

Tardi : chronologie

Une BD-biblio pas forcément exhaustive - mais assez complète malgré tout - dans l'ordre chronologique des récits de la "Comédie humaine du XXe siècle" de Tardi.
On remarque d'ailleurs que l'auteur a fait bien peu d'histoires contemporaines de leur écriture (quatre histoires longues), plus ...

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44 BD

créée il y a environ 2 mois · modifiée il y a 12 jours
Le Cri du peuple : Intégrale
7.7

Le Cri du peuple : Intégrale (2021)

Sortie : 24 février 2021.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1871

Un genre de Jean-Edmond Valjean-Dantès se trouve plongé dans le Paris interlope d'Eugène Sue mâtiné d'ambiance à la Zola façon LA DÉBÂCLE-dernière partie. Ça schématise beaucoup, mais c'est un peu l'idée.
Il s'agit donc du récit de vengeance d'un ancien bagnard emprisonné à tort qui débarque à Montmartre le 18 mars 1871, premier jour de la Commune.

Le récit de Vautrin, dans cette adaptation (je n'ai pas lu le roman), concerne au premier chef les personnages ; le cadre historique ne servant que de toile de fond. Et on retrouve, comme chez Zola d'ailleurs (et aussi chez Tardi), une description peu flatteuse du genre humain.
Pour ce qui concerne le travail du dessinateur, c'est impressionnant. Il fait en quelque sorte la synthèse de ses deux thèmes de prédilection : Paris et la Grande Guerre. Son expérience graphique des deux domaines lui permet ainsi un réalisme de reconstitution historique qui frôle parfois le documentaire.

On regrettera cependant que le dernier thiers ...Oups ! pardon. ...que le dernier tiers, donc, ressemble trop à une énumération de faits durant laquelle l'intérêt envers les personnages se dilue inéluctablement dans les descriptions d'horreurs commises par les deux camps, dans des pages qui finissent par toutes se ressembler et à lasser au bout du compte.
Il n'empêche que cette mini-série de 4 tomes, très bien rassemblés dans la plus récente intégrale, mérite grandement qu'on s'y arrête.

Le Démon des glaces
7.6

Le Démon des glaces (1974)

Sortie : octobre 1974.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

1889-90

Celui-là, c'est du bonbon.
Première histoire indépendante parue en album fin 1974 et sans prépublication, LE DÉMON DES GLACES est fondateur dans l’œuvre de Tardi.
Ça commence dès la couverture, à la fois majestueuse et angoissante, référence évidente à 20.000 LIEUES SOUS LES MERS de Jules Verne, à qui cette histoire est un hommage permanent.
On suit donc le parcours d'un jeune gars sympathique au demeurant, Jérôme Plumier, victime d'un naufrage en Arctique, à la recherche de son oncle. L'aventure est présentée sous une forme volontairement surannée, reprenant l'esthétique des illustrations des livres de Verne, dans un univers qu'il n'aurait pas renié. Le ton ironique de Tardi est très drôle (notamment dans les commentaires) et les personnages principaux se révèlent finalement tous être de sales cons. Mais c'est très marrant parce que totalement inattendu : le retournement de situation du chapitre VI (planche 4) est tout simplement génial.

Seul bémol : la fin beaucoup trop brutale.

Adèle et la Bête - Adèle Blanc-Sec, tome 1
7.1

Adèle et la Bête - Adèle Blanc-Sec, tome 1 (1976)

Sortie : avril 1976.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

1911

En passionné de la Belle Époque, Tardi crée une nouvelle série qui deviendra emblématique. On le sent d'ailleurs plus que jamais dans son élément lorsqu'il crée ses décors parisiens de 1911.
Il rend cette fois hommage aux feuilletons qui paraissaient dans la presse d'avant 14 ; des récits faits d'aventures mystérieuses à suivre qui tenaient le public en haleine à coup d'assassinats rocambolesques ou d'énigmes empreintes de spiritisme, chers aux Souvestre, Alain, Leroux et autres Leblanc, dans un univers où le progrès est encore envisagé comme la solution à tous les maux, et où chacun semble pouvoir créer dans sa cave ou son grenier une nouvelle invention qui profitera à l'humanité.

Adèle Blanc-Sec - elle-même intrigante - apparaît tardivement dans l'histoire et Tardi sait cultiver la part de mystère de son personnage principal (apparemment aisée, accompagnée de deux hommes - quelles sont leurs relations ? - à la recherche d'un magot volé à un banquier assassiné). Les autres protagonistes ont tendance à s'empiler comme un mille-feuille et on s'y perd un peu, notamment entre Albert et Joseph, mais le benêt Caponi fait bien sourire. Et comme souvent, l'ironie fait ce qu'il faut pour rendre le récit (auto)critique et très vivant.

