Top 2022, le Cinéma Président

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La croisière ça use. Le capitalisme tangue et Ruben Ostlund envoie ses détestables protagonistes par le fond. La meilleure façon d'apprendre le marxisme aux bourgeois ? Leur vomir directement au visage, comme un retour de l'immondice refoulée. Vraiment jouissif.

Festival de Cannes 2022 - Compétition officielle - Palme d'or.

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Totale Réglisse. Le dernier PTA a le souffle et l'énergie de la jeunesse, la fraîcheur des premiers films. Entre la comédie romantique et la madeleine de Proust californienne, un chef d'œuvre qui donne envie de piquer un sprint dans LA, du Bowie à plein dans le walkman.

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Seuls les hommes. Bouleversant de par son fait divers. Bouleversant de par les trajectoires de ses flics embourbés dans leur enquête. Bouleversant de par le caractère tragique de son dispositif (un meurtre dont on nous promet qu'il ne sera pas résolu). Dominik Moll frappe fort avec un polar puissant car anti-spectaculaire, résolument féministe car peuplé d'hommes mais hanté par les femmes.

Festival de Cannes 2022 - Cannes Première.

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In the Na'avi. On évoque parfois l'ère de l'art post-humain avec l'avénement du cinéma numérique, où l'écran n'aurait plus aucun matérialité (les Marvel en étant le symptôme évident). Et pourtant. Bourré de plans CGI, Avatar 2 grouille de vie, peut-être plus qu'aucun film cette année. Parce que James Cameron est un orfèvre de la technologie high tech, et transgresse, à travers son grand geste utopique et écolo, toutes les frontières (réalité/facticité, technologie/nature originelle).

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Tahiti Blob. Benoît Magimel erre en Polynésie en attendant le feu nucléaire - et un prix d'interprétation avec lequel il a manqué le rendez-vous. Albert Serra peint un monde finissant, entre indolence et insolence. L'archipel ? Une colonie grotesque, peuplée de mafieux semi-ratés. La France sans l'être.

Festival de Cannes 2022 - Compétition officielle.

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Archipel de solitude. Le plus beau geste jusqu'ici de la filmographie de McDonagh : sous une apparence de trivialité, et dans un décorum de carte postale irlandaise en trompe-l'oeil, le cinéaste, en plein questionnement existentiel, sonde l'abyssale solitude des hommes à travers l'histoire d'un compagnonnage qui soudain se brise. Et vous fait pleurer avec un âne. Et Colin Farrell.

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Les sentiers de la haine. Sorogoyen nous rejoue Delivrance dans les montagnes de Galice, sur fond de fracture sociale entre des néo-ruraux français et la paysannerie espagnole. Un thriller qui nous roule gentiment dessus.

Festival de Cannes 2022 - Cannes Première.

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Pour le meilleur des Pires. Un petit bijou drôle et touchant, avec des révélations instantanées parmi les jeunes acteurs. Les ''gens qui ne sont rien'' y sont tout, dans le laid comme dans le sublime.

Festival de Cannes 2022 - Prix Un Certain Regard.

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Mon beau-père et moi. L'expression "du rire aux larmes" est galvaudée et mériterait d'être bannie des rédactions. Parfois, un film lui redonne tout son sens. Avec L'Innocent, Louis Garrel signe un film au charme fou, à la fois comédie romantique, film de braquage et drame familial. Mention plus que très bien à Noémie Merlant, qui occupe dans le récit la fonction de femme-dynamite.

Festival de Cannes 2022 - Hors compétition.

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Naissance d'une nation. Des chroniques de son enfance à New York, James Gray fait le lien avec l'Amérique qui vient : Reagan puis Trump, le triomphe du néolibéralisme, la perpétuation du racisme, l'écrasement des faibles. Son film peut-être le plus proche du cinéma italien, avec ses engueulades homériques au dîner.

Festival de Cannes 2022 - Compétition officielle.
Festival de Deauville 2022 - Hors compétition.

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Make America Hard Again. Charmé par la cruauté de Red Rocket. Impitoyable avec son héros - loser même pas magnifique - Sean Baker étrille et refuse tout salut aux USA. Le rêve américain est pourri jusqu'au trognon, sa décadence morale irréversible. Avec en prime la plus belle demi-molle de Cannes 2021.

