Très chic, très bien écrit, très fin... Tout ça fait preuve d'un goût absolument raffiné, mais... A quoi ça sert ?
Quelle peut bien être, dans l'esprit de son auteur, l'urgence de raconter cette histoire qui se passe, donc, en 14-18 ? Transposition de sa propre légende familiale ? Simple exercice de style ? On ne ne sait pas. Et, en ce qui me concerne, on ne ne tient pas plus que ça à savoir... En refermant ce très mince volume, on a la sensation désagréable d'avoir dépensé 14€ pour une grosse nouvelle un peu plate qui serait très vite oubliée.
J'ai bien aimé les derniers Echenoz, pourtant : Ravel, Jérôme Lindon... La petite musique de son écriture m'avait charmé, alors, avec son air modeste, son côté : je la ramène pas, mais j'en pense pas moins... Pourquoi ça ne marche plus ici ? Je ne sais pas. Peut-être le décor, trop vaste, trop vu, trop bruyant pour un auteur plutôt tourné vers l'intime ? Peut-être cette volonté de faire court, voire expéditif, à la Marcel Schwob ? Avant qu'on ait le temps de s'attacher à l'un ou à l'autre des personnages les voilà morts... Ou bien l'histoire est terminée.
Si l'envie vous prend, subite et irrépressible, d'un un roman sur 1914, lisez ou relisez Voyage au bout de la nuit, ça a tout de même une autre dimension !