Top 9 Discographie SCH

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Ne perdons pas de temps : selon moi, JVLIVS tome 1 est incontestablement le meilleur projet de toute la discographie de SCH, et celui dont on se souviendra le plus longtemps. Il est à l'origine d'une trilogie déjà iconique dans l'histoire du Rap FR, et je pense qu'on peut déjà parler de lui comme un classique du genre. L'album suit une ligne directrice (pas forcément en termes de storytelling, mais surtout en termes de direction artistique) parfaitement tracée autour d'un sombre personnage : Julius, jeune marseillais issu d'une famille de la mafia italienne. JVLIVS tome 1 ne nous laisse pas respirer, sauf sur quelques interludes contées par José Luccioni, voix française d'un certain Al Pacino, pour nous décrire le personnage et nous apporter quelques éléments de lore en plus. Ces interludes viennent habiller l'album de la plus belle des manières, et constitueront la base des opus suivants.

Musicalement, JVLIVS est une masterclass, et ce du début jusqu'à la fin du projet. C'est un no skip, et rien est à jeter. Le S nous met directement dans le bain avec un morceau de très haute volée, VNTM, qui ouvre la voie à un véritable film musical, très descriptif et cinématographique. Et nombreux sont les sons qui m'ont profondément marqué par la suite : le mélancolique Otto, l'innovant Skydweller, l'imprévisible Ivresse & Hennessy sans oublier Facile, Le code, Incompris, Ciel Rouge... Mention spéciale à Prêt à partir, excellent feat avec Ninho qui s'est parfaitement imprégné du projet, et je n'oublierai pas de parler de Bénéfice, l'une des outro les plus grandioses que le rap FR a pu nous offrir.

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Dernier album en date de SCH, Ad Finem est le quatrième opus (en comptant le Prequel dont on parlera juste après) de la saga JVLIVS, qu'il a conclu de la meilleure des manières. Le projet conserve les éléments caractéristiques de la trilogie, à savoir les interludes, une ambiance mafieuse et ce côté très descriptif et cinématographique propre aux JVLIVS, poussé à son paroxysme sur ce dernier projet. Mais, spoiler alert, bien que n'importe quel auditeur averti l'ait compris en voyant la cover de l'album, Ad Finem marque la mort de Julius, et cette fatalité se fait ressentir tout au long de l'album, avec un SCH plus introspectif, et l'absence des guitares méditerranéennes typiques des JVLIVS, remplacées par des guitares électriques accompagnées de violons et de violoncelles pour apporter ce côté dramatique et théâtral à l'œuvre.

La tracklist est quant à elle d'une richesse exceptionnelle. Ad Finem est un condensé de tout ce qu'on pouvait espérer du dernier volet : des morceaux typiques et à la hauteur de la trilogie (donc évidemment intro et outro iconiques, avec Stigmates et Lumière blanche) ; un retour aux sources avec le fameux « SCH qui chiale sous autotune » sur Miroirs, comme il l'aurait fait sur A7, Anarchie ou Deo Favente ; et surtout de vraies propositions musicales. De la variété aux airs d'Aznavour sur Deux mille, aux sonorités synthwave sur Quartiers nord, en passant par la drill de luxe sur D'hier à aujourd'hui et la mélodie brute sur La pluie, SCH nous aura tout fait. Le tout est admirablement instrumentalisé, avec des transitions parfaites pour nous maintenir en haleine, et on doit notamment cet exploit à une production folle et les producteurs, musiciens et beatmakers qui se sont donnés à 200% sur le projet. Impossible de ne pas mentionner Seezy, mais n'oublions pas non plus, entre autres, Augustin Charnet, Vito Bendinelli, Guilherme Alves, Luc Blancho, Skalpovich... Bravo à eux d'avoir prouvé que le succès de JVLIVS ne dépend pas de Katrina Squad comme l'affirment certains détracteurs.

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Après un JVLIVS II critiqué, et un Autobahn encore plus critiqué, les doutes ont surgi quant à la direction prise par SCH et à sa capacité à pouvoir ressortir à nouveau un grand album. Ces mêmes doutes se sont littéralement éteints le 31 mai 2024, à la sortie de JVLIVS Prequel : Giulio, un album (accompagné d'un très bon court-métrage) qui s'intègre à la trilogie JVLIVS en dévoilant les prémisses du personnage. Le bilan est sans appel : on est sur un no skip, j'en suis convaincu. Et à quand remonte le dernier no skip de SCH ? À 2018, avec JVLIVS tome 1.