Festival de Cannes 2021 - Compétition officielle.

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Carnival Rough. Dix minutes de Freaks Out mettent à l'amende les trois quarts des marveleries que vomissent les chaînes de production d'Hollywood - que ce soit en termes de mises en scène ou de direction artistique. Film de guerre, film de monstre, film de super-héros, le long-métrage de Mainetti est un festival du genre, à la croisée entre Del Toro (mood Hellboy) et X-Men. Alors, certes, le scénario n'a rien d'une révolution, mais Freaks Out compense avec une générosité de chaque plan, un méchant haut en couleur, et une irrévérence toute italienne.

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Le chant des murènes. Premier film de la Croate Antoneta Kusijanovic, co-produit par Martin Scorsese, Murina est une jolie découverte de la Quinzaine, un récit sur le désir et la liberté dans la torpeur du soleil dalmate. La mer y est un personnage en soi, métaphore autant de l’émancipation que de l’inconscient patriarcal dans les Balkans. Les pères toxiques sont prévenus : gare à la morsure.

Festival de Cannes 2021 - Quinzaine des Réalisateurs - Caméra d'or.

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Seules les bêtes. C'est un grand film inquiet et inquiétant, qui narre l'impasse culturelle contemporaine en Transylvanie. En réalité ce coin de ruralité roumaine, traversé d'une multi-crise identitaire, pourrait être partout en Europe, tant le racisme, les stéréotypes, la dégradation sociale, se retrouvent aux quatre coins de l'UE. Pas de salut : Mungiu est un cinéaste qui a peur et qui dit qu'on a raison d'être effrayé, car RMN annonce les monstres (ici des ours) qui bientôt nous dévoreront.

Festival de Cannes 2022 - Compétition officielle.

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Comment tuer un roi. Certains crieront à l'escroquerie tape à l'œil mais excellent remède à la gueule de bois cannoise. Du Luhrmann direct en intraveineuse. Cinéaste du trop, il raconte comment l'Amérique tue ses Dieux pour les rabaisser au rang de produits, les évide, les empaquette.

Festival de Cannes 2022 - Hors compétition.

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Habemus Grand Imam. Thriller politico-religieux d'autant plus remarquable qu'il assume une mise en scène nette et sans fioriture, La Conspiration du Caire déploie son dispositif pour mieux y enfermer son héros, comme entre les dents d'un piège à loup. Et de raconter l'impasse d'un pays, l'Egypte, pris entre les feux de la dictature militaire et de la théocratie en gestation.

Festival de Cannes 2022 - Compétition officielle - Prix du scénario.

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Jakob (en 7 chapitres). Le cinéma, c'est plus beau que la vie : la Hongroise Ildiko Enyedi l'a compris et filme avec une grâce infinie, un sens magique du romanesque, l'amour dans tous ses états, à travers l'histoire d'un marin qui épouse une femme comme un défi, alors qu'il est marié à la houle. Gijs Naber, en géant blessé. Léa Seydoux, en insaisissable félin. La glace et le feu. La Française trouve ici, et de loin, son meilleur rôle à date.

Festival de Cannes 2021 - Compétition officielle.

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Mater sensible. C'est une histoire toute simple, banale comme la vie, d'une belle-mère qui s'attache à la fille de son conjoint tout en portant la frustration que ce ne soit pas le sien. Rebecca Zlotowski en tire un récit très autobiographique, plein de beauté et de sensibilité.

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Multiverse of Madness. Elle est là, la vraie folie du multi-vers, n'en déplaise à Doctor Strange et Marvel. Les Daniels réalisent une dinguerie ultra-généreuse, entre Rick & Morty et un film de kung-fu. Eux ont compris l'infinité de possibilités offertes par le concept des univers parallèles, qui permet de naviguer entre les styles, les genres et les ratios. Une crainte : celle que le débordement pop prenne le pas sur l'intrigue et la construction des personnages. Sur ce point, le film se sauve au tout dernier moment, et ça fonctionne.

