Parfois, la volonté ne suffit pas...
Je voulais lire 1984. Je voulais moi aussi accéder à l'impressionnant succès d'une oeuvre unanimement vénérée et ça y est, c'est fait.
Ce fut douloureux mais, je le crains, pas pour les bonnes raisons. Je ne souffris pas de découvrir ce monde noir et sans espoir dominé par le Parti, je souffris en tant que lectrice.
Je vais me faire lyncher, je le sens mais je vais quand même oser le dire : je n'ai pas aimé.
J'en suis la première désolée mais c'est la stricte vérité. Je me suis ennuyée, j'ai lutté dans ma lecture ; j'ai cherché la beauté d'un style tant applaudi, j'ai essayé de m'attacher à Winston et à Julia, j'ai tenté de me mettre à leur place... tout cela en vain.
Evidemment, je comprends parfaitement pourquoi 1984 a été un succès. Je comprends qu'un tel roman écrit en 1948, dans le contexte politique de la Guerre Froide, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, ait paru et ait été révolutionnaire dans son genre, provocateur dans son style, précurseur dans son thème MAIS aujourd'hui, pour moi lectrice du XXIème siècle, le constant effort épuisant de me remettre dans ce contexte d'après-guerre en faisant abstraction des avancées technologiques qui font mon quotidien m'a demandé tellement de concentration qu'il en a gâché ma simple appréciation du récit.
C'est dommage ; il ne me reste que la très faible satisfaction de pouvoir dire "je l'ai lu donc je peux en discuter", c'est peu.
Pour modérer mon propos, je vais préciser que certains passages, malgré la terrible lenteur de la narration et le nombre infiniment petit de rebondissements au fil du récit, m'ont intéressée et que j'ai notamment pris du plaisir à découvrir l'organisation administrative du fonctionnariat du parti, l'invention du novlangue ou encore la description de la surveillance des actes et des pensées mais à aucun moment je n'ai ressenti le "froid dans le dos" qu'on m'avait promis ; je n'ai pas vibré, même dans les scènes de torture. Suis-je inhumaine pour autant ? S'il-vous-plaît, ne me lynchez pas et ne me livrez pas à Big Brother pour insoumission à la pensée unique...