Le Démon de la tour Eiffel - Adèle Blanc-Sec, tome 2
7.3

Le Démon de la tour Eiffel - Adèle Blanc-Sec, tome 2 (1976)

Sortie : mai 1976.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1911

LE DÉMON DE LA TOUR EIFFEL débute huit jours après la fin d'ADÈLE ET LA BÊTE et c'est bien sûr du même tonneau. On y apprend finalement que, romancière, Adèle ne s'était liée au départ à Ripol que pour se documenter sur le milieu des voyous et que l'hôtel particulier de Meudon n'était pas chez elle. Pour le reste, on est toujours dans le monde du mystère teinté de fantastique qui était très à la mode à cette époque-là. Le style nouille est partout et Flagolet rappelle indubitablement Pierre Loti.
On remarquera au détour d'une case le caveau de famille des Plumier au Père Lachaise, et on apprécie encore une fois l'ironie mordante de Tardi, toujours aussi vivace (également envers lui-même), lorsque ses personnages s'accordent sur le fait que "cette histoire ne serait pas bonne à faire un mauvais roman. Trop compliquée, on n'y comprendrait rien".
La fin est complètement immorale, mais c'est fait pour et c'est ce qui donne son charme à l'ensemble. Les deux premiers albums sont d'ailleurs meilleurs considérés comme un tout (8/10) que indépendamment l'un de l'autre.

Le Savant fou - Adèle Blanc-Sec, tome 3
7.3

Le Savant fou - Adèle Blanc-Sec, tome 3 (1977)

Sortie : avril 1977.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 8/10.

Annotation :

1912

Une fois le décor et les personnages bien plantés dans la première paire d'albums, on retrouve Adèle dans le très joli Paris enneigé de janvier 1912 aux côtés de quelques savants plus ou moins dingos, surtout un. L'histoire est moins alambiquée que précédemment mais toujours aussi typique du fantastique très en vogue de l'époque. Et le pithécanthrope est excellent, en particulier dans sa première scène. Tardi s'amuse, et nous aussi.

Momies en folie - Adèle Blanc-Sec, tome 4
7.4

Momies en folie - Adèle Blanc-Sec, tome 4 (1978)

Sortie : janvier 1978.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

1912-13

Peut-être le meilleur album de la série, qui clôt la première période des AVENTURES EXTRAORDINAIRES D'ADÈLE BLANC-SEC. C'est d'ailleurs, contrairement au trois précédents, le seul album à la fin duquel il y a marqué "fin" sans question d'accroche au lecteur pour l'inciter à lire le prochain tome. Tardi comptait vraiment arrêter la série en 1978 et se consacrer à autre chose.
Il n'en reste pas moins que MOMIES EN FOLIE clôt cet ensemble de très belle manière. C'est loufoque et iconoclaste et la référence au DÉMON DES GLACES fait très plaisir. Ce n'est pas du simple fan service bas de plafond comme on nous en sert vulgairement au kilo à l'heure actuelle à la moindre occasion.

Luc Besson a adapté ces deux derniers albums au cinéma en 2010 pour un résultat décevant.

Adieu Brindavoine / La Fleur au fusil
7.1

Adieu Brindavoine / La Fleur au fusil (1979)

Sortie : avril 1979.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1914

ADIEU BRINDAVOINE est la première histoire longue de Tardi seul, publiée dans "Pilote" en 1972. C'est un récit de jeunesse, avec ses imperfections, mais aussi avec son charme qui opère encore très bien aujourd'hui. On y trouve les prémices de ce qu'il développera par la suite, notamment dans LE DÉMON DES GLACES et ADÈLE BLANC-SEC, à commencer par sa passion pour la Belle Époque, son atmosphère et son esthétique.

On retrouve ensuite Brindavoine dans "La Fleur au fusil", histoire courte de 10 planches parue dans "Pilote" en 1974 et qui fait le lien entre le précédent récit et la Grande Guerre. Une brève histoire comme seul Tardi sait les concocter, mélange de réalisme cru, d'onirisme décalé et d'ironie grinçante.
L'ajout en 1979 de cette histoire à la suite d'ADIEU BRINDAVOINE donne plus de consistance à l'album.

Putain de guerre ! 1914-1915-1916
7.9

Putain de guerre ! 1914-1915-1916 (2008)

Sortie : 7 novembre 2008 (France).

