Journaliste au New York World, journal de Joseph Pulitzer, Nellie Bly se voit confier la mission d’intégrer un asile d’aliénées pour y enquêter et faire un article. La jeune femme parvient à se faire interner, il faut dire qu’en cette fin de XIXème siècle il n’en faut pas beaucoup pour qu’une femme soit déclarée folle, et restera 10 jours au Blackwell’s Island Hospital. Elle y découvrira, et témoignera, des conditions terribles dans lesquelles sont maintenues les patientes, des maltraitances et des abus dont elles sont victimes et de la cruauté des infirmières qui ont la charge de ces femmes. Son article participera à faire en sorte qu’une réforme des asiles soit lancée.
Passionnant. Cet article se lit d’une traite tant Nellie Bly a su décrire avec une grande justesse, une profonde humanité et beaucoup de vie les dix jours d’enfer qu’elle a vécu auprès de ses compagnes d’infortune.
On sent chez la journaliste une grande intelligence, soutenue par un humour dont elle ne se départit jamais, notamment face aux médecins dont le diagnostic est bien vite posé.
Elle dresse ainsi des portraits saisissants de vie des médecins et des infirmières auxquels elle est confrontée et dont la plupart sont plus des tortionnaires que des soignants. Mais aussi des portraits remplis d’empathie de toutes ces femmes qui ont été internées là, le plus souvent sous contrainte, et dont certaines ne sont pas plus folles que n’importe qui.
L’article permet en effet aussi de dénoncer la condition des femmes qui sont alors déclarées folles pour n’importe quelle raison et parfois simplement parce qu’elles ont eu des velléités de liberté.
Un livre édifiant, preuve d’une grande indépendance et d’une véritable modernité de la part d’une pionnière de l’enquête sous-couverture.