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Tous en scène. Une actrice-réalisatrice qui évoque ses années théâtre avec Chéreau... Tout ça pourrait puer l'entre soi élitaire (il s'agit de cela) si Bruni-Tedeschi n'y insufflait pas sa miraculeuse douceur intranquille. Nadia Tereszkiewicz irradie.

Festival de Cannes 2022 - Compétition officielle.

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Corée-Eda. Nouvelle variation sur le thème des drôles de famille qui se recomposent pour le cinéaste japonais, transposé ici au sein d'un road-trip sud-coréen sur fond de carences de l'Etat quant au sort des enfants abandonnés. Beaucoup de joliesse et de tendresse.

Festival de Cannes 2022 - Compétition officielle - Prix d'interprétation masculine.

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Djinn taille haute. On reste encore tout envoûté de l'ampleur et la poésie de ce nouveau grand voyage offert par le réalisateur de Mad Max. Revisitant les Milles et une nuits, George Miller déclare son amour à la narration, au conte, à l'imaginaire, comme seul sédiment de l'humanité.

Festival de Cannes 2022 - Hors compétition.

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Ecran barge. Hybridation du western et de la science-fiction, Nope est un grand geste de cinéma sur le cinéma, la voracité du grand spectacle et la croyance première, indéboulonnable, dans le merveilleux et la mise en scène. Si la quête de l'héritier de Spielberg est un serpent de mer hollywoodien, voici l'affaire entendue : Jordan Peele est de ce bois.

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Insaisissable. Il fallait un documentaire conceptuel, à la forme mouvante, pour pénétrer l'esprit de David Bowie : face à l'artiste caméléon, qui change de personnages comme de peau, Brett Morgen opte pour un film sans narration, qui raconte Bowie par saillies sonores ou photographiques. Une plongée hypnotique, nourrie d'un impressionnant fond d'archives.

Festival de Deauville 2022 - Hors compétition.

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Le loup dans la bourgeoisie. Fabrice du Welz poursuit sa quête de l'amour comme absolu corrupteur. Inexorable est un drame chabrolien aux accents giallo, avec un soupçon de body horror. Alba Gaia Bellugi, mi ange mi démon, y est terrifiante.

Etrange Festival 2021 - Compétition officielle.

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MeToo et Mythos. Une comédie frénétique et mordante sur la médiocrité des hommes, qu'ils soient déconstruits ou non.

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Rush Hour. Michael Bay est un fou furieux, mais un fou généreux : Ambulance est un flux de mouvements et de destruction absolument ludique, comme si le mode 5 étoiles de GTA prenait vie à l'écran. Certes, au banc de montage, le film a été confié à un teckel sous cocaïne, mais qu'importe. Les dieux de la tôle pliée et de l'asphalte brûlante sont rassasiés.

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La chair et le sang. Les liens entre le slasher, le sexe et la morale sont évidemment étroits. Ti West revient aux racines du genre, convoquant Massacre à la tronçonneuse comme Halloween avec une science trollesque du montage, pour emballer un beau morceau de trouille moite et gore.

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En mode avion. Voilà un blockbuster qui ne prend pas son public pour des demeurés : ultragénéreux, Kosinski a l'obsession de fabriquer de l'image jamais vue ailleurs, plus que de titiller notre glande nostalgique (bien qu'il rende joliment hommage à Tony Scott). Surtout, ce film AVEC Tom Cruise est un film SUR Tom Cruise : l'acteur nous parle de lui, d'un homme qui vit pour la caméra et refuse de passer derrière, et qui mourra probablement de la cascade de trop, sur le tournage de Mission Impossible 19 ou de Jack Reacher 8.

Festival de Cannes 2022 - Hors compétition.

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La nuit lui appartient. Le film est grandiose formellement, mais il est interminable. Il est thèmatiquement passionnant mais scénaristiquement pas loin d'être crétin. Paul Dano est terrifiant, Zoé Kravitz pue le charisme, Robert Pattison pue tout court. Bref, The Batman, c'est très dense, ça ennuie parfois poliment, mais ça sait quant te mettre deux trois Batarangs dans la face pour te remettre dans le récit.