BD franco-belge de Jean-Pierre Verney et Jacques Tardi

Muffinman a mis 8/10.

Annotation :

1914-16

Les trois premières années de la Grande Guerre illustrées par Tardi et Verney, à la fois par l'interprétation graphique d'un Tardi plus inspiré que jamais par un sujet qui l'a toujours pris au tripes (c'est le cas de le dire), et les articles de Verney illustrés par les photographies d'époque, à l'instar des articles de presse contemporains.
La forme du projet est excellente. C'est peut-être le meilleur livre de Tardi sur le premier conflit mondial. Ne serait-ce que par le traitement visuel qu'il a choisi, notamment par la disparition progressive de la couleur au fur et à mesure qu'on s'enlise dans le conflit et les tranchées. Et ce pour mieux marquer la violence des boucheries avec des retours de couleur (souvent le rouge sang) qui explose à la figure dans les moments les plus violents et expressifs.

Un héros peut en cacher un autre

Un héros peut en cacher un autre (1986)

Sortie : février 1986 (France).

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 5/10.

Annotation :

1915

Pas vraiment une BD au sens habituel. Il s'agit d'un court récit de 14 planches fait d'illustrations (deux par page) utilisées lors d'une expo consacrée à Tardi au 13e festival d'Angoulême.
Un type parle en voix off de son engagement dans la Grande Guerre et de sa mort en testant les gaz (d'où le 1915 que j'ai indiqué en repère chronologique).
Ça avait certainement plus d'intérêt à voir dans le cadre de l'expo qu'à lire comme ça.
Anecdotique.

Varlot soldat
7.4

Varlot soldat (1999)

Sortie : 1 octobre 2002 (France).

BD franco-belge de Didier Daeninckx et Jacques Tardi

Muffinman a mis 6/10.

Annotation :

1917

Une histoire courte (36 planches de deux cases) pour raconter l'aventure du soldat Varlot qui porte une lettre de l'autre côté de ses lignes à la veuve d'un de ses potes de tranchée suite à un concours de circonstances. Le scénario est simple mais bien construit, efficace et de qualité, mais pas forcément indispensable.

Le Trou d'obus
8.4

Le Trou d'obus (1984)

Sortie : février 1984.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1917

Un épisode de la Guerre des tranchées au paroxysme du conflit, fin 1917. Ce récit réaliste de Tardi est paru à l'origine en couleur, puis a été intégré en noir et blanc au début de C'ÉTAIT LA GUERRE DES TRANCHÉES une dizaine d'années plus tard. On y suit un soldat, qui symbolise finalement tous les autres, dans son quotidien, au combat ou lorsqu'il a la chance d'avoir des moments de calme pour quelques brefs instants de répit à l'arrière.
C'est avec LE TROU D'OBUS que Tardi trouve son style pour raconter la Grande Guerre, macabre et fascinant à la fois.

C'était la guerre des tranchées, 1914-1918
8.1

C'était la guerre des tranchées, 1914-1918 (1993)

Sortie : octobre 1993 (France).

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1914-18

A la même époque que LE TROU D'OBUS, dans (A Suivre), Tardi développe le même principe de narration pour illustrer Quatorze-Dix-huit, en partant d'exemples précis (dont celui de son grand-père parti chercher le ravitaillement). Cette fois, tout est en noir et blanc, et si Tardi se défend d'avoir créé un livre d'Histoire, il n'en demeure pas moins un bon outil pour tenter d'entrevoir à quoi cela a pu ressembler, même si - fort heureusement pour nous - on en sera toujours très loin.
On trouve également ici les récits originaux qui ont inspiré quelques épisodes de la vie de Lucien Brindavoine durant la guerre (cf. LA FLEUR AU FUSIL et LE SECRET DE LA SALAMANDRE).

Le Dernier Assaut
7.4

Le Dernier Assaut (2016)

Sortie : 5 octobre 2016 (France).

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 6/10.

Annotation :

1916-18

Un étrange récit de guerre qui oscille entre documentaire présenté par le brancardier Augustin déambulant dans les tranchées de manière fantomatique (est-il vivant ? est-il mort ?) en nous racontant des épisodes peu connus du conflit (les Bantams anglais, l'entrée en guerre des Portugais, les révoltés russes matés dans la Creuse, les cas d"obusite"...) et épisodes de tranchée tels qu'on a pu déjà les rencontrer dans les précédents ouvrages consacrés au sujet par l'auteur.

