Je découvrais presque Murakami avec cette trilogie (j'ai lu un autre livre avant). On en a dit beaucoup de bien, le titre fait référence à Orwell, ça donnait envie. Je suis actuellement dans le 3e tome, et cette critique vaudra donc pour la trilogie.
J'ai relativement apprécié ce premier tome. Rien d'exceptionnel, sûrement pas un coup de cœur, mais enfin, ça valait le coup. Il possède une magie propre, il éveille curiosité et intérêt. On découvre les personnages et leurs liens avec sympathie.
Cependant, ce premier tome est lent. On apprécie parce que tout un univers (très intéressant et qui tient particulièrement bien debout) est mis en place par touches subtiles, mais on espère secrètement (ou pas si secrètement que ça) que ça va un peu bouger, que ça va s'accélérer dans le deuxième tome et le suivant. Et la désillusion arrive : parce que non. Les deux autres tomes sont tout aussi lents. On ne peut s'empêcher de penser que, franchement, tout ça aurait gagné en intérêt si Murakami avait su couper dans le texte. Trop de passages inintéressants dont on ne tire rien (Murakami aime particulièrement parler de nourriture), trop de répétitions entre un narrateur et l'autre sur des éléments d'une intrigue qu'on préférerait voir avancer que revenir encore et encore sur les mêmes données. Car chaque narrateur avance à son rythme de son côté, mais ils offrent relativement peu de variations dans leurs observations.
Au final, on a donc une histoire en 1600 pages indolentes, apathiques. L'intérêt, pourtant encore présent dans le premier tome, se perd, se dilue. Un élément nouveau n'arrive, au final, plus que toutes les 60 pages (et je n'ai pas le sentiment d'exagérer), et quand on croit que ça s'accélère enfin, n'ayant pas encore retenu la leçon, on déchante un peu plus à chaque page qui suit.
Si encore ces 60 pages permettaient réellement de fouiller les personnages ; mais passées 1000 pages, on ne fouille plus grand-chose.
C'est dommage, parce qu'il y avait vraiment quelque chose. Mais je suis persuadé que la même intrigue en, disons, 700 pages aurait été nettement mieux réussie.