Avouer une véritable déception...
Murakami Haruki avait jusqu'ici été pour moi, systématiquement, un enchantement et un puissant stimulant. Hélas, le charme n'a pas pleinement fonctionné cette fois-ci.
L'intriguante fable fantastique moderne, à base d'univers parallèles et de lutte entre Bien et Mal, ici mise en scène, déploie une grande partie de la magie coutumière : éléments réussis de "fantastique au quotidien", personnages attachants dans leur (éventuellement fausse) simplicité et leurs doutes, superbes intrications du passé et du présent, et même touches satiriques sur la société japonaise (mondiale ?) de 2011.
Malheureusement, le résultat est réellement gâché par une lourdeur jamais observée jusqu'ici chez l'auteur : une torpeur habite les personnages (et pas uniquement du fait des Little People), et beaucoup plus grave, le récit. Et il ne s'agit pas de cette langueur inflexible et troublante qui parcourait, par exemple, "La course au mouton sauvage"... Non, ici, les personnages bavardent, se répètent, les narrateurs réexpliquent à l'envi des éléments déjà communiqués au lecteur,... à un point qui devient dérangeant. La taille inhabituelle du roman (et son étalement en plusieurs volumes) serait-elle en cause ? Je crains que non : le lecteur assiste impuissant à une terrible dilution narrative - et l'excuse d'un effet littéraire (dans lequel les personnages seraient perpétuellement "en retard" sur le lecteur) ne me paraît guère convaincante...
Je lirai certainement le troisième volume, mais attendrai surtout avec impatience le prochain roman... Un tel magicien serait-il vraiment fatigué, ou endormi par le succès planétaire ?