Top 10 Livres: [4e de couverture]
Aux portes du top 10... (http://www.senscritique.com/liste/Top_10_Livres/116719)
Règle: auteurs différents de ceux présents dans le top 10 "officiel"
Liste de lecture: http://www.senscritique.com/liste/Notes_d_un_voyage_aencre_dans_le_papier/82144
10 livres
créée il y a plus de 10 ans · modifiée il y a 10 moisFictions (1944)
Ficciones
Sortie : 1944 (France). Recueil de nouvelles
livre de Jorge Luis Borges
Templar a mis 10/10.
Annotation :
Un livre. Ou peut-être dix-mille. Ou peut-être plus encore.
« Il n’avait pour tout document que sa mémoire ; son habitude d’apprendre chaque hexamètre ajouté lui avait imposé une heureuse rigueur que ne soupçonnent pas ceux qui aventurent et oublient des paragraphes intérimaires et vagues. Il ne travailla pas pour la postérité ni même pour Dieu, dont il connaissait peu les préférences littéraires. Minutieux, immobile, secret, il ourdit dans le temps son grand labyrinthe invisible. »
(Le miracle secret)
Clair-obscur (1916)
Meian
Sortie : 1989 (France). Roman
livre de Natsume Sōseki
Templar a mis 9/10.
Annotation :
« Une scène du passé, qui s’était répétée à plusieurs reprises entre eux deux, réapparut devant Tsuda avec netteté. À l’époque, Kiyoko croyait en un homme qui avait nom Tsuda. Elle puisait tout son savoir en lui. Elle cherchait en lui la solution à tous ses problèmes. On avait l’impression qu’elle projetait sur lui un avenir qu’elle ne comprenait pas. Même si ses yeux s’animaient, ils étaient donc immobiles. Lorsqu’ils l’interrogeaient sur un sujet, il y avait en eux une lueur de confiance et de paix. Il avait le sentiment d’être né avec le privilège d’être le seul propriétaire de cette lueur. Il avait même pensé que c’était à son existence que les yeux de Kiyoko devaient la leur. »
« Fatigué par une nuit d’insomnie, Tsuda put trouver le sommeil assez facilement ce soir-là. Le lendemain, de nouveau ébloui par une lumière transparente, il vit à travers la vitre l’air limpide, et le bruit familier de linges frottés du teinturier évoqua en lui l’atmosphère de l’automne. »
Aucun de nous ne reviendra (1965)
Auschwitz et après, tome 1
Sortie : 1965 (France). Récit
livre de Charlotte Delbo
Templar a mis 10/10.
Annotation :
« Et quand le sifflet siffle le réveil, ce n’est pas que la nuit s’achève
car la nuit ne s’achève qu’avec les étoiles qui se décolorent et le ciel qui se colore,
ce n’est pas que la nuit s’achève
car la nuit ne s’achève qu’avec le jour,
quand le sifflet siffle le réveil il a tout un détroit d’éternité entre la nuit et le jour.
Quand le sifflet siffle le réveil c’est un cauchemar qui se fige, un autre cauchemar qui commence
il n’y a qu’un moment de lucidité entre les deux, celui où nous écoutons les battements de notre cœur en écoutant s’il a la force de battre longtemps encore
longtemps c’est-à-dire des jours parce que notre cœur ne peut compter en semaines ni en mois, nous comptons en jours et chaque jour compte mille agonies et mille éternités.
Le sifflet siffle dans le camp, une voix crie : « Zell Appell » et nous entendons : « C’est l’appel », et une autre voix : « Aufstehen », et ce n’est pas la fin de la nuit
ce n’est pas la fin de la nuit pour celles qui délirent dans les révirs
ce n’est pas la fin de la nuit pour les rats qui attaquent leurs lèvres encore vivantes
ce n’est pas la fin de la nuit pour les étoiles glacées au ciel glacé
ce n’est pas la fin de la nuit
c’est l’heure où des ombres rentrent dans les murs, où d’autres ombres sortent dans la nuit
ce n’est pas la fin de la nuit
c’est la fin de mille nuits et mille cauchemars. »
« AUSCHWITZ
Cette ville où nous passions
était une ville étrange.