LE DERNIER ASSAUT est le dernier Tardi à traiter du sujet - paru au moment des célébrations du centenaire de Verdun - et s'il n'apporte rien de plus d'un point de vue graphique, il permet néanmoins par l'originalité de son scénario un brin onirique de se faire une place intéressante dans sa biblio concernant ce thème.

Paru à l'origine en couleur, il est désormais réédité en noir et blanc.

Putain de guerre ! 1917-1918-1919
7.9

Putain de guerre ! 1917-1918-1919 (2009)

Sortie : 4 novembre 2009 (France).

BD franco-belge de Jean-Pierre Verney et Jacques Tardi

Muffinman a mis 8/10.

Annotation :

1917-19

Dans la prolongation de la première partie et du même niveau, tout aussi efficace et édifiante.
Lorsqu'on lit les albums de guerre de Tardi (14-18), on se dit que nos problèmes actuels sont bien minimes, et malgré la médiocrité socio-politique généralisée du monde actuel, il vaut mieux vivre à notre époque qu'à celle qu'ont connu tous ces pauvres gens.

Se procurer l'intégrale qui est très bien faite. Et si on ne veut acquérir qu'un seul bouquin de Tardi sur le sujet, c'est celle-ci qu'il faut privilégier.

Le Secret de la salamandre - Adèle Blanc-Sec, tome 5
7.1

Le Secret de la salamandre - Adèle Blanc-Sec, tome 5 (1981)

Sortie : avril 1981.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 6/10.

Annotation :

1916-18

Le retour de Mademoiselle Blanc-Sec se fait dans un étrange album d'ADÈLE SANS ADÈLE (elle n'apparaît que dans 9 cases).

À l'issue de MOMIES EN FOLIE, Tardi avait - semblait-il - mis un point final à sa série en tuant Adèle, la remisant au congélo. Trois ans après, il décide d'y revenir en ajoutant Lucien Brindavoine à son univers. Cet album est donc un mélange des environnements des deux personnages.
Les lecteurs habituels d'ADÈLE BLANC-SEC furent donc déroutés par LE SECRET DE LA SALAMANDRE qui ne parle quasiment que de Lucien ou des personnages rencontrés dans ADIEU BRINDAVOINE. L'ensemble ressemble à un bordel sans nom qui correspond bien à l'ambiance de chaos de l'époque. C'est assez anarchique, mais le narrateur croisé entre ADIEU BRINDAVOINE et "La Fleur au fusil" (une représentation de Tardi lui-même complètement décati) joue les fils rouges pour nous aider à comprendre ce qu'il se passe.

Et le résultat n'est finalement pas si mal. L'atmosphère à l'arrière du front (nous sommes toujours au temps de la Grande Guerre) est très bien rendue. C'est d'ailleurs très intéressant de lire les albums de Tardi dans l'ordre chronologique des récits comme présentés ici, car ça donne une dimension supplémentaire aux personnages et à leur univers.

En somme, il ne faut pas s'attendre à lire du ADÈLE BLANC-SEC en lisant cet album de transition, étant donné qu'il s'agit plus d'un tome 2 de BRINDAVOINE que d'un tome 5 d'ADÈLE BLANC-SEC. Et on comprend donc bien que ADIEU BRINDAVOINE ait finalement été intégré à la série (en en reprenant aussi la maquette depuis 2022).

La véritable histoire du soldat inconnu
7.5

La véritable histoire du soldat inconnu (1974)

Sortie : octobre 1974 (France).

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 6/10.

Annotation :

1918

Récit éroticoniricorrifique et bien sûr sarcastique racontant la prétendue histoire du soldat inconnu, qui serait un gros connard. Ça la ficherait mal, hein, si un tel individu servait à représenter et symboliser l'ensemble de tous ces pauvres gars morts pour la France ? Alors Tardi le fait parce que Tardi aime chatouiller.
Le récit, paru au même moment que LE DÉMON DES GLACES, date de 1974 et fleure bon la provo anti-militariste de l'époque.

Il a été réédité en 2005 avec LA BASCULE À CHARLOT en complément :
https://www.senscritique.com/bd/la_bascule_a_charlot/11063520
Ces deux histoires glauques, violentes et malsaines forment un ensemble très cohérent dans un album à tenir à l'écart de portée des enfants, et qui marquent plus pour l'impression qu'elles rendent que pour ce qu'elles sont réellement.
Deux récits abstraits qui fonctionnent mieux ensemble que séparément (7/10).

Le Noyé à deux têtes - Adèle Blanc-Sec, tome 6
6.8

Le Noyé à deux têtes - Adèle Blanc-Sec, tome 6 (1985)

Sortie : septembre 1985.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 6/10.

