D’Amour à mort
Bouleversant. Démesuré. Ce sont les deux mots qui me restent à l’esprit une fois ce petit livre terminé. Bouleversant, pour le témoignage et démesuré, pour l’amour qu’on peut y lire. Evidemment...
Par
le 8 févr. 2013
84 j'aime
11
Le site est en ligne, vous pouvez désormais revenir à vos activités habituelles. On vous remercie pour votre patience et votre soutien ! (Il est encore possible que le site rencontre quelques problèmes de performance)
La Lettre d’une inconnue a été ma deuxième lecture de Zweig (après Le joueur d’échec) et quel bonheur ! Bien que le format soit (très) court et les personnages anonymes, je trouve que l’on s’attache quand même aux protagonistes, ce qui est sympathique. Par « s’attacher », je n’entends pas nécessairement « s’y identifier » ou même « les apprécier », mais simplement s’en sentir proche, presque par obligation, tant on se retrouve dans une histoire intime.
La Lettre d’une inconnue est un récit rétrospectif ; l’Homme, âgé de quarante et un ans, reçoit une lettre de son admiratrice - qui, au moment de la lecture, n’est déjà plus parmi nous – lui retraçant l’histoire de son amour pour lui, dont il était parfaitement inconscient. Ainsi tout le roman se construit autour de ce fameux courrier écrit du point de vu de la jeune fille, avec, au début et à la fin, de courts passages se déroulant au présent et du point de vu de l’homme convoité.
Cette histoire atypique d’un amour univoque entre la protagoniste, âgée de treize ans au début de sa narration, et de l’élu de son cœur, vingt-cinq ans au même moment, m’a touché et « effrayé » en même temps. Touché par la beauté d’un amour si pur et si durable, effrayé par le caractère obsessionnel de cette jeune fille qui épiait son voisin des jours durant, dans le silence de leur immeuble. Si l’on peut mettre cette folie sur le compte de l’adolescence dans un premier temps, et comparer cela aux jeunes filles fanatiques d’un chanteur ou d’un acteur, il faut admettre que ses comportements deviennent de moins en moins justifiables à mesure qu’elle grandit. Elle dit penser à lui chaque minute, chaque seconde, jour et nuit, et ce autant à treize ans qu’à dix-huit. Au final, son personnage dans sa globalité se résume à cette admiration maladive pour un homme plus âgé, et l’on ne saura rien de plus sur cette femme. Quant au convoité, on sait de lui qu’il est un célèbre romancier, qu’il voyage beaucoup et rencontre un grand succès auprès de la gent féminine. Succès dont notre protagoniste-obsédée va profiter : à deux reprises ils partagent un moment d’intimité, tant et si bien qu’elle tombe enceinte. Elle lui raconte dans sa lettre l’horreur de l’accouchement, la misère qui l’a mené à se vendre pour subvenir aux besoins de leur fils, et la tristesse immense qui l’envahit maintenant que celui ci, sa seule famille, est sur son lit de mort.
Au final, la Lettre d’une inconnue est le récit tragique d’une femme qui sera passé à côté de son existence à vénérer un homme. J’ai trouvé la fin frustrante, car l’homme en question, face à ces aveux, reste de marbre, et ne se souvient que très vaguement de la jeune femme. Cependant, je pense que cette quasi absence de réaction est voulue, et participe au caractère désagréable et nonchalant du personnage.
Une lecture que je recommande vivement, et qui a été très appréciée par ceux ayant suivi mon conseil !
Créée
le 23 oct. 2023
Critique lue 41 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Lettre d'une inconnue
Bouleversant. Démesuré. Ce sont les deux mots qui me restent à l’esprit une fois ce petit livre terminé. Bouleversant, pour le témoignage et démesuré, pour l’amour qu’on peut y lire. Evidemment...
Par
le 8 févr. 2013
84 j'aime
11
N’étant pas forcément un lecteur assidu, je décidai quand même de me lancer, durant un voyage en train, dans la nouvelle Lettre d’une Inconnue, dont la transposition en film fut l'une de mes plus...
le 30 juin 2014
56 j'aime
19
Juste après Amok, titre phare du recueil, étonnament décevant, juste avant La ruelle au clair de lune, nouvelle sans aucun intérêt, se glissait cette petite lettre d'une cinquantaine de pages,...
Par
le 25 juil. 2012
54 j'aime
16
Du même critique
La Lettre d’une inconnue a été ma deuxième lecture de Zweig (après Le joueur d’échec) et quel bonheur ! Bien que le format soit (très) court et les personnages anonymes, je trouve que l’on s’attache...
Par
le 23 oct. 2023
2 j'aime
300 pages dévorées en deux jours, comme un roman, alors que je lis plutôt lentement. Chagrin d'école est ma première lecture de Pennac, et j'ai adoré ! De quoi me donner envie de lire le reste...
Par
le 2 nov. 2023
1 j'aime
Après en avoir entendu parler pendant des années, et l'avoir cité dans d'innombrables dissertations, j'ai enfin lu le roman le plus célèbre d'Orwell (qui, je l'ai découvert à cette occasion, ne...
Par
le 7 mai 2024