Top 20 films / 2017

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Hop hop hop, on fait de la place. A Ghost Story débarque et chamboule le classement en s'imposant comme la claque de l'année.

Délaissant rapidement les thématiques attendues de l'attachement et du deuil pour plonger tête la première dans la métaphysique temporelle, le film de Lowery parvient, notamment grâce à ses choix esthétiques géniaux tout sauf gratuits, à rester d'une humanité à toute épreuve, ce qui en fait peut être un des films les plus humbles de ces dernières années.

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Grosse prise de risque pour Sony qui sort de sa logique habituelle afin de laisser un cinéaste d'exception étaler sa vision sur 2h30, le tout sans le moindre impératif esthétique. Résultat: échec cuisant au box-office. Pas étonnant que les majors s'en tiennent à imiter bêtement les Marvel.

Malgré quelques scories, Blade Runner 2049 est une claque esthétique et sensorielle développant au passage certaines des idées philosophiques de son prédécesseur sans jamais oublier d'être innovant. Ridley Scott met en scène un homme ayant des doutes sur son humanité; son successeur une machine ayant des doutes sur son artificialité.

Peu intéressé par les gimmicks qu'exploitent les séquelles modernes (Star Wars en tête), Villeneuve livre un film aussi sensible que vertigineux, parsemé de scènes intimistes vraiment marquantes, à l'instar de cette séquence de "synchronisation", techniquement ultra-spectaculaire mais pleine de sens, émouvante mais réflexive. Servi par des effets spéciaux grandioses et une gestion de la lumière qui force le respect, Blade Runner 2049 aura indéniablement marqué l'année au fer rouge, qu'on l'apprécie ou pas.

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Littéralement à mi-chemin entre la comédie romantique et le film de redneck (!), Nocturnal Animals est un conte noir sur le pouvoir de la fiction. Le procédé sur lequel repose le long-métrage aurait très bien pu devenir méga lourdingue (il s'agit d'un montage alterné entre la vie d'une artiste et le roman qu'elle dévore), mais il n'en est rien: la narration ne délaisse aucun des deux arcs et les met parfaitement en relation, pour culminer dans un climax assez audacieux.

Mettant avec violence devant nos yeux l'absurdité de nos rapports à la fiction populaire sans jamais mépriser cette dernière, Tom Ford frappe fort et ce dès le 4 janvier. Que nous étions naïfs.

Mention spéciale à la BO, exceptionnelle.

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Aronofsky s'est félicité un peu partout des bastons de critique qui ont accompagné la sortie de son film (il suffit d'aller voir sa fiche SC pour s'en rendre compte). Il faut dire que le bousin est blindé de parti-pris plus extrêmes les uns que les autres: pas de musique, une réalisation pour le moins atypique qui colle les basques de Jennifer Lawrence, une esthétique isolante déconcertante...

Tant de procédés qui font vivre un fantastique aussi honnête que mystique, s'appuyant sur une structure biblique pour figurer la violence et l’égoïsme de la relation de couple. Car même si la critique négative à son égard est souvent très intéressante, personne n'ira reprocher à Mother ! de ne pas aller assez loin dans son délire, surtout après avoir subi un climax interminable et ultra-vénère osant prendre à parti le spectateur pour mieux l'intégrer dans la paranoïa de son principal protagoniste, lequel voit son espace personnel, son intimité (la maison) se faire envahir par la foule du monde en liesse.

L'irruption fracassante du fantastique méprisé par Hollywood dans nos salles en aura donc traumatisé plus d'un, pour le meilleur (demandez-moi), et pour le pire (demandez à IdentifiantPassword), jusqu'à ce que la mort nous sépare.

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Le nouveau James Gray est un pur film d'aventure qui parle d'aventure. Magnifié par un 35 mm parfaitement exploité, il la décrit comme une drogue dure qui empoisonne le cerveau de Charlie Hunnam jusqu'à la folie.

The Lost City of Z fait d'ailleurs parfois penser à Apocalypse Now, tant cette expédition sans fin ressemble à une exploration de la psyché de ses personnages. Un voyage dangereux et fascinant qui en fait une épopée grandiose et émouvante.

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Certains attendaient un trip épique et métaphysique à la Interstellar, d'autres une reconstitution fidèle de l'opération Dynamo; tous devront se contenter d'un survival pur et dur dopé au suspens dont la structure se base sur la meilleure idée d'Inception.

Dans l’exécution, c'est parfait, le spectacle est total. La photo, rehaussée par un 70 mm à la beauté décrépie, ainsi qu'une mise en scène incisive proche de ses personnages sans jamais en faire des héros participent à la construction de scènes de tension totale qui collent au siège pour de bon. La BO de Zimmer, forcément frustré par le genre, déçoit un peu mais "fait le job", exception toute relative quand on évoque une collaboration si fructueuse qu'elle génère des réactions disproportionnées de la part de ses détracteurs, réduits à traiter quiconque ayant passé un bon moment devant le film de "pro-Nolan", voire de "Nolan-fag". J'prends ça comme un compliment.