Annotation :

1918

LE NOYÉ À DEUX TÊTES marque le véritable retour d'Adèle Blanc-Sec, mais reste toujours aussi bordélique, même s'il se recentre sur son sujet principal. On y apprécie les déambulations nocturnes des personnages dans Paris le 11 novembre 1918 et quelques passages plutôt rigolos. En revanche, la série devient plus absurde qu'auparavant puisqu'on peut constater par exemple que Brindavoine est immortel (il se pend une bombe dans la tronche et tombe d'un immeuble, mais reste indemne à chaque fois).
De son côté, Adèle commence à changer. Elle est plus ronde et épaisse qu'elle n'était jusqu'à présent.

Tardi utilise cette histoire pour dire encore ce qu'il pense du premier conflit mondial avec parfois Adèle comme porte-parole, ce qui est assez maladroit car elle est le seul personnage à ne pas l'avoir vécu.
Un album sympa qui achève la transition amorcée par LE SECRET DE LA SALAMANDRE en lançant les bases de nouvelles intrigues pour la suite.
Et puis, c'est ici qu'on trouve cette remarque excellente : "On m'a appris que les Américains n'étaient que des gardiens de vaches. Étant donné que les Français sont des veaux, les Français ont désigné leurs maîtres." héhéhé... est-y pas taquin le Jacquot.

Tous des monstres ! - Adèle Blanc-Sec, tome 7
6.8

Tous des monstres ! - Adèle Blanc-Sec, tome 7 (1994)

Sortie : octobre 1994.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 6/10.

Annotation :

1918

C'est le lendemain de l'Armistice et la vie d'Adèle reprend son cours, à commencer par une visite chez son éditeur Bonnot (aperçu précédemment dans LA VÉRITABLE HISTOIRE DU SOLDAT INCONNU). L'histoire est plus cadrée que les deux précédentes, on y trouve un fil conducteur plus cohérent, mais c'est de plus en plus absurde. Ce qui différencie la seconde partie de la série par rapport à la première (1976-78).
Et, à l'instar d'Adèle qui a changé de personnalité comme de physique, Simon Flagolet, le détective, n'a plus rien à voir non plus avec ce qu'il était dans les premiers épisodes, dans lesquels il était plus intéressant. Il est désormais outrageusement pusillanime.

Tardi se défoule sur ses personnages et les maltraite copieusement et c'est ici qu'il commence à faire des cases répugnantes (les gerbis de Dieuleveult), mais ça n'empêche pas TOUS DES MONSTRES d'être un bon album, dans lequel participent quelques grands noms de la BD, tels que Mézières, Questac, F'murr, Bilal, Fred, Boucq, Gotlib, Solé, Comès ou encore Druillet pour les monstres. L'ironie mordante est toujours là et on trouve à nouveau une belle référence au DÉMON DES GLACES.

Le der des ders
7.7

Le der des ders (1997)

Sortie : novembre 1997 (France).

BD de Didier Daeninckx et Jacques Tardi

Muffinman a mis 8/10.

Annotation :

1920

Après la démobilisation, le soldat Eugène Varlot est devenu détective privé. Un colonel de la Grande Guerre lui confie la mission de suivre sa femme adultère. L'enquête paraît banalement simple au début, puis se complique (chantage, scandale, trafic louche, secret d'état, étouffement de massacre et d'assassinat perpétré en 1917 sous couvert de conflit mondial). Tout un tas d'éléments qui s'accumulent pour faire une histoire très (trop ?) riche dans laquelle on peut s'embrouiller à la première lecture.
Mais on retrouve dans cette histoire l'ambiance noire des NESTOR BURMA, et l'atmosphère des Années Folles débutantes est encore là aussi très bien restituée par Tardi.

Le Mystère des profondeurs - Adèle Blanc-Sec, tome 8
6.7

Le Mystère des profondeurs - Adèle Blanc-Sec, tome 8 (1998)

Sortie : octobre 1998.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1922

On revient enfin au niveau de la première partie de la série avec cet album. Tardi crée de nouveaux personnages truculents (le dentiste, Fluet et le notaire) tandis que le gros commissaire Laumanne s'empêtre dans un rébus en se coupant les doigts à la guillotine. On a quitté l'absurde pour revenir à un fantastique de feuilleton plus classique (les limules géants, un clin d’œil à la légendaire Musidora des VAMPIRES), et comme le tout est saupoudré de dialogues marrants, ce tome est ravigotant. Et le dessin toujours au top.