[…]
Il n’y avait pas non plus de boutiques
seulement des vitrines
Où j’aurais bien voulu me reconnaître
dans les rangs qui glissaient sur les vitres.
Je levai un bras mais toutes voulaient se reconnaître
toutes levaient un bras
et aucune n’a su laquelle elle était.
Il y avait l'heure au cadran de la gare
nous avons été heureuses de la regarder
l'heure était vraie
et allégées d'arriver aux silos de betteraves
où nous allions travailler
de l'autre côté de la ville
que nous avions traversée comme un malaise du matin. »
New York 1954-55
Sortie : 1995 (France). Beau livre
livre de William Klein
Templar a mis 10/10.
Annotation :
Un avant et un après ce livre.
Ma mère rit
Sortie : 10 octobre 2013 (France). Roman
livre de Chantal Akerman
Templar a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Journal du voleur (1949)
Sortie : 1949 (France). Roman
livre de Jean Genet
Templar a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
« Nous savons que notre langage est incapable de rappeler même le reflet de ces états défunts, étrangers. Il en serait de même pour tout ce journal s'il devait être la notation de qui je fus. Je préciserai donc qu'il doit renseigner sur qui je suis, aujourd'hui que je l'écris. Il n'est pas une recherche du temps passé, mais une œuvre d'art dont la matière-prétexte est ma vie d'autrefois. Il sera un présent fixé à l'aide du passé, non l'inverse. Qu'on sache donc que les faits furent ce que je les dis, mais l'interprétation que j'en tire c'est ce que je suis - devenu. »
« Je parle de quelqu'un (...) mort depuis toujours, c'est-à-dire fixé, car je refuse de vivre pour une autre fin que celle même que je trouvais contenir le premier malheur: que ma vie doit être légende c'est-à-dire lisible et sa lecture donner naissance à quelque émotion nouvelle que je nomme poésie. Je ne suis plus rien, qu'un prétexte. »
Les Chants de Maldoror (1869)
Sortie : 1869 (France). Poésie
livre de Comte de Lautréamont (Isidore Ducasse)
Templar a mis 10/10.
Annotation :
« Il est beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces; ou encore, comme l'incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure; ou plutôt, comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l'animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment et fonctionner caché sous la paille; et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie. »
Voyage au bout de la nuit (1932)
Sortie : 15 octobre 1932 (France). Roman
livre de Louis-Ferdinand Céline
Templar a mis 9/10.
Annotation :
« C’est effrayant ce qu’on en a des choses et des gens qui ne bougent plus dans son passé. Les vivants qu’on égare dans les cryptes du temps dorment si bien avec les morts qu’une même ombre les confond déjà. On ne sait plus qui réveiller en vieillissant, les vivants ou les morts. »
La nuit remue (1935)
Sortie : 1935 (France). Poésie
livre de Henri Michaux
Templar a mis 9/10.
Annotation :
« Ainsi à l'écart, toujours seul au rendez-vous, sans jamais retenir une main dans ses mains, il songe, l'hameçon au cœur, à la paix, à la damnée paix lancinante, la sienne, et à la paix qu'on dit être par dessus cette paix. »
Crime et Châtiment (1867)
(traduction André Markowicz)
Pryestupleyniye i nakazaniye
Sortie : 1998 (France). Roman
livre de Fiodor Dostoïevski
Templar a mis 9/10.
Annotation :
« Dans une espèce de profondeur, en bas, un endroit sous ses pieds, à peine visible, c’est là qu’à présent lui apparurent tout son passé d’avant, toutes ses pensées d’avant, ses tâches d’avant, ses thèmes d’avant, ses impressions d’avant, et tout ce panorama, et puis lui-même, et tout, et tout… Il avait l’impression qu’il s’envolait, quelque part, vers le haut, et que tout disparaissait devant ses yeux… Il fit un mouvement involontaire de la main, et sentit soudain la pièce de vingt kopecks au fond de son poing serré. Il desserra le poing, fixa la pièce de monnaie, prit son élan et la jeta dans l’eau; puis il se retourna et rentra vers chez lui. Il eut l’impression qu’à cette minute précise il venait comme de se couper des autres d’un coup de ciseaux. »