Un chef-d'œuvre oppressant
Après en avoir entendu parler pendant des années, et l'avoir cité dans d'innombrables dissertations, j'ai enfin lu le roman le plus célèbre d'Orwell (qui, je l'ai découvert à cette occasion, ne...
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le 7 mai 2024
Après en avoir entendu parler pendant des années, et l'avoir cité dans d'innombrables dissertations, j'ai enfin lu le roman le plus célèbre d'Orwell (qui, je l'ai découvert à cette occasion, ne s'appelle pas Orwell mais Eric Arthur Blair ??? On en apprend tous les jours).
Ce fut sans regrets, puisque je pense pouvoir dire qu'il fait désormais partie de mes livres préférés.
L'auteur arrive, par ses descriptions et son style, à nous plonger dans l'atmosphère de son récit à la perfection ( pour ceux qui souhaitent être encore plus oppressés, je recommande d'écouter, en même temps que vous lisez, une playlist associée au livre sur Youtube). Cette ambiance fait de 1984 le genre de roman qu'on a hâte de poursuivre sitôt qu'on le ferme, tant on a envie de savoir ce qui va arriver à ce pauvre Winston à la page suivante.
J'ai beaucoup aimé les différence de rythme et de vocabulaire employé selon les scènes.
Lorsque Winston est avec sa copine, le rythme ralenti, le temps ne semble plus exister, et ce sont les seuls passages (à ma connaissance) où l'on peut lire des mots tels que "tranquillement". On peut assimiler ce ralentissement à celui des battements du cœur du personnage, qui, pour une fois, se sent en sécurité. Les couleurs décrites lors de ces passages sont plus claires, la lumière plus vive, et les sens des personnages sont de nouveau sollicités (ils entendent un oiseau chanter, mangent du chocolat, etc.) - certes, ils mangent à d'autres moment dans le livre, mais c'est rarement un plaisir. Ces quelques moments sont de véritables bouffées d'air frais au milieu de ces centaines de pages dystopiques.
1984 n'est pas mon premier livre d'Orwell. J'avais lu La Ferme des Animaux il y a quelques années et n'avais pas du tout aimé à cause de l'analogie politique omniprésente (peut-être étais-je trop jeune, je le relirai à l'occasion). Dans 1984, ce n'est plus une analogie, c'est explicitement politique, et pourtant je n'ai aucunement ressenti le même ennui que plus tôt. J'ai au contraire beaucoup apprécié cette critique du totalitarisme, et les explications sur son fonctionnement. J'ai particulièrement aimé le concept de Néoparler, qui montre à quel point les mots ont une incidence sur notre pensée.
Un autre aspect qui a retenu mon attention est la présence quasi systématique de métaphores animales pour parler des personnages. Qu'ils soient qualifiés de cloportes ou de canard, ils sont en tout cas réduits à l'animalité, perdent leur statut humain. Cette déshumanisation caractéristique des régimes totalitaires est abordée plus explicitement à la fin du livre, mais est présente tout au long de celui-ci.
En résumé, un livre passionnant qui vous plonge dans un univers terrifiant, d'autant plus qu'ayant été publié après la Seconde Guerre Mondiale, il s'inspire de faits réels.
Créée
le 7 mai 2024
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