Le Labyrinthe infernal - Adèle Blanc-Sec, tome 9
6.5

Le Labyrinthe infernal - Adèle Blanc-Sec, tome 9 (2007)

Sortie : octobre 2007.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 6/10.

Annotation :

1923

Le style de Tardi a changé, son trait est plus épais ; une évolution que représente parfaitement le personnage d'Adèle qui, de toute fine et élégante à ses débuts est devenue une grosse dondon moche et avinée (sur l'édition actuelle, comparer sa tête entre le recto et le verso de la couv'). Elle était caustique et sarcastique, elle est devenue cynique et aigrie. Beaucoup moins sympathique, donc.
Néanmoins, l'histoire alambiquée que nous propose Tardi est plutôt bien construite et on attend la suite à la fin de l'album.
Qu'on attendra longtemps....

Le Bébé des Buttes-Chaumont - Adèle Blanc-Sec, tome 10
5.2

Le Bébé des Buttes-Chaumont - Adèle Blanc-Sec, tome 10 (2022)

Sortie : 12 octobre 2022.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 4/10.

Annotation :

1923-24

Tardi s'était lancé dans LE BÉBÉ DES BUTTES-CHAUMONT dans la foulée du LABYRINTHE INFERNAL, mais lassé de son histoire (on le comprend) et de ses personnages, il a laissé tomber. Le temps passant, on pensait donc qu'il n'y aurait jamais de fin à ADÈLE BLANC-SEC lorsque, miracle ! quinze ans plus tard, on a appris la parution de cet inespéré tome 10.

Si le tome précédent était sauvé par quelques bonnes trouvailles et une série de petites intrigues qui tenaient encore la route, ici c'est la grosse plantade. Tardi fait traîner sans raison, il rabâche et on s'ennuie ferme. C'est un gros n'importe quoi. Assumé. Mais n'importe quoi quand même et c'est donc ennuyant. Et - gros problème - le dessin laisse à penser qu'il a traité son histoire par dessus la jambe. Son trait, désormais toujours aussi épais et de plus en plus rondouillard, est parfois mal assuré (la main qui tremble ?), les décors peu détaillés (voir la couv'), l'exécution grossière (comparer le ptérodactyle du tome 1 à celui de la page 23 (ou du tome 9) : c'est tellement laid qu'on croirait que c'est dessiné par Sfar). Et tous ces boutons, pustules, tentacules et autres mochetés sont répugnants.

Bref, c'est raté et on voit un peu trop que Tardi - se sentant obligé de conclure (pourquoi après tout ce temps ? Besoin de sous ?) - a empilé des idées improvisées à la va-vite dans un "Oh, et puis merde !" généralisé, en faisant par la même occasion un gros bras d'honneur à ses lecteurs.

On sourira juste à la critique envers l'envahissement de ces saloperies de trottinettes ou à celle adressée à la mair(i)e de Paris pour la crasse de la ville. Critiques dont l'auteur, cynique, sait qu'elle flattera une grande partie du lectorat qui ne verra pas, du coup, le bras d'honneur évoqué plus haut.

Ici même
7.7

Ici même (1979)

Sortie : octobre 1979 (France).

BD franco-belge de Jacques Tardi et Jean-Claude Forest

Muffinman a mis 5/10.

Annotation :

19??

Deux auteurs majeurs de la bande-dessinée française font équipe à partir de 1977 pour fournir une histoire "à suivre" au tout nouveau journal de BD du même nom créé par Casterman. Et ça commence plutôt pas mal, dans un univers absurde et surréaliste, où le personnage principal, schizophrène et paranoïaque, évolue dans un pays dont il est propriétaire, mais dont il a été dépossédé. La base posée, on suit ainsi Arthur Même pour savoir comment va se développer son histoire dans ce huis-clos en extérieur, genre de Kafka en plein air. On ne sait d'ailleurs ni quand ni où ça se passe, les anachronismes étant légion, mais c'est voulu et c'est d'ailleurs ce qui crée l'ambiance ; ce qu'il y a de plus réussi.

Parce qu'il faut bien l'admettre : au fur et à mesure de la lecture, on se rend bien compte que le récit tourne à vide et ça devient vraiment pénible. Forest en fait des tonnes et, comme souvent, retombe dans ses travers (cf. COMMENT DÉCODER L'ETIRCOPYH). C'est bavard, verbeux et finalement très prétentieux. Tardi et lui étaient rémunérés à la planche par Casterman, qui payait bien. Ils ont donc fait traîner en longueur pour que ça rapporte plus au détriment de la qualité de l'histoire. Résultat : ICI MÊME est un beau gâchis (163 planches dont une soixantaine de trop environ).
Et après ça, on va nous faire des beaux discours et nous sortir les habituelles rengaines sur l'art "intransigeant", "sans concession" etc. qui vaut mieux que l'art "commercial", "que pour le fric".
"Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais" quoi.

