Top 10 - 1965
Ils auraient pu figurer ici mais ils restent sur le banc (films notés 8/10 minimum) :
"Bunny Lake a disparu" d'Otto Preminger
"Lord Jim" de Richard Brooks
"Les Poings dans les Poches" de Marco Bellocchio
"Sandra " de Luchino Visconti
"La 317ème Section" de ...
10 films
créée il y a environ 10 ans · modifiée il y a 11 moisBarberousse (1965)
Akahige
3 h 05 min. Sortie : 4 janvier 1978 (France). Drame
Film de Akira Kurosawa
Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Il faut voir la mort en face, éprouver la souffrance sans l’esquiver, partager la trivialité de la douleur et la solennité du passage dans les ombres pour être en mesure de préserver le souffle de la vie. Voilà la morale instruite par Barberousse, et ce par quoi devra passer un jeune médecin avant d’embrasser travail, mariage et existence. Avec cette chronique sociale et initiatique d’une générosité, d’une puissance exceptionnelles, Kurosawa offre au cinéma humaniste l’un de ses chefs-d’œuvre.
Le Bonheur (1965)
1 h 20 min. Sortie : 10 février 1965. Drame, Romance
Film de Agnès Varda
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
C’est un conte de fées sans antagoniste ni menace ou épreuve. Une définition idyllique de la symbiose quotidienne, en ce cœur des années gaullistes, saturée de soleil et de musique. Et de cet émerveillement quasi minnellien, de cette symphonie de bois coupé, de compositions bourgeonnantes et de couleurs pures, de cette exaltation champêtre ancrée dans une quiétude si heureuse qu’elle en devient suspecte, naît une troublante impression d’inaltérabilité. Un joyau à la fois opaque et transparent.
Guerre et Paix (1966)
Voyna i mir
7 h 06 min. Sortie : 16 décembre 1966 (France). Drame, Historique, Guerre
Film de Sergueï Bondartchouk
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Sept heures de démesure et de lyrisme plastique, dont on sort la mâchoire par terre et les yeux décalqués. Plutôt qu’en recenser les records logistiques, mieux vaut louanger l’audace avec laquelle, des fastes et bals mondains aux immensités des forêts sibériennes, des tableaux d’apocalypse (Moscou en flammes) au gigantisme hallucinant des batailles, ce film grandiose jette l’académisme aux orties et précipite le cyclone des passions dans le formalisme le plus fou. Une œuvre absolument colossale.
L'Obsédé (1965)
The Collector
1 h 59 min. Sortie : 3 septembre 1965 (France). Drame, Thriller
Film de William Wyler
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Les voies du cinéma sont parfois bien mystérieuses. Comment expliquer que l’un des représentants les plus illustres du classicisme hollywoodien ait pu livrer une œuvre aussi irriguée de modernité, aussi troublante dans sa thématique, aussi délestée des automatismes formels en vigueur ? Thriller insidieux, étouffant, entretenant une tension permanente et coupant court à toute lecture rassurante, cette pièce policière d’une précision entomologique est un bijou de toxicité à diffusion lente.
Répulsion (1965)
Repulsion
1 h 45 min. Sortie : 7 janvier 1966 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Thriller
Film de Roman Polanski
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Sous l’effet du Swinging London, Polanski transforme Deneuve avant même qu’elle ne soit malmenée par Buñuel. Il visualise sa désintégration mentale en associant les soins d’esthétique à des toilettes mortuaires, en fixant des hallucinations nées de rêves de vierge fêlée, en faisant de la jeune femme sa propre ennemie, coup de maître par lequel il se crée une place à part dans le cinéma de la psychopathologie. Sorti de l’eau, le couteau est à présent enfoncé bien profondément dans la chair.
Juliette des esprits (1965)
Giulietta degli spiriti
2 h 17 min. Sortie : 22 octobre 1965 (France). Comédie, Drame
Film de Federico Fellini
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Comme toujours chez Fellini, le voyage intérieur a valeur d’exorcisme. Sa Juliette ne cesse de confronter son image de femme modeste à celle des autres, semble perdue dans son univers, comme si elle habitait une maison de poupée. Il s’agit pour elle de se débarrasser de l’emprise psychique des vieilles mythologies, d’échapper aux pièges de ses visions extravagantes pour quitter ce monde obsessionnel et aller vers les grands arbres, c’est-à-dire sa nature. Le voyage est en tout point fascinant.
Pierrot le Fou (1965)
1 h 50 min. Sortie : 5 novembre 1965. Policier, Drame, Romance
Film de Jean-Luc Godard
Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Film-synthèse pour Godard, aboutissement d’une démarche poétique où il s’interroge sur l’art, la relation du rêve au réel et l’esprit des formes. Rouge du sang, de la cravate, du feu d’artifice, de la révolte. Bleu du ciel, de la mer, de la tendresse, d’un perroquet, du visage peint à l’heure du suicide. Vert de la nature, du bonheur, de la pinède où chante le couple. Jaune du sable, d’un gyrophare, d’une toile de Picasso. Une ballade repeinte aux couleurs de la vie, de la passion, de la mort.
Frontière chinoise (1966)
7 Women
1 h 27 min. Sortie : 27 juillet 1966 (France). Drame
Film de John Ford
Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Foin du patriotisme, de la morale et de la religion : le testament fordien inverse les rôles, investit d’ambigüité le royaume du binaire et refuse de faire coïncider les composantes sociales ou affectives avec des catégories stables. Formidable pari esthétique qui abandonne les champs de victoire de la nation américaine, il explore le flamboiement des désirs emmêlés, le non-dit de leurs assouvissements, la grandeur d’une femme courageuse engagée dans la lutte contre toutes les intolérances.
Les Amours d'une blonde (1965)
Lásky jedné plavovlásky
1 h 21 min. Sortie : 16 février 1966 (France). Comédie dramatique, Romance
Film de Miloš Forman
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Un très bel exercice d’adresse et d’équilibre, dont tout l’enjeu est de mettre au premier plan, sans basculer dans la charge à traits épais, des situations qui ne seraient que grotesques si elles n’étaient pas perçues d’un regard magnanime. Ici aucun personnage n’est présenté méchamment, ils restent tous dignes d’être aimés malgré leurs défauts. Et quand les voiles tombent, ce qu’ils révèlent est épinglé en moraliste par un cinéaste qui sait manier aussi bien l’humour que le vague à l’âme.
Faster, Pussycat ! Kill ! Kill ! (1965)
1 h 25 min. Sortie : 6 août 1965 (France). Drame, Action, Comédie
Film de Russ Meyer
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Dans le vaste univers du Z et de l’exploitation (qui m’est à peu près inconnu), ce film-culte doit faire office de manifeste et de sommet. Dix ans avant Tobe Hooper, Meyer électrise un schéma archétypal (l’Amérique rurale dégénérée, la famille de psychopathes difformes, la jeune innocente) par de stupéfiants flux d’énergie : corps érigés dans leur toute puissance sexuelle, vitesse et brutalité, combat du muscle et de la machine, expressionnisme élémentaire qui provoque une violente fascination.