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Accompagné à sa sortie par une polémique aussi insipide que ceux qui l'ont initié, Okja aurait mérité un autre accueil.

Bong Joon-ho fait ici d'une pierre deux coups en s'emparant d'un sujet on ne peut plus actuel (même Star Wars s'y est mis) pour prendre à revers le système américain, qu'il ne porte visiblement pas dans son cœur. Méticuleux dans la construction de personnages binaires et schizophrènes, le cinéaste organise son film autour d'une dualité ironique qui semble selon lui caractériser l'hypocrite "american way of life" carnivore, capable de faire de son futur rôti une mascotte toute choupi. Au début très rigolo, ce second degré permanent va très vite déployer son potentiel horrifique et dramatique, jusqu'à un terrassant final, détournement symbolique des codes du happy-end américain qui justifie à lui seul le visionnage du long-métrage.

Sans jamais tomber dans le militantisme stupide, Okja s'attaque à la société occidentale avec une violence qu'on ne verra jamais plus cette année.

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On pouvait voir sur les affiches une citation marketeuse de Première: "Le meilleur film de l'année", alors qu'on était... en janvier. N’empêche que l'objet de ce tapage médiatique a quand même marqué 2017. Il est d'ailleurs number one du classement SC.

Et pourquoi pas ? Bien plus qu'un simple hommage aux musicals classiques, La La Land met en scène avec maestria (sérieux, les whip-pan donnent un rythme fou) l'actualisation de la culture. Passionné de Jazz, Chazelle fait la thèse que la musique, et par extension le cinéma, peuvent être modernisés sans être modifiés.

Toutefois, le discours n'est pas ici un aparté de vieux gâteux catégorisant toute forme de musique électronique comme "bruit". Usant de procédés absolument contemporains à certains moments-clé de son récit (le plan-séquence d'ouverture et l'exhibition des raccords dissimulés, la scène du planetarium...), le réalisateur de l'excellent Whiplash compose surtout une ode à l'ouverture d'esprit. Ici, la musique crée par le personnage de John Legend dans le film n'est pas méprisée, elle est même très bonne. Elle ne correspond juste pas aux attentes du principal intéressé.

Ne sombrant jamais dans l'hommage gras (un miracle cette année) et techniquement jouissif, La La Land "fait zizir" comme on dit dans le jargon. Et puis, se lever avec "Anorther Day of Sun" a probablement amélioré mon année.

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Vu aux Utopiales 2016, Sam was Here (c'est mieux) était déjà présent dans mon top de cette année là.

Depuis, le film est sorti en vidéo, et ce sont des milliers de fantasticophiles qui ont pu découvrir cette petite pépite planante. Bien aidé par la superbe BO de Christine, Deroo avance à contre courant d'à peu près toutes les tendances actuelles pour oser perdre son spectateur dans un délicieux désert surnaturel. Vivement le prochain !

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Kurosawa continue son exploration poétique des liens entre le vivant et le mort en mettant cette fois-ci le dispositif optique au centre même du processus. Le résultat n'a apparemment pas fait l'unanimité. J'ai toujours pas compris pourquoi.

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Une pure série B hard-boiled et viscérale en salles ? Hell yeah !

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Un vrai film d'animation pour adulte, magnifié par une direction artistique exceptionnelle, qui met en scène via le dessin un univers noirâtre parallèle au notre. L'expérience est d'un pessimisme étouffant, surtout quand il s'agit de saboter les structures narratives classiques pour mieux martyriser le spectateur. Psiconautas est à la fois actuel et imaginaire, fascinant et déprimant.

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Bourré d'un suspens aussi efficace qu'inattendu, Tunnel ne se limite pas à sa critique virulente d'une administration coréenne gangrenée par les démarches politiques débiles. Le film demande carrément ce que signifie porter secours au XXIème siècle. Que vaut la vie d'un seul homme ? L'espoir a-t-il un prix ?

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Pur film fantastique vendu comme un drame social, cet essai aussi court qu'intense reste finalement en tête, grâce à une interprétation impressionnante de Royalty Hightower et à un scénario décortiquant avec méticulosité et sensibilité l'imagination enfantine, irrationnelle mais pas dénuée de sens. Des qualités qui ne sont pas sans rappeler la claque des Bêtes du sud sauvage.

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Tout a été dit sur le teen-movie cannibale de Julia Ducournau, sur ses défauts (une mise en scène parfois peu subtile) et sur ses qualités (nombreuses, de la caractérisation d'un personnage en pleine mutation adolescente jusqu'aux superbes effets gores).

Mais en réalité, la seule présence du long-métrage dans nos salles suffit à la joie des cinéphiles. Grave est un vrai miracle: film de genre français ouvertement provocateur et réalisé par une femme sortant de la Fémis, il parvient à se frayer un chemin en salles grâce à son succès en festival et mieux, à convaincre la critique et le public, de l'ado limitant sa culture horrifique aux productions Blumhouse jusqu'aux plumes les plus snob du nouvel Obs'.

Revenge et Mutafukaz viennent aux aussi d'être programmés: les deux bêtes de festoche ne font que marcher sur les traces de ce plaisir anthropophage.

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Mention spéciale.