120, rue de la Gare - Nestor Burma, tome 2
7.9

120, rue de la Gare - Nestor Burma, tome 2 (1988)

Sortie : janvier 1988 (France).

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 10/10.

Annotation :

1940-41

Le deuxième NESTOR BURMA que Tardi choisit d'adapter est le tout premier Léo Malet de la série paru en 1943. Et quelle adaptation ! Il n'y a pas à tortiller, c'est une très grande réussite. Un indispensable de la bande-dessinée dans ce qu'elle peut produire de mieux. En un mot : un chef-d’œuvre !
Ce qu'il y a d'épatant avec cet album, c'est que lorsqu'on le relit et bien que l'on connaisse le coupable, on redécouvre à chaque fois l'enchaînement des événements quasiment comme si c'était la première lecture, tellement il y a d'éléments qui s'imbriquent.
Quant au dessin, que ce soit Lyon dans le brouillard, ou Paris et la campagne dans la neige, c'est parfaitement rendu. L'ambiance est pesante, l'atmosphère d'occupation est palpable.

On notera juste un petit anachronisme : l'affiche des AVENTURES FANTASTIQUES DU BARON DE MÜNCHAUSEN devant laquelle passe Burma ne peut être collée sur un mur en 1941, vu que le film est de 1943.

À lire absolument !

Adapté en comédie policière en 1946 par Jacques Daniel-Norman avec René Dary dans le rôle principal, Sophie Desmarets et Jean Parédès. Marrant.

Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, tome 1
7.8

Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, tome 1 (2012)

Sortie : 17 novembre 2012 (France).

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1933-45

Tardi, profondément marqué par les souvenirs de 14-18 de son grand-père racontés par sa grand-mère, a produit une somme sur la question considérée à juste titre aujourd'hui comme incontournable dans la bande-dessinée française.
Cette fois, il se base sur les carnets de son père racontant sa guerre, celle de 39-45, pour témoigner de sa vie de prisonnier dans un camp en Poméranie.

La narration est une nouvelle fois différente des autres récits guerriers de Tardi. Il se met cette fois en scène, en gamin qui dialogue avec son père dans les lieux de l'action. Le procédé pourrait paraître trop artificiel ou créer un effet de style superflu un rien pompeux, mais il n'en est rien. Ça fonctionne à merveille et, une nouvelle fois, il embarque le lecteur avec lui dans cet autre cauchemar.

Mon retour en France - Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, tome 2
7.8

Mon retour en France - Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, tome 2 (2014)

Sortie : 26 novembre 2014.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 4/10.

Annotation :

1945

À partir du moment où les prisonniers sont libérés, ça devient beaucoup moins intéressant. Si le récit est prometteur dans les premières pages, ça devient vite ennuyant. Tardi rabâche, et comme il n'a plus d'éléments personnels suffisants pour faire le nombre de pages qu'il souhaite conséquent, il remplit avec tout ce qu'on a déjà appris depuis longtemps, mieux raconté, dans des kilos de livres d'histoire ou de documentaires dont on nous bourre le crâne à longueur d'années. Mais lorsque ça redevient plus personnel vers la fin, et donc plus original, ça recommence à devenir intéressant. Mais c'est trop tard.
Il faut vraiment se forcer pour lire toujours la même chose, illustrée par des cases montrant quasi-exclusivement une colonne de prisonniers évoluant dans la campagne allemande par tous les temps, le tout commenté par une longue litanie enfonçant encore une fois des portes ouvertes. Un pensum.

On notera toutefois la surprenante capacité du dessinateur à ne pas refaire deux fois la même case malgré les nombreuses redondances.

Après la guerre - Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, tome 3
7.2

Après la guerre - Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, tome 3 (2018)

Sortie : 28 novembre 2018.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 6/10.

Annotation :

1945-54

En fait, le titre de ce triptyque est très mal choisi (le Stalag IIB n'est concerné que dans le premier tome), et par rapport à ce qu'il laisse envisager, les tomes 2 et 3 sont des hors-sujets. Il s'agit en fait du récit, plutôt bâtard, que Tardi nous fait des événements de la Seconde Guerre mondiale, dont on se fiche un peu vu qu'on sait déjà tout ça (on passe certaines cases sans les lire, tant on se désintéresse de l'énoncé fastidieux du nombre et des kilos de bombes déversés tel jour à telle heure). D'un autre côté, il s'agit de la vie de sa famille dans les années d'après-guerre ; pas particulièrement de celle de René Tardi d'ailleurs (hors-sujet encore).

