Top 10 - 1943
10 films
créée il y a environ 2 ans · modifiée il y a 21 joursL'Ombre d'un doute (1943)
Shadow of a Doubt
1 h 48 min. Sortie : 26 septembre 1945 (France). Thriller, Film noir
Film de Alfred Hitchcock
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
"Il y a trop de femmes mûres aux États-Unis", déclare Hitchcock pour innocenter le suave Joseph Cotten, assassin de veuves fortunées venu se réfugier dans sa famille provinciale. L’histoire d’amour entre le meurtrier et sa jeune nièce ne peut se conclure que par de nouveaux crimes : le puritanisme tue. Et les cendres du passé déposé au fond du film – à la fois l’Amérique des années quarante et un chapitre révolu de l’histoire du cinéma – de remonter ainsi à la surface en une admirable apothéose.
Le Corbeau (1943)
1 h 32 min. Sortie : 28 septembre 1943 (France). Drame, Policier
Film de Henri-Georges Clouzot
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
La province française mise à mal par un sadique, métissée d’expressionnisme et passée à la loupe de l’entomologiste. Entre un enterrement au grand soleil et la lumière électrique qui balaie le visage des suspects, le film multiplie les déviations, les perversions, les frustrations. La vamp est une boiteuse, la femme honnête une démente, et c’est dans une église que s’affrontent les rivales, observées par la cornette d’une infirmière perfide. Qui est le Corbeau ? Tous coupables, répond Clouzot.
Meshes of the Afternoon (1943)
14 min. Sortie : 1943 (France). Fantastique
Court-métrage de Maya Deren et Alexander Hammid
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Quatorze minutes d’hypnose. On y éprouve les saccades irrationnelles de l’inconscient, on y évolue selon la logique déroutante du rêve (ou du cauchemar), on y croise la silhouette sans visage du "Voyage de Chihiro", on s’immerge envoûté dans un climat d’angoisse et de tension qui préfigure les univers oniriques et les dispositifs formels (boucles et spirales, répétitions et permutations) de Buñuel ou de Lynch, tout en actant la naissance d’une avant-garde américaine proche de Cocteau. Stupéfiant.
Colonel Blimp (1943)
The Life and Death of Colonel Blimp
2 h 43 min. Sortie : 15 août 1952 (France). Drame, Guerre, Romance
Film de Michael Powell et Emeric Pressburger
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Derrière cette saga romanesque s’étalant sur plusieurs décennies et différents conflits (de la guerre des Boers à celle de 14-18), un tourbillon de trouvailles visuelles, de cocasserie et de romantisme désenchanté. Mais aussi un optimisme plein de foi en la victoire, à une époque où la défaite du nazisme était loin d’être acquise. Et enfin, depuis la générosité du propos humaniste jusqu’aux rapports de classes et de nations, le seul film britannique que l’on puisse comparer à "La Grande Illusion".
Vaudou (1943)
I Walked with a Zombie
1 h 09 min. Sortie : 27 septembre 1967 (France). Épouvante-Horreur
Film de Jacques Tourneur
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Des sanglots fantomatiques aux ritournelles-oracles, des chants d’oiseau aux bruits de pas, des cris et chuchotements à la voix off habitée, de l’entre chien et loup à la clarté aveuglante de la nuit, tout dans la mise en scène vibratoire relève du rite de possession. En découle un film murmuré, halluciné, peuplé de morts-vivants, traversé de présages et de sortilèges. Un cérémonial de mystère et d’ombres, une transe qui met à l’épreuve la croyance des personnages comme celle des spectateurs.
Goupi mains rouges (1943)
1 h 44 min. Sortie : 14 avril 1943. Comédie dramatique, Policier
Film de Jacques Becker
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Zola sans emphase, Becker le naturaliste épuise l’étude des mœurs campagnardes et campe les trognes paysannes de la France profonde. Pas très joli joli, le microcosme où se déchire le clan Goupi, tribu de filous, de demeurés, d’avares, de maritornes et d’assassins. Le comique râpe la gorge comme une vieille gnôle et l’on garde le souvenir tenace des imprécations de Tonkin (Le Vigan, déchaîné) éructant son fiel à la face d’un monde corrompu auquel il ne peut échapper que par la mort violente.
Les Anges du péché (1943)
1 h 30 min. Sortie : 23 juin 1943. Drame
Film de Robert Bresson
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Avant de s’épurer dans une exigence toujours plus solitaire, le style de Bresson savait encore s’ouvrir au frémissement et aux lois de l’émotion. Pas de jugement porté sur ces nonnes soumises à l’abnégation et au renoncement, nul effet dramatique, mais un haut débat travaillé par des luttes intérieures, une force d’attraction qui relève non de la religion mais de la transcendance. Qui en fait des saintes, des criminelles, des artistes. Et qui provoque le grand ébranlement de la vie spirituelle.
Le Ciel peut attendre (1943)
Heaven Can Wait
1 h 52 min. Sortie : 28 août 1946 (France). Comédie, Fantastique, Romance
Film de Ernst Lubitsch
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
La vie d’Henry Van Cleve fut heureuse, même si elle comporta de ces vrais et grands et malheurs auxquels nul n’échappe s’il vit assez longtemps. Parce qu’il doit la justifier pour entrer au paradis, il confesse son égoïsme, ses failles, sa vie conjugale, ses infidélités et ses minuscules duperies. Toute une existence – et l’existence de tout homme – passée au tamis ironique de Lubitsch. Derrière la légèreté des situations, un traité philosophique sur l’art de savoir aimer, vieillir et mourir.
La Légende du grand judo (1943)
Sugata Sanshirô
1 h 19 min. Sortie : 25 mars 1943 (Japon). Aventure, Action, Drame
Film de Akira Kurosawa
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Dans un monde où les combats se livrent à la clarté lunaire, la mort est constamment présente mais la vie continue. Telle pourrait être la philosophie de ce récit initiatique marqué par son titre français au sceau d’un spectaculaire mensonger. L’anthologique duel final dans les hautes herbes, qui associe les nuages, le vent et la nature en une symbiose transcendante, en atteste : il s’agit moins de conquérir la force que d’atteindre la sagesse. Le brillant coup d’envoi d’une immense carrière.
Douce (1943)
1 h 50 min. Sortie : 10 novembre 1943. Drame
Film de Claude Autant-Lara
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
La fameuse séquence où la comtesse autoritaire et très collet monté fait sa tournée annuelle aux nécessiteux résume la cruauté anarchisante de cette sarcastique étude de mœurs : les pauvres sont aussi asservis à la morale de la reconnaissance que la vieille douairière à celle de la charité. Dans un film qui analyse la rupture de l’aristocratie avec la classe populaire et qui se terme sur la combustion et la mort, l’entente ne peut exister. Et la leçon est amère : tout ce qui attire détruit.