La tracklist est remarquable. De l'incroyable intro Prequel jusqu'à la deuxième interlude, SCH déchaîne les enfers avec des sons aussi enivrants les uns que les autres, et avec, enfin, ces envolées qu'on aime tant chez lui. S'en suivent trois tracks plus calmes aux sonorités méditerranéennes, qu'on retrouverait aisément sur un JVLIVS tome 1. Un ventre calme, à différencier d'un ventre mou, qui se termine en apothéose avec Ciel bleu, qui me rappellerait presque un Bénéfice. Puis, ça repart avec Jimmy Twice, et à nouveau du grand SCH jusqu'à l'outro Batterie vide, évidemment très réussie. Mention spéciale à Garcimore, mon son préféré, mais aussi à la prise de risque par SCH de proposer, malgré les critiques et les incertitudes, une ambiance drill sur Quoi puis pop (les mauvaises langues utiliseront le mot « zumba ») sur Hells Kitchen. Il l'a fait de la plus belle des manières, ça passe comme une lettre à la Poste sans détériorer la direction artistique de l'album. S'il veut faire plaisir à tout le monde, SCH réussit à le faire à sa sauce en mettant tout le monde d'accord. Attendons quelques années pour le confirmer, mais je me mouille : JVLIVS Prequel sera lui aussi un classique, et la sortie de Ad Finem quelques mois plus tard ne le rendra que plus mémorable encore.

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Voici l'exemple parfait de ce que j'ai écrit dans mon introduction, concernant la difficulté de classer les projets de SCH : j'ai du mal à comprendre moi-même comment je pourrais ne pas mettre Deo Favente dans mon top 3. Deo Favente est l'avant-JVLIVS, et ça se ressent. Je l'ai d'abord ressenti comme un album de transition (d'amélioration), avec un SCH plus proche de celui qu'on connaît aujourd'hui que de celui qu'on a connu dans A7 et dans Anarchie. Le S y consolide son identité musicale, avec ses envolées caractéristiques et ses flows chirurgicaux. Aujourd'hui, après plusieurs années d'écoute et de réécoute, je constate que Deo Favente n'a pas pris une ride, au contraire : il se bonifie. Il aurait donc clairement sa place dans le panthéon des grands albums de SCH.

La tracklist est elle aussi très riche, avec quelques kicks de SCH (les prémisses de Rooftop ?) sur l'intro Comme si, sur Les années de plomb, Poupée russe ou encore 6.45i, ainsi que de nombreuses propositions très différentes les unes des autres et qui, pourtant, se complètent très bien : Nino Brown, Day Date, Slow Mo, La Nuit, et même Météore que je n'avais pas trop aimé à la première écoute et que je me suis vraiment pris par la suite.

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Rooftop débarque en 2019, un an après la sortie de JVLIVS. Alors qu'il a teasé la sortie de JVLIVS II sur les réseaux, le S surprend tout le monde avec ce projet inattendu. À la première écoute, j'ai été saisi par certaines tracks mais j'ai aussi trouvé l'album un peu brouillon, avant de me faire à l'idée qu'il ne serait pas pertinent d'attendre d'une mixtape qu'elle propose une réelle ligne directrice comme sur d'autres projets. Et puis, réécoute après réécoute, je me rends compte du niveau monstrueux du S sur cet album. Il y a bien quelques skip, mais d'un autre côté, on pourrait argumenter que les performances les plus implacables de SCH au micro se trouvent sur Rooftop.

Je pense notamment à Interlude, une vraie leçon de rap dans les placements, l'intonation, le débit (peu de rappeurs peuvent se vanter de rapper aussi bien). C'est de loin mon morceau préféré de cet album, et sans conteste l'un des meilleurs morceaux de toute la discographie du S. Dans le même registre, j'ai adoré Cervelle, R.A.C, et Ciment, mais je pense aussi à All Eyes on Me, Mayday, Ah gars, Paye... J'ai même fini par apprécier Baden Baden, feat avec Maître Gims, auquel je n'accrochais pas beaucoup au départ.

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Beaucoup considèrent A7 comme un classique, et c'est certainement le cas. Au-delà du simple fait d'être le premier album de SCH, sans lequel rien n'aurait été possible, A7 est une vraie tempête de feu, où SCH déchaîne les enfers pour en faire un album iconique. Malgré tout, ce n'est pas le projet que je préfère. Peut-être parce qu'il a été pensé plus comme une mixtape qu'un véritable album. A7 est scindé en deux : la première partie est produite par Guilty, et l'autre par Kore. Et j'avoue avoir été beaucoup moins emballé par cette dernière.

Naturellement, mes tracks favorites se trouvent sur la première partie produite par Guilty, qui me fait trembler à chaque écoute, avec des titres si marquants et poignants comme A7, Solides, Mauvaises idées, mais surtout Gomorra (un classique de SCH, autant qu'un classique du Rap FR). Chez Kore, j'ai malgré tout adoré J'reviens de loin et Fusil. D'ailleurs, il convient de remarquer que SCH avait, déjà sur A7, la science des intro et des outro.

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J'ai toujours eu une certaine sensibilité pour le rap francophone, mais je ne lui prête une oreille active que depuis peu quelques années, et il faut savoir que c'est avec JVLIVS II que j'ai vraiment commencé à m'intéresser à SCH. Au départ, j'ai été bluffé par l'artiste, et même par l'album, puis l'écoute postérieure du premier tome m'a ensuite fait comprendre ce qu'est un véritable chef d’œuvre, et le tome 2 en a subi les conséquences. La faute à quelques tracks, et notamment l'enchaînement de Plus rien à se dire et de Mode Akimbo, qui entachent un peu l'identité et l'unité qu'on attend d'un album JVLIVS. Le projet est très bon mais pas parfait, et pas aussi poignant que les projets cités plus haut.

Malgré tout, cet album (encore une fois porté par la voix de Luccioni sur l'intro et les interludes) nous propose d'excellents sons, comme Marché Noir, encore une intro de grande qualité, suivie de près par Crack, morceau assez lunaire et vraie proposition du S, il faut le reconnaître. D'autres sons m'ont aussi marqué très positivement : le feat avec mon bien-aimé Freeze Corleone (Mannschaft), Fournaise, Zone à danger, Parano, Corrida, sans oublier le bonus Tempête et la magnifique outro Loup Noir, où SCH démontre encore l'élégance de sa plume.

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Le S a fait beaucoup de chemin depuis son départ de Marseille par l'A7, avant de décider, à l'heure où ses fans attendaient impatiemment JVLIVS III, de faire un crochet chez nos amis allemands pour goûter aux voies rapides de l'Autobahn. Il le dit lui-même, la mixtape Autobahn se veut sans limitations. Résultat : le projet est à la fois bon et mauvais. Il y a de bonnes propositions, mais aussi un petit côté fade, sans cette folie, ces envolées caractéristiques du S.

Je retiendrai quand même les bons morceaux proposés sur cette mixtape, comme LIF, Marginaux et Offshore (qui apporte sa petite pointe d'imprévisibilité au projet), ainsi que les 6 derniers morceaux du projet, de manière générale, qui m'ont bien remis dedans après un léger ventre mou. Force est de constater que, même sur un projet « moyen », SCH nous enverra toujours une intro et une outro de qualité...

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Je m'excuse par avance auprès de la grosse fanbase de ce projet, mais Anarchie ferme la marche de mon top. Attention à ne pas s'y méprendre, SCH est un génie et chacun de ses albums est, selon moi, au-dessus du lot sur la scène du rap francophone. Mais quand on connaît justement le niveau de cet artiste, j'ai le sentiment qu'Anarchie est l'album le moins marquant de la discographie du S, et peut-être, justement, un album banal. J'ai aussi ressenti clairement que SCH se cherchait encore sur ce projet. Il n'y a pas vraiment d'unité non plus, chose que l'on aurait pu attendre d'un album produit intégralement par Kore. Et ce qui plombe encore plus Anarchie selon moi, c'est le fait de se situer entre les deux monstres que sont A7 et Deo Favente.

Quelques très bons sons se sont enchaînés, notamment Neuer, Alleluia et Allo maman, puis Dix-neuf et Himalaya, mais le reste laisse à désirer, avec des sons peu convaincants et un feat inutile, donc pas mal de skip. Même l'outro, Murcielago, déroge à l'habitude de SCH de terminer ses albums en grande pompe. Le son est loin d'être mauvais, mais il est très mal placé et incohérent. On l'attendrait plutôt en début d'album. Heureusement, l'intro éponyme de l'album est quant à elle très réussie, c'est d'ailleurs pour moi l'une des intro les plus iconiques du Rap FR des dix dernières années.