La seconde moitié de ce troisième album est purement une autobiographie des années de jeunesse de l'artiste. Et c'est ce qui sauve le projet, parce que ça devient plus personnel, et donc plus original et attachant.

Jeux pour mourir
7.7

Jeux pour mourir (1992)

Sortie : décembre 1992.

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1950

Pour être noir, c'est noir ! Et ce qui est paradoxal, c'est que les couleurs vives de l'été caniculaire utilisées cette fois par Tardi accentuent la noirceur de cette ville de banlieue fictive de Seine et Oise, d'un sinistre à pleurer où les gamins semblent n'avoir aucun avenir en dehors de la délinquance. L'atmosphère est lourde et pesante, les personnages sont soit des crapules, soit simplets, soit pathétiques. Bref, tout cela est bien sordide, à commencer par le scénario très bien orchestré par Tardi.
Son trait est cependant plus épais et paraît souvent moins soigné que d'habitude. On se dit également que ces grandes cases auraient peut-être été mieux adaptées à une taille d'album plus petite que le format classique (qui pèse d'ailleurs son poids).
Il n'en demeure pas moins que cet album, qui est sans doute le moins connu de la biblio de l'auteur (il n'est plus édité depuis longtemps), est tout à fait valable et très réussi.
Il est juste un brin déprimant.

M'as-tu vu en cadavre ? - Nestor Burma, tome 5
7.3

M'as-tu vu en cadavre ? - Nestor Burma, tome 5 (2000)

Sortie : novembre 2000 (France).

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1956

Après JEUX POUR MOURIR, c'est rafraîchissant de lire ce NESTOR BURMA traité sur le mode de la comédie policière. Les dialogues sont souvent rigolos, l'intrigue, adaptée de Malet, est bien menée et on se délecte à nouveau de la finesse du dessin de Paris, où il semble que le Gabin de TOUCHEZ PAS AU GRISBI ou le Ventura de 125, RUE MONTMARTRE va débouler d'une case. À savourer en particulier, la première rencontre de Nestor avec Mado et les dialogues avec Hélène qui a une place plus importante dans l'histoire. On regrettera en revanche la fin beaucoup trop rapide ; ça rappelle Tillieux qui développait bien ses histoires mais qui devait conclure en deux pages pour entrer dans le format classique des 44 planches.
Avec deux ou trois pages de plus, M'AS-TU VU EN CADAVRE ? aurait gagné en qualité. Il reste cependant très bon.

Adapté au cinéma (NESTOR BURMA, DÉTECTIVE DE CHOC) en 1982 avec Michel Serrault dans le rôle de Burma et Jane Birkin dans celui d'Hélène.

Brouillard au pont de Tolbiac - Nestor Burma, tome 1
7.8

Brouillard au pont de Tolbiac - Nestor Burma, tome 1 (1982)

Sortie : mai 1982 (France).

BD franco-belge de Jacques Tardi

Muffinman a mis 7/10.

Annotation :

1956

Publié en 1981 dans (A Suivre) et paru en album l'année d'après, BROUILLARD AU PONT DE TOLBIAC est la toute première adaptation de NESTOR BURMA par Tardi qui enchanta grandement son créateur, Léo Malet. On évolue dans un XIIIe arrondissement de Paris très noir, pluvieux, sinistre et digne des meilleurs polars de l'époque (Nestor va d'ailleurs voir DU RIFIFI CHEZ LES HOMMES au cinéma avec Bélita).
Comme c'est le tout premier tome de la série, c'est un de ceux qui a le plus fait parler de lui et qui a marqué les esprits. L'aspect du privé (avec ses oreilles particulièrement décollées) n'est pas encore définitif et son univers n'est pas encore présenté tel qu'on le connaît depuis (son agence, Hélène), ce qui peut dérouter lors d'une lecture chronologique des récits, comme ici, mais ça ne choque pas outre mesure car il n'y pas non plus de grosse contradiction.

L'histoire est bonne, le dessin excellent, on aperçoit Jean-Claude Forest en infirmier (avec qui Tardi a créé ICI MÊME deux ans auparavant) ou Malet qui passe dans la rue, mais ce n'est pas le meilleur pour autant.

Muffinman

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