Un polar noir et cynique
Nick Corey est le shérif pas très net du petit comté de Pots, le garant de l'ordre et de la loi parmi une population qui manque singulièrement de classe. Entre d'indécrotables ploucs au quotien...
le 3 nov. 2013
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Les polars et les vacances se marient bien et c'est au bord de la piscine municipale que j'ai achevé aujourd'hui cette excellente oeuvre de Jim Thompson. Bon je m'attendais à être content, car Thompson semble être une valeur sûre dans ce domaine et c'est bien le cas. Ce roman est ébouriffant de ruse et de mauvaise foi.
Quelque part au States au début du siècle dernier un certain shérif est régulièrement ré-élu grâce à son incompétence. Son credo est simple en effet, ne rien faire, ne déranger personne, n'arrêter que les noirs et les plus démunis. La population corrompue et criminelle lui est reconnaissante de se mêler de ses affaires. Malheureusement tant de faiblesse mollassonne amène son lot d'humiliation, son pavé de mépris et tout le monde , y compris et surtout sa femme, le prend pour un crétin (qu'elle trompe gaillardement)
Thompson commence son livre sur ce constat navrant: face à toutes les tracasseries qu'une ville de gredins lui lance à la figure, Nick Corey, agacé, ne sait pas quelle décision prendre. Quoique... Le roman est écrit à la première personne et c'est jouissif car ainsi nous participons depuis l’intérieur à l'éclosion de ce "coup de torchon" qui va bientôt balayer la petite ville de Potts. Ce portrait de serial-killer débonnaire, machiavélique, et d'une cruauté sans faille est franchement génial.
Le roman est presque picaresque dans ses mésaventures. Les personnages sont très bien campés par leurs paroles. Les damoiselles se pâment devant notre héros, sont folles de son corps, se disputent ses faveurs pendant qu'il sème la mort dans le paysage. Elles l'insultent aussi crûment et copieusement . Et insulter Nick Corey n'est pas une bonne idée à la longue... :-)
Les dialogues du livre sont croustillants, espèce d'anglais de base, martyrisé dans sa grammaire, abêti dans son propos par un type dont on soupçonne qu'il maîtrise à merveille la langue de Shakespeare. Mais qui a besoin de Shakespeare à Pottsville? Pas Nick Corey, qui joue son petit jeu...
Entre les diverses machinations, les scènes de ménages, les coups de théâtre, et les dilemmes cornéliens on ne s'ennuie pas en lisant ce très bon roman, dont l'écriture est aussi hilarante qu'impeccable. En bruit de fond, mettez-donc "Murder ballads" de Nick Cave :-) Je descends un peu ma note à cause de la conclusion du livre un poil indécise. Mais bon, je pinaille, lisez "Pop. 1280" (le bon chiffre), vous ne le regretterez pas! .
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Créée
le 